André Zirnheld

André Zirnheld ( - ) est un parachutiste français libre, membre du Special Air Service pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est célèbre pour avoir été le premier officier parachutiste français tué au combat et comme auteur de la Prière du para, écrite en 1938. Il est compagnon de la Libération. Il est inhumé à Paris dans le cimetière des Batignolles (24e division). Son oncle était Jules Zirnheld, un syndicaliste français, l'un des fondateurs de la Confédération française des travailleurs chrétiens qu'il préside ensuite et qui a aussi présidé la Confédération internationale des syndicats chrétiens.

Pour les articles homonymes, voir Zirnheld.

Biographie

La jeunesse

André Louis Arthur Zirnheld est né à Paris le dans une famille catholique d'origine alsacienne.[1]

Il fut élève au Pensionnat catholique diocésain de Passy[2]. Il est licencié et diplômé d'études supérieures de philosophie, et nommé en 1937 professeur de philosophie au lycée Carnot de Tunis. En , il est affecté comme professeur au Collège de la Mission laïque française à Tartus, en Tunisie.

La guerre

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, André Zirnheld est affecté dans une batterie de DCA au Liban. Zirnheld est volontaire pour aller combattre en métropole mais l'armistice du est signé avant. Zirnheld rejoint alors la France libre en passant en Palestine britannique[3]. Il est condamné pour désertion par un tribunal militaire français, qui confisque tous ses biens.

Zirnheld est affecté comme soldat au 1er bataillon d'infanterie de marine, avec lequel il participe au premier combat d'une unité FFL, comme sergent-chef, au premier combat d'une unité FFL à Sidi-Barani le , contre l'armée italienne[4]. En , en raison de ses diplômes, Zirnheld est retiré du front et nommé directeur-adjoint du service d'information et de propagande au Caire. Bien qu'il s'intéresse beaucoup à son travail, Zirnheld demande rapidement à être envoyé au front. Il s'inscrit au stage d'élève-officier à l'École des aspirants de Brazzaville[5],[6] en , d'où il sort cinquième fin 1941.

Les SAS

De retour au Proche-Orient en février 1942, Zirnheld se porte volontaire pour la 1re compagnie de parachutistes, intégrée comme french squadron au Special Air Service. Il est sous les ordres du capitaine Georges Bergé puis, après la capture de celui-ci, sous les ordres du capitaine Augustin Jordan[7].

Lors de sa première mission, Zirnheld commande une équipe de quatre hommes qui effectue un raid sur l'aérodrome Berka-3 le , détruisant six avions ennemis au sol. Il reçoit alors, comme tout SAS après sa première mission, l'insigne des ailes opérationnelles SAS ou « ailes égyptiennes ». Ses missions suivantes seront le sabotage d'une voie de chemin de fer, puis une attaque de véhicules et ramener des prisonniers de la Luftwaffe. Il est ensuite proposé pour la Croix de guerre et la Military Cross.

La dernière mission

Tombe de la famille Zirnheld

La quatrième mission de Zirnheld est un raid sur la grande base aérienne allemande de Sidi-Haneish, près de Marsa Matruh, en Égypte. Ce raid est effectué dans la nuit du 26 au par dix-huit jeeps armées conduites par des SAS britanniques et français. En quelques minutes, les jeeps, en formation de V inversé, parcourent la longueur de la piste en mitraillant les avions garés. Trente-sept bombardiers et avions de transport sont détruits, pour la perte de deux SAS britanniques tués sur l'aérodrome.

Pendant le retour, la jeep de Zirnheld a une crevaison. Une des autres jeeps, à bord de laquelle se trouve l'aspirant François Martin, vient à son secours, pendant que le reste de la formation continue sa route. Les deux jeeps réparent, reprennent la route, puis les pneus crèvent une seconde fois. Lorsque le soleil se lève, les jeeps s'arrêtent et tentent de se camoufler. Trois heures après, une formation de quatre bombardiers allemands Junkers Ju 87 « Stuka » les repère et les mitraille.

À leur second passage, Zirnheld est touché, d'abord à l'épaule, puis à l'abdomen. Le groupe repart en jeep, avant de se cacher dans un oued, Zirnheld souffrant trop pour supporter davantage le transport. Il meurt vers 13 heures. Martin le fait enterrer sur place avec les honneurs militaires ; une croix sommaire formée de deux planches à caisse est érigée sur sa tombe avec cette inscription : « aspirant André Zirnheld, mort pour la France le  »[8].

Un peu avant sa mort, il dit à François Martin : « Je vais vous quitter. Tout est en ordre en moi. », et lui demande de s'occuper des papiers et livres dans son barda. C'est Martin qui aurait découvert le carnet de Zirnheld dans lequel celui-ci a écrit en 1938 une Prière qui, dans les années 1960, sera considérée comme « La prière du para »[9],[10],[11].

Zirnheld sera cité à l'ordre de la Libération, avec comme commentaire : « Excellent chef, calme et audacieux. ». Une attitude qui convient parfaitement à la devise des SAS, Who dares wins (Qui ose gagne).

La Prière du para

Si sa prière du para est bien connue, en revanche, son auteur l'est beaucoup moins : un article de Terre Magazine qui lui est consacré l'a même appelé « un héros oublié ».

Extrait de l'article :

« Je n'ai pas à me plaindre de la guerre. D'elle, je dois apprendre à vivre de n'importe quoi. D'elle, je dois tirer profit, plus grand profit même que de la vie que j'aurai mené sans elle. C'est au contraire la paix, la situation, la carrière qui eussent été artificielles et dangereuses pour mon progrès. Après la guerre, tout le problème sera de découvrir un rythme semblable. »

Décoration et hommages

Notes et références

  1. Jean-Michel Zirnheld, « Article droit de réponse de Jean-Michel ZIRNHELD dans la revue "Debout les paras" n°254 », Debout les paras, juillet-août-septembre 2020, p. 31
  2. Raymond Forgeat, Ils ont choisi de vivre la France libre, Atlante, , p. 147.
  3. « La prière du para », sur Ministère de la Défense, defense.gouv.fr, (consulté le ).
  4. « André Zirnheld (1913-1942) », sur Fondation de la France-Libre (consulté le ).
  5. Inaugurée le en présence du général de Larminat, alors Haut-commissaire de l'Afrique française libre, l'école portait le nom de « camp Colonna d'Ornano » et avait pour devise : « Action, sacrifice, espérance ». Voir France d'abord, , 4e éd..
  6. Sylvain CORNIL, « Les élèves officiers de la France Libre », sur Fondation de la France Libre, (consulté le ).
  7. Le french squadron a été nommé en 1941 1re compagnie d'infanterie de l'air ou « première compagnie parachutiste », renommée le « peloton parachutiste du Levant », puis le 15 octobre 1re compagnie de chasseurs parachutistes des Forces aériennes françaises libres. Cette compagnie sera intégrée début 1942 aux SAS. Voir Sylvain CORNIL, « Le French Squadron », sur Fondation de la France Libre, (consulté le ) et « Le deuxième régiment de chasseurs parachutistes de l'armée de l'aire », sur L'Ordre de la Libération (consulté le ).
  8. Augustin Jordan, « L'aspirant André Zirnheld », Revue de la France Libre, no 59, .
  9. Jordan 1953 : « Ardent dans sa foi chrétienne comme au combat, Zirnheld avait non seulement accepté l'épreuve mais voulu qu'elle fût à la mesure de son courage et de sa volonté. La prière retrouvée sur son corps en témoigne. »
  10. Georges Caïtucoli (président national des parachutistes Français Libres du « Special Air Service »), « Raid victorieux de Sidi Hanneisch. Mort au combat d'André Zirnheld », Revue de la France Libre, no 278,  : « François [Martin] emportait les souvenirs laissés par André [Zirnheld]. Dans une sacoche, des écrits. Parmi eux, une prière ».
  11. François Broche, Georges Caïtucoli et Jean-François Muracciole, La France au combat de l'Appel du 18 juin à la victoire, Paris, Éditions Perrin, , 848 p. (ISBN 978-2-262-02530-4, notice BnF no FRBNF40979928), Première époque, Dossiers « Les parachutistes de la France Libre : premières missions en France et au Moyen-Orient (juin 1940-juillet 1942) ».

Annexes

Articles liés

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