Anacréon
Anacréon (en grec ancien Ἀνακρέων / Anakréôn), né vers -550 à Téos, en Ionie, mort vers -464, est l'un des plus grands poètes lyriques grecs avec Alcée de Mytilène, Archiloque de Paros et Sappho. Il fut surnommé « Le chantre de Téos » et « Le vieillard de Téos ».
Pour les articles homonymes, voir Anacréon (homonymie).
Naissance |
vers -550 Téos |
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Décès | vers -464 |
Activité principale |
Langue d’écriture | grec ancien |
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Genres |
Œuvres principales
- poèmes (fragments)
Biographie
On en sait peu sur sa vie. Selon la tradition, il serait né à Téos, une ville ionienne sur les côtes d'Asie mineure. L'identité de son père reste sujet à discussion ; il y a quatre possibilités : Scythianos, Eumélos, Parthénios, ou Aristocritos.
Il s'exila, vers -540, pour Abdère quand Harpage, général de Cyrus le Grand, prit sa ville natale. Anacréon partit ensuite pour Samos, où il fut protégé par le tyran Polycrate, qu'il loue dans ses poèmes.
Lorsque la cour de Samos disparut et que Polycrate fut mort, en 522, Anacréon se rendit à Athènes, invité par le tyran Hipparque qui dépêcha une galère à cinquante rames spécialement équipée pour l’amener[1]. Là, il fréquenta le cercle d'artistes rassemblé par le tyran et les meilleures familles de la cité. Il se lia en particulier avec Simonide de Céos et Xanthippe, père de Périclès. Il célébra également la beauté de Critias, fils de Dropidès et héros du dialogue de Platon qui porte son nom. Entre autres gestes pour propager le savoir et l’instruction à Athènes antique, Hipparque fit inscrire des pensées et maximes sur les hermès entre la cité et chaque dème, et attira Simonide de Céos ou encore Anacréon de Téos[2]. Après la chute des Pisistratides, il regagna son Ionie natale.
Il mourut à l'âge de 85 ans à Téos. Selon la tradition, il se serait étouffé avec un raisin sec[3]: « Aujourd'hui, même moins encore suffira pour te tuer : la morsure de la dent ténue d'un serpent, ou même, comme pour le poète Anacréon, un grain de raisin sec ; ou comme le préteur Fabius Senator, étouffé par un seul poil dans une gorgée de lait. » Simonide lui dédia deux épitaphes, Athènes érigea sa statue sur l'Acropole et Tégée plaça ses portraits sur sa monnaie.
Œuvre
Anacréon se consacre principalement à la poésie amoureuse et à la poésie de banquet. Ainsi, la statue que lui consacrent les Athéniens le représente comme un poète inspiré par Dionysos. Le style d'Anacréon se caractérise par sa légèreté et son charme. Le vin est loué mais sans excès (« Dix mesures d'eau pour cinq de vin, voilà le bon mélange », frag. 11), l'amour doit également rester mesuré (« J'aime et je n'aime pas. Je suis fou et je ne suis pas fou », frag. 83). Ce style est rapidement connu sous le qualificatif d'« anacréontique ». On appelle ainsi Anacreontea des recueils de poèmes légers.
Il emploie des mètres variés ; les strophes les plus courantes sont composées de mètres glyconiens terminés par un mètre phérécratien, ou de mètres dits « anacréontiques », composés d'ioniques mineurs. Ce type de strophe rencontrera un très grand succès par la suite, chez les Grecs comme chez les Romains.
Évocations artistiques et hommages
- Jean-Philippe Rameau a composé deux actes de ballets intitulés Anacréon sur deux livrets très différents :
- l'un de Louis de Cahusac : Anacréon (Rameau et Cahusac), en 1754,
- l'autre de Gentil-Bernard : Anacréon (Rameau et Gentil-Bernard), en 1757.
- Augustin Pajou a sculpté Anacréon arrachant une plume aux ailes de l’Amour conservé au Musée du Louvre et une terre-cuite représentant Anacréon conservée au Musée Lambinet de Versailles.
- Pierre de Ronsard a écrit plusieurs odes inspirées d'Anacréon.
- Francisco de Quevedo a aussi son Anacréon espagnol (1609).
- Luigi Cherubini a également composé Anacréon ou l'Amour fugitif (1802)
- The Anacreontic Song de John Stafford Smith de la société de musiciens britanniques, Anacreontic Society, dont la mélodie est utilisée dans l'hymne luxembourgeois précédent l'actuel « Ons Heemecht » et dans l'actuel hymne des États-Unis d'Amérique, « The Star-Spangled Banner ».
- Jean-Léon Gérôme a peint (1848) et sculpté (1881) Anacréon, Bacchus et l'Amour. La peinture est conservée au Musée des Augustins de Toulouse, la sculpture se trouve au Musée Georges-Garret à Vesoul.
- Dans la troisième partie des Contes libertins de Jean de La Fontaine on trouve deux contes intitulés « Imitation d'Anacréon » et « Autre imitation d'Anacréon ».
- Un Lied de Hugo Wolf, Anakreons Grab sur un poème de Goethe qui rend hommage au poète grec.
- Leconte de Lisle a proposé en 1869 une traduction célèbre des Odes anacréontiques, dont Gabriel Fauré, Albert Roussel et Ethel Smyth se sont servis dans certaines de leurs mélodies.
- Théocrite dans ses Épigrammes lui consacre un court poème : XVI - Sur une statue d'Anakréôn.
- Mosaïque d'Anacréon, découverte à Autun en avril 1965[4].
- (2339) Anacréon, astéroïde.
- Pierre Michon évoque le style anacréontique dans son roman Les Onze.
- Statue à la Ny Carlsberg Glyptotek (Danemark).
- Statue au musée d'Orsay (France).
- Statue d'Eugène Guillaume à la forteresse du Mont-Valérien (France)
- Statue à Budapest (Hongrie).
- Buste au palais Medici-Riccardi (Italie)
- Bas-relief représentant Anacréon et Cupidon au musée Thorvaldsen (Danemark).
- Toile de Johann Heinrich Tischbein (1754).
Autres
- Anacréon est également une planète fictive, dans le Cycle de Fondation, série de romans de science-fiction d'Isaac Asimov.
Notes et références
- Werner Jaeger, Paideia, La formation de l'homme grec, Gallimard, coll. Tel, 1988, p. 277.
- Platon écrit qu’Hipparque envoie un navire de 50 rames pour attirer Anacréon à sa cour et qu’Hipparque faisait écrire deux citations par hermès, à gauche et à droite
- Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], Livre VII, chapitre VII, La mort d'Anacréon
- Michèle Blanchard, Alain Blanchard, « La mosaïque d'Anacréon à Autun », Revue des études anciennes, 75-3, 1973, p. 268-279.
Voir aussi
Bibliographie
- (fr) Émile Chambry, Émeline Marquis, Alain Billault et Dominique Goust (trad. du grec ancien par Émile Chambry), Lucien de Samosate : Œuvres complètes, Paris, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1248 p. (ISBN 978-2-221-10902-1)
- (fr) Luc Brisson (dir.) (trad. du grec ancien), Critias : Platon, Œuvres complètes, Paris, Éditions Flammarion, (1re éd. 2006), 2204 p. (ISBN 978-2-08-121810-9)
- Suzanne Saïd, Monique Trédé et Alain Le Boulluec, Histoire de la littérature grecque, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Premier Cycle », (ISBN 2130482333 et 978-2130482338).
- Frédéric Mathews. Anacreon. Traduction et étude. Phototypies du manuscrit et de la reproduction de Spaletti, Paris, Les Presses universitaires, 1927. 199 p.[réf. incomplète]
Article connexe
Liens externes
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