9e division d'infanterie coloniale
La 9e division d'infanterie coloniale (ou 9e DIC) a été créée le 15 juillet 1943, en Afrique du Nord, avec des unités coloniales venues de l'Afrique-Occidentale française ou qui tenaient garnison au Maroc et en Algérie. De nombreux évadés de France ayant gagné l'Afrique du Nord par l'Espagne vinrent grossir ces unités. À l'époque, la 9e DIC était en majeure partie composée d'africains venus de tous les territoires de l'AOF.
La 9e DIC était l'une des composantes de la Première Armée française du général de Lattre de Tassigny.
9e division d'infanterie coloniale | |
Insigne de la 9e DIC. | |
Création | 15 juillet 1943 |
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Dissolution | |
Pays | France |
Branche | armée de terre troupes coloniales |
Type | division |
Rôle | infanterie |
Composée de | 4e Régiment de Tirailleurs Sénégalais 6e Régiment de Tirailleurs Sénégalais 13e Régiment de Tirailleurs Sénégalais Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc Régiment d'Artillerie Coloniale du Maroc |
Devise | Toujours et partout |
Guerres | Seconde Guerre mondiale Guerre d'Indochine |
Création et différentes dénominations
- 1940 : formation inachevée de la 9e division d'infanterie coloniale
- : création de la 1re division coloniale motorisée
- : devient la 1re division d'infanterie coloniale
- : création de la 9e division d'infanterie coloniale
- 1er novembre 1946 : dissolution de la division en Indochine
- Juillet 1963 : création de la 9e brigade d'infanterie de marine (9e BIMa),
- : elle devient la 9e division d'infanterie de marine (9e DIMa)
- : la 9e DIMa devient la 9e brigade légère blindée de marine.
Devise
Toujours et partout
Chefs de corps
Historique des garnisons, campagnes et batailles
En 1940
- 27e régiment de tirailleurs sénégalais
- 28e régiment de tirailleurs sénégalais
- 9e régiment d'artillerie coloniale
- 125e groupe de reconnaissance de division d'infanterie (125e GRDI)
À partir de 1943
Commandant de l’infanterie divisionnaire : général Morlière
- 4e régiment de tirailleurs sénégalais(*)
- 6e régiment de tirailleurs sénégalais(*)
- 13e régiment de tirailleurs sénégalais(*)
- Régiment d'infanterie coloniale du Maroc
- Régiment d'artillerie coloniale du Maroc
- Régiment colonial de chasseurs de chars
- 71e bataillon du génie
- 2e Groupe du Régiment d’Artillerie Coloniale d'Afrique occidentale (2e RAC-AOF)
- 3e Groupe du Régiment d’Artillerie Coloniale d’Afrique occidentale (3e RAC-AOF)
- 25e Bataillon Médical
À ces unités s'ajoutaient un groupe des forces terrestres antiaériennes, le train divisionnaire, les services de l'intendance et enfin les transmissions.
En , les 6e, 21e et 23e RIC (régiments d'infanterie coloniale) remplacent respectivement les 4e, 6e et 13e régiments de tirailleurs sénégalais.
Campagnes et batailles 1944-1945
- 17-20 juin 1944 : transportée en Corse, la division, sous les ordres du général Magnan, s'empare en quatre jours de l'île d'Elbe notamment grâce au concours du chef de bataillon Jean Gilles.
- 16-17 août 1944 : elle s'embarque à Ajaccio et arrive en vue des côtes de France. Elle est intégrée dans la Première armée française du général de Lattre de Tassigny.
- : les premiers éléments débarquent[1], ceux du 6e RTS et du RICM renforcés par un groupe de commandos et un groupement de chars (RCCC), s'engagent en direction de Toulon.
- : Solliès-Ville, le Coudon et la Farlède sont occupés.
- 22-23 août 1944 : la bataille se poursuit avec violence pour la possession de La Valette où l'ennemi, solidement retranché, oppose une résistance opiniâtre. La Valette est cependant prise le lendemain et des éléments du RICM poussent sur Toulon.
- 24- : la ville de Toulon est attaquée à l'Est par le groupement du 6e RTS et les chars. Le fort d'Artigues fait l'objet d'une âpre lutte. L'artillerie s'approche à quelques centaines de mètres du fort et ouvre des brèches si importantes qu'elles précipitent la reddition. Au Nord et à l'Ouest, le 4e RTS, après avoir relevé les unités de la 3e DIA, attaque à son tour par le quartier Valbourdain et les Arènes. C'est dans les forts que la défense s'incruste. Ceux de Sainte-Catherine et de Lamague tombent les premiers, le . Dans ce dernier fort, après un pilonnage sévère de l'artillerie divisionnaire, le 3e bataillon du 4e RTS put faire plusieurs centaines de prisonniers sans essuyer de pertes. Le fort de Malbousquet cède le 26, après une défense acharnée. Des combats de rue livrent peu à peu l’Arsenal et le centre de la ville. Les résistances doivent être réduites une à une à La Mitre dans le quartier du Mourillon, et à Saint-Mandrier. Le 26 août, les points d'appui de La Mitre, le fort de Six Fours et les ouvrages de la presqu'île de Sicie se rendent successivement. Le lendemain, c'est le tour de la presqu'île de Saint-Mandrier, qui tombe écrasée par les feux puissants de l'artillerie divisionnaire renforcée par un groupement lourd américain, par les bombings et les tirs des vaisseaux de guerre. Sa chute achève la conquête de Toulon. La veille, la division défilait en pleine ville, en présence des ministres de la Guerre et de la Marine et du général d’armée de Lattre de Tassigny. Au cours de ces premières opérations sur le sol de France, dix mille prisonniers et un matériel important sont capturés par la division. Le nombre des ennemis tués dépasse un millier.
- : libération de la commune de Villars-sous-Écot. Hélas le lendemain, après de sévères combats au cours desquels trois jeunes soldats meurent carbonisés dans le char Du Guesclin, à l'entrée du village, le village est repris par les Allemands[2].
- : à peine regroupée, la division reprend sa marche en avant. Un premier bond la porte dans la région de Voiron. Elle doit continuer vers Pontarlier et le Lomont, mais les mouvements sont retardés, parfois même arrêtés par le manque d'essence. Les unités les plus avancées du RICM, auquel est venu se joindre le régiment colonial de chasseurs de chars, ont déjà repris le contact de l'ennemi dans le Doubs. C'est seulement le 25 et le que les derniers éléments rejoignent le gros dans la boucle du Doubs où le manque d'essence et de munitions avait empêché de forcer la résistance de l'ennemi.
- Le 27 septembre, la division étend son front et prend à son compte le secteur tenu à sa droite par la 3e DIA jusqu'à la frontière suisse. Elle est renforcée par deux bataillons de FFI, le bataillon de la Grande-Chartreuse, remplacé plus tard par le bataillon de Franche-Comté et le bataillon de Cluny.
La vie de la division devient alors celle d'une grande unité en secteur : opérations locales, patrouilles, duels d'artillerie, tirs de harcèlement de part et d'autre. La saison s'avance. Le froid et la pluie rendent inéluctable le remplacement des Sénégalais. Or, la relève et la mise en réserve d'une grande unité, qu'exigerait normalement cette transformation, est un luxe que l’armée française ne peut se permettre. C'est donc sur place que la division se transforme, se « blanchit » en remplaçant 9 000 Africains par des engagés volontaires attirés par le renom des troupes coloniales[3]. C'est avec ces jeunes engagés dépourvus d'instruction militaire que la 9e DIC poursuit la campagne. L'instruction est donnée en ligne, au gré des circonstances et de la vie en secteur. La volonté des recrues et la valeur des cadres suppléent aux insuffisances. - Les 6e, 21e et 23e régiments d’infanterie coloniale prennent donc la suite des 4e, 6e et 13e régiments de tirailleurs sénégalais.
- La 9e DIC est requise pour appuyer l'offensive que les Alliés poursuivent sur tout le front. Dès les premiers jours de novembre, l'action se dessine. Les Vosges ayant opposé leur barrière à l'avance de l'armée française, c'est par la trouée de Belfort que celle-ci cherche la percée. Son régiment de reconnaissance atteint le Rhin et, fin novembre, la division participe à la libération de Mulhouse. Le l'usine hydro-électrique de Kembs fut enlevée de haute lutte par des unités de la 9e DIC qui y anéantirent un bataillon ennemi.
- Le front se stabilise ensuite dans ce secteur jusqu'au , date à laquelle la 1re Armée française a repris son offensive afin de réduire la Poche de Colmar. La 9e DIC s'empare durant cette offensive des cités ouvrières situées au nord de Mulhouse au prix de lourdes pertes.
- À la fin de ces combats, la 9e DIC rejoint Lauterbourg, dans le nord de l'Alsace, avant de traverser le Rhin le . Elle participe à la prise de Karlsruhe (4 avril), de Rastatt, de Baden-Baden et ouvre la route du Wurtemberg au 1er corps d'armée.
- Le 27 septembre, la division étend son front et prend à son compte le secteur tenu à sa droite par la 3e DIA jusqu'à la frontière suisse. Elle est renforcée par deux bataillons de FFI, le bataillon de la Grande-Chartreuse, remplacé plus tard par le bataillon de Franche-Comté et le bataillon de Cluny.
Guerre d'Indochine
Les unités de la 9e DIC, intégrées au CEFEO, participent à partir de à la guerre d'Indochine[4]. À cette époque, la division est sous les ordres du général Valluy et est constituée des unités suivantes :
Le 18 septembre 1949, sur fond de vif débat dans l'opinion en métropole sur les « atrocités françaises »[5],[6], le quotidien breton Ouest-Matin, fondé dix mois plus tôt par des chrétiens de gauche, publie la lettre d'Alexandre Lepan, ancien soldat à la 9e division d'infanterie coloniale, accusant les troupes françaises d'atrocités[7]. Le directeur de Ouest-Matin est condamné à six mois de prison avec sursis et 400 000 francs d'amende pour diffamation envers l'armée française[8].
Après-guerre
- En juillet 1963, la 9e brigade d'infanterie de marine est créée en Bretagne (9e BIMa).
- Le , la 9e brigade devient la 9e division d'infanterie de marine (9e DIMa) rattachée à la force terrestre d'intervention, puis à la force d'action rapide (FAR) à partir de 1983.
- Le , la 9e DIMa est devenue la 9e brigade légère blindée de marine.
Citations collectives à l'ordre de l'Armée des unités de la division
« Unité ardente et magnifique, qui s'est couverte de gloire le , au cours des opérations de débarquement dans l'île d'Elbe. Sous le commandement du chef de bataillon Gilles […] a enlevé de vive force les positions fortifiées de la plage de Marina di Campo, couverte par un profond champs de mines et d'épais réseaux. Attaquant à la grenade et au lance-flammes, a réduit successivement les blockhaus et s'est emparé des positions d'artillerie. Bien qu'ayant constaté l'échec du débarquement des vagues suivantes qu'un feu intense empêchait d'accoster, n'a pas désespéré et s'est lancé à l'assaut de la deuxième position arrachée de haute lutte. A continué la progression sans désemparer et après un comnbat farouche, a anéanti les défenseurs de la troisième position, coupant l'île en deux parties, bouleversant le système des feux de la défense et jetant le désarroi chez l'ennemi. A assuré ainsi, par son habileté manœuvrière, le succès de l'opération. A laissé le terrain jonché de cadavres, fait plusieurs centaines de prisonniers et capturé onze pièces d'artillerie, 15 mortiers et 55 armes automatiques. »
— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 2e bataillon du 13e régiment de tirailleurs sénégalais après la conquête de l'île d'Elbe en juin 1944, Décision n° 58, le 20 juillet 1944, Charles de Gaulle
« Unité d'élite, galvanisée par son Chef, le Lieutenant Colonel Gufflet, Officier Supérieur de très grande classe et d'une indomptable énergie. S'est dé]à distinguée dans la conquête de l'ïle d'Elbe. Vient à nouveau de donner la preuve de sa haute valeur combative et manœuvrière, le , pénétrant dans Toulon par le nord, après de durs combats menés avec rapidité et la plus grande maîtrise, a enlevé le fort de la Tour-Blanche, sur le Faron, le stade Jaureguiberry et forcé l'entrée de l'Arsenal, faisant au total 400 prisonniers. Le , a conquis de haute lutte le Goulet de l'Arsenal et grâce à l'action énergique de la 1re Compagnie s'est emparé, sans coup férir, des bastions avancés du fort de Malbousquet. A, du même élan, attaqué le fort lui-même, contraignant à la capitulation la garnison comprenant 1.400 combattants et 400 civils allemands. A eu le cinquième de ses effectifs mis hors de combat. »
— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 1er bataillon 4e régiment de tirailleurs sénégalais après la libération de Toulon en août 1944 par la 1re Armée française
« Unité ardente et manœuvrière qui, sous les ordres du colonel Salan, chef d'une haute intelligence tactique, d'un sang froid et d'un courage remarquables, a, dès son débarquement en France, du 20 au , en six jours de combat ininterrompus et d'une violence sans cesse accrue, vaincu la défense nord-est de Toulon, rejetant l'ennemi de Solliès-Ville, Solliès-Pont, La Farlède, La Valette, le poursuivant jusque dans la place et lui imposant au sixième jour la reddition du fort d'Artigues, dont la chute marqua un moment décisif dans l'enlèvement de la place forte. »
— Citation à l'ordre de l'Armée attribuée au 6e régiment de tirailleurs sénégalais après la libération de Toulon en août 1944 par la 1re Armée française, Décision n° 124, le 7 novembre 1944, Charles de Gaulle
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- « Le Blanchiment de la 9ème D. I. C. », Revue des troupes coloniales, no 281, (lire en ligne).
- Historique sommaire de la 9ème D.I.C., (lire en ligne).
Sources et bibliographie
- De Lattre de Tassigny, Histoire de la première armée française - Plon - 1949.
Filmographie
- Le Blanchiment des troupes coloniales, de Jean-Baptiste Dusséaux (Documentaire, France 3, 2015)
Notes et références
- Stéphane Simonnet, Claire Levasseur (cartogr.) et Guillaume Balavoine (cartogr.) (préf. Olivier Wieviorka), Atlas de la libération de la France : 6 juin 1944- 8 mai 1945 : des débarquements aux villes libérées, Paris, éd. Autrement, coll. « Atlas-Mémoire », (1re éd. 1994), 79 p. (ISBN 978-2-746-70495-4 et 2-746-70495-1, OCLC 417826733, notice BnF no FRBNF39169074), p 29
- « CC3C commune de Villars sous Écot », sur villarssousecot.cc3c.fr (consulté le )
- Gilles Aubagnac, Le retrait des troupes noires de la 1re Armée, dans la Revue historique des armées, no 2, 1993, pages 34 à 46
- Cf. hors série no 2 de la revue 39-45 Magazine, Indochine 1945-1954, 1. La reconquête, page 67.
- "Indochine S.O.S" par Andrée Viollis Préface d'André Malraux. Collection Problèmes et Documents, Gallimard. Parution : 16-08-1935 puis fin 1949
- "Andrée Viollis et la question coloniale" par Anne Renoult, Diplômée d’études approfondies
- « LE DIRECTEUR D'" OUEST-MATIN " est condamné à trois mois de prison avec sursis et 200 000 fr. d'amende pour diffamation envers l'armée française », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « La cour d'appel de Rennes double les condamnations infligées au directeur d' " Ouest-Matin " pour diffamation envers l'armée », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Armée et histoire militaire françaises