Pèlerinage

Un pèlerinage (du latin peregrinus, « étranger »[1]) est un voyage effectué par un croyant, le pèlerin, vers un lieu de dévotion, vers un endroit circonscrit tenu pour sacré selon sa religion car supposé contenir une communication directe avec une divinité grâce à une relique, un légendaire (récit d'apparitions, de miracles), une source, un arbre.

Pèlerinage à la grotte sacrée de Benzaiten, par Hiroshige — Japon, années 1850.

Le déplacement des hommes et des femmes, généralement à pied, vers des lieux où ils entrent en contact avec le sacré est une pratique qui apparaît dans de très nombreuses cultures jusqu'à nos jours, et est constaté dès Stonehenge[2] en 2400 av. J.-C. Le pèlerinage est un phénomène quasi universel de l'anthropologie religieuse. Le pèlerin rencontre le surnaturel en un lieu précis où il participe à une réalité autre que la réalité profane.

Le pèlerinage constitue souvent une importante source de revenus pour l'industrialisation du tourisme et participe au développement de la religion concernée : c'est par exemple la présence de Lourdes qui fait de Pau-Pyrénées un aéroport international.

Sur une entité géopolitique comme le bassin méditerranéen, ce sont quatre « cultures-monde » liées aux identités religieuses chrétiennes (catholique et orthodoxe) judaïques et musulmanes[3] qui constituent la base d'un fort flux touristique dans cette région du monde. Mais au-delà du seul aspect économique, la circulation de personnes désintéressées, curieuses et animées d'un idéal crée des interactions propres à ouvrir et à renforcer en même temps l'identité des cultures concernées (sur les lieux d'origine, d'arrivée et de passage). Ces voyages hésitent ainsi souvent entre le pèlerinage stricto sensu et le tourisme religieux.

En 2016, le nombre annuel de pèlerins est estimé à 500 millions, dont 80 % concernent l'islam, le bouddhisme et surtout l'hindouisme : le Khumba Mela hindou avait ainsi réuni plus de 100 millions de personnes[4], les pèlerinages chrétiens représentant 90 à 100 millions de pèlerins, soit 20 % des pèlerins.

Religions disparues

Les premiers pèlerinages remontent à la préhistoire, car le site de Stonehenge en a des traces physiques. Les pèlerinages de la religion grecque antique se développent dans l'Antiquité au niveau d'un sanctuaire (sanctuaire grec d'Épidaure ou sanctuaire d'Esculape, l'équivalent romain d'Asclépios), d'une source, d'une grotte (grotte d'Amphiaraos, de Trophonios) ou d'un puits. On pratique souvent dans le bassin méditerranéen l'incubation, rite divinatoire consistant généralement à dormir près de ces lieux pour obtenir, sous la forme d'un songe, les prescriptions d'un dieu guérisseur[5].

Pèlerinages juifs

Pierre tombale du Baal Shem Tov

Jérusalem, Israël, Judée et Samarie sont les grands lieux de pèlerinage du judaïsme, particulièrement le dernier mur du Temple de Jérusalem et le tombeau d'Abraham, de Jacob et des matriarches, à Hébron.

Des tombes de rabbins remarquables par leur sagesse donnent lieu à des pèlerinages en Israël et aussi en diaspora. On peut citer près de Safed la tombe de rabbi Meïr, celle du Baal Shem Tov en Ukraine, celle du rabbin Ephraim Al-Naqawa à Tlemcen en Algérie ou celle de Amram ben Diwan près de Ouazzane au Maroc et enfin celle du Saint juif " Youssouf (Joseph) Moôrabi, يوسف معرابي " visité généralement après la synagogue de la Ghriba (الـغْـــرِيـبَـــة) fondée au VIe siècle av. J.-C et située dans le village d’Erriadh (الرِّيَـــاضْ) - jadis nommé " El-Hara Ess'ghira, الحـــــارَة الصٌـغـيـــرة  " - sur l’île tunisienne de Jerba.

Pèlerinages chrétiens

Pèlerinages catholiques

Pèlerin de Saint-Jacques-de-Compostelle avec sa besace, son bourdon et sa coquille Saint-Jacques fixée au chapeau, gravure de 1568.

Les pèlerinages se développent au IIIe siècle sur les principaux lieux saints mentionnés dans les Évangiles et l'Ancien Testament et dont Origène a recherché les traces, particulièrement sur les lieux de la Passion du Christ comme le site du Saint-Sépulcre[6]. Considérés comme une part essentielle du christianisme par l’édit de Milan promulgué en 313[7], ils se multiplient surtout à partir du IVe siècle qui voit la découverte légendaire de la Sainte Croix par sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin Ier et le développement, de manière désordonnée, des tombeaux des martyrs[8]. La plus ancienne description écrite de pèlerins chrétiens et de pèlerinage en Terre sainte est l’Anonyme de Bordeaux, récit qui raconte comment un habitant de Bordeaux s'est rendu en pèlerinage à Jérusalem en l'an 333. Les Pères de l'Église se méfient de ces premiers pèlerinages, sources de dissipation et d'abus tels que le péché de gourmandise, de la luxure[9] ou du commerce des reliques[10] (la maxime du moine Thomas a Kempis qui multum peregrinantur, raro sanctificantur[11] confirme ces craintes) et considèrent qu'ils ne sont pas nécessaires car le croyant peut honorer Dieu partout[12].

Les pèlerinages chrétiens au Moyen Âge, contrairement à une idée reçue développée au XIXe siècle[13], sont rarement des foules de personnes ne voyageant que par piété (pèlerinage pénitentiel ou lors de jubilés comme en attestent les archives de pénitencerie) sur des routes bien balisées, mais le plus souvent des voyages solitaires ou en petits groupes (essentiellement des hommes) mêlant de nombreux commerçants, sur des routes muletières (développement du pavage qu'au XIIIe siècle[14]). Ces petits groupes sont animés par des raisons pieuses ou moins pieuses : la foi, la repentance, le défi, les affaires, le « pèlerinage par procuration[15] » parfois dans le but de rompre avec sa famille, son milieu professionnel, parfois dans un but à dominante touristique (découverte de nouveaux monuments, cuisines, personnes)[16]. Les sanctuaires lointains sont la destination pour ceux qui en ont les moyens (« pèlerinage au long cours »). C'est ainsi que le Moyen Âge n'est pas l'âge d'or mais l'âge mythique du pèlerinage, les foules pèlerines de cette époque appartenant à l'imaginaire populaire[17]. C'est par contre à l'époque carolingienne que se développe la protection juridique du pèlerin et ainsi naît progressivement un ordre des pèlerins (ordo peregrinorum) et une loi des pèlerins (lex peregrinorum), constituant un statut du pèlerin[18]. C'est encore au Moyen Âge que s'organisent les grands sanctuaires de pèlerinage de la chrétienté qui jouent un rôle religieux, culturel mais répondent également à une nécessité économique (production et vente d'objets souvenirs, offrandes, structures d'accueil qui assurent d'importants revenus au sanctuaire)[19]. C'est aussi le moment où les pèlerins sont progressivement encadrés (gîte et couvert) en raison des dangers qui guettent les voyageurs mais aussi pour éviter que certains ne s'en servent comme alibi pour rompre avec leur milieu d'origine[20].

Le premier jubilé formellement organisé par la papauté fut celui décrété en 1300 par le pape Boniface VIII, invitant les chrétiens à se rendre à Rome pour bénéficier de l'indulgence plénière accordée auparavant aux Croisés, la perte du royaume de Jérusalem rendant difficile le pèlerinage à Jérusalem et développant fortement celui de Rome[21]. Le but premier du pèlerin médiéval est la possibilité de « toucher » les reliques qui lui assure, outre le sacrifice financier ou temporel qu'il suppose, une plus grande efficacité que la prière à distance du saint[22].

À partir du XIVe siècle, les lieux traditionnels de pèlerinage déclinent en raison du mouvement de devotio moderna qui privilégie le pèlerinage spirituel, intérieur[23], de l'insécurité des routes pendant la guerre de Cent Ans et des guerres de religion[24]. À partir du XVIe siècle (époque où le protestantisme condamne les pèlerinages, prétexte au vagabondage, au loisir ou à l'idolâtrie et où les États qui se centralisent veulent contrôler le déplacement de personnes[25]), le pèlerinage régional ou local, contrôlé par les clercs, est privilégié (« pèlerinage de recours » favorisé par les récits de miracles liés à des sanctuaires locaux, pèlerinage expiatoire et judiciaire[26]). Lorette et sa sainte Maison deviennent alors le lieu du pèlerinage le plus important de l’Occident chrétien, accueillant en son enceinte plusieurs centaines de milliers de pèlerins lors des jours saints, voyant également fleurir dans toutes l’Europe des lieux de culte en l’honneur de Notre-Dame de Lorette le plus souvent financés par les populations locales.

Au XVIIIe siècle, la philosophie des Lumières qui critique le commerce des reliques et le trafic d'indulgences dont le pèlerin peut bénéficier (notamment des prières ou mortifications réalisées dans son diocèse plutôt qu'effectuer un long pèlerinage) est en partie à l'origine du fléchissement du « pèlerinage au long cours », celui de proximité se maintenant[27]. Celui-ci se soldera par la mise sous scellé du sanctuaire de Lorette par Napoléon (avec la saisie des reliques et de la statue de la Madone, ainsi que le pillage et la destruction d’oeuvres d’art par ses troupes). Lorette redeviendra objet de pèlerinage local, oublié du reste de l’Occident.

Pèlerinage paroissial au XIXe siècle

Au XIXe siècle se redéveloppe le pèlerinage grâce à des modes de transport plus rapides tels les char-à-bancs pour le pèlerinage de proximité dont le renouveau est attesté par le processus de « recharge sacrale » de leurs sanctuaires (restauration de saints déjà existants, invention de nouveaux saints ou de nouvelles reliques), et les chemins de fer pour le « pèlerinage au long cours ». La réouverture du pèlerinage de Jérusalem favorise ce phénomène. Le culte marial se développe particulièrement au milieu de ce siècle, avec les pèlerinages pour Notre-Dame de Lourdes, Notre-Dame de La Salette ou Notre-Dame de Pontmain[28].

Madone de Lorette ou la Madone des pèlerins, Le Caravage

Beaucoup de pèlerinages actuels ne sont plus le fait de fervents pratiquants menant une démarche religieuse rigoureuse, mais sont utilisés pour obtenir une faveur divine (pèlerinage propitiatoire, notamment par la pratique de « déposer un ex-voto », pèlerinage de guérison), remercier d’une grâce obtenue (pèlerinage gratulatoire), ou faire du tourisme religieux au cours de vacances thématiques, de retraite spirituelle ou de visites de destinations culturelles. Il n'en reste pas moins qu'il y a un renouveau du pèlerinage au long cours depuis les années 1980, en lien avec la mode de la randonnée pédestre en liberté ou accompagnée[14]. Et le pèlerinage de saint Jacques de Compostelle, premier lieu de pèlerinage occidental a tout perdu de son prestige.

Principaux lieux de pèlerinages chrétiens actuels :

Et pour le Canada, les lieux suivants, qui ne sont pas forcément des destinations pour les pèlerins du monde entier :

Parmi les pèlerinages catholiques, on peut retenir un certain nombre de pèlerinages dédiés à la Vierge Marie, nommés pèlerinages mariaux. Parmi les autres lieux de pèlerinage européens d'importance, voir la liste de pèlerinages chrétiens.

Pèlerinages orthodoxes

Il existe aussi nombre de pèlerinages orthodoxes comme à saint Serge de Radonège à la Trinité-Saint-Serge, près de Moscou.

De nombreux chrétiens orthodoxes se rendent à la Basilique San Nicola à Bari depuis la chute du rideau de fer, afin de se recueillir devant les reliques de Nicolas de Myre.

Pèlerinages musulmans

En islam, le voyage pieux n'est permis que vers trois mosquées[29] : la mosquée al-Haram de La Mecque, la mosquée du Prophète à Médine et la mosquée al-Aqsa à Jérusalem.

Le pèlerinage, situé à La Mecque et ses proches environs, rassemble deux millions de pèlerins par an[30]. Il se subdivise en deux catégories :

  1. Le hajj (grand pèlerinage). Il s'effectue entre les 8 et 13 du mois lunaire de Dhû al-hijja. C'est l'un des cinq piliers de l'islam. Tous les musulmans aptes doivent si possible le faire au moins une fois dans leur vie.
  2. la 'umrah ou « petit pèlerinage » qui peut se dérouler à n'importe quelle période de l'année contrairement au « grand pèlerinage » qui se déroule invariablement aux mêmes dates.

Pèlerinages hindous

Glacier de Gangotri, la source du Gange

L'Hindouisme est une religion qui donne beaucoup d'importance aux pèlerinages. Le plus vieux pèlerinage du monde encore pratiqué est le pèlerinage hindou de Kurukshetra dans l'état indien de l'Haryana. Il y a plusieurs lieux saints d'une grande importance pour les hindous. Certains de ces derniers (en Inde) incluent :

  • Le Char Dham (en) / चार धाम, qui est le plus important de tous les pèlerinages hindous en Inde. C'est un circuit en quatre étapes, qui ont la particularité de correspondre aux quatre points cardinaux à travers le sous-continent. Ce pèlerinage s'est créé d'après les enseignements et le voyage du saint Adi Shankaracharya.
  • Le Jyotirlinga / ज्योतिर्लिङ्ग, le pèlerinage des douze linga de Shiva :
  • Le Kailash Mansarovar Yatra / कैलाश मानसरोवर यात्रा, le pèlerinage de la demeure de Shiva situé au Tibet.
  • Les Sapta Sindhu / सप्त सिंधू, sont les sept rivières sacrées de l'Inde. Elles font l'objet d'un pèlerinage visant à la purification et la salvation.
    • L'Indus - सिन्धु, fleuve le plus septentrional du pays, a longtemps été un cours d'eau très symbolique et spirituel dans la culture indienne. Ce cours d'eau est aujourd'hui principalement vénéré par les Sindis.
    • Le Gange - गङ्गा, fleuve le plus saint de l'Inde dont le pèlerinage est le plus important aux yeux des fidèles.
    • La Yamuna - यमुना, affluant du Gange qui a une importance particulière pour les Krishnaïtes, les Vishnouïtes Gaudiya et les dévots de Krishna, du fait de l'enfance passée par cet avatar sur les rives de cette rivière.
    • La Narmada - नर्मदा, fleuve de l’Inde centrale, est traditionnellement considérée plus pure que le Gange lorsque celui-ci est pollué par l’indifférence humaine.
    • Le Godavari - गोदावरी, fleuve du Deccan prenant sa source non loin de Nashik, devient un centre de pèlerinage important en temps de Pushkaram.
    • La Kaveri - कावेरी, fleuve sacré de l'Inde du Sud, est essentiellement vénérée par ses riverains, par les Vishnouïtes et les dévots de Ranganath (Vishnou).
    • La Sarasvati - सरस्वती , est le septième fleuve sacré de l'Inde, mais son culte n'est que très peu voire pas développé du fait que cette rivière a disparu entre -3000 et -2000. Sa localisation géographique va de l'Himalaya (Himachal Pradesh) jusqu'au Kutch (Gujarat) en passant par le Penjab et le Rajasthan. Ce fleuve, mentionné dans les Védas disparaît à la suite d'une catastrophe d'origine sismique ayant pour conséquence l'assèchement de son bassin fluvial et la création du désert du Thar. Cependant, plusieurs de ces anciens affluents (non himalayens) font l'objet de la continuité du culte.

Les hindous croient que venir dans ces endroits mène au moksha, la libération du cycle des renaissances, le saṃsāra.

Mont Kailash

Pèlerinages bouddhistes

Inde

Les bouddhistes du monde entier font, s'ils le peuvent, la visite des quatre lieux saints (concernant les faits historiques) liés à la vie de Gautama Bouddha :

  • Lumbinî, le lieu de sa naissance ;
  • Bodh-Gaya, le lieu où il a atteint l'illumination ;
  • Sârnâth (anciennement Isipathana), le lieu où il a fait son premier sermon ;
  • Kusinara (maintenant Kusinâgar, Inde), le lieu où il est mort.

Les quatre pèlerinages secondaires rappellent des faits « miraculeux » ; du nord-ouest au sud-est : Sâmkâsya (Descente des cieux Tusita), Srâvasti (Grand Prodige magique), Vaisâli (offrande du singe) et Râjagriha (subjugation de l'éléphant furieux).

D'autres lieux saints sont souvent insérés dans des circuits de pèlerinage bouddhiste en Inde et au Népal, tels que : Maha Kassapa Shrine sur la colline Hành Kukkutapa Tapada dans l'état de Bihar en Inde ; Dungeshwari Caverne ou Bouddha aurait médité quelque temps avant d'arriver à Bodh-Gaya ; l' Autel de Sujata, lieu où elle offrit un repas au futur Bouddha, après un long jeun. Ce lieu est dans l'état de Bihar en Inde, proche de Bodh-Gaya. Nâlandâ, qui fut la première université bouddhiste et qui attirait des étudiants du Tibet, de la Corée et d'Asie centrale. Elle fut détruite trois fois par des Invasions. Ses ruines se trouvent dans l'état de Bihar en Inde. Rajgir Gandhakuti la montagne de Griddhakuta, où Bouddha séjournait pendant les saisons de pluie. Etat de Bihar en Inde. Kapivalastu-Piprâwâ dans l'état d'Uttar Pradesh, en Inde Sankisa, ancien Samkashya, où Bouddha séjourna. Sravasti ou Sâvatthî (Pali) où Bouddha aurait prodigué deux miracles Egalement à Delhi où des reliques de Bouddha sont conservées au New Delhi Museum.

Tibet

Le mont Kailash et le lac Manasarovar, tous deux situés au Tibet occidental, lieux de pèlerinage hindou, sont également visités par des pèlerins bouddhistes tibétains et bön.

Japon

Au Japon, le plus connu des pèlerinages bouddhistes est le pèlerinage de Shikoku dont les pèlerins sont nommés henro.

Pèlerinages jaïns

La tour de la Renommée (Kîrti Stambha), à Chittor.

Les Jaïns aiment faire des pèlerinages (yâtrâ) à leurs nombreux lieux sacrés, à la fois pour raviver leur foi et pour rencontrer souvent parents et amis, lors de certaines fêtes ou foires ; les pèlerins marchent pieds nus et doivent monter souvent de nombreuses marches pour atteindre le sommet des collines qui mènent aux sanctuaires[31]. Parmi les lieux sacrés les plus fréquentés, on peut citer :

La plupart sont des sites avec des dharmashâlâ sur place ou à proximité, pour héberger pèlerins et visiteurs. Tout jaïn doit faire au moins un pèlerinage, dans sa vie, à l'un de ces lieux saints[31]. Néanmoins, on peut trouver des temples jaïns hors d'Inde, aux États-Unis, en Afrique et en Europe (en Grande-Bretagne tout particulièrement) ; le plus grand site de pèlerinage du jaïnisme en Europe, à l'heure actuelle, est le temple jaïn d'Anvers [32],[33],[34], en Belgique, qui, par ailleurs, est le plus grand temple jaïn hors d'Inde.

Pèlerinages baha’is

Bahá’u’lláh, dans le Kitáb-i-Aqdas, a prescrit le pèlerinage (ḥajj) vers deux endroits : la maison de Bahá’u’lláh à Bagdad en Irak, et la maison du Báb à Chiraz en Iran. Dans deux tablettes séparées, connues sous le nom de Suriy-i-Hajj, Bahá’u’lláh a prescrit des rites spécifiques pour chacun de ces pèlerinages. Le pèlerinage est recommandé pour les hommes et les femmes qui en sont capables, mais les croyants sont libres de choisir entre les deux destinations, chacune étant considérée comme suffisante. Actuellement, ces deux lieux de pèlerinage sont inaccessibles aux baha’is. Ce pèlerinage n’est pas considéré comme un pilier de la foi.

Plus tard, ‘Abdu’l-Bahá désigna le tombeau de Bahá’u’lláh à Bahji (la qiblah) comme lieu de pèlerinage (ziyarat) additionnel. Aucun rite spécifique n’a été prescrit pour ce lieu. À nouveau, ce pèlerinage n’est pas un pilier ni une obligation, mais une recommandation afin de rendre hommage aux personnes centrales : Bahá’u’lláh et le Báb. Beaucoup de baha’is le font[35].

Pèlerinages shintos

  • Mont Fuji, lieu de pèlerinage pédestre et de recueillement dans les sanctuaires shintos.
  • L'Ise-jingū, plus haut lieu du shintoïsme.
  • Les monts Kii, dont les routes de pèlerinage sont classées au patrimoine mondial de l'Humanité.
  • le sanctuaire Yasukuni, pèlerinage très controversé des nationalistes japonais

Autres

Le pèlerinage à Grand-Pré, au Canada, a lieu pour commémorer la déportation des Acadiens, ayant eu lieu à cet endroit en 1755. Ce pèlerinage n'est donc pas religieux, bien qu'il soit relié à la religion catholique car finissant à l'église-souvenir.

Le concept du pèlerinage a été également trouvé dans l'Amérique centrale précolombienne. Les lieux importants de pèlerinage étaient :

  • Teotihuacán (toujours visité des siècles après que ses bâtiments furent tombés en ruine), dit pour être le lieu où les dieux se sont réunis pour projeter la création de l'humanité ;
  • Chichén Itzá, particulièrement le Cenote sacré, un puits naturel consacré au dieu Chac de pluie, lieu de sacrifices ;
  • Izamal, consacré au dieu créateur Itzamna ;
  • Cozumel, consacré à Ix Chel, déesse de la lune et de l'accouchement.

Culture

Depuis mars 2020, « les pratiques d'itinérance et de pérégrination au Mont-Saint-Michel » en Normandie sont inscrites à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel de la France[36] en vue d'une candidature d'inscription sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité[37].

Notes et références

    1. Félix Gaffiot, article « Peregrinus », Dictionnaire latin français, Hachette, p. 1145, 1934
    2. http://www.levif.be/actualite/sciences-et-decouvertes/72-64-22964/stonehenge--lieu-de-pelerinage-therapeutique-en-2400-avant-jc-.html
    3. Mario d'Angelo, L'attractivité culturelle et touristique de la Méditerranée, Eurorient no 27, 2008, L'Harmattan, p. 140-148.
    4. Agnès Bernard, « Le pèlerinage aujourd’hui : entre socialité et hagiothérapie », Questions de communication, no 23, , p. 532
    5. Bernhard Kötting (de), Peregrinatio Religiosa. Wellfahrt und Pilgerwesen, in antike und alter Kirche, Ratisbonne-Munster, 1950, 473 p.
    6. (en) Robin Lane Fox, Unauthorized Version : Truth and Fiction in the Bible, Random House, , p. 235
    7. Jean-Michel Sanchez, Reliques et reliquaires, Éditions Grégoriennes, , p. 5.
    8. Jacques Briens, La Jérusalem byzantine reconstituée, in Le Monde de la Bible, hors-série trois religions à Jérusalem, 2008, p. 32-34
    9. Le pèlerinage est alors un prétexte pour des maris ou des jeunes hommes de rompre avec leurs familles et « partir à l'aventure ».
    10. leur culte, aussi ancien que celui des saints, permet de multiplier les lieux de pèlerinages, le nombre de tombeaux de martyres et de saints étant limités.
    11. « Ceux qui voyagent beaucoup se sanctifient rarement ».
    12. Thomas a Kempis, L'Imitation de Jésus-Christ, livre 1, chapitre 23
    13. Emmanuel Laurentin, « Le tourisme de masse », émission La Fabrique de l'histoire sur France Culture, 23 mars 2011
    14. Franco Cardini, « Pèlerinages et pèlerins au Moyen Âge », émission La Marche de l'Histoire sur France Inter, 28 mars 2013
    15. Pèlerin professionnel qui monnaye ses services pour remplace ceux qui ne peuvent ou ne veulent faire le voyage.
    16. Alphonse Dupront, Tourisme et pèlerinage : réflexions sur la psychologie collective, revue Communications, volume 10, no 10, 1967, p. 97-121
    17. Hélène Ferrarini, « Compostelle, un chemin réinventé », sur slate.fr,
    18. Pierre André Sigal, Les marcheurs de Dieu : pèlerinages et pèlerins au Moyen âge, Armand Colin, , p. 55.
    19. Denise Péricard-Méa, Les pèlerinages au Moyen Âge, Éditions Jean-Paul Gisserot, , p. 72.
    20. L'encadrement religieux des fidèles au Moyen-Age et jusqu'au Concile de Trente : la paroisse, le clergé, la pastorale, la dévotion, Comité des travaux historiques et scientifiques, , 751 p..
    21. André Vauchez, Rome au Moyen Age, Riveneuve éditions, , 515 p. (ISBN 978-2-36013-014-6 et 2-36013-014-5), p. 515.
    22. Arnaud Esquerre, Gérôme Truc, Jean-Marie Donegani, Yohann Aucante, Morts et fragments de corps, Les Presses de Sciences Po, , p. 60.
    23. Catherine Vincent, Identités pèlerines, Publication de l'Université de Rouen, (lire en ligne), p. 232
    24. Marie-France Chabaud, Les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France, Nouvelles Éditions latines, (lire en ligne), p. 7
    25. Développement de passeports, certificats et patentes pour distinguer vrais et faux pèlerins, notamment les mendiants ou les vagabonds. Source : René de La Coste Messelière, Édits et autres actes royaux contre les abus du pèlerinage aux xviie et xviiie siècles et la pérennité du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, Actes du 94e Congrès national des sociétés savantes, Bibliothèque nationale, 1971, p. 115-128
    26. Étienne Van Cauwenbergh, Les Pèlerinages expiatoires et judiciaires dans le droit communal de la Belgique au Moyen Âge, Louvain, , 244 p.
    27. Dominique Julia, Pèlerins et pèlerinages dans l’Europe moderne, École Française de Rome, , p. 3-126
    28. Philippe Boutry, Deux pèlerinages au XIXe siècle : Ars et Paray-le-Monial, Editions Beauchesne, , p. 195-196
    29. « 1re partie : La visite de la Mosquée du prophète (salallahu' alayhi wasalam) - Sounna.com », sur www.sounna.com (consulté le )
    30. (en) Marshall Cavendish, Illustrated Dictionary of the Muslim World, Marshall Cavendish Corporation, , p. 18
    31. Pierre Amiel, B.A.-BA Jaïnisme, Pardès, (ISBN 9782867144110)
    32. (en) « Monument Of Peace - Antwerp's Jain Temple & Meditation Centre 1 » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
    33. « Monument Of Peace - Antwerp's Jain Temple & Meditation Centre 2 » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
    34. (en) « Monument of Peace ►Jain Temple and Meditation Centre Antwerp ►A Jain Documentary Film @ HereNow4U », sur HereNow4U: Portal on Jainism and next level consciousness (consulté le ).
    35. (en) John Walbridge, « Bahaism : VIII. Bahai Shrines », Encyclopædia Iranica, Costa Mesa, Mazda, vol. 3, (lire en ligne)
    36. « Rituels », sur Ministère de la culture (consulté le )
    37. « UNESCO - Qu’est-ce que le patrimoine culturel immatériel ? », sur ich.unesco.org (consulté le )

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Philippe Boutry et Dominique Julia, Pèlerinages et pèlerins dans l’Europe moderne (XVIe-XVIIIe siècles), École française de Rome, 2000.
    • Béatrice Caseau, Jean-Claude Cheynet et Vincent Déroche, Pèlerinages et lieux saints dans l'Antiquité et le Moyen Âge. Mélanges offerts à Pierre Maraval, Association des amis du Centre d'histoire et civil, , 490 p.
    • Jean Chélini, Les Pèlerinages dans le monde à travers le temps et l'espace, Picard, , 134 p.
    • Dominique Julia, Le Voyage aux saints. Les pèlerinages dans l'Occident moderne (XVe-XVIIIe siècle), Paris, Éditions du Seuil, 2016.
    • Philippe Martin, Pèlerins : XVe-XXIe siècles, Paris, CNRS Éditions, , 272 p. (ISBN 978-2-271-09068-3)
    • Romain Roussel, Les pèlerinages à travers les siècles (coll. « Bibliothèque historique »), Payot, 1954, 336 p.
    • Catherine Vincent (dir.), Identités pèlerines : actes du colloque de Rouen, 15-16 mai 2002, Rouen, Publication de l'Université de Rouen, , 250 p. (ISBN 2-87775-373-5, lire en ligne)
    • Catherine Vincent, Cathédrale et pèlerinage, Louvain, BRHE, 2010.

    Articles connexes

    Liens externes

    • Portail des religions et croyances
    • Portail du tourisme
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.