Église du Gesù de Rome

L'église du Gesù, ou église du Saint Nom de Jésus (en italien chiesa del Gesù), est un édifice religieux catholique de Rome, en Italie, sis non loin de la piazza Venezia. Édifice emblématique de l'art jésuite, elle servit de modèle à de nombreuses églises jésuites de par le monde. Elle est aussi l'église-mère de la Compagnie de Jésus.

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Église du Gesù

La façade de l'église
Présentation
Nom local Chiesa del Gesù
Culte Catholicisme
Début de la construction 1568
Fin des travaux 1584
Style dominant Architectures baroque et maniériste
Site web www.chiesadelgesu.org
Géographie
Pays Italie
Région Latium
Ville Rome
Coordonnées 41° 53′ 45″ nord, 12° 28′ 47″ est
Géolocalisation sur la carte : Italie
Géolocalisation sur la carte : Rome

Histoire

L'église occupe un endroit choisi par Ignace de Loyola quand il commence son activité à Rome, peu après la fondation de la Compagnie de Jésus en 1540. Le pape Paul III vit à l'époque au palais de Venise. Il concède en 1541 à la Compagnie de Jésus, approuvée en 1540, la petite église Santa Maria della Strada - la chapelle voisine de son palais - , sur l'emplacement de l'église actuelle. Par manque de moyens, l'église n'est pas bâtie du vivant d'Ignace. La construction ne débute qu'en 1568, sous le généralat de François Borgia. Le cardinal Alexandre Farnèse finance les travaux.

Cette grande église est l'une des plus parfaites manifestations architecturales de la Contre-réforme[1]. Les premiers plans de l'église, demandés par Ignace de Loyola, sont dessinés par Nanni di Baccio Biggio, un architecte florentin. En 1554, le plan est retravaillé par Michel-Ange, puis par Vignole en 1568, en fonction de deux exigences :

Le plan du Gesù devient un modèle pour toutes les autres églises jésuites. La façade est construite à partir de 1575 par Giacomo della Porta qui conçoit également la coupole. L'église est consacrée en 1584[2].

Architecture

Le plan

Les exigences proprement religieuses, imposées par la reconquête spirituelle, nécessitent une architecture adaptée à la célébration des offices, le plan centré, circulaire ou en croix grecque n'est donc plus adapté à cette recherche de fonctionnalité de l'édifice. L'église offre un plan en croix latine de forme longitudinale.

Cependant, afin de faciliter la vue de l'autel et l'audition de la prédication, le plan est traité pour avoir un ensemble dont le résultat reste cohérent. Le transept à peine saillant au niveau du sol est réduit à sa plus simple expression. Une coupole couvre la croisée de celui-ci, coupole montée sur un tambour permettant un très bon éclairage. Les collatéraux disparaissent, laissant une nef à vaisseau unique bordé d’une succession de petites chapelles latérales destinées à offrir des espaces pour les dévotions personnelles. Le chœur très peu profond se réduit à une simple abside quant à lui et son couvrement est assuré par une voûte en berceau.

De chaque côté de la croisée du chœur s'ouvrent deux chapelles-oratoires utilisées par les pères jésuites pour leurs adorations journalières. La nef et le chœur sont rythmés par des pilastres à l'antique dont l'entablement supporte une voûte en berceau éclairée par des fenêtres hautes. Des tribunes donnant sur la nef s'intègrent avec les chapelles dans la hauteur de l'ordre[2].

La façade

Façade de la basilique Santa Maria Novella

Le premier projet de la façade de Vignole va être refusé par les Jésuites. On va préférer une autre proposition, celle de Giacomo della Porta. Cette façade, proposée en 1571, reprend la forme générale de Santa Maria Novella : deux niveaux, un niveau moins large avec deux ailerons

Le premier niveau reprend un rythme ternaire, trois rangées de deux pilastres sont présentes de chaque côté de la porte principale qui a été magnifiée grâce à une frise décorative et à un fronton de forme demi-circulaire, elle-même surmontée d’armoiries, puis un entablement et encore un fronton. Sur les côtés, deux portes beaucoup moins dominantes reçoivent tout de même un traitement particulier : elles sont surmontées d'un fronton, puis au-dessus des statues, alors qu'elles sont prises dans la longueur entre des rangées de pilastres doubles. Les pilastres sont tous élevés et leurs chapiteaux sont d'ordre composite. Ils soutiennent le deuxième niveau d'élévation dont nous allons maintenant parler.

Le deuxième niveau se restreint sur les côtés à l'aide de grandes volutes. Le rythme ternaire est repris encore une fois, les fenêtres quant à elles qui sont dans le parfait alignement des portes sont décorées grâce à des frontons elles aussi alors qu’elles sont prises entre des rangées de pilastres doublés. Comme pour la porte principale, la plus grande des fenêtres au centre est flanquée de colonnes dont les chapiteaux sont eux aussi composites.

Enfin colonnes et chapiteaux soutiennent un entablement qui lui-même maintient un dernier fronton venant clore l’élévation de cette façade ainsi que finaliser l’ensemble rythmé et gracieux de cette façade.

Il y a cependant une inventivité dans la forme : on a 5 travées. Quand on passe des deux travées externes aux deux travées immédiatement ensuite, la façade forme un ressaut.

On a trois plans successifs s’avançant vers le spectateur au centre de la façade. Il y a même un quatrième plan : la travée du portail au rez-de-chaussée est magnifiée par un nouveau ressaut qui vient former une avancée supplémentaire. On a une gradation vers le centre qui vient magnifier la porte d’entrée de l’église qui s’offre au visiteur. On a un jeu très plastique de la façade qui va avoir une très grande postérité[2].

Parcours

Peinte par Giovanni Battista Gaulli, dit Il Baciccio, entre 1672 à 1683, la fresque centrale de la voûte de la nef représente le Triomphe du Nom de Jésus en un spectaculaire trompe-l'œil faisant déborder de faux nuages et des figures hors du cadre. Sur la fresque, une zone marquée du monogramme IHS (monogramme latin Iesus Hominum Salvator, Jésus sauveur des hommes) indique le point de vue que le spectateur doit adopter pour que l'illusion perspective soit optimale.

Les jésuites ont trouvé en Bacciccio l'interprète grandiose de la doctrine promulguée par le Concile de Trente[1] et ce plafond devint l'exemple type de la peinture baroque en trompe-l'œil. Un modello, à l'huile sur toile est conservé à la galerie Spada à Rome[1].

L'autel de saint Ignace, dans le transept gauche, frappe par la surabondance d'or et de matières précieuses (lapis-lazuli, albâtre, marbre, onyx, améthyste, cristal). Il est l'œuvre d'Andrea Pozzo et est bâti entre 1695 et 1700. Les restes du saint reposent dans une urne en bronze doré sous l'autel, œuvre de l'Algarde. Quatre groupes sculptés encadrent l'autel. Ils représentent :

Face à la chapelle de saint Ignace se trouve celle de saint François Xavier, de facture beaucoup plus sobre. Elle a été dessinée par Pierre de Cortone et Carlo Fontana. Au-dessus de l'autel, un reliquaire renferme le bras droit du saint (celui qui baptisa tant de personnes), ramené en Italie en 1614 sur l'ordre du général Claude Acquaviva[2].

Antécédents et postérité

Antécédents

L'église du Gesù n'est pas entièrement un type novateur d'église ; en effet elle est inspirée en grande partie par San'Andrea de Mantoue construite par Alberti. Sur les plans de Nanni di Baccio Bigio, les élévations intérieures aux grandes arcades sont similaires au plan de cette église d'Alberti. Mais Vignole reprend ici le modèle simplement esthétique d'Alberti pour le transformer afin de l'adapter aux exigences de la Contre-Réforme ainsi que celles jésuitiques dans un souci de bon déroulement liturgique.

Plus tardivement, l’église reprend les plans paléochrétiens en ce qui concerne la forme. L'abandon du plan centré, circulaire ou en croix grecque tant prisé par les architectes laissera place à l'ancienne forme, plus longitudinale et beaucoup mieux dirigée, permettant ainsi une circulation plus simple ainsi qu'une meilleure vue de l’autel et une meilleure audition lors de la prédication.

Enfin et encore plus tardivement les canons esthétiques romains reviennent : on le constate au retour des frontons, ordres composites et autres pilastres et colonnes. Ajoutons à cela le rythme ternaire reprenant les arcs de triomphes, formes privilégiées de l'architecture antique[2].

Postérité

L'architecture de cette église a été maintes fois reprise. On a d’ailleurs voulu la placer comme étant le prototype d’un style nouveau : le style jésuite. Cependant, l'ouvrage intitulé « l'art des Jésuites », dirigé par Giovanni Sale et publié en 2003 aux éditions Mengès a démontré qu'il n'y a pas réellement un style jésuite en architecture et que les églises de cet ordre ont suivi les canons baroques instaurés après la Contre-Réforme en matière de distribution intérieure des édifices et d'ordonnancement des façades. Les églises jésuites construites hors d'Italie, en Espagne, en Amérique du sud et en Asie, ont même intégré dans leur décoration des caractéristiques stylistiques correspondantes aux pays en question.

Notes et références

  1. Sylvie Blin, « le Triomphe du nom de Jésus de Il Baciccia », Connaissance des Arts, no 608, , p. 96-101
  2. Il Gesù di Roma, Pio Pecchiai, Rome, 1952.

Annexes

Articles connexes

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