Bataille de Challans (7 avril 1794)
La deuxième bataille de Challans a lieu lors de la guerre de Vendée. Le , les Vendéens attaquent la ville, mais les Républicains repoussent l'attaque.
Date | |
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Lieu | Challans |
Issue | Victoire républicaine |
Républicains | Vendéens |
• Jacques Dutruy | • François-Athanase de Charette • Jean Savin |
500 hommes[1] | 4 000 hommes (selon les républicains)[1] |
29 morts[1] 30 à 40 blessés[1] | 200 morts (selon les républicains)[1] |
La bataille
Le 7 avril 1794, les forces vendéennes au nombre de 4 000, d'après le rapport de l'agent national Melrand[1], attaquent la ville de Challans défendue par 500 soldats républicains[1], dont 18 cavaliers[1], commandés par Dutruy[2].
Les Vendéens ont d'abord l'avantage mais prennent la fuite inexplicablement[2], Dutruy les poursuit prudemment avec sa faible cavalerie[1].
Les pertes
D'après le rapport du général Dutruy, les pertes républicaines sont de 29 morts et d'une trentaine de blessés, tandis qu'il estime les pertes vendéennes à 200 morts[1].
« Mes frères d'armes viennent de battre les brigands d'un côté où certainement je ne les attendais pas. Quoique victorieux, ma position est un peu critique. Je ne puis continuer mon expédition, si mes derrières sont exposés de la sorte.
Charette, Savin et Baudry étaient à la tête de cette horde; je les ai poursuivis autant que faire se peut, n'ayant, au total, que dix-huit cavaliers. Notre perte est de vingt-neuf hommes et une trentaine de blessés; celle des brigands est d'à peu près deux cents. Quant à leurs blessés, je n'en sais rien. Je ne suis rentré de la poursuite qu'à la nuit.
Je suis persuadé que tu me feras passer une colonne suffisante pour tenir sur Touvois l'ennemi en respect, pendant mon opération.
N'ayant personne, j'ai gardé Dufour près de moi, jusqu'à ce que tu m'aies envoyé les forces que je te demande et qui, commandées par lui qui connaît cette partie, m'aideront à bien faire. J'attends impatiemment ta réponse[1]. »
— Rapport du général Dutruy, le 7 avril à Challans au général en chef Turreau.
« Depuis la dernière lettre que je t'ai écrite, je n'ai cessé de poursuivre les brigands et de leur enlever autant de moyens de subsistances que les mauvais chemins et la pénurie de voitures le permettent. » Lorsque j'ai poursuivi Charette dans le Bocage, il n'a voulu ni m'attaquer ni m'attendre. Pressé aux Landes de Bouay, il a partagé son armée en deux colonnes qui ont fui rapidement, chacune de leur côté. L'une d'elles s'est renfermée entre Maine et Sèvre et s'y est fait battre, comme je te l'ai marqué (i). J'ai continué à le poursuivre et j'ai anéanti ce rassemblement, en faisant fouiller de suite les forêts de Monbert et de Touffou, où l'on en a tué plus de cinq cents en deux jours. Nous n'avons eu qu'un homme tué et deux blessés. » Cependant Charette restait caché, ayant sacrifié la moitié de son armée pour conserver l'autre. Une colonne se mettait en marche pour le chercher dans le Bocage, lorsque tout à coup il attaque Challans. Dutruy avait dégarni ce poste et celui de Machecoul pour une expédition dans le Marais où de nouveaux rassemblemens s'organisaient. L'armée de Charette a combattu pendant sept heures avec un acharnement qui ne lui est pas ordinaire ; enfin elle a été rompue et mise dans une déroute complète. Charette a eu deux cents morts, on ne sait pas le nombre de ses blessés. Nous avons eu vingt-neuf hommes tués et trente et quelques blessés. Charette, en se retirant, a dû trouver une colonne républicaine derrière lui. Je n'ai point encore de nouvelles de cette rencontre[1]. »
— Rapport du général en chef Turreau au ministre.
« Vous saurez que Charette est venu à la tête de quatre mille brigands au moins, attaquer Challans. Nous n'avons dû notre salut qu'à la bravoure de cinq cents hommes qui forment notre garnison, dont trois cents à peine ont combattu. Toutes les forces avaient été disséminées autour du Marais, pour le cerner. Challans dégarni était facile à prendre, Charette en a été instruit, il l'a attaqué, tout ceci est naturel ; mais que nos généraux aient dégarni ce poste important de Challans où se trouvaient des munitions de guerre en assez grande quantité, cela ne s'explique pas si naturellement.
Lorsqu'il y a environ deux mois on entreprit la conquête de l'île de Noirmoutier, les généraux commirent la même faute en dégarnissant Machecoul. Charette en profita pour s'en emparer, il y trouva des munitions de guerre et de bouche.
Enfin, si nous n'avons pas été égorgés à notre poste, avec nos femmes et nos enfans, ainsi que tous les bons citoyens que Challans possède encore, nous n'en sommes pas redevables à la prudence de nos généraux.
Homme libre, j'ai cru pouvoir faire ces réflexions. Je ne crains pas la mort, mais je ne voudrais pas la recevoir de la main des brigands, qui s'étudieraient à me la rendre cruelle, ainsi qu'il est arrivé à ceux de mes collègues qui sont tombés en leur pouvoir[1]. »
— Rapport de Merland, agent national du district, le 7 avril à Challans au Comité de salut public.
« M. Charette marcha sur Challans ; la garnison était peu nombreuse ; les habitants saisis de crainte faisaient leur paquets pour se sauver aux Sables ; l'artillerie était attelée pour prendre la même route : dans ce moment une faible escorte arriva de Nantes conduisant un caisson. Nos soldats croyant être pris entre deux feux ne virent plus que la victoire était certaine ; on prit la fuite et la cavalerie de Challans nous poursuivit avec intrépidité l'espace d'une lieue[3]. »
— Mémoires de Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière.
Bibliographie
- Émile Gabory, Les Guerres de Vendée, Robert Laffont, 1912-1931 (réimpr. 2009), p. 394.
- Jean Julien Michel Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République, t. III, p. 377-378 et p. 394. texte en ligne sur google livres
- Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, Lucas de La Championnière, Mémoires d'un officier vendéen 1793-1796, Les Éditions du Bocage, , p. 86.
- Collection des mémoires relatifs à la Révolution française, Volume 30, 1825, par Saint-Albin Berville, François Barrière, p. 394. texte en ligne sur google livres
Références
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