Édouard Delamare-Deboutteville
Édouard Delamare-Deboutteville, né le à Rouen et mort le au château de Montgrimont à Fontaine-le-Bourg (Seine-Inférieure), est un industriel et inventeur français, pionnier de l'automobile et fondateur des Automobile Delamare-Deboutteville.
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Biographie
Édouard Delamare-Deboutteville descend d'une famille d'industriels ayant tenu une place distinguée dans la Seine-Inférieure. Son père, François Delamare (1801-1881), était un des premiers filateurs de coton de France et sa mère, Lucile Audibert de Boutteville, la fille d'un filateur, maire de Fontaine-le-Bourg. Son neveu épousera une petite-fille de Lucien Fromage. Influencé par ce milieu il montre très tôt un goût prononcé pour la mécanique. Il étudie à l'École supérieure de commerce de Rouen d'où il sort diplômé en 1879. Il entre à vingt-deux ans dans la filature de son frère ainé qui avait succédé à son père. Il y montre une grande aptitude à la mécanique en apportant nombre de perfectionnements dans différentes parties de l'usine. L'éloignement de l'usine de toute station de chemin de fer le pousse à s'intéresser au développement des moteurs pour automobile. Alors que les bicycles commencent à se répandre, il invente un des premiers tricycles à gaz qui ait fonctionné sur route. Il s'intéresse alors au moteur à gaz lui-même, recherche qui aboutit au moteur Simplex, construit par les ateliers Powell de Rouen. Reprenant l'étude de ses prédécesseurs Lenoir et Otto, Delamare-Deboutteville conserve le cycle à quatre temps de Beau de Rochas et apporte à la machine une série de perfectionnements qui permet de construire des moteurs plus grands que ce que l'on savait faire alors[1].
- L'atelier de Mont-Grimont (Montgrimont) à Fontaine-le-Bourg (Seine-Maritime) vers la fin du XIXe siècle.
Ses travaux portent sur l'allumage et l'allumage automatique, la richesse du gaz employé.
Avec Léon Malandin[2], il met au point en 1883 la première voiture actionnée par un moteur à explosion, et il dépose le premier brevet concernant une automobile le sous le numéro 160 267[3]. L'atelier est installé dans la filature de Montgrimont, une propriété située à Fontaine-le-Bourg (Seine-Inférieure), appartenant à la famille de son épouse[4]. Son automobile, la première au monde mue par un moteur à 4 temps, est pourvue d'une banquette avant et d'une plate-forme arrière, et est équipée de quatre roues, d'un moteur bicylindre horizontal fonctionnant d'abord au gaz, ensuite à l'essence de pétrole, d'une transmission aux roues arrière par chaîne, d'un arbre de transmission et d'un différentiel[5]. Elle circule sur la route de Fontaine-le-Bourg à Cailly. Le carburant était admis par un tiroir et l'évacuation se faisait par des soupapes[1].
À l'Exposition universelle de Paris de 1889, il obtient la médaille d'or pour un moteur au gaz pauvre, monocylindrique, de 100 chevaux. Dès lors, le moteur à gaz entre en concurrence avec la machine à vapeur[1].
Il perfectionne ensuite le gazogène. Pour remplacer les appareils Dowson qui nécessitent l'emploi de générateurs de vapeur, il établit un ensemble d'appareils gazogènes où la vapeur d'eau nécessaire est produite simplement par la chaleur rayonnante du foyer, et la soufflerie par un ventilateur.
Le , la société sidérurgique John Cockerill à Seraing (Belgique), qui préfère perfectionner des modèles existants (un moyen de se dispenser de la recherche fondamentale), acquiert le monopole de fabrication de son moteur, le « Simplex », dont on discute beaucoup à l'époque des applications tant au gaz pauvre de gazogène qu'aux gaz les plus divers, tels que le gaz de bois, gaz de naphte, etc. Des expériences menées à Cockerill sur les gaz de haut fourneau montrent qu'à puissance égale un moteur à gaz consomme 10 fois moins que la chaudière alimentant la machine à vapeur la plus perfectionnée. En 1895, un moteur de 4 CV Delamare-Deboutteville et Malandin est acheminé à Cockerill, ensuite modifié pour qu'il puisse produire 8 CV. En 1898, Cockerill produit un moteur 200 chevaux monocylindre et en 1899, c'est une machine soufflante de 158 tonnes avec un seul cylindre développant une puissance de 700 chevaux (1 000 CV au gaz de ville[1]), qui obtient le grand prix à l'Exposition universelle de 1900 à Paris[6]. À l'Exposition universelle de 1905, à Liège, une machine de 1 500 CV est exposée. Elle côtoie des machines à vapeur, des turbines à vapeur et des moteurs diesels[7].
En 1896, à l'exposition de Rouen, le président de la République, Félix Faure le fait nommer officier de la Légion d'honneur, en récompense de son travail sur le moteur Simplex. À cette époque, il a plus de 70 brevets en France et à l'étranger.
Édouard Delamare-Deboutteville obtient nombre de décorations pour ses travaux : sept médailles d'or, trois diplômes d'honneur, un grand prix et l'Award de Chicago accordé aux moteurs à gaz.
En 1898, Édouard Delamare-Deboutteville, qui s'intéressait aussi au monde de la pêche, eût l'idée que les pêcheurs pouvaient améliorer leur activité en cultivant les moules et les huîtres et créa un parc d'ostréiculture à Prat ar Coum en Lannilis, avec le concours de Léon Malandin (lequel se fit construire une maison à cet endroit, qu'il appela Kastel ar Bik[8].
« Édouard Delamare-Deboutteville était un parleur charmant, un penseur épris des plus beaux problèmes et un lettré érudit [1]». Sa vie est remplie de recherches et de voyages. Il rédige quelques traités de mytiliculture (culture des moules), il crée à Carantec, dans la baie de Morlaix ainsi que dans l'Aber-Benoît (Finistère) un élevage d'huîtres qui existe toujours sous le nom qu'il lui a donné « Prat-ar-C'oum », trois volumes d'une grammaire de sanscrit, laisse une collection d'oiseaux ainsi que quelques études philosophiques.
Il meurt prématurément le à l'âge de 45 ans en son château de Montgrimont près de Fontaine-le-Bourg, dans la Seine-Inférieure.
Sa maison située à Rouen, rue d'Elbeuf, a été démolie[9].
Une rue de Rouen et de Lannilis et le lycée de Forges-les-Eaux portent son nom.
Notes et références
- Notice nécrologique sur M. E. Delamare-Deboutteville Mémoires et comptes rendus des travaux de la Société des Ingénieurs Civils de France, Volume 1. Société des ingénieurs civils de France. The Society, 1901 sur le site cnum.cnam.fr
- Pierre Charles Léon Malandin, né le à Malaunay (Seine-Maritime), décédé le à Lannilis.
- Jean-Louis Loubet, Automobile Delamare-Debouteville sur Encyclopædia Universalis (consulté le 27 février 2015)
- http://www.innovalor.com/david/montgremont/chateau.htm
- Automobile Delamare-Deboutteville sur universalis.fr
- En 1920, l'usine possède trois centrales électriques d'une puissance 35 000 kW, distribuant 162 millions de kWh, produit par des groupes électrogènes fonctionnant au gaz, de 5 200 kW chacun. Dans Robert Halleux. Cockerill. Deux siècles de technologie. Editions du Perron, 2002
- Christine Renardy Liège et l'Exposition universelle de 1905 ; Renaissance du Livre, 2005 books google
- Camille Lion, La première automobile rapide. Léon Malandin, collaborateur d'Édouard Delamare-Deboutteville, "Bulletin de la Société industrielle de Rouen", 1934, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k122370j/f201.image.r=Lannilis?rk=10343398;4
- Patrice Quéréel (préf. Guy Pessiot), La Ville évanouie - Rouen : un demi-siècle de vandalisme, Saint-Aubin-lès-Elbeuf, Page de Garde, , 381 p., p. 164-165
Voir aussi
Bibliographie
- Jehan Le Povremoyne, « Inventeurs de l'automobile à essence, Édouard Delamare-Deboutteville et Léon Malandain, ont maintenant leur monument à Fontaine-le-Bourg », dans Revue de Rouen, 9e année, no 8, p. 16-17
- Gérard Leterc, « Édouard Delamare-Debouteville, Léon Malandin et les moteurs Simplex aux expositions universelles », dans Bulletin de la Société libre d'émulation de la Seine-Maritime, 2003
- Jean-Jacques Pinel (préf. Christian Hérail), Histoire de 140 familles. Témoignages de 70 descendants. 2 siècles d'industrie à Rouen, Rouen, (ISBN 978-2-9532785-0-7)
- Alain Chatriot, Danièle Fraboulet, Patrick Fridenson, Hervé Joly, Dictionnaire historique des patrons francais, Flammarion
Articles connexes
Liens externes
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