Ain (rivière)
L'Ain est une rivière française qui prend sa source (une exsurgence karstique) en Bourgogne-Franche-Comté, entre les villages jurassiens de Conte et de La Favière à 681 mètres d'altitude, et se jette dans le Rhône (rive droite) à Saint-Maurice-de-Gourdans (Ain). La rive gauche se jette également dans le Rhône, mais cette fois-ci à Loyettes, dans le département de l'Ain, après avoir parcouru 189,9 kilomètres[1]. Elle a donné son nom au département de l'Ain. Les riverains et plus généralement les locuteurs des départements du Jura et de l'Ain[5] la désignent sous le terme « rivière d'Ain », qui a pour avantage de lever l'ambiguïté avec le département. Dans la littérature scientifique, on retrouve quelques fois l'adjectif idanien (-ne) pour désigner des reliefs proches de la rivière d'Ain, ou des régions situées dans le département de l'Ain. Cet adjectif a été formé à partir d'Idanus, qui désignait la rivière d'Ain.
Pour les articles homonymes, voir Ain.
l'Ain (Rivière) (Rivière d’Ain) | |
L'Ain à Pont-du-Navoy. | |
Cours de la rivière Ain (Version interactive) l'Ain sur OpenStreetMap. | |
Caractéristiques | |
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Longueur | 189,9 km [1] |
Bassin | 3 765 km2 |
Bassin collecteur | Bassin du Rhône |
Débit moyen | 123 m3/s (Confluence avec le Rhône) [2] |
Organisme gestionnaire | syndicat de la basse vallée de l'Ain[3], CG du Jura[4] |
Régime | pluvial ou pluvio-nival |
Cours | |
Source | Conte Jura |
· Localisation | Entre les villages de Conte et de La Favière |
· Altitude | 681 m |
· Coordonnées | 46° 44′ 58″ N, 6° 01′ 24″ E |
Confluence | Rhône |
· Localisation | Saint-Maurice-de-Gourdans Ain |
· Altitude | 186 m |
· Coordonnées | 45° 47′ 44″ N, 5° 10′ 16″ E |
Géographie | |
Pays traversés | France |
Régions | Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhône-Alpes |
Départements | Jura, Ain |
Régions traversées | Massif du Jura |
Principales localités | Champagnole, Pont d'Ain |
Sources : SANDRE:« V2--0200 », Géoportail, Banque Hydro, OpenStreetMap | |
Étymologie
La forme ancienne est Igneus au IXe siècle (E. Philipon, Dict. Topogr. du dép. de l'Ain), Hinnis en 1169. D'un radical pré-latin Inn-, sans doute le même que celui de la rivière de l'Inn des Alpes)[6],[7].
Pour René Guénon, le mot vient de l'arabe aïn (عين : source)[8]. Le terme serait resté suite à l'occupation sarrasine dans le Sud et l'Est de la France entre le VIIIe siècle et le Xe siècle.
Géographie
L'Ain prend sa source dans une vallée étroite et boisée entre les villages jurassiens de Conte et de La Favière, à proximité de la limite entre les communes de Conte et de Nozeroy, à 681 mètres d'altitude.
La rivière arrose Champagnole et Pont-d'Ain.
L'Ain draine la partie méridionale du Jura qui est la partie la plus élevée et la plus arrosée de ce massif, du fait de l'obstacle des crêtes disposées selon une orientation nord-sud coupant les vents d'ouest porteur de précipitations. Cela explique un débit important : 123 m3/s à la confluence. Son réseau, commandé par le relief et son soubassement structural, s'adapte aux dépressions synclinales, les vals. L'Ain tranche les chaînes par des cluses et dessine un tracé en baïonnette.
Communes et cantons traversés
Dans les deux départements du Jura et de l'Ain, l'Ain traverse les soixante-cinq communes[1] suivantes de Barésia-sur-l'Ain, Blye, Boissia, Bourg-de-Sirod, Cernon, Champagnole, Chancia, Charency, Charézier, Châtillon, Cize, Condes, Conte, Coyron, Hauteroche, Crotenay, Doucier, Doye, Largillay-Marsonnay, Lect, Maisod, Marigny, Mesnois, Moirans-en-Montagne, Monnet-la-Ville, Montigny-sur-l'Ain, Ney, Nozeroy, Onoz, Orgelet, Patornay, Pont-de-Poitte, Pont-du-Navoy, Sirod, Syam, Thoirette-Coisia, La Tour-du-Meix, Vescles, Ambronay, Blyes, Bolozon, Charnoz-sur-Ain, Châtillon-la-Palud, Chazey-sur-Ain, Cize, Corveissiat, Dortan, Hautecourt-Romanèche, Jujurieux, Loyettes, Matafelon-Granges, Neuville-sur-Ain, Poncin, Pont-d'Ain, Priay, Saint-Jean-de-Niost, Saint-Jean-le-Vieux, Saint-Maurice-de-Gourdans, Saint-Maurice-de-Rémens, Saint-Vulbas, Samognat, Serrières-sur-Ain, Varambon, Villette-sur-Ain, Villieu-Loyes-Mollon.
Toponymes
L'Ain a doné son hydronyme aux huit communes suivantes Barésia-sur-l'Ain, Montigny-sur-l'Ain, Charnoz-sur-Ain, Chazey-sur-Ain, Neuville-sur-Ain, Pont-d'Ain, Serrières-sur-Ain, Villette-sur-Ain.
Bassin versant
L'Ain traverse vingt zones hydrographiques[1].
Affluents
L'Ain a quinze affluents de plus de dix kilomètres de longueur, neuf de longueur entre cinq et dix kilomètres, et trente-et un de moins de cinq kilomètres de longueur[1].
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Hydrologie
Le bassin, montagneux dans sa quasi-totalité, se développe surtout dans des assises calcaires perméables, ce qui explique la manifestation de nombreux phénomènes karstiques : circulation souterraine, pertes, résurgences, dépressions fermées ou dolines. Cette perméabilité confère au régime une irrégularité ou une variabilité marquée - les pluies provoquent des réactions soudaines et brèves. La neige ne joue qu'un rôle secondaire dans l'alimentation du bassin, même si on peut parler de régime pluvio-nival. L'Ain est capable de crues violentes, 2 600 m3/s ont été enregistrés à Chazey-sur-Ain en 1926.
L'Ain à Chazey-sur-Ain
Le débit de l'Ain a été observé sur une période de 49 ans (1959-2007), à Chazey-sur-Ain, localité du département de l'Ain, située peu avant le confluent avec le Rhône[2]. À cet endroit le bassin versant de la rivière est de 3 630 km2, soit sa quasi-totalité.
Le module de la rivière à Chazey-sur-Ain est de 123 m3/s.
L'Ain présente des fluctuations saisonnières de débit moyennes, avec des hautes eaux d'hiver-printemps faisant monter les débits mensuels moyens à un niveau compris entre 151 et 177 m3/s, de novembre à avril inclus (maximum en décembre suivi d'un second maximum en février-mars). Les basses eaux se produisent en été, de juillet à début septembre, avec une baisse du débit moyen mensuel jusqu'au niveau de 45,7 m3/s au mois d'août, niveau encore appréciable. Mais ces moyennes mensuelles cachent des oscillations périodiques plus importantes.
Étiage ou basses eaux
À l'étiage, c'est-à-dire aux basses eaux, le VCN3, ou débit minimal du cours d'eau enregistré pendant trois jours consécutifs sur un mois, en cas de quinquennale sèche, peut chuter jusque 10 m3/s.
Crues
Ce sont surtout les crues qui peuvent être très importantes. Le débit instantané maximal a été de 1 910 m3/s le , tandis que le débit journalier maximal était de 1 770 m3/s à la même date. Les QIX 2 et QIX 5 valent respectivement 920 et 1 200 m3/s. Le QIX 10 est de 1 500 m3/s et le QIX 20 de 1 700 m3/s. Quant au QIX 50, il est de 1 900 m3/s, soit plus que celui de l'Allier - 1 500 m3/s en fin de parcours.
À titre de comparaison, le QIX 10 de la Marne à l'entrée de Paris vaut 510 m3/s, tandis que son QIX 50 est de 650 m3/s. Le QIX 10 comme le QIX 50 de l'Ain, rivière de débit moyen équivalent, sont trois fois plus élevés que ceux de la Marne, alors que le bassin versant de cette dernière est trois fois plus étendu. La même comparaison avec la Seine à Alfortville nous donne pour cette dernière un QIX 10 de 1 200 m3/s et un QIX 50 de 1 600 m3/s, soit des valeurs inférieures à celles de l'Ain, pour un bassin versant de la Seine huit fois plus étendu (30 800 km2) que celui de l'Ain (voir Débit de la Seine à Paris).
Lame d'eau et débit spécifique
La lame d'eau écoulée dans le bassin de l'Ain est de 1 070 millimètres annuellement, ce qui est très élevé (trois fois plus que la moyenne d'ensemble de la France). Le débit spécifique (ou Qsp) se monte à 33,8 litres par seconde et par kilomètre carré de bassin.
Aménagements et écologie
Production hydro-électrique
De nombreux ouvrages ont été édifiés sur l'Ain et ses affluents pour produire de l'électricité ; ces barrages forment des lacs de retenue, parfois vastes comme celui de Vouglans. Ce dernier, mis en eau en 1968, est, avec son volume de plus de 600 millions de m3 d’eau et sa retenue de 35 kilomètres, le troisième plus important de France.
Liste des cinq principaux ouvrages avec leurs caractéristiques :
Nom de l'ouvrage | Mise en service |
Volume utile (en millions de m3) |
Puissance maximale |
Production annuelle |
Hauteur de l'ouvrage |
Altitude |
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Vouglans | 1968 | 420 Mm3 | 285 MW | 180 GWh | 110 m | 430 - 320 m |
Saut Mortier | 1966 | 1,07 Mm3 | 44 MW | 75 GWh | 20 m | 330 - 310 m |
Coiselet | 1970 | 3,7 Mm3 | 41 MW | 110 GWh | 20 m | 300 - 280 m |
Cize-Bolozon | 1931 | 4,72 Mm3 | 23 MW | 90 GWh | 15 m | 285 - 270 m |
Allement | 1960 | 3 Mm3 | 32 MW | 110 GWh | 30 m | 275 - 250 m |
Faune
L'Ain est un cours d'eau très poissonneux où se pêchent la truite (truite fario en particulier), l'ombre commun, le brochet, le corégone, la perche, le barbeau, le hotu, la brème, la carpe, la tanche, le gardon, le vairon, le chevesne et la loche et le chabot. L'Apron du Rhône a été observé dans l'Ain à Port-Galland (Saint-Maurice-de-Gourdans), en 1989 et reste activement recherché dans le cours inférieur de la rivière.
De nombreux oiseaux peuplent les berges de la rivière : canards, aigrettes, cygnes, hérons, bécassines. Des castors sont aussi présents en particulier dans le cours inférieur (Basse vallée de l'Ain) et sur ses affluents, alors que sangliers et chevreuils se retrouvent dans les bois et forêts bordant le cours d'eau. La loutre est longtemps restée discrète mais les observations se multiplient depuis 2003.
Galerie
Perte de l'Ain. La rivière d'Ain à hauteur de Bolozon. Les marmites de l'Ain à Pont-de-Poitte. Source de l'Ain.
Voir aussi
Notes et références
Notes
- rd pour rive droite et rg pour rive gauche
Références
- Sandre, « Fiche cours d'eau - L'Ain (V2--0200) » (consulté le ).
- Banque Hydro - MEDDE, « Synthèse de la Banque Hydro - L'Ain à Chazey-sur-Ain (V2942010) » (consulté le ).
- « syndicat de la basse vallée de l'Ain », sur www.bassevalleedelain.com (consulté le )
- [PDF]« Contrat de rivière Ain Amont », sur www.jura.fr (consulté le )
- « La Basse Rivière d'Ain », sur http://www.basserivieredain.com/ (consulté le ).
- Anne-Marie Vurpas et Claude Michel dans les Noms de lieux de l'Ain : Igneus (VIIIe siècle) "la rivière du feu" ; Hinnis (1169) et Enz (1212)
- Voir Arnaud Vendryes, "L'Ain : le nom d'une rivière à travers les sources" in Travaux de la Société d'Emulation du Jura, 2015, p. 147-168.
- https://www.index-rene-guenon.org/Access_book.php?sigle=C-DiG&page=34
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