Édouard Bonnefoy

Édouard Bonnefoy, né le à Saint-Christophe-en-Brionnais, mort le dans la baie de Lübeck, est un haut fonctionnaire et résistant français.

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Biographie

Administration

Il est le fils de Joseph Bonnefoy, tailleur d'habits, et de Marie Bajard. Il se marie le à Marcelle Dubois, originaire de Mâcon. Ils ont un enfant, Jean-Louis, né à Lyon le [alpha 1].

Il devient rédacteur à la préfecture de Saône-et-Loire en tout en poursuivant ses études de droit. Licencié en droit, il devient en 1925 chef de cabinet du préfet de Saône-et-Loire, puis en 1929, secrétaire général de la préfecture de l'Ain ; il reste en parallèle à la disposition du préfet de Saône-et-Loire.

À partir de 1932, il est directeur de cabinet de Achille Villey-Desmeserets, préfet du Rhône. Il est nommé en 1933 sous-préfet de Thonon, et reste en parallèle à la disposition du préfet du Rhône. Le , il est directeur de cabinet de Achille Villey-Desmeserets, devenu préfet de la Seine. Il devient le , sous-préfet d'Aubusson.

En , il devient préfet de la Haute-Saône.

Seconde guerre mondiale

Il reste directeur de cabinet du préfet de la Seine et participe à l'administration de la grande agglomération parisienne jusqu'au . Ainsi fin , il s'oppose à une exposition au Petit Palais sur les secrets maçonniques.

À partir de , il devient préfet de la Mayenne[alpha 2]. Il fait le choix, en , de Paul Haag comme chef de cabinet. Marius Lepage fait partie de ses collaborateurs, comme chef des services économiques de la Mayenne. Le sous-préfet est René Goepfert[alpha 3].

En remplacement de M. Dupard, nommé préfet de l'Ille-et-Vilaine, Édouard Bonnefoy est promu préfet de la Loire-Inférieure le . Il est présent lors des bombardements des 16 et 23 septembre 1943 sur Nantes par les Américains. Il reste 5 mois, avant d'être nommé préfet régional de la région de Lyon[alpha 4] et préfet du Rhône.

Résistance

À partir de sa nomination en Mayenne, son activité préfectorale est liée à son activité clandestine. Il entre dans la résistance intérieure clandestinement, tout en restant en fonction de préfet, pour combattre de l’intérieur les Allemands et le régime de Vichy. Il appartient depuis 1943 aux réseaux Noyautage des administrations publiques et Super-NAP[1].

Suspecté de franc-maçonnerie[alpha 5]., contre son gré, il prête serment au maréchal Pétain, lors de la cérémonie collective du . Il est suspecté à cette période de jouer double jeu[alpha 6]. Tenté de démissionner[alpha 7], il reste à son poste.

Avec Paul Haag, ils travaillent avec les réseaux de renseignements de la résistance intérieure aussi bien à Laval[alpha 8] qu'à Nantes, et les SR britanniques. À son poste de préfet, il ne suit pas les instructions, ralentit les réquisitions, veille au ravitaillement de ses administrés. Il facilite la délivrance de laissez-passer et la réalisation de faux papiers[alpha 9]. À partir de , Bonnefoy s'attache principalement à la lutte contre le STO, en recourant alors au sabotage administratif. Il pratique une forme minimale de collaboration avec une marge de manœuvre restreinte. À Lyon, il travaille avec le réseau NAP-Préfecture, déjà actif et infiltré dans le cabinet de son prédécesseur Angéli.

Il se heurte au fur et à mesure de plus en plus officiellement avec les Allemands, et en particulier avec la Milice, qui provoque son arrestation par la Gestapo en . Il est interné d'abord à la prison Montluc à Lyon, puis à Compiègne.

Edouard Bonnefoy est considéré[2] et placé parmi les grands Résistants aux côtés de Jean Moulin.

Déportation

Il est déporté dans le camp de concentration de Neuengamme, au kommando de Brême-Kriegsmarine, matricule 36277[3]. Le , dans la baie de Lübeck en mer Baltique, il est tué avec 10 000 autres détenus qui venaient d'être évacués par les SS[4], lors du naufrage du Cap Arcona, mitraillé par erreur par la Royal Air Force.

Hommage

La rue Préfet-Bonnefoy lui rend hommage à Nantes[4]. Une rue homonyme existe aussi à Laval. Bonnefoy est chevalier de la Légion d'honneur en 1938, Croix de Guerre 1939-1945, et médaillé de la Résistance à titre posthume en 1946.

Notes et références

Notes

  1. Solange, sa femme, et sa fille vivent à Lyon en 2013.
  2. Il remplace Pierre Daguerre, nommé préfet délégué à Angers.
  3. Membre du réseau Ajax d'Achille Peretti de juillet 1942 à février 1945.
  4. Couvre : Ardèche, Drôme, Haute-Savoie, Isère, Loire, Rhône, Savoie et les parties non-occupées de l'Ain, du Jura et de Saône-et-Loire. Il succède à Alexandre Angeli.
  5. Il doit fournir une attestation de non affiliation.
  6. Il est dénoncé par Maurice Levillain, membre du RNP, dans une lettre datée du 9 mai 1942, relayée par Georges Albertini à Georges Hilaire : Je le connais fort bien puisqu'il était directeur de cabinet de l'ancien préfet de la Seine Villey, lui aussi anglophile, mais à l'encontre de son directeur, ne dissimulant pas ses sentiments. Il s'agit de M. Bonnefoy, actuellement préfet de la Mayenne, dangereux par son hypocrisie, car je vous le répète, sachant fort bien dissimuler ses sentiments. Il est à l'origine de l'évincement des collaborationnistes du Conseil, et je puis vous assurer que, parmi nos amis, il n'a pas laissé un bon souvenir de son passage à l'Hôtel de ville de Paris.
  7. Il indique le 23 décembre 1943, lors de sa rencontre avec le commandant du réseau de Résistance Koenig, Durand : « Il me serait beaucoup plus facile de combattre l'arme à la main, néanmoins je reste parmi vous : vaincre ou mourir ».
  8. Par exemple,la famille juive turque Fresco prendra immédiatement des contacts avec la Résistance par le biais du fils du Préfet qui fréquentait le même collège que Samy Fresco. Le préfet les aidera et les met en contact avec Francis Le Basser, vers Ernée où ils sont cachés par le réseau de Pierre Le Donné.
  9. Par exemple pour Isaïe Schwartz.

Références

  1. Témoignage de Jean Perreau-Pradier. Rapport favorable de la Commission d’Epuration du ministère de l’Intérieur (ANF1bI 1044)
  2. Par Sonia Mazey et Vincent Wright. Vichy et les français, Paris, Fayard, pp 280-283
  3. doc.sciences-po [Lyon
  4. Stéphane Pajot, Nantes histoire de rues, Les Sables d'Olonne, d'Orbestier, , 215 p. (ISBN 978-2-84238-126-4), p. 38.

Bibliographie

  • Élodie Prost, Edouard Bonnefoy, un haut-fonctionnaire sous l'Occupation ( - ), Le devoir de désobéissance
  • Société lyonnaise d'Histoire de la Police, Le préfet Bonnefoy, désobéir, un devoir, 2012-2013

Liens externes

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