Baptistère Saint-Jean de Florence
Le baptistère Saint-Jean-Baptiste, à Florence, est situé face à la cathédrale Santa Maria del Fiore. Dédié au saint patron de la ville de Florence, le baptistère a été élevé de basilique mineure[1].
Pour les articles homonymes, voir Baptistère Saint-Jean.
Baptistère Saint-Jean | |
Face sud-est | |
Présentation | |
---|---|
Nom local | San Giovanni |
Culte | Catholicisme |
Type | Baptistère |
Début de la construction | IVe siècle |
Style dominant | Architecture romane |
Géographie | |
Pays | Italie |
Région | Toscane |
Département | Firenze |
Ville | Florence |
Coordonnées | 43° 46′ 24″ nord, 11° 15′ 17″ est |
Il s'inscrit actuellement entre la piazza del Duomo et la piazza San Giovanni, entre la cathédrale et le palais épiscopal, dans le centre religieux de la ville. La façade principale du bâtiment octogonal est orientée à l'est, vers la cathédrale, tandis que l'abside est orientée à l'ouest.
Initialement, le baptistère était situé à l'extérieur des murs, mais se trouvait inclus, avec la cathédrale, dans les murs dits du « quatrième cercle », construits par Mathilde de Canossa. Le baptistère florentin était le lieu consacré tout à la fois à l'investiture des chevaliers, aux serments solennels et aux célébrations en l'honneur de saint Jean-Baptiste, comprenant le don d'étoffes précieuses (les palii) par les magistrats de la municipalité lors de la fête du saint patron, le 24 juin[2].
Le baptistère, construit entre 1059 et 1128 dans le style roman florentin, dont l'influence a été décisive pour le développement ultérieur de l'architecture italienne, car il est à la base à partir de laquelle d'éminents architectes comme Francesco Talenti, Leon Battista Alberti ou Filippo Brunelleschi ont créé l'architecture de la Renaissance.
Le baptistère est réputé pour ses trois portails en bronze sculptés : la porte sud est l'œuvre d'Andrea Pisano, tandis que les portes nord et est (celle-ci surnommée « Porte du Paradis ») sont dues à Lorenzo Ghiberti[3].
Le poète Dante Alighieri et de nombreuses autres figures de la Renaissance, parmi lesquelles des membres de la famille Médicis, ont été baptisés en ce lieu[4].
Le bâtiment abrite la tombe monumentale de l'antipape Jean XXIII, par Donatello.
Histoire
Le baptistère est bâti sur d'anciennes constructions romaines du Ier siècle (peut-être un temple de Mars), mais sa construction initiale, qui remonte au IVe siècle, en fait un des plus vieux bâtiments de la ville : la première basilique fut consacrée en 393. Ce n'est pas encore un baptistère et elle deviendra cathédrale au IXe siècle.
Rebâti sur un plan octogonal, revêtu de marbre blanc sur son extérieur et coiffé d'une toiture pyramidale, son rôle de baptistère est officiel en 1128, reconnu comme bel exemple d'architecture romane de Toscane. Son abside rectangulaire, la Scarsella (la bourse ou l'escarcelle) est ajoutée au XIIIe siècle.
Les fonts baptismaux de 1371 et le tombeau de l'antipape Jean XXIII qui mourut en 1419, ont été réalisés par Donatello.
Description
Le sol du baptistère est carrelé, tandis que la coupole et les parois sont couvertes de mosaïques dans le style byzantin. Le plafond pyramidal, commencé au XIIIe siècle n'est achevé qu'au XIVe siècle, comporte un Christ du Jugement dernier monumental et des panneaux des épisodes de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament, ainsi que de la vie de Jean le Baptiste. De nombreux artistes s'y sont succédé, de Gaddo Gaddi jusqu'à Cimabue.
- Coupole
- Coupole
- Christ Pantocrator et Jugement dernier
- Anges
Le baptistère est particulièrement connu pour ses trois portails ou portes de bronze à deux vantaux, réalisés à des époques différentes et ornés de bas-reliefs, désormais conservés au Museo dell'Opera del Duomo et remplacés in situ par des copies.
- Les portes du sud sont réalisées entre 1330 et 1338 sous la conduite d'Andrea Pisano, associé à différents artisans qu'il a fait venir de Venise.
- Soixante ans plus tard, en 1401, Lorenzo Ghiberti, qui, âgé d'à peine 23 ans, a fait sa formation chez les orfèvres et qui est alors totalement inconnu, remporte le concours pour la réalisation des portes nord, de justesse devant Filippo Brunelleschi[5]. Le chantier va durer vingt-cinq ans.
- En 1425, alors que les portes sud viennent d'être installées, on confie à nouveau à Ghiberti la supervision des portes est, qui font directement face au Dôme. Ornée également de bas-reliefs, mais selon une organisation différente de celle des deux portes précédentes (10 subdivisions au lieu de 28), elles s'en distinguent également par le fait qu'elles sont recouvertes d'une pellicule d'or. Leur réalisation nécessite à nouveau vingt-cinq ans (fin des travaux : 1452) et la collaboration de plusieurs artistes, dont Donatello. Elle aura un impact retentissant sur plusieurs générations d'artistes, notamment, un siècle plus tard, Michel-Ange, qui la surnommera Porte du Paradis. Les principes de la perspective conique (élaborée vers 1425 par Brunelleschi et le peintre Masaccio)[6] y sont nettement perceptibles.
Les portes vont être rénovées en 2022.
La porte sud (1330-1338), par Andrea Pisano
Recommandé par Giotto, Andrea Pisano se voit confier la conception de la première porte en 1329. Ce portail a été initialement installé du côté est, face au Duomo, puis a été transféré à son emplacement actuel, au sud, en 1452. La coulée de bronze et la dorure ont été réalisées par le vénitien Leonardo d'Avanzo, largement reconnu comme l'un des meilleurs fondeurs de bronze d'Europe. Cela a pris six ans, la porte étant achevé en 1336. Ce portail proto-Renaissance se compose de 28 panneaux quadrilobés répartis sur les deux vantaux. Les vingt panneaux supérieurs représentent des scènes de la vie de saint Jean-Baptiste, tandis que les huit panneaux inférieurs représentent les huit vertus : l'espérance, la foi, la charité, l'humilité, le courage, la tempérance, la justice et la prudence[7]. Les reliefs de l'encadrement ont été ajoutés par Lorenzo Ghiberti en 1452. Une inscription latine au-dessus de la porte : Andreas Ugolini Nini de Pisis me fecit AD MCCCXXX (« Andrea Pisano m'a fait en 1330 »).
Le groupe de statues en bronze au-dessus de la porte représente la décapitation de saint Jean-Baptiste. Il est l'œuvre de Vincenzo Danti (1571).
- L'Annonce de l'ange à Zacharie ; Zacharie rendu muet, par Pisano. Encadrement, par Ghiberti.
- À droite, le baptême du Christ ; à gauche, le baptême des disciples.
- Jean critique Hérode Antipas ; L'Incarcération de Jean, par Pisano. Encadrement, par Ghiberti.
La porte nord (1401-1425), par Lorenzo Ghiberti
En 1401, un concours est lancé par l’Arte di Calimala (guilde des importateurs de tissu) pour la conception d'un portail destiné au côté est du baptistère, qui fut par la suite déplacé vers le côté nord du bâtiment, après l'achèvement par Ghiberti de sa deuxième commande, connue sous le nom de porte du paradis[8].
Cette porte nord devait être une offrande votive de la ville de Florence pour avoir été relativement épargnée par des fléaux récents comme la peste noire de 1348. De nombreux artistes concourent pour cette commande et un jury sélectionne sept demi-finalistes, dont Lorenzo Ghiberti, Filippo Brunelleschi, Donatello et Jacopo della Quercia[9], Ghiberti, âgé de 21 ans, remportant finalement la commande. Au moment du choix, seuls Ghiberti et Brunelleschi restaient en lice : les juges ne parvenant pas à se décider, les deux finalistes furent chargés de collaborer à l'œuvre. La fierté de Brunelleschi fit qu'il ne supporta pas cette coopération, préférant se rendre à Rome pour étudier l'architecture et laissant Ghiberti travailler seul sur la porte. Dans son autobiographie, Ghiberti affirmait cependant l'avoir emporté « sans aucune voix dissidente ». Les dessins originaux du Sacrifice d'Isaac par Ghiberti et Brunelleschi sont exposés au musée du Bargello.
Il ne fallut pas moins de vingt-et-un ans à Ghiberti pour achever cette porte nord. Le portail en bronze doré se compose de 28 panneaux quadrilobés, dont vingt représentent la vie du Christ, tirée du Nouveau Testament. Les huit panneaux inférieurs montrent les quatre évangélistes et les Pères de l'Église : saint Ambroise, saint Jérôme, saint Grégoire et saint Augustin. L'ensemble est entouré d'un encadrement de feuillages et de bustes de prophètes et de sibylles aux intersections des panneaux[10].
Au-dessus de la porte nord se trouve le groupe du Sermon de Jean-Baptiste par Giovanni Francesco Rustici (1506-1511), apprécié pour sa douceur et ses effets de clair-obscur, dans la ligne de son maître Léonard de Vinci[11].
Sur la fenêtre centrale se trouve l'emblème de l’Arte di Calimala : l'aigle tenant une balle de marchandises dans ses serres.
- La Cène
- Saint Matthieu
- Saint Augustin
- L'envers de la porte, avec des têtes de lions.
- Le Sermon de Jean-Baptiste, de Giovanni Francesco Rustici.
La porte est (porte du Paradis) (1425-1452), par Lorenzo Ghiberti
La porte , nommée « porte du Paradis » (Porta del Paradiso) par Michel-Ange, fait face à la cathédrale Santa Maria del Fiore. Elle a été réalisée par Lorenzo Ghiberti entre 1425 et 1452, avec une importante collaboration de son fils Vittore. Une copie est présentée in situ, tandis que les panneaux originaux, minutieusement restaurés, sont conservés au Museo dell'Opera del Duomo, situé à proximité.
La porte est subdivisée en dix grands carrés, disposés sur cinq rangées, dont chacun, avec des encadrements ornés de cocardes à têtes de prophètes, occupe toute la largeur d'un vantail. Les panneaux montrent des scènes de l'Ancien Testament[7].
Chaque panneau carré regroupe plusieurs histoires bibliques représentées en même temps. Par rapport à la porte d'Andrea Pisano ou à celle du nord, chaque panneau présente de nombreux épisodes, différenciés par la position et la hauteur du relief (du haut-relief au premier plan au stiacciato en arrière-plan). De cette manière, plus de cinquante scènes en tout sont représentées[12].
La porte est surmontée du groupe sculptural du Baptême de Jésus d'Andrea Sansovino (1502), avec un ange ajouté par Innocenzo Spinazzi (1792).
La porte est flanquée de deux colonnes de porphyre, actuellement brisées, données par la cité de Pise en remerciement pour l'aide que Florence leur avait apportée contre les infidèles lors d'une expédition aux Baléares en 1115[7].
- Histoire de Joseph
- Moïse
- Abraham
- Salomon et la reine de Saba
- Encadrement, portraits
- Le Baptême du Christ, par Sansovino
- Vue d'ensemble de la porte, avec les sculptures du couronnement
Annexes
Structure des trois portes
Notes et références
- (en) « Basilica di San Giovanni, Firenze, Italy », sur gcatholic.org (consulté le )
- Medioevo, novembre 2013, p.59.
- Florence and Central Italy, 1400–1600 A.D., Heilbrunn Timeline of Art History, The Metropolitan Museum of Art
- Petri Liukkonen, « Dante Alighieri » [archive du ], sur Books and Writers (kirjasto.sci.fi), Finland, Kuusankoski Public Library
- Sophie Flouquet, « Ghiberti force les portes du Paradis », Beaux Arts magazine, août 2017, p.48.
- Brunelleschi réalise vers 1425 une expérience démonstrative qui institue la perspective exacte (première expérience de Brunelleschi)
- AA.VV., Guida d'Italia, Firenze e provincia, Guida Rossa, Touring Club Italiano, Milano 2007, p.150-151.
- Voir Laurie Schneider Adams, Italian Renaissance Art, (Boulder, Colorado: Westview Press, 2001), 60. En fait, au moment du concours de 1401, le baptistère de Florence avait besoin de deux portails pour être décoré. L'objectif du concours 1401-1402 était de commencer à travailler sur ce projet. Voir aussi Monica Bowen, Ghiberti's North Doors, in Alberti's Window, 24 juillet 2010.
- The Premier Artists of the Italian Low Renaissance
- Antonio Paolucci (1996), The Origins of Renaissance Art: The Baptistery Doors, Florence 176 pages. Publication : George Braziller; (ISBN 0807614130)
- Heinrich Decker, The Renaissance in Italy: Architecture • Sculpture • Frescoes, New York, The Viking Press, (1re éd. 1967)
- AA.VV., Il museo dell'Opera del Duomo a Firenze
Articles connexes
- Porte nord : Concours pour la porte nord du baptistère de Florence
- Porte est : Porte du Paradis
Liens externes
- Les portes monumentales du baptistère de Florence enfin réunies après 40 ans de restauration, Connaissance des Arts, 12 décembre 2019
- Portail de l’architecture chrétienne
- Portail du catholicisme
- Portail des musées
- Portail de Florence