Claude Parent (architecte)

Claude Parent (), né à Neuilly-sur-Seine est un architecte français.

Pour l’article homonyme, voir Claude Parent (chanteuse).

Claude Parent
Présentation
Naissance
Neuilly-sur-Seine
Décès (à 93 ans)
Neuilly-sur-Seine
Nationalité France
Mouvement Fonction Oblique, Brutalisme, Déconstructivisme, Architecture radicale
Activités Architecte
Formation École nationale supérieure des Beaux-Arts, Toulouse, France

École nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris, France

Œuvre
Agence Claude Parent Architecte (1956-2004), Groupe Architecture Principe (1963-1968)

Biographie

Architecte, théoricien, dessinateur, polémiste, Claude Parent est le premier en France à opérer une profonde rupture épistémologique avec le modernisme, dès le milieu des années 1950. Au travers d’articles, d’ouvrages, de dessins-manifestes et de nombreux projets réalisés, il a repensé notre compréhension et notre appréhension de l’espace. Depuis la Maison Drusch (1963) jusqu’au projet pour le Musée du Prado (1995), il s’est attaché à instaurer la discontinuité par le basculement des volumes et la fracture du plan. Il commence sa carrière avec Ionel Schein, avec lequel il travaille jusqu’en 1955; il participe aussi au groupe Espace, créé en 1951 par les artistes André Bloc et Félix del Marle. De sa rencontre avec Paul Virilio naîtront le groupe Architecture Principe (1963-68) et l’aventure de la « fonction oblique », conquête de la continuité du plan incliné, qui aboutit à la construction de l’Église Sainte-Bernadette-du-Banlay à Nevers (1963-1966). Il réalise aussi plusieurs grandes surfaces de béton brut à Ris Orangis (1969) et Sens (1970) entre autres. Dès 1974, Parent s’associe avec EDF à un projet de vaste envergure d'insertion paysagère des centrales nucléaires. Les commandes publiques pour l'Éducation Nationale, le Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur à Marseille (1991), l'Aéronef de Roissy (1995), le Pavillon français de la Biennale de Venise (1996) expriment à eux seuls la quête du déséquilibre, du mouvement et de la fluidité dans l'architecture. Exigeant, critique, provocateur, d’une opiniâtreté farouche, Claude Parent n’a cessé de proposer des lieux de contradiction générateurs de doute, d’inquiétude, excluant toute passivité face à l’architecture.

Destiné à une carrière d’ingénieur en aéronautique, Claude Parent s’inscrit pourtant en 1942 à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Toulouse en atelier d’architecture puis en 1946 à celle de Paris. Quittant les cours sans obtenir son diplôme d’architecte, il fonde son agence en 1956, mais ne sera reconnu et admis à l’Ordre des Architectes qu'en 1966 sur dossier. Académicien, Claude Parent est Commandeur de la Légion d’Honneur, Commandeur des Arts et des Lettres, Officier des Palmes Académiques, Commandeur de l’Ordre National du Mérite. L’obtention de prix jalonnera aussi sa carrière : Grand Prix National d’Architecture (1979), médaille d’argent de l’Académie d’Architecture, médaille de l’Union Centrale des Arts Décoratifs, médaille d’or de la Société d’Encouragement au Progrès, médaille de l’U.I.A. pour son travail critique. En 2010, une exposition monographique à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine a été consacrée à cette figure phare de l’histoire de l’architecture du XXe siècle[1].

Architecture Principe (1963-1968)

Réunissant l’architecte Claude Parent et le philosophe et urbaniste Paul Virilio, Architecture Principe marque l’histoire de l’architecture par la charge expérimentale de ses propositions comme par le souffle subversif qui l’anime, contre l’architecture du temps et toutes les formes de conformisme intellectuel. Dès la fin des années 1950, Claude Parent fonde ses investigations sur un rapport critique au plan moderne par l’emploi de la fracture des volumes (Maison Drush, Versailles, 1963) et des plans inclinés. Son discours se radicalise avec la rencontre de Paul Virilio, spécialiste de l’espace militaire et de l’aménagement du territoire, qui mène à cette époque une réflexion archéologique sur le Mur de l’Atlantique. Refusant l'orthogonalité de l'espace euclidien considéré comme micro-ghetto, ils développent ensemble la théorie de la fonction oblique, afin d’offrir une réponse à la crise profonde des villes : le basculement du sol à l’oblique doit permettre l’enrichissement des rapports humains par la fluidité d’un mouvement continu. L'être humain participe activement à l’architecture en faisant « un effort » sur les rampes. Ce principe concerne aussi bien des édifices religieux (Sainte-Bernadette du Banlay, Nevers, 1963-66) et l’habitation (Maison Mariotti, 1967-70) que l’aménagement du territoire (Les Vagues, 1965-66…), où l’architecture se fait support du déplacement pour une « circulation habitable ». « Nous ne pouvons plus dissocier l’habitation de la circulation » déclarera Claude Parent. Désormais, ce sera le déplacement des hommes qui insufflera à l’architecture sa dynamique.

Claude Parent et Paul Virilio fondent le groupe Architecture Principe en 1963. La fonction oblique sera le fil conducteur des neuf numéros de la revue Architecture Principe, qui paraîtront de février à décembre 1966. Ils mettront un terme à leur collaboration après les événements de Mai 1968. Claude Parent a reçu le Grand Prix national de l’architecture en 1979 et est membre de l’Académie des beaux-arts depuis 2005. En 2010, une exposition monographique à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine fut consacrée à cette figure-phare de l’histoire de l’architecture du XXe siècle. Auteur de nombreux essais sur la vitesse et la technologie, Paul Virilio dirige la collection Espace critique (Ed. Galilée) et collabore régulièrement à de nombreuses publications. Il a été professeur et directeur de l’Ecole Spéciale d’Architecture et a reçu le Grand Prix national de la Critique d’Architecture en 1987[2].

La Fonction Oblique

La théorie de la fonction oblique développée dès 1963 par Architecture Principe (Claude Parent et Paul Virilio) établit un nouveau rapport au sol fondé sur l’instabilité et le déséquilibre. L’oblique génère une nouvelle importance au sol : le plan incliné permet de déployer la surface utile. À la fois sol et cloisonnement, l’espace habitable s’y fait alors support du déplacement libre de l’individu doté d’une « charge potentielle » propre, lui permettant d’être en état de réceptivité, de participation et d’adhésion à une dynamique architecturale. Plusieurs schémas montrent l’oblique, débarrassée de tout obstacle, supportant un corps qui adhère de tout son poids à une surface « orientée ». Les Vagues (1965-1966) sont la première série à illustrer ce principe développé à l’échelle urbaine, immenses collines artificielles que l’on doit « gravir » ou « vaincre » dans un cheminement en porte-à-faux. Les dessins qu’en réalise Claude Parent évoquent des soulèvements tectoniques, dont l’irruption semble briser la monotonie horizontale. Dans ces paysages accidentés, continuité et rupture se réconcilient grâce à l’association de l’oblique et de la « faille », vide ménagé entre les masses des volumes, leur inoculant mouvement et dynamisme : « Ainsi, de faille en faille, de vide en vide, lévitent les hommes » écrira Parent[3].

Réalisations

Publications importantes

  • Architecture Principe, Claude Parent et Paul Virilio (éditions de 1966 & 1996)
  • Vivre à l’oblique, publié par L’Aventure urbaine (1970), et éditions Jean-Michel Place (2012)
  • Claude Parent architecte, un homme et son métier (édition Robert Laffont, 1975)
  • L'Architecture et le nucléaire, Éditions du Moniteur, Paris (1978)
  • Entrelacs de l'oblique, Éditions du Moniteur, Paris (1981)
  • L'architecte bouffon social, Éditions Casterman (1982)
  • Claude Parent, Monographie critique d'un architecte par Michel Ragon (éditions Dunod, 1982)
  • Les Maisons de l'atome, Éditions du Moniteur, Paris (1983)
  • Claude Parent : Carnets de Croquis (Tempera Éditions, 1992)
  • The Function of the Oblique: The Architecture of Claude Parent and Paul Virilio from 1963-1969 (2004)
  • Le fou de la diagonale, par Béatrice Simonot (Actes Sud, 2008)
  • Le déclin, cuit et archi cuit, l'architecture, un recueil de trois textes publiés aux éditions L'Œil d'or (2009)
  • Claude Parent : l'œuvre construite, l'œuvre graphique (2010)
  • Claude Parent: Demain, La Terre... Manuella Éditions (2010)
  • Yves Klein & Claude Parent: le Mémorial, projet d'architecture (2013)
  • Jean Nouvel, Claude Parent : Musées à venir (Actes Sud / Association Azzedine Alaïa, 2016)
  • Claude Parent - Visionary Architect, Rizzoli New York (2019)

Prix et Distinctions

Prix

Décorations

Sociétés savantes

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Michel Ragon, Monographie critique d’un architecte. Claude Parent, Dunod, Paris, 1982
  • Collectif, Réhabiliter les édifices métalliques emblématiques du XXe siècle, L’Œil d’or, 2008 Autour de la fondation Avicenne de Claude Parent.
  • Frédéric Migayou et Francis Rambert, (dir.), Claude Parent. L’Œuvre construite, l’œuvre graphique, catalogue de l’exposition du 20 janvier au 2 mai 2010, éd. HYX, Cité de l'architecture et du patrimoine [Lien vers le site de l'exposition], 2010
  • Manfredi Nicoletti, Claude Parent. La fonction oblique, Testo & Immagine, Turin 2003
  • Claude Parent vu par, 50 témoignages du monde entier, Éditions du Moniteur

Film

  • Claude Parent-Paul Virilio, film de Gilles Coudert (124 min / 1996 / A.P.R.E.S production) Conférence-entretien entre l’architecte Claude Parent et le philosophe Paul Virilio organisé par l’université François-Rabelais et le Centre de création contemporaine de Tours.
  • Les Visionnaires. Documentaire de Julien Donada. Petit à Petit Production. 2013
  • A propos du bunker, court métrage de Julien Donada. Local Films 1998

Articles connexes

Liens externes

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