Bataille de Cossé

La bataille de Cossé se déroule le , lors de la chouannerie de 1815.

Bataille de Cossé

Informations générales
Date
Lieu Cossé-le-Vivien
Issue Indécise
Belligérants
Empire français Chouans
Commandants
René Charles DuvivierLouis d'Andigné
Forces en présence
166 hommes[1]1 000 hommes[1]
Pertes
2 morts[2]
4 blessés[2]
20 à 25 morts ou blessés[2]

Chouannerie de 1815

Batailles

Coordonnées 47° 56′ 43″ nord, 0° 54′ 42″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Mayenne
Géolocalisation sur la carte : Pays de la Loire
Géolocalisation sur la carte : France

Prélude

En Mayenne, la chouannerie de 1815 se limite aux arrondissements de Château-Gontier et de Laval, dans la moitié sud du département[3]. La petite armée insurgée, forte de plus d'un millier d'hommes[1] et commandée par Louis d'Andigné[4], entre sans rencontrer de résistance dans Pouancé le 24 mai[5], avant de se porter sur Craon le 26, puis Cossé-le-Vivien le 28[4]. Les chefs chouans hésitent alors entre attaquer Laval ou Château-Gontier, avant d'opter finalement pour la deuxième ville[5]. Cependant, une troupe de 166 Impériaux, commandée par le chef de bataillon Duvivier et constituée de 56 gendarmes, de soldats de ligne et de gardes nationaux, sort de Laval pendant la nuit et se porte à la rencontre des Chouans[1].

Déroulement

Les Impériaux attaquent le bourg de Cossé dans la nuit du 28 au 29 mai[1],[4]. Ils neutralisent un poste avancé, puis prennent par surprise les Chouans endormis ou ivres[1].

D'Andigné rallie ses troupes hors du bourg, sur la route de Craon, puis tente une contre-attaque au lever du jour[5]. Cependant les Impériaux évacuent rapidement Cossé et se déploient sur une hauteur qui offre une bonne position défensive[5]. Ses troupes ayant perdu une grande partie de leurs maigres munitions, d'Andigné renonce en engager de nouveau le combat et se retire sur Le Bourg-d'Iré[5].

Vide de troupes, Cossé est reprise par le Chouans le 31 mai, mais ces derniers l'évacuent à nouveau à l'annonce du retour des Impériaux[4]. En juin, les Chouans de Mayenne suspendent leur opérations[3].

L'affaire de Cossé remonte jusqu'à Napoléon, qui s'agace d'apprendre que Laval a pu être menacée sans avoir été mise en défense par le préfet de la Mayenne[6].

Pertes

Du côté des Impériaux, le capitaine de la gendarmerie de la Mayenne rapporte que les pertes sont de deux gendarmes tués et d'un brigadier, d'un autre gendarme et de deux soldats ou gardes nationaux légèrement blessés[2]. Du côté des Chouans, les pertes sont chiffrées par les bonapartistes à 22[7] ou 25 tués[2]. Dans ses mémoires[A 1], Louis d'Andigné écrit qu'environ vingt de ses hommes ont été tués ou blessés[2],[5] et reconnait que les bonapartistes ont perdu « moins de monde »[5].

Notes

  1. « Dans l'état de dénuement où nous nous trouvions, il était difficile de faire, au début, quelque chose de saillant. Nous nous portâmes, le 24 mai, sur la petite ville de Pouancé. Nous étions environ six cents; mais nous n'avions encore aucune espèce d'organisation. Le jour suivant, nous allions à Bouillé-Ménard. Nous y sommes demeurés le 26, afin de mettre un peu d'ordre dans notre rassemblement et de régler les contrôles des compagnies. Le 27, je marchai sur Craon, que la gendarmerie et la garde nationale avaient évacué la veille. L'esprit des habitants de cette ville a toujours été républicain. La plupart des hommes avaient suivi les gendarmes : les femmes et les enfants étaient seuls dans la ville lorsque nous y entrâmes. J'engageai fort les femmes à faire revenir leurs maris, en les assurant que je les laisserais tous en repos. Un avis que je reçus dans la soirée me fit croire que nous serions attaqués, la nuit suivante, par un détachement de troupes de ligne, auquel se joindraient les réfugiés réunis à Château-Gontier. Pour les bien recevoir, nous renforçâmes nos postes. Le chef de bataillon Bardet, un de nos officiers les plus distingués, passa la nuit en embuscade sur la route, de manière à tomber sur les derrières de l'ennemi lorsqu'il nous aurait attaqués. On nous avait donné une fausse alerte : j'eus le regret de voir nos précautions inutiles.

    Le 28, nous marchions sur Cossé, gros bourg très mal pensant, situé entre Craon et Laval. J'avais alors mille hommes autour de moi. J'étais indécis, ne sachant si je me porterais sur Laval ou sur Château-Gontier, afin de donner aux légions Gaulier et Moustache plus de facilité pour se mettre en branle. M. Gaulier avait déjà beaucoup de monde réuni. Je lui avais mandé de se porter entre Château-Gontier et Laval, pour coopérer à l'attaque d'une de ces deux places. Mais il était alors sur les bords de la Sarthe, où M. d'Ambrugeac désirait le retenir, ainsi que la division Bernard : il ne put recevoir mon courrier assez promptement pour venir, le jour dit, au rendez-vous.

    Le soir, j'assemblai les officiers les plus marquants pour prendre leur avis sur l'attaque que je méditais pour le lendemain. Laval et Château-Gontier n'étaient point encore en état de défense, mais on y élevait quelques retranchements; il était à craindre qu'il ne fût difficile de s'en emparer, si on tardait plus longtemps à mes attaquer. Ces villes, outre leur garde nationale et la gendarmerie , avaient quelques officiers à demi-solde, les soldats congédiés et les réfugiés des campagnes qui s'armaient contre les royalistes. La garde nationale de Laval était bien pensante et n'eut combattu contre nous qu'à regret; celle de Château- Gontier, au contraire, était mauvaise, et elle était augmentée de celle de Craon, qui était détestable. Dans le cas où on eût attaqué Laval qui était à quatre lieues, nous devions partir à minuit. Si l'on se décidait pour l'attaque de Chàteau-Gontier, nous ne devions partir qu'à trois heures du matin. J'inclinais pour l'attaque de Laval, ville plus ouverte, moins capable de se défendre, et dont la prise semblait devoir nous fournir plus de ressources. Le conseil se décida, malheureusement, pour Château-Gontier.

    Dans l'après-midi, j'avais envoyé à Laval pour savoir ce qui s'y passait. Il n'y avait qu'un dépôt d'infanterie peu nombreux, avec la gendarmerie de l'arrondissement qui avait abandonné ses cantonnements, au premier bruit de l'insurrection, pour se retirer dans les villes. Rien n'annonçait l'intention ni même la possibilité d'une attaque contre nous; aussi n'avais-je pris que les précautions ordinaires. Les postes étaient forts ; mais le départ, qui devait avoir lieu de bonne heure, m'avait empêché de tenir en haleine pendant la nuit, une grand'garde nombreuse, pour ne pas fatiguer inutilement notre monde. Vers deux heures et demie du matin, j'entendis trois coups de fusil, suivis d'une décharge générale : c'était notre poste avancé qui avait fait feu sur un détachement ennemi , lequel avait riposté. J'étais déjà sur pied, et j'allais sortir pour faire battre le rappel. Je voulus monter à cheval ; mon cheval n'était pas prêt. Cela me retarda quelques instants, si bien que l'ennemi, qui avait attaqué brusquement et forcé notre poste à se replier, était déjà sur la place lorsque j'y arrivai. Ce poste, commandé par M. Ambroisc d'Armaillé, avait résisté autant qu'il l'avait pu ; mais il lui avait fallu céder, et il avait été suivi de près. Lorsque je pénétrai sur la place, je me trouvai à trois pas d'un gendarme qui, le sabre haut, me dit : « N'avancez pas, monsieur! » Au même moment, trois gendarmes à pied, à quatre pas sur ma gauche, me tenaient en joue. L'obscurité m'avait laissé croire jusqu' alors que j'étais au milieu des miens, tandis que le gros de nos hommes était à cinquante pas en arrière. Les gendarmes paraissaient hésiter, incertains si j'étais ami ou ennemi. Il était urgent de profiter de leur indécision : aussi je tournai bride promptement et je piquai des deux pour me rapprocher de mon monde. Aussitôt que les gendarmes se furent aperçus que nous n'étions pas des leurs, ils tirèrent tous à la fois. J'étais avec M. le marquis de Caradeuc de la Chalotais et M. le chevalier du Boberil, mes deux aides de camp, et leurs domestiques. Le premier eut le collet de son habit emporté; le second, la semelle de sa botte coupée; leurs domestiques eurent plusieurs balles et coups de baïonnette dans leurs portemanteaux et dans leurs habits. Mais aucun de nous ne fut touché. Mon cheval eut seul le col traversé par une balle ; peu après la pauvre bête reçut dans la jambe un second coup de feu, ce qui me contraignit à l'abandonner.

    Nos hommes étaient amoncelés dans un espace étroit où les coups de l'ennemi leur avaient fait beaucoup de mal. Ils n'auraient pu, mal armés et presque sans cartouches, soutenir longtemps le feu contre des hommes bien armés et munis de cartouches en abondance. Ils ne reculaient pas, néanmoins; mais, pour ne pas épuiser ma poudre inutilement et pour ménager les hommes, je les fis replier sur la route de Craon, où nous nous formâmes en colonne pour rentrer dans le bourg. Une demi-heure après, le jour commençant à nous éclairer, nous nous reportâmes en avant. L'ennemi évacuait déjà le bourg : il n'avait fait que le traverser, et il se retirait en toute hâte sans avoir pénétré dans aucune maison. Il avait assez d'avance pour qu'il fût difficile de le rejoindre à une hauteur qu'il avait déjà occupée et qui lui donnait un grand avantage sur nous. Je craignais aussi de consommer le peu de cartouches qui nous restaient et d'être obligé de disperser mon monde, en attendant que je m'en fusse procuré de nouvelles. Je jugeai donc nécessaire de faire cesser la poursuite.

    Nous avions perdu, dans cette échauffourée, environ vingt hommes, tant tués que blessés. Au nombre des morts se trouva M. de Saint-Sauveur, gentilhomme normand, arrivé de la veille; il fut tué en sortant de son logement. M. Bodard de la Jacopière, depuis capitaine porte-drapeau dans le 4e régiment de la garde royale, y fut grièvement blessé ; M. de Philmain, garde du corps, le fut assez légèrement. L'ennemi perdit moins de monde, parce que les nôtres furent frappés en sortant de leurs logements, avant d'avoir reconnu à qui ils avaient affaire.

    Nous avions été attaqués par un détachement réuni à l'improviste, composé de troupes de ligne, de gendarmes, d'officiers à demi-solde et de volontaires qui s'étaient proposés pour cette expédition. Ils étaient environ trois cents hommes. Les bonapartistes retirèrent de cette attaque l'avantage de nous empêcher de rien entreprendre dans cette journée : nous avions à mettre nos blessés en lieu de sûreté ; puis nos cartouches étaient en partie consommées, et une affaire malheureuse eût épuisé le reste. Je crus prudent de me retirer, entre Pouancé et Segré, à Bourg-d'Iré, où nous arrivions le 31 mai[5]. »

     Mémoires de Louis d'Andigné

Références

  1. Lignereux 2015, p. 153-154.
  2. Lignereux 2015, p. 169.
  3. Lignereux 2015, p. 106.
  4. Lignereux 2015, p. 156.
  5. Andigné, t.II, 1901, p. 240-245.
  6. Lignereux 2015, p. 157.
  7. Chassin, t.III, 1896-1899, p. 770.

Bibliographie

  • Louis d'Andigné, Mémoires du général d'Andigné publiés avec introduction et notes par Ed. Biré, t. II, Paris, Plon, , 441 p. (lire en ligne)
  • « Bataille de Cossé », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne), tome IV, p. 242.
  • Charles-Louis Chassin, Les pacifications de l'Ouest, 1794-1801-1815, t. III, Paris, Plon, 1896-1899
  • Aurélien Lignereux, Chouans et Vendéens contre l'Empire, 1815. L'autre Guerre des Cent-Jours, Paris, Éditions Vendémiaire, , 384 p. (ISBN 978-2363581877). .
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