Augustin de Romanet
Augustin de Romanet de Beaune, né le à Boulogne-Billancourt (France), est un haut fonctionnaire et chef d’entreprise français, président-directeur général du groupe ADP depuis le . Il a été directeur général de la Caisse des dépôts et consignations du au .
Pour les articles homonymes, voir Romanet.
Biographie
Origines et études
Augustin de Romanet est issu d'une famille de Saint-Martin-du-Vieux-Bellême dans l'Orne[1]. Les origines connues de la famille de Romanet remontent au XIIIe siècle : Les Romanet sont d’abord des tanneurs à Eymoutiers en Limousin, puis des propriétaires agricoles. Ils sont anoblis par Louis XIV en 1644[2]. Augustin de Romanet est le fils de Luc de Romanet de Beaune [3], avocat et ancien maire de Saint-Martin-du-Vieux-Bellême et d'Anne-Marie Lafont, sœur d'Emmanuel Lafont.
Augustin de Romanet est le frère d'Antoine de Romanet, évêque aux armées; neveu d'Emmanuel Lafont, évêque émérite du diocèse de Guyane; le cousin germain de Bruno Lafont, ex-PDG du groupe LafargeHolcim et de Jean-Philippe Taslé d'Heliand, Président de la banque Oddo BHF[4].
Après une scolarité au collège Saint-Grégoire et au lycée Balzac à Tours, Augustin de Romanet intègre l'Institut d'études politiques de Paris (IEP) puis l'École nationale d'administration (ENA), dont il sort en 1986 au sein de la promotion Diderot[5],[6].
Ministère des finances
À la sortie de l'ENA, Augustin de Romanet intègre le ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie comme adjoint au chef du bureau de la politique salariale puis au chef du bureau de la synthèse budgétaire, à la direction du Budget. En mobilité, il est nommé attaché financier à la représentation permanente de la France auprès des Communautés européennes de 1990 à 1992, représentant la France au comité budgétaire, puis réintègre en 1993 la direction du Budget comme chef du bureau de la synthèse et de la politique budgétaire[7].
Entre 1995 et 1997, Augustin de Romanet rejoint les cabinets ministériels, puis pendant la troisième cohabitation (1997-2002), il retrouve la direction du Budget, comme sous-directeur chargé de mission auprès du directeur du Budget jusqu'en 1998, avant de devenir sous-directeur chargé du secteur transports, routes, industrie et recherche[7].
Cabinets ministériels
La victoire de Jacques Chirac à l'élection présidentielle de 1995 lui permet d'intégrer les cabinets ministériels. Augustin de Romanet devient conseiller technique auprès d'Alain Madelin lors de son éphémère passage comme ministre de l'Économie et des Finances, puis passe au service de François d'Aubert, secrétaire d'État au budget, dont il est conseiller technique puis directeur de cabinet. Il intègre ensuite comme conseiller chargé des Affaires budgétaires le cabinet d'Alain Lamassoure, ministre délégué au Budget et porte-parole du gouvernement. Il entre au service de Jean Arthuis, ministre de l'Économie et des Finances, après le départ d'Alain Madelin[8], comme chargé de mission auprès du ministre[5]. Puis il réintègre le ministère du budget pendant la troisième cohabitation.
Comme la première, la seconde victoire de Jacques Chirac à l'élection présidentielle en mai 2002 lui permet de revenir dans les cabinets ministériels. Augustin de Romanet devient alors directeur du cabinet d'Alain Lambert, ministre délégué au Budget et à la Réforme budgétaire[6],[9] et directeur adjoint du cabinet de Francis Mer, ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. En 2004, il est appelé par Jean-Louis Borloo, nommé ministre de l'Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale, dont il devient directeur de cabinet, avant d'intégrer, la même année, le cabinet du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin comme directeur adjoint[10].
Il est ensuite secrétaire général adjoint du cabinet du président de la République française du au [11].
Chef d'entreprise
Entre 1999 et 2002, Augustin de Romanet rejoint le secteur privé pour travailler dans l'entreprise d'investissement Oddo et Cie en tant que directeur jusqu'en 2000[6], puis associé-gérant de Oddo Pinatton Corporate, filiale de banque d'affaires du groupe Oddo et Cie[12].
À partir du 16 octobre 2006, il est directeur adjoint Finances et Stratégie groupe du Crédit agricole et membre de son comité exécutif[réf. souhaitée].
Caisse des dépôts et consignations
Le , Augustin de Romanet est nommé, par décision du conseil des ministres, directeur général de la Caisse des dépôts et consignations en remplacement de Francis Mayer[13]. Cette nomination, une des dernières décidées par Jacques Chirac avant la fin de son mandat, est apparue comme une option plutôt consensuelle, mettant fin à l'incertitude à la tête de l'institution après les hésitations des proches collaborateurs du président, Frédéric Salat-Baroux ou Maurice Gourdault-Montagne, tous deux pressentis pour le poste[6]. De par ce poste, il est également administrateur de : Accor (2007-2009), Dexia (2007-2011), Icade (2007-2011), Veolia (2007-2012), CNP Assurances (2007-2012), CDC Entreprises (2007-2012), La Poste (2011-2012), Oséo (2011-2012).
De 2008 à 2012, il gère la création et occupe la présidence du conseil d’administration du Fonds stratégique d'investissement[14],[15].
En décembre 2007, Augustin de Romanet présente le plan « Elan 2020 » qui vise à moderniser la bicentenaire CDC autour de 4 axes : le logement, les universités, les PME, et l’environnement[16]. En septembre 2009, il donne son aval pour l’acquisition de 26 % de La Poste par la CDC[17]. Il procède également à la création d’un comité d’investissement au sein de la CDC, instance obligatoirement consultée avant tout investissement important[18].
De 2011 à 2012, alors qu’il est président d'Egis, filiale à 75 % de la Caisse des dépôts, Augustin de Romanet ouvre largement le capital aux salariés (25 %) pour en faire une opération exemplaire d'association des collaborateurs à la vie et aux performances de leur entreprise[19].
À l'issue de son mandat de directeur général de la Caisse des dépôts, le 7 mars 2012, Augustin de Romanet remet les mandats sociaux qu'il détenait à ce titre[18].
À la suite de son mandat, la Cour des comptes étudie la gestion des dossiers Cité du cinéma[20] et CDC Entreprises[21]. Une enquête préliminaire est également ouverte pour déterminer la nature des relations entre la CDC et la société AB Conseil[22]. En marge de cette enquête pour « abus de biens sociaux » et « détournement de fonds publics », il est condamné le pour « recel de violation du secret de l'instruction » après que les enquêteurs aient trouvé chez lui un document synthétisant des éléments de l'enquête en cours au Parquet national financier[23].
Le 9 mars 2021, il est condamné à 5 000 euros d'amende par la Cour de discipline budgétaire et financière pour faute de gestion commise dans le cadre d'attribution gratuites d'actions aux 70 salariés de CDC entreprises, pour un montant total de près de 9 millions d'euros[24],[25].
Groupe ADP
Par un décret en Conseil des ministres du [26], il remplace Pierre Graff, atteint par la limite d'âge le 11 novembre 2012, à la fonction de président-directeur général d'Aéroports de Paris (ADP). Sa candidature avait été acceptée par François Hollande sur les conseils de Bernadette Chirac, dont il est proche[27]. En juillet 2014, son mandat est reconduit pour une durée de 5 ans[28]. Il affiche l’ambition de faire du groupe ADP le leader mondial de la conception et de l’exploitation d’aéroports[29].
Sous son impulsion, la culture s’impose dans les aéroports parisiens avec l’ouverture d’un espace Musées à Paris-Charles de Gaulle (Augustin de Romanet a également été administrateur du Musée du Louvre Lens), et la présentation de différentes œuvres d’art dans les terminaux[30],[31]. Parallèlement, la modernisation des infrastructures permet l’arrivée de nouveaux points de vente, dont Carrefour City[32] et Victoria’s Secret[33], et l’ouverture d’un restaurant par le chef étoilé Guy Martin ([34]« I Love Paris ») à Paris-Charles de Gaulle[35]. À Orly-Ouest, le premier espace business est créé pour permettre aux voyageurs d’affaires de se rencontrer, et mettre en avant les startups françaises[36].
Sa présidence est marquée par le lancement du plan stratégique Connect 2020 qui prévoit un investissement de 4,6 milliards d’euros pour moderniser les infrastructures et améliorer la qualité de service dans les aéroports parisiens[37].
Sous son impulsion, le projet CDG Express est relancé avec une ordonnance en date de février 2016 confiant la réalisation du projet au groupe ADP et à la SNCF[38],[39]. En mars 2017, le président François Hollande confirme la signature d’un protocole d’accord pour le lancement du projet[40].
Sous son mandat, la fondation d’entreprise du groupe ADP prend son envol en se détachant de la Fondation de France[41], et le siège social parisien du groupe est transféré à Roissy afin d’y rassembler ses équipes alors éclatées entre Paris, Orly et Roissy[42]. Le déménagement du siège social est effectué en mars 2017, et correspond au souhait d’Augustin de Romanet d’être “au plus près des voyageurs” et des chantiers de rénovation permanents qui caractérisent la vie d’un aéroport[40].
En avril 2016, Aéroports de Paris crée sa nouvelle marque voyageurs, Paris Aéroport, et devient le groupe ADP, une identité à deux niveaux visant à accroître la notoriété en France et à l’international d’un côté, et fédérer collaborateurs et nouveaux talents de l’autre[43]. Une campagne Paris vous aime est lancée pour communiquer sur le nouveau positionnement du groupe, dans le but de créer une “préférence parisienne forte”[44].
Le 26 juin 2015, Augustin de Romanet est élu président de l’ACI Europe (Airport Council International)[45]. Cette même année, l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle reçoit le prix Skytrax de l’aéroport qui s’est le plus amélioré dans le monde[40].
En 2017, les aéroports du groupe ADP sont situés par les utilisateurs en bas du classement des 32 aéroports de plus de 15 millions de passagers établi par l'UFC Que Choisir: 31e sur 32 pour Roissy-Charles-de-Gaulle et 29e sur 32 pour Orly[46]. La même année, la presse fait état d'un rapport destiné au ministère de l'Intérieur et mettant en cause la responsabilité du groupe ADP dans l'engorgement des deux aéroports parisiens[47].
Il se rapproche d'Emmanuel Macron à sa victoire à l'élection présidentielle de 2017[réf. souhaitée]. En décembre 2017, il est nommé président du conseil d'administration du domaine de Chambord — le président de la République souhaitant rétablir les chasses présidentielles — et devient en 2018 président de Paris Europlace (organisme chargé de promouvoir et développer la place financière de Paris)[27]. Le 29 mai 2019, le gouvernement le reconduit pour cinq ans à la tête d'ADP[48],[49].
Il est membre du Club des juristes[50],[51], un cercle de réflexion présidé par Bernard Cazeneuve.
Il est membre fondateur et administrateur [52] de la Fondation de l'islam de France depuis 2016.
Autres fonctions
- 1986-1995 : enseignant à l'IEP Paris
- 1989-2008 : conseiller municipal de Bellême dans l'Orne
- 1992-1995 : enseignant à l'ENA
- 2007-2012 : président du conseil de surveillance de la Société nationale immobilière
- 2007-2012 : président du directoire du Fonds de réserve des retraites
- 2008-2010 : membre du conseil des prélèvements obligatoires
- 2009-2012 : président-fondateur du Club des investisseurs de long terme
- Depuis juin 2014 : membre du conseil d’administration du Centre des professions financières
- Depuis juillet 2014 : administrateur de la RATP
- Depuis avril 2015 : administrateur de SCOR[53]
- Depuis 2016 : membre fondateur et administrateur de la Fondation pour l'islam de France [52]
- Depuis mai 2017 : président du conseil d'orientation de l'Établissement public du domaine national de Chambord[54]
- Depuis décembre 2017 : président du conseil d'administration de l'établissement public du domaine national de Chambord[55]
- Depuis juillet 2018 : président de Paris Europlace.
Distinctions
- Chevalier de la Légion d'honneur (décret du )[56]
- Prix du capitaliste de l'année (2008) par Le Nouvel Économiste[57].
- Personnalité de l’année (2009), Trophées des sociétés d’investissement immobilier cotées (SIIC) pour son rôle dans la création en 2003 du statut de SIIC dans le cadre de la loi de finances et pour son initiative de faire adopter ce statut à Icade, filiale immobilière de la Caisse des Dépôts.
- Prix du financier de l'année (2012), par le ministère des Finances pour son action à la tête de la Caisse des dépôts dans la gestion de la crise économique et financière[58].
- Médaille d'or de l'Aéro-Club de France (2014)[59].
Ouvrage
Début 2012, Augustin de Romanet publie Non aux 30 douloureuses (Éditions Plon, Paris avril 2012, 270 pages) (prix littéraire 2012 de la rédaction de L'Express, catégorie « document »[60]), ouvrage dans lequel il analyse la crise économique et financière actuelle, à travers les cycles historiques et les récents événements. Il y prône le retour d'un État stratège, capable de reprendre le contrôle de la finance, dans un contexte mondialisé et une optique de long terme, conditions nécessaires pour redonner à la France une ambition[61].
Notes et références
- « Portrait. Augustin de Romanet, un Ornais a la tête des Aéroports de Paris », sur Ouest-france.fr, (consulté le )
- Emmanuelle Andreani, « Les petits secrets du PDG d'Aéroports de Paris », sur Capital.fr, (consulté le )
- https://dirigeant.societe.com/dirigeant/Luc.DE_ROMANET_DE_BEAUNE.60883572.html
- https://www.rcf.fr/amp/1297734
- Notice biographique, Who's Who in France, 2007
- Anne Michel, « Augustin de Romanet, le joker de l'Elysée », sur Lemonde.fr, (consulté le )
- « Le CV d'Augustin de Romanet », sur Challenges.fr, (consulté le )
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- « Comment recaser ses amis dans les cabinets », sur Liberation.fr, (consulté le )
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- Laurent Martinet, « Augustin de Romanet: "Si l'Europe ne fait pas des pas de géant, elle va exploser" », sur Lexpress.fr, (consulté le )
- Nathalie Legendre, « Perche. Augustin de Romanet : "Non aux 30 Douloureuses" », sur Le-perche.fr, (consulté le )