École de production

Les écoles de production sont des établissements d'enseignement technique - basés sur l'apprentissage - que l’on trouve en France et en Europe pour des jeunes de 15 à 18 ans. Ces établissements privés hors contrat mais reconnus par l’État français[1] proposent un modèle pédagogique adapté privilégiant une cohérence entre exercices pratiques et cours théoriques sur un même site. En plaçant les élèves dans la réalité concrète du monde du travail et en appliquant le principe du « faire pour apprendre », ces écoles constituent ainsi une offre complémentaire à celle existante dans les lycées professionnels et les centres de formation d’apprentis. Ce modèle permet d’apporter une réponse à la quasi-totalité des jeunes accueillis, par leur intégration dans le monde du travail, ou par la poursuite de leurs études.

Présentation

Les écoles de production sont une des voies possibles parmi les dispositifs actuels de formation des jeunes[2],[3]. Elles permettent d'apprendre en produisant (principe de l'apprentissage) et sans devoir alterner entre l'école et l'entreprise. L'élève-apprenti reste au sein de l'établissement pour la formation pratique et théorique. C'est un apprentissage intégré[4].

Ces écoles sont des établissements privés, à but non lucratif, déclarés au rectorat de l’académie. À ce titre elles préparent aux diplômes d'État : CAP et Bac Pro, participent à l'élaboration des sujets d'examens et sont elles-mêmes lieux d'examen[4].

Les écoles de production sont regroupées au sein de la Fédération nationale des écoles de production (FNEP)[5].

En , la Fondation Total annonce soutenir le développement des écoles de production, à hauteur de 60 millions d'euros sur 10 ans[6]. L'objectif est de multiplier par 4 le nombre établissements d'ici 2028[7].

Pédagogie du sens

L’élève consacre deux tiers de son temps dans la réalisation de commandes aux conditions du marché pour de vrais clients, industriels ou particuliers.

Par cette dimension entrepreneuriale, la pédagogie des écoles de production vise l'intégration progressive à la vie professionnelle et adulte, avec ses rythmes (35 heures annualisées), ses exigences et ses liens sociaux. L'apprentissage du métier et du travail en équipe se fait à travers les contraintes qu'impose la production. Le vecteur de la transmission des savoir-faire et des savoir-être ou "compétences de vie"[8] du métier est le travail commun du jeune et du Maître-Professionnel pour réaliser ensemble les commandes des clients.

Cette approche pédagogique vise également à remettre le jeune dans une logique de confiance en lui-même et de valorisation de ses capacités. Pour cela, l'élève est responsable des travaux à produire et à livrer. L'exigence de qualité l'engage personnellement par rapport à ce qu'il produit. La réalisation de l'objet de la commande est alors le moyen de faire prendre concrètement conscience au jeune de ses capacités (preuve tangible pour un jeune qui doute). Chaque fois que cela est possible, la démarche pédagogique inclut l'installation chez le client, ou la remise, de la commande réalisée. L'expérience de la satisfaction du client étant un vecteur essentiel de la reconstruction de la confiance en soi[4].

De ce fait, ces écoles se montrent efficaces en termes d’insertion des jeunes dans la vie sociale et professionnelle, notamment ceux qui sont en difficulté dans le système traditionnel. Elles contribuent ainsi à la lutte contre le décrochage scolaire[9],[10] (dès 15 ans) et contre le chômage des jeunes (qualification et insertion)[11].

Les écoles de production ont des liens étroits avec les entreprises et leurs branches professionnelles, notamment l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM)[12], la Fédération française du bâtiment (FFB), la Fédération interprofessionnelle du bois en Auverɡne-Rhône-Alpes (FIBRA)[13], l’Association nationale pour la formation automobile (ANFA)[14] qui fait partie du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA).

Certaines écoles de production sont liées à l'Institut catholique d'arts et métiers (ICAM)[15],[16] et aux Apprentis d'Auteuil[17],[18]. Depuis 2005, l'école de production Boisard participe au Challenge SIA en partenariat avec l'Écurie Piston Sport Auto de l'École centrale de Lyon. L'école de production Boisard fournit les réalisations mécaniques en commande numérique et la peinture, ainsi que la décoration des carrosseries. L'école de production La Giraudière rejoint l'écurie en 2009 pour la réalisation du châssis mécano-soudé.

Les élèves-apprentis obtiennent souvent des distinctions, notamment aux concours :

Les écoles de production françaises s'inscrivent dans une réflexion plus large dans le cadre de l'Union européenne. Ainsi, la FNEP participe au programme erasmus+. Par ailleurs, le FNEP est partie prenante dans la fédération internationale créée en 2012

Origines des écoles de production

En 1882, les Ateliers d'apprentissage Boisard (devenus l'école de production Boisard) sont fondés à Lyon par le Père Boisard[19], ingénieur, industriel et prêtre[20]. Il s'est donné pour mission de proposer à des jeunes des formations à un métier manuel. Il était persuadé que le travail pratique était plus adapté à certains jeunes en désir d'apprendre un métier : Faites faire d'abord, expliquez après ! disait-il[20]. C'est pourquoi il fonde des ateliers-écoles dont les travaux réalisés seront vendus. Il souhaite recréer les conditions de la transmission du métier de l'atelier familial[20] qui disparait à cette époque avec la révolution industrielle. Le premier atelier sera un atelier de cordonnerie. Suivra, deux ans plus tard, la mise en place d'un atelier de menuiserie. Le principe des écoles de production est lancé. Dès 1895, l'académie de Lyon distingue les « ateliers du père Boisard »[4].

Les fondamentaux d'une école de production

Le titre d’« école de production » fait l'objet d'une labellisation par la Fédération nationale des écoles de production (FNEP). Cette labellisation repose de manière centrale sur le respect des fondamentaux d'une école de production[21] qui sont au nombre de huit :

  1. Former à un métier, avec un objectif d’excellence : formation professionnelle qualifiante, préparation à l’exercice d’un métier et intégration à la vie professionnelle (vers l’emploi ou vers la continuation des études professionnelles).
  2. Une pédagogie partant de la pratique pour aller à la théorie : « faire pour apprendre ». Une orientation pédagogique clairement affirmée et mise en œuvre, non seulement dans les matières professionnelles mais aussi dans les matières générales.
  3. Associer pratique et théorie au même endroit : la formation pratique et la formation théorique se font sur le même site, avec les mêmes formateurs pour les matières professionnelles et avec un lien étroit entre ceux-ci et les formateurs des matières générales.
  4. Un nombre important d’heures de formation en situation de production, au minimum 60 % de l’horaire total.
  5. Un volume significatif de production (produits et services), destiné à la vente dans les conditions réelles de marché.
  6. Une école ouverte à tous les élèves, dès 14 ans[réf. nécessaire], qui manifestent de l’intérêt pour une formation professionnelle. Leur admission est indépendante de leur seul parcours scolaire. Ils bénéficient d’un accompagnement individualisé et personnalisé.
  7. Une approche pédagogique clairement éducative, et pas seulement professionnelle, formalisée dans un projet écrit et structuré.
  8. Un conseil d’administration ou un comité de pilotage spécifique (selon que l’école est une association indépendante ou une partie d’une structure plus importante) ; il porte et garantit la spécificité d’école de production et il comprend notamment des professionnels des métiers enseignés.

Les métiers enseignés en école de production

  • Métiers d’arts
  • Métiers de l’automobile
  • Métiers de l’industrie
  • Métiers du bâtiment
  • Métiers du paysage
    • Ouvrier du paysage
  • Métiers des services
    • Restauration (cuisine, service en brasserie café)
    • Agent polyvalent de la restauration
    • Agent d'entretien du bâtiment

Les écoles de production en France

Les écoles de production sont au nombre de 32 en France sur neuf réɡions de France :

  • École de production Boisard (Rhône)
  • École de production ECAUT (Haute-Savoie)
  • École de production AFEP (Loire)
  • École de production Gorɡe de Loup (Rhône)
  • École de production ELAG (Isère)
  • École de production ETB (Ain)
  • École de production La Giraudière (Rhône)
  • École de production Jean-Marie Vianney (Isère)
  • École de production AtEc à Monistrol-sur-Loire (Haute-loire)
  • École de production de l'ICAM site de Lille (Nord)
  • École de production de l'ICAM site de Toulouse (Haute-Garonne)[10]
  • École de production du Hainaut - EPPED à Quièvrechain (Nord)
  • École de production Juralternance à Dole (Jura)
  • École de production Le P'tit Plat à Le Petit-Quevilly (Seine-Maritime)
  • École de production de Chalon-sur-Saône - EDPC (Saône-et-Loire)
  • École de production de Besançon (Doubs)
  • École de production Epal à Lens (Pas-de-Calais)
  • École de production Briacé (Loire-Atlantique)
  • École de production Aɡapè 49 (Maine-et-Loire)
  • École de production ICAM site de La Roche-sur-Yon (Vendée)
  • École de production ICAM site de Nantes (Loire-Atlantique)
  • École de production Les Établières (Vendée)
  • École de production ICAM site de Bretagne à Vannes (Morbihan)
  • École de production ICAM site de Paris Sénart (Seine-et-Marne)
  • École de production Usin'Eure à Evreux (Eure)
  • École de production École des Semeurs à Mesnil-en-Ouche (Eure)
  • École de production 100% Bosco Institut Lemonnier à Caen (Calvados)
  • École de production École d'usinage du Cotentin à Valognes (Manche)
  • École de production T'CAP T'PRO à Saumur (Maine-et-Loire)
  • École de production de Limoges Nouvelle-Aquitaine à Limoges (Haute-Vienne)
  • École de production L'Atelier d'Anne-Marie à Chamblanc (Côte D'or)
  • École de production École Buissonnière à Clux-Villeneuve (Saône-et-Loire)

Références

  1. Loi du 5 septembre 2018 article 25. Section 4 - Les écoles de production
  2. [http:cma-lifelonglearning.org/doc/RCP_YA.docx Rapport « RÉUSSIR LES TRANSITIONS » (Pour l’amélioration de la formation professionnelle)], Collectif des Présidents, version du 7/2/2014 (Consulté le 15/01/2021)
  3. « Les écoles de production : une autre forme d'apprentissage - Réussir ma vie », sur Reussirmavie.net, (consulté le )
  4. ONISEP - Les écoles de production en Rhône-Alpes : la 3e voie ?
  5. FNEP - Fédération nationale des écoles de production (site officiel)
  6. AFP, « Les écoles de production, alternative à l’apprentissage, veulent prendre leur essor », LePoint.fr, (lire en ligne, consulté le )
  7. « Face à la pénurie de compétences,Total s'engage contre le décrochage scolaire », FIGARO, (lire en ligne, consulté le )
  8. Le Dantec Caroline et Le Marois Henri, « Les compétences de vie, des "savoir être" pour l’emploi ? », Agora débats/jeunesses n°14, , p. 45-53 (ISSN 1968-3758, lire en ligne)
  9. François Jarraud et Philippe Meirieu, « Philippe Meirieu - Vers un service public régional de formation », Le Café - mensuel, (lire en ligne)
  10. ICAM Dynaméca - Soutenir des jeunes en difficulté scolaire
  11. « Eccofor, une école de production pour les jeunes - ATD (Agir Tous pour la Dignité) Quart Monde », sur ATD Quart Monde (consulté le ),<ref>Claude Chevassu, Zéro jeune en échec. Eccofor, une école de production pour la réussite de tous, Éditions Quart Monde/Chronique sociale, , 168 p. (ISBN 9782367176802, lire en ligne)
  12. Convention en faveur de l'apprentissage dans la métallurgie
  13. Livre Blanc la filière bois de l’Ain
  14. Lieux de formation - ANFA
  15. Écoles de production au sein de l'ICAM
  16. « Lutte contre le décrochage scolaire. La Région renforce son soutien aux écoles de production », sur Ouest France, (consulté le )
  17. Apprentis d'Auteuil - école de production Jean-Marie Vianney
  18. « Apprentis d'Auteuil : redonner confiance aux jeunes - Orientactuel », sur Centre-Inffo, (consulté le )
  19. Père Boisard
  20. Le Père Boisard et l'Œuvre des Ateliers d'Apprentissage de la Guillotière Cf. Bibliographie
  21. Les fondamentaux d'une école de production (FNEP - Site officiel)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Apprendre autrement : L'exemple des écoles de production. (Rapport de recherche), Pierre-Yves Bernard, Pauline David, Céline Jacob. Centre de recherche en éducation de Nantes, Université de Nantes. 2019. ⟨hal-02285847⟩.

Fondateur des Ateliers d'apprentissage Boisard, devenus l'École de production Boisard :

  • Le Père Boisard et l'Œuvre des Ateliers d'Apprentissage de la Guillotière - Auteur : J.F. Saffange - Collection sciences de l'éducation, Éditions Don Bosco, Paris, Prêtres et Ouvriers.
  • Le Père Boisard prêtre ouvrier Éditeur : LARDENCHET - Auteur : Lestra Antoine - Date de parution : 1949

Fondateur de l'école de production ELAG (Grenoble) :

  • "Paul Cayère (1892-1967). Ingénieur, prêtre et citoyen, un acteur de l'Histoire industrielle" Jean Linossier, éditeur : archives départementales de l'Isère - Parution : .

Témoignages de jeunes élèves-apprentis des écoles de production :

  • "Plus forts que l'échec, 39 jeunes racontent" - Auteur : Georges Jousse (préface Bertrand Schwartz) Ed. de l'Atelier, Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne)- Parution : .

Liens externes

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