Ayman al-Zawahiri

Ayman Mohammed Rabie al-Zawahiri (en arabe : أيمن محمد ربيع الظواهري (ʾAyman Muḥammad Rabīʿ aẓ-Ẓawāhirī)), né le à Maadi, en banlieue du Caire, en Égypte, est le chef du réseau terroriste Al-Qaïda[1]. Fils d'un pharmacien, médecin de formation, il fut anciennement à la tête de l'organisation paramilitaire du Jihad islamique égyptien, avant que celui-ci ne fusionne avec Al-Qaïda en 1998. Il deviendra alors le principal idéologue, considéré souvent comme étant son no 2, de ce réseau terroriste dirigé par Oussama ben Laden, dont il aurait été le médecin personnel (Ben Laden aurait souffert de complications rénales, nécessitant probablement des dialyses). D'après les témoignages d'un ancien membre d’Al-Qaïda, il a travaillé pour le réseau depuis le début de sa formation en 1988 et était un cadre de la choura. Après la mort d'Oussama ben Laden le , il est devenu le chef d'al-Qaïda.

Ayman al-Zawahiri
(ar) أيمن الظواهري

Surnom Abou Mohammed, Abou Fatima, Mohammed Ibrahim, Abou Abdallah, Abou al-Mu'iz, le Docteur, le Professeur, Nour, Abou Mohammed Nour ad-Dîn, Abdel Mouaz (Abdel Moez, Abdel Mouez)
Naissance
Maadi, Le Caire (Égypte)
Origine Égyptien
Allégeance Jihad islamique égyptien, puis Al-Qaïda
Grade no 1
Commandement Émir d'Al-Qaïda
Conflits Guerre d'Afghanistan (2001-2014)
Autres fonctions ex-médecin personnel d'Oussama ben Laden († 2011)
Famille 6 enfants, dont 5 en vie

Il est connu sous les noms : Abou Mohammed, Abou Fatima, Mohammed Ibrahim, Abou Abdallah, Abou al-Mu'iz, le Docteur, le Professeur, Nour, Abou Mohammed Nour ad-Dîn, Abdel Mouaz (Abdel Moez, Abdel Mouez) et d'autres pseudonymes.

Sur sa fiche de recherche du FBI, il est dit qu'il parle arabe et français[2].

Biographie

Jeunesse

Ayman Al-Zawahiri est né à Maadi en Égypte, en banlieue du Caire, dans une famille influente sur le plan religieux et politique[3]. Du côté paternel, le grand-oncle d'Ayman, a dirigé l'université al-Azhar (l'un des principaux lieux d'enseignement de l'islam sunnite), son grand-père maternel a fondé l'université (religieuse) du Roi Saoud en Arabie saoudite pour le compte des autorités religieuses wahhabites et son oncle maternel, Abdul Rahman Azzam, a occupé les fonctions de secrétaire de la Ligue arabe[4],[5]. C'est un élève studieux[5]. À 14 ans, il rejoint les Frères musulmans (al-Ikhwan al-Muslimin), le groupe islamiste arabe le plus ancien, ce qui lui vaut une arrestation un an plus tard. Il est alors fasciné par Sayyid Qutb[5]. Entré à l'école de médecine de l'université du Caire, il sort diplômé en médecine en 1974 et obtient sa spécialisation en chirurgie en 1978. Son père, le Dr Muhammad Rabi Al-Zawahiri, pharmacien renommé, était lui-même professeur de pharmacologie au sein de l'école de pharmacie de l'Université du Caire. La marque creuse sur son front s'appelle un zabiba.

Jihad islamique égyptien

Dans les années 1970, al-Zawahiri fonde le Jihad islamique, d'inspiration plus radicale que les Frères musulmans[5]. En 1974, le groupe compte une quarantaine de membres[5]. Al-Zawahiri s'habille alors à l'occidentale et sa famille ignore tout de ses activités[5]. En 1974, il passe son diplôme de médecine et exerce pendant trois années comme chirurgien dans une base de l'armée égyptienne[5]. En 1978, il se marie[5].

En 1980, Ayman al-Zawahiri se rend au Pakistan et travaille pendant quatre mois à Peshawar pour le compte du Croissant-Rouge afin de venir en aide aux réfugiés afghans[5].

Le , le président égyptien Anouar el-Sadate est assassiné par un soldat ayant rejoint le Jihad islamique[5]. Al-Zawahiri affirmera par la suite n'avoir appris le projet d'attentat qu'au matin de l'attaque[5]. Il est néanmoins arrêté, emprisonné et torturé[5]. Mais, il n'est condamné qu'à trois ans de prison pour port illégal d'arme[5]. Il est relâché en 1984[5].

Après sa libération, al-Zawahiri quitte alors l'Égypte, fait un bref séjour en Arabie saoudite, puis se rend au Pakistan[5]. Il se rapproche alors d'Oussama ben Laden, dont il devient le médecin personnel[5]. Vers fin 1989, dans un camp près de Khost en Afghanistan, une dizaine d'hommes de différentes nationalités, dont ben Laden et al-Zawahiri, fondent l'organisation al-Qaïda[5].

En 1990, Ayman Al-Zawahiri revient en Égypte, où il continue à orienter le Jihad islamique dans une direction plus radicale, employant les connaissances et tactiques enseignées en Afghanistan.

Selon l'imam Sayed, — l'ancien guide spirituel du Jihad islamique égyptien auquel a appartenu Ayman Al-Zawahiri, dans un essai intitulé « La Honte de l'exonération », publié en novembre 2008, dans le quotidien indépendant égyptien Al-Masri Al-Youm — Zawahiri travaillait alors pour les services secrets soudanais et a été rétribué par eux pour monter secrètement des opérations de terrorisme en Égypte. Une de ces opérations fut la tentative d'assassinat du Premier ministre égyptien Atef Sedki en 1993, qui a entraîné l'arrestation de membres du Jihad islamique en Égypte et l'exécution de six d'entre eux.

Il passe en Russie avec deux lieutenants le 1er décembre 1996 et tente de gagner la Tchétchénie pour y établir une base d'opérations. Il est arrêté le jour même au Daghestan avec de faux passeports. Se faisant passer pour de simples hommes d'affaires et bénéficiant d'un lobbying demandant la libération de ces simples marchands, ils sont relâchés au bout de six mois de prison[6].

En 1997, Ayman Al-Zawahiri est tenu pour responsable du massacre de Louxor, où sont tuées 62 personnes, dont 58 touristes étrangers. Il est condamné à mort par contumace en 1999 par un tribunal militaire égyptien.

Entre 1998 et 2006

Le 23 février 1998, il développe ses vues dans un texte écrit avec Oussama Ben Laden sous le titre « Le Front islamique mondial contre les juifs et les croisés ». Ce texte constitue un pas important permettant d'élargir ses combats à l'échelle planétaire. Ainsi le Jihad islamique rejoint la nébuleuse d’Al-Qaïda (le Jihad islamique sera reconstitué en partie sous le nom de Talaëh al-Fatah).

Après la deuxième Guerre d'Afghanistan, on perd la trace de Ayman Al-Zawahiri. Certaines sources, en 2002, relatent son assassinat par des forces inconnues mais, début septembre 2003, une vidéo montrant Ayman Al-Zawahiri et Ben Laden ainsi qu'un enregistrement audio, relayé par la chaîne qatarienne Al Jazeera, laissent supposer qu'ils sont tous deux en vie. Le département d'État des États-Unis offre une récompense de 25 millions de dollars pour des informations pouvant mener à l'arrestation d'Ayman al-Zawahiri, considéré comme impliqué, notamment, dans les attentats à la bombe du à Dar es Salaam en Tanzanie et à Nairobi au Kenya. Ce même département l'a officiellement placé en deuxième position, sur une liste de 22, des terroristes les plus recherchés.

Il désigne Sayyid Qutb comme son mentor.

Il est visé par des frappes de drones américains en janvier et novembre 2006, mais leur échappe les deux fois. Les frappes provoquent cependant la mort de 105 personnes, dont 76 enfants[7].

En 2007

Le , à la suite d'une attaque américaine dans un village à la frontière pakistanaise qui fait 17 morts, les médias relayent une information sur la mort de Ayman Al-Zawahiri mais celle-ci est démentie le lendemain.

Le , dans le prolongement de son démenti, Ayman Al-Zawahiri apparaît dans une vidéo[8] critiquant les décisions de George W. Bush au sujet de l'Irak et de la Somalie. Ce message intervient alors que Bush vient d'annoncer, le , l'envoi de « plus de vingt mille soldats américains » afin de renforcer l'effectif déjà sur place.

En 2008

Le , il publie sur Internet un livre intitulé L'Absolution, al-tabri'a, dans lequel il réfute les critiques formulées en 2007 par son ancien compagnon de route, le jihadiste repenti Imam al-Sharif, aujourd'hui emprisonné au Caire[9].

Le , dans un message radiophonique — le troisième en une semaine — diffusé par le réseau as-Sahab, il appelle les musulmans à de nouvelles attaques contre les intérêts juifs et américains dans le monde et à « surveiller les cibles, collecter l'argent, apporter l'équipement, effectuer les préparatifs, et ensuite — en invoquant Allah — rechercher le martyre et le paradis »[10].

En avril 2008, dans un message audio, il accuse l'Iran et le Hezbollah de vouloir discréditer Al-Qaïda en soutenant qu'Israël serait impliqué dans les attentats du 11 septembre 2001[11].

En 2009

Le , il menace la France de représailles en raison de sa position concernant le voile islamique et s'attaque également à l'État israélien[12].

En 2011

Il devient l'homme le plus recherché du monde, après la mort du chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, le . Le , il est intronisé chef d'Al-Qaïda, remplaçant Saïf al-Adel qui assurait l’intérim[1]. Il intervient deux fois en vidéo pour exprimer son soutien aux révolutions arabes[13].

En 2013

Le , il menace la France à la suite de l'intervention militaire au Mali[14].

En , Ayman al-Zawahiri déclare qu'il désapprouve l'annonce faite par Abou Bakr al-Baghdadi d'une fusion entre le Front al-Nosra et l'État islamique d'Irak pour former l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Al-Zawahiri demande à al-Baghdadi de renoncer à ses prétentions sur la Syrie, estimant qu'il « a fait une erreur en établissant l'EIIL » sans lui en avoir demandé la permission ni même l'avoir informé. Il annonce que « l'État islamique en Irak et en Syrie va être supprimé, alors que l'État islamique en Irak reste opérationnel »[15]. Le chef du Front al-Nosra, Abou Mohammed al-Joulani, refuse également la fusion et prête allégeance à al-Zawahiri[16],[17],[18]. En novembre, Ayman al-Zawahiri reconnaît le Front al-Nosra comme la seule branche d'al-Qaïda en Syrie[19],[20]. Abou Bakr al-Baghdadi passe outre : il envoie des hommes en Syrie, tandis qu'une partie des membres du Front al-Nosra font défection et lui prêtent allégeance[21].

En 2014

En janvier 2014, le Front al-Nosra et l'EIIL entrent en guerre dans le nord de la Syrie[22]. Ayman al-Zawahiri désigne Abou Khaled al-Souri, membre d'Ahrar al-Cham et ancien compagnon de route d'Oussama ben Laden, pour servir de médiateur, mais celui-ci est tué à Alep le 23 février 2014, dans un attentat de l'EIIL[23],[24].

En 2015

Il revendique les attaques de l'attentat contre Charlie Hebdo, magazine satirique français.

Le , Ayman al-Zawahiri annonce prêter allégeance au mollah Akhtar Mohammad Mansour, chef des talibans[25],[26],[27].

En 2016

Le , le Front al-Nosra rompt son allégeance à al-Qaïda avec l'accord d'Ayman al-Zawahiri[28]. Le groupe prend le nom de Front Fatah al-Cham avant de former Hayat Tahrir al-Cham.

En 2017

Le , Ayman al-Zawahiri, appelle ses partisans à ne pas privilégier le contrôle et l'administration des territoires, mais à se concentrer sur la guérilla[29]. Selon le chercheur Tore Refslund Hamming, fondateur du think tank MENA Analysis : « Zawahiri met clairement en garde Tahrir Al-Cham, car il craint que sa rupture formelle avec Al-Qaida et sa fusion avec d’autres éléments de la rébellion n’affectent la nature djihadiste du mouvement »[29]. À partir de fin 2017, Ayman al-Zawahiri commence à critiquer violemment Hayat Tahrir al-Cham et son chef, Abou Mohammed al-Joulani, après l'arrestation et le bref emprisonnement de plusieurs cadres d'al-Qaïda[30],[31].

Notes et références

  1. Mike Mullen promet qu'Al-Zawahiri sera éliminé comme Ben Laden, Le Monde.
  2. FBI:Most Wanted Terrorists.
  3. (en) « The man behind Bin Laden », sur New Yorker
  4. Gilles Kepel, « Al-Qaida dans le texte », Presses universitaires de France
  5. Marc Epstein, Ayman Al-Zawahiri, le cerveau d'Al-Qaïda, L'Express, 11 septembre 2003.
  6. (en) Saga of Dr. Zawahri Sheds Light On the Roots of al Qaeda Terror, Wall Street Journal, 2 juillet 2002.
  7. (en-GB) Spencer Ackerman, « 41 men targeted but 1,147 people killed: US drone strikes – the facts on the ground », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  8. Zawahri ironise sur la stratégie américaine, L'OBS, 23 janvier 2007.
  9. blog de Gilles Kepel (5 mars 2008) : Zawahiri met en ligne sa "Disculpation" : la crise s'aggrave entre les jihadistes.
  10. Al-Qaïda appelle à frapper Israël et les États-Unis, L'Express, 24 mars 2008.
  11. (en) Al-Qaeda accuses Iran of 9/11 lie, BBC, 22 avril 2008.
  12. Le numéro deux d'al-Qaida menace la France, Le Figaro, 4 août 2009.
  13. Al Zawahiri le discret, Huyghe, 3 août 2011.
  14. Zawahiri menace la France pour son intervention au Mali, Le Monde, 8 avril 2013.
  15. « Le Front Al-Nosra est la branche d'Al-Qaïda en Syrie », 7sur7.be, 8 novembre 2013.
  16. « Al-Qaida en Syrie : le cadeau fait à Bachar », Le Point, 10 avril 2013.
  17. Romain Caillet, De la désaffiliation de l'État islamique à al-Qaïda, The Huffington Post, 8 octobre 2013.
  18. « Syrie : Al-Nosra adhère à Al-Qaida mais veut garder son identité », Le Monde, 10 avril 2013.
  19. Syrie : le Front Al-Nosra devient la "branche" officielle d'Al-Qaida, Le Monde avec AFP, 8 novembre 2013.
  20. Zawahiri affirme que le Front Al-Nosra est la branche d'Al-Qaïda en Syrie, AFP, 8 novembre 2013.
  21. Hélène Sallon, L'Etat islamique en Irak et au Levant, l'avenir du djihadisme mondial, Le Monde, 10 juin 2014.
  22. Céline Lussato, Syrie : La guerre des djihadistes a-t-elle éclaté ?, Le Nouvel Observateur, 7 janvier 2014
  23. France 24 avec AFP et Reuters, « Un compagnon de route de Ben Laden tué en Syrie », sur France 24, (consulté le ).
  24. L'Obs avec AFP, « Syrie: un compagnon de route de Ben Laden tué dans un attentat », .
  25. Le chef d’Al-Qaïda Ayman Al-Zawahiri fait allégeance au nouveau leader des Talibans dans une vidéo, L'Obs, 13 août 2015.
  26. En faisant allégeance aux talibans, al-Qaïda envoie un message à l'EI, RFI, 14 août 2015.
  27. Michel Moutot, Allégeance au mollah Mansour : al-Zawahiri n'avait pas le choix, OLJ avec AFP, 17 août 2015.
  28. Le Front al-Nosra rompt avec el-Qaëda et devient le Front Fateh al-Cham, OLJ avec agences, 28 juillet 2016.
  29. Madjid Zerrouky, Al-Qaida prépare une guerre d’usure en Syrie, Le Monde, 27 avril 2017.
  30. Matteo Puxton, Syrie: comment al-Qaïda reprend pied en zone djihadiste, France Soir, 28 juin 2018.
  31. Luc Mathieu, La province syrienne d’Idlib, un havre de guerre, Libération, 31 janvier 2018.

Voir aussi

Articles connexes

Écrits de Zawahiri

  • La cure pour les cœurs des croyants (Shifâ' Sudûr al-Mu'minîn), 1996
  • Le Front islamique mondial contre les juifs et les croisés, 1998
  • L'Absolution, Milelli, 2008 (ISBN 978-2-916590-05-9)

Bibliographie

  • Gilles Kepel et Jean-Pierre Milelli (dir.), Al-Qaïda dans le texte, PUF, Paris, 2005
  • Jean-Pierre Milelli, « La lettre d'al-Zaouahiri », revue Maghreb-Machrek no 186, Choiseul, Paris, 2006

Liens externes

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