Wilhelm Gumppenberg

Wilhelm Gumppenberg, né le à Munich (Allemagne) et mort le à Innsbruck (Autriche) était un prêtre jésuite et théologien d'origine bavaroise, principalement connu pour son ouvrage consacré aux images miraculeuses de la Vierge Marie, l'Atlas Marianus.

Biographie

Né à Munich le dans une famille de la petite noblesse bavaroise, Wilhelm Gumppenberg entra dans la Compagnie de Jésus en 1625. Il fit ses études à Landsberg (1625-1633), puis à Rome (1633-1640). À l'issue de celles-ci, Gumppenberg entama une carrière de prédicateur qui le conduisit successivement à Ingolstadt (1640-1643), Ratisbonne (1643-1646), Fribourg en Suisse (1646-1649), Fribourg-en-Brisgau (1649-1650), Trente (1650-1656), Augsbourg (1656-1658), Dillingen (1658-1660) et Innsbruck (1660-1662). Il fut ensuite envoyé à Rome comme pénitencier des pèlerins de langue allemande à la basilique Saint-Pierre (1662-1666). À l'issue de ce second séjour romain, Gumppenberg rentra en Bavière. Il mourut à Innsbruck le [1].

Œuvres

Si Wilhelm Gumppenberg est l’auteur d’un répertoire des églises romaines destiné aux pèlerins[2] et d’un recueil de méditations sur la vie du Christ[3], son nom reste avant tout attaché à un inventaire des images miraculeuses de la Vierge, l'Atlas Marianus, œuvre à laquelle il consacra plus de vingt années de sa vie.

Genèse et élaboration de l'Atlas Marianus

C'est en 1650 que Wilhelm Gumppenberg, alors prédicateur à Trente, fit connaître aux supérieurs de la Compagnie de Jésus son intention de réaliser un inventaire des images miraculeuses de la Vierge Marie. La nature du projet le rattache à un genre particulier, la topographie sacrée, qui consiste dans l’énumération et la description de lieux de pèlerinages, de reliques ou d’images réputées miraculeuses. L'Atlas Marianus s'en distingue toutefois par son extension géographique : tandis que les ouvrages qui relèvent de ce genre portent habituellement sur des ensembles géographiques bien précis (une cité, une province, un royaume), Gumppenberg entendait proposer au lecteur un inventaire mondial recensant toutes les images miraculeuses de la Vierge Marie qui existaient de par le monde. Cette ambition universaliste conduisit Gumppenberg à solliciter l’aide de l’ensemble de la Compagnie de Jésus : en 1655 il publia l'Idea Atlantis Mariani, à la fois description de l’œuvre à venir et appel à contributions, dont les 600 exemplaires furent envoyés aux recteurs des collèges jésuites[4]. Si l'écho rencontré par cette initiative fut très variable selon les régions, le réseau des informateurs de Wilhelm Gumppenberg s'accrut progressivement pour atteindre plus de 270 correspondants à la fin des années 1660. L'ampleur de la tâche et les difficultés matérielles conduisirent cependant Gumppenberg à proposer dans un premier temps une version préparatoire de son œuvre : publiée simultanément en latin et en allemand entre 1657 et 1659, elle recense et décrit 100 images miraculeuses de la Vierge[5]. La version définitive, forte de 1200 notices, parut en latin en 1672[6].

Nature et fonctions de l'Atlas Marianus

Conformément aux règles régissant les topographies sacrées, l'Atlas Marianus, qu’il s'agisse de sa version courte ou longue, se présente comme une suite de notices où chacune des images miraculeuses fait l'objet d’un historique plus ou moins développé rapportant son apparition, ses miracles et le culte dont elle fait l'objet. L'apparente simplicité du propos et son caractère répétitif ne doivent cependant pas occulter le fait qu’il s'agit d’une œuvre complexe, combinant plusieurs objectifs et dont les différentes versions sont destinées à des publics bien précis. L'Atlas Marianus est d'abord un ouvrage de controverse antiprotestante, qui entend démontrer la licéité du culte des images en multipliant les exemples de miracles opérés par leur intermédiaire. Il est également un livre de dévotion, qui offre aux fidèles catholiques un panorama des pèlerinages mariaux. Ce caractère est particulièrement marqué dans la version courte, qui propose, en même temps que des notices, des gravures représentant les images miraculeuses en question. Plus que de simples illustrations, celles-ci sont appelées à devenir des supports de dévotion, permettant au lecteur d'effectuer en pensée une multitude de pèlerinages qu'il lui serait impossible d'accomplir dans la vie réelle. Publiée en latin uniquement, la version longue était à l'inverse destinée à un public savant : théologiens, prédicateurs, enseignants. C’est à leur intention que Gumppenberg avait confectionné un système d’index très perfectionné (il occupe près de 200 pages), qui combinait toutes sortes de critères – lieux et époques de découverte des images, identité des inventeurs, matière des images, etc. – et faisait de l'Atlas l'instrument d'une véritable science du surnaturel, destinée à réfuter à la fois les critiques protestantes, mais également celles des philosophes de la nature qui tendaient alors à réduire, voire à refuser, l'hypothèse d'une intervention directe de Dieu dans le monde terrestre[7].

Postérité de l'œuvre

L'ampleur de l’inventaire, son extension géographique et la qualité de sa documentation sont autant de facteurs qui expliquent la remarquable postérité éditoriale de l'Atlas Marianus. Outre les rééditions proprement dites, l'Atlas Marianus fit l’objet de plusieurs traductions et adaptations : traduction en allemand de la version longue (1673)[8], traduction-adaptation en hongrois (1690)[9] et en tchèque (1704)[10], réédition abrégée de la version longue en allemand (1717)[11]. Un siècle et demi plus tard, le prêtre italien Agostino Zanella reprit le chantier ouvert par Gumppenberg en publiant une nouvelle version de l’Atlas, en douze volumes, qui ajoutait au corpus initial quantité de nouvelles images miraculeuses, italiennes pour l'essentiel[12]. En France, l'abbé Jean-Jacques Bourassé choisit d'inclure les trois cents premières notices de la version longue dans la compilation mariologique qu'il publia entre 1862 et 1866[13]. Plus récemment, la version courte de l'Atlas Marianus a fait l'objet d’une édition critique bilingue (texte original allemand et traduction française)[14].

Bibliographie

Ouvrages de Wilhelm Gumppenberg

  • Idea Atlantis Mariani de Imaginibus miraculosis B. V. Mariae, Trente, Carlo Zanetti, 1655.
  • Atlas Marianus sive de Imaginibus Deiparae per Orbem Christianum Miraculosis, auctore Guilielmo Gumppenberg, 4 t., 1657-1659 (t. I et II publiés par Georg Haenlin à Ingolstadt et Lucas Straub à Munich, t. III et IV publiés par Johann Ostermeyer à Ingolstadt).
  • Marianischer Atlas : das ist wunderthätige Mariabilder so in aller christlichen Welt mit Wunderzaichen berhuembt durch Guilielmum Gumppenberg, 4 t., 1657-1659 (t. I et II publiés par Georg Haenlin à Ingolstadt, Lucas Straub à Munich et Johann Jaecklin, aussi à Munich, t. III et IV publiés par Johann Jaecklin à Munich).
  • Sedici pellegrinaggi per le 365 chiese di Roma, Rome, Egidio Ghezzi, 1665.
  • Atlas Marianus, quo sanctae Dei genitricis Mariae imaginum miraculosarum origines duodecim historiarum centuriis explicantur, Munich, Johann Jaecklin, 1672.
  • Iesus vir dolorum Mariae matris dolorosae filius, Munich, Hermann von Gelder, 1672.
  • L'Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg. Édition et traduction, éd. par Nicolas Balzamo, Olivier Christin et Fabrice Flückiger, Neuchâtel, Alphil / Presses universitaires suisses, 2015. Page de l'éditeur

Travaux sur Wilhelm Gumppenberg et l’Atlas Marianus

  • Olivier Christin, Fabrice Flückiger et Naïma Ghermani (dir.), Marie mondialisée. L'Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg et les topographies sacrées de l'époque moderne, Neuchâtel, Alphil / Presses universitaires suisses, 2014. Page de l'éditeur
  • Friedrich Wilhelm Bautz, « Gumppenberg, Wilhelm », in Biographisch-bibliographisches Kirchenlexikon (BBKL), vol. 2, Hamm, Bautz, 1990. col. 393-394.
  • Edgar Krausen, « Gumppenberg, Wilhelm Freiherr von », in Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 7, Berlin, Duncker & Humblot, 1966, p. 311.

Liens

Références

  1. Nicolas Balzamo, Olivier Christin et Fabrice Flückiger, L'Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg. Édition et traduction, Neuchâtel, Alphil / Presses universitaires suisses, , p. 29.
  2. Wilhelm Gumppenberg, Sedici pellegrinaggi per le 365 chiese di Roma, Rome, Egidio Ghezzi, 1665.
  3. Wilhelm Gumppenberg, Iesus vir dolorum Mariae matris dolorosae filius, Munich, Hermann von Gelder, 1672.
  4. Wilhelm Gumppenberg, Idea Atlantis Mariani de Imaginibus miraculosis B. V. Mariae, Trente, Carlo Zanetti, 1655.
  5. La version latine (Atlas Marianus sive de Imaginibus Deiparae per Orbem Christianum Miraculosis, auctore Guilielmo Gumppenberg) est parue en deux temps : les tomes I et II ont été publiés simultanément en 1657 par deux éditeurs, Georg Haenlin à Ingolstadt et Lucas Straub à Munich, les tomes III et IV par Johann Ostermeyer à Ingolstadt en 1659. La version allemande (Marianischer Atlas : das ist wunderthätige Mariabilder so in aller christlichen Welt mit Wunderzaichen berhuembt durch Guilielmum Gumppenberg) suit ce modèle : tomes I et II publiés en 1657 par Georg Haenlin à Ingolstadt et Lucas Straub à Munich, tomes III et IV publiés en 1659 par Johann Jaecklin à Munich.
  6. Wilhelm Gumppenberg, Atlas Marianus, quo sanctae Dei genitricis Mariae imaginum miraculosarum origines duodecim historiarum centuriis explicantur, Munich, Johann Jaecklin, 1672.
  7. Olivier Christin, Fabrice Flückiger et Naïma Ghermani (dir.), Marie mondialisée. L'Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg et les topographies sacrées de l'époque moderne, Neuchâtel, Alphil / Presses universitaires suisses, , « Introduction », p. 9-23.
  8. Marianischer Atlas : von Anfang und Ursprung Zwölffhundert Wunderthätiger Mariabilder beschriben in Latein von R. P. Guilielmo Gumppenberg anjetzo durch R. P. Maximilianum Wartenberg in das Teutsch versetzt, Munich, Hermann von Gelder, 1673, 4 vol.
  9. Pál Esterházy, Az egész világon levő csudálatos Boldogságos Szűz képeinek röviden feltett eredeti, Nagyszombat, s.n, 1690.
  10. Antonín Frozín, Obrowisstě Maryánského Atlanta, swět celý Maryánský w gedinké Knjžce nesaucýho, Prague, Jiří Laboun, 1704.
  11. Marianischer Atlas oder Beschreibung der Marianischen Gnaden-Bilder durch die gantze Christen-Welt, aus dem groβen lateinischen Wercke R. P. Guillelmi Gumppenberg S. J., in möglicher Kürtze ins Teutsche übersetzet, Prague, Barbara Beringer, 1717.
  12. Agostino Zanella, Atlante Mariano, ossia origine delle immagini miracolose della B. V. Maria venerate in tutte le parti del mondo, redatto dal padre gesuita Guglielmo Gumppenberg, recato in italiano ed aggiuntevi le ultime immagini prodigiose fino al secolo XIX da Agostino Zanella, sacerdote veronese, Vérone, Sanvido, 1839-1847, 12 vol.
  13. Jean-Jacques Bourassé, Summa aurea de laudibus beatissimae Virginis Mariae, Paris, J.-P. Migne, 1862-1866, vol. II, col. 1117-1476.
  14. Nicolas Balzamo, Olivier Christin et Fabrice Flückiger, L’Atlas Marianus de Wilhelm Gumppenberg. Édition et traduction, Neuchâtel, Alphil / Presses universitaires suisses, 2015.
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