Sunward (ferry)

Le Sunward est un ferry construit de 1965 à 1966 par les chantiers Bergens Mekaniske Verksted pour la compagnie norvégienne Kloster Sunward Ferries. D'abord exploité à partir de entre le Royaume-Uni, le Portugal, l'Espagne et Gibraltar, son exploitation sera interrompue en novembre à cause de sa non rentabilité. Fin 1966, le car-ferry intègre la flotte de la compagnie Norwegian Caribbean Line et devient ainsi le premier navire d'un des plus célèbres croisiéristes au monde à l'heure actuelle. Vendu à la Compagnie générale transméditerranéenne en 1973, le navire devient Île de Beauté et navigue sur les lignes entre le continent français et la Corse jusqu'en 1976. Revendu en 1977, le navire naviguera pour différents armateurs de part et d'autre du monde jusqu'en 2004, date à laquelle il est démoli au Bangladesh.

Empress

Le Sunward à Key West en 1970.
Autres noms Sunward (1966-1973)
Île de Beauté (1973-1977)
Grand Flotel (1977-1978)
Saudi Moon I (1978-1988)
Ocean Spirit (1988-1990)
Scandinavian Song (1990-1993)
Santiago de Cuba (1993-1994)
The Empress (1994-2003)
Type Ferry
Histoire
Chantier naval Bergens Mekaniske Verksted, Bergen, Norvège (#455)
Quille posée
Lancement
Mise en service
Statut Démoli à Chittagong en 2004
Équipage
Équipage 12 officiers et 76 à 111 hommes (selon saison)
Caractéristiques techniques
Longueur 139,43 m
Maître-bau 20,83 m
Tirant d'eau 5,26 m
Port en lourd 2 220 t
Tonnage 8 666 UMS
Propulsion 2 moteurs B&W 12-42VT2BF-90
Puissance 9 700 kW
Vitesse 20 nœuds
Caractéristiques commerciales
Pont 9
Capacité 1 110 passagers
170 véhicules
Carrière
Armateur Kloster Sunward Ferries (1966)
Norwegian Cruise Line (1966-1973)
CGTM (1973-1976)
SNCM (1976-1977)
Eastern Gulf (1977-1978)
Saudi Maritime Transport Company (1978-1984)
Sabah Maritime Services (1984-1988)
Ocean Quest International (1988-1990)
Ferry Charter (1990-2003)
Jaisu Shipping (2003)
Sembawang (2003-2004)
Affréteur Ocean Spirit Shipping (1988-1990)
SeaEscape Cruises (1990-1991)
Nordisk Færgefart (1991-1993)
SeaEscape Cruises (1993)
Ach Shipping (1993-1994)
Empress Cruises (1994-2003)
Pavillon Norvège (1966-1973)
France (1973-1977)
Panama (1977-1978)
Arabie saoudite (1978-1988)
Bahamas (1988-2004)
Panama (2004)
Port d'attache Oslo (1966-1973)
Marseille (1973-1977)
Panama (1977-1978)
Jeddah (1978-1988)
Nassau (1988-2004)
Panama (2004)
Indicatif (LGTS[1]) (1966-1973)
(FNNE) (1973-1977)
(C6DW2[2]) (1988-2004)
IMO 6610663

Histoire

Origines et construction

Dans les années 1960, l'armateur norvégien Knut Kloster crée la compagnie Kloster Sunward Ferries, et commande par la suite un premier navire aux chantiers navals Bergens Mekaniske Verksted de Bergen, le futur Sunward. La mise sur cale a lieu le et le navire est lancé le . Le Sunward est un car-ferry aux allures de paquebot de croisière, ses installations sont, en effet, très luxueuses et la totalité de ses cabines sont équipées de sanitaires complets. L'aspect extérieur du navire, semblable à celui d'un yacht, est pour le moins original. Le Sunward est livré à son armateur le .

Service

Le , le Sunward est mis en service entre le Royaume-Uni et la péninsule Ibérique. Le navire dessert, au départ de Southampton, l'Espagne, le Portugal et Gibraltar. La compagnie offre même la possibilité, en partenariat avec la compagnie suédoise Tor Line, d'acheter directement en Espagne des billets pour rallier la Suède depuis le Royaume-Uni. Cependant, la ligne se révèle non rentable et des complications liées à des problèmes diplomatiques entre le Royaume-Uni et Gibraltar servent de prétexte à la compagnie pour interrompre le service en novembre, cinq mois seulement après son ouverture.

Désormais sans affectation, le Sunward est désarmé à Oslo. La compagnie finlandaise Silja Line est un temps intéressée par l'achat du navire mais refusera finalement de l’acquérir, le Sunward n'étant pas équipé d'une coque brise-glace. En , Knut Kloster fonde avec l'homme d'affaires israélo-américain Ted Arison la compagnie Norwegian Caribbean Lines. Le Sunward est directement intégré à la flotte du nouvel armement et quitte la Norvège pour Miami. Le navire est alors affecté à la liaison entre Miami et les Bahamas ainsi qu'à des croisières dans les caraïbes avec toujours comme point d'ancrage, le port de Miami. Ces croisières se révèleront être un véritable succès, de plus, la qualité des installations du Sunward fait que celles-ci sont parfaitement adaptées à la clientèle américaine.

Rapidement, Norwegian Caribbean Lines met en service de nouveaux navires, le Starward en 1968, le Skyward en 1969 et le Southward en 1971. Tous sont plus grands et offrent un confort supérieur au Sunward, de plus, le garage, encore présent sur le Starward, est supprimé sur les deux derniers navires. Obsolète, le Sunward est retiré du service à l'issue de l'été 1972.

Le , le Sunward est vendu à la Compagnie générale transméditerranéenne qui cherchait depuis quelques mois un navire afin de pallier le retard de livraison de son futur car-ferry, le Provence. En effet, les chantiers italiens de Pietra Ligure, constructeurs de la nouvelle unité sont en faillite et le navire, devant être mis en service courant 1972, demeure inachevé. Afin de pouvoir acquérir un remplaçant dans un court délai et dans les meilleures conditions financières, la CGTM et le Crédit Lyonnais conviennent, le , de constituer un GIE pour dix ans. Le GIE « Île de Beauté » est constitué le , le Crédit Lyonnais contribuant uniquement au financement, la CGTM ayant la possibilité de racheter à tout moment le navire.

Le Sunward quitte Miami le et arrive à Marseille le . Après une visite en cale sèche, il est livré à la CGTM le et devient l’Île de Beauté. Quelques travaux, assurés par la SPAT, sont prévus, tels que l’extension du pont lido au niveau de la piscine et l’installation de 368 fauteuils pullman tout en haut du navire, en lieu et place d’un bar-salon panoramique, afin d’accroître la capacité passagers. Les essais en mer ont lieu le .

L’Île de Beauté est mis en service le . Il quitte Marseille, à 19h30, pour Ajaccio où il arrive le lendemain à 7h00. Dès le premier mois d’exploitation le navire est apprécié par la clientèle pour le confort et les prestations qui y sont proposés. Mais le navire souffre de retards dus à l’inadaptation de la porte arrière aux quais, ce qui ralentit les opérations commerciales, et à son manque de puissance, préjudiciable lorsque les conditions météo sont défavorables.

La qualité des prestations offertes par le navire conduit la CGTM à l'employer pour de courtes croisières. Ainsi, en 1974, a lieu la «Croisière de Pâques», du au , au départ de Marseille, l’Île de Beauté fait escale à Naples, Le Pirée, Istanbul, Izmir et Heraklion avant de retourner à Marseille. Cette première croisière est considérée par le commandant Mouilhade comme une réussite due en grande partie à la qualité de l’accueil, de la table et de l’animation. Le personnel a fait, avec le sourire, un très louable effort pour contenter une clientèle inhabituelle, qui, dans sa très grande majorité, a manifesté sa satisfaction avec beaucoup de spontanéité.

Devant le succès de cette croisière, une seconde nommée cette fois «Croisière plein Jour» est organisée du au toujours au départ de Marseille, l’Île de Beauté fait escale à Corinthe, Le Pirée, Izmir, Delos, Mykonos, Rhodes, Naples et regagne Marseille. Cette croisière a été une nouvelle affirmation des qualités du navire dans ce domaine.

L‘Île de Beauté à Ajaccio en 1976.

En période hivernale, l’Île de Beauté se partage entre Nice (avec deux sorties en mer à la journée depuis ce port vers la riviera Italienne) et Marseille pour desservir la Corse.

Le navire va mettre en exergue ses prédispositions pour la croisière au printemps 1975 avec le programme suivant : du 15 au est organisée la croisière «Ricard» avec 472 passagers, au départ de Marseille, le navire escale à Valence et à Alicante avant de retourner vers la cité phocéenne. Du au est réalisée la croisière de Pâques avec 352 passagers emmenant le navire à Alexandrie, Beyrouth, Haïfa et Rhodes. Du au l'Île de Beauté effectue la croisière du 1er Mai à Barcelone et dans les Baléares. Du 7 au a lieu la croisière de l’Ascension le long de la côte italienne et du 13 au , le navire réalise la croisière de Pentecôte entre Marseille, Ajaccio, Civitavecchia, La Valette et Cagliari.

Bien qu’apprécié par la clientèle, l’exploitation de l'Île de Beauté est déficitaire. Il est décidé, lors du processus de création de la SNCM, de le conserver uniquement pour la saison 1976, pour se prémunir d’un éventuel retard dans la livraison du Napoléon, alors en construction à Nantes. Cette décision suscitera de vives réactions de la part des syndicats et entrainera un blocage du navire à Bastia[3].

Du au , lors d'une longue croisière nommée «Voyage exposition», l’Île de Beauté va être amené à croiser dans des eaux encore inconnues pour les navires à passagers de la CGTM. Il va effectuera le parcours Marseille - Alexandrie - Port-Saïd - Djeddah - al-Hodeïda - Mascate - Abu Dhabi - Koweit - Damman - Bahrein - Doha - Dubai - Aden - Suez - Alexandrie - Tripoli - Marseille. Du au 1er avril, le navire effectue la «Croisière de Printemps» en Mer Égée. Durant l’arrêt technique du 8 au , les cheminées sont peintes aux couleurs de la SNCM. Au mois de mai 3 mini croisières sont proposées : Marseille - Ajaccio - Tunis - Bastia - Marseille (avec des passagers de lignes pour la Corse), Marseille - Tunis - Marseille et Marseille - Porto Torres - Palma de Majorque - Marseille. Ces trois croisières connaissent un nouveau succès.

Le , l’Île de Beauté arrive à 8h30 à Marseille en provenance de Bastia pour son dernier voyage commercial sous les couleurs de la SNCM[4].

Vendu par la SNCM le à Eastern Gulf Inc et livré le , le navire est transformé en hôtel flottant de 225 chambres et prend le nom de Grand Flotel. Il demeure dans le port de Charjah aux Émirats Arabes Unis.

En 1978, vendu à Saudi Maritime Transport Company, il devient le Saudi Moon I et navigue de nouveau, sous pavillon saoudien. Il transporte des pèlerins entre Suez, Aqaba et Jeddah.

En 1984, il passe sous les couleurs de Sabah Maritime Services.

En 1988, il est acquis par la compagnie américaine Ocean Quest International. Transformé à Singapour, il est rebaptisé Ocean Spirit et effectue des croisières vers le Mexique, Belize et le Honduras.

En 1990, il est racheté par Ferry Charter qui l'affrète à plusieurs compagnies : SeaEscape Cruises qui le fait naviguer en Floride sous le nom de Scandinavian Song de 1990 à 1991, Nordisk Færgefart qui l'emploie dans les Îles vierges américaines de 1991 à 1993, SeaEscape de nouveau qui l'arme cette fois entre les États-Unis et les Bahamas jusqu'en novembre, Ach Shipping qui l'utilise pour des croisières basées à Cuba sous le nom de Santiago de Cuba jusqu'à la faillite de la compagnie en 1994, puis enfin, le navire est affrété par Empress Cruises pour des croisières entre la Malaisie et la Thaïlande sous le nom de The Empress jusqu’à son désarmement à Singapour en 2002.

Le navire sert par la suite d'hôtel flottant au Timor oriental durant six mois, puis est vendu à la société Jaisu Shipping en 2003. Il regagne Singapour sous le nom d'Empress et est de nouveau désarmé.

L'Empress est vendu à la démolition en 2004, il quitte Singapour en avril sous pavillon panaméen pour Chittagong au Bangladesh qu'il atteint le 26. Les travaux de démolitions débutent au début de mois de mai et s'achèvent quelque temps plus tard[5].

Aménagements

Locaux publics

Le Sunward proposait à ses passagers des installations d'un confort exceptionnel pour un car-ferry. Lors de sa carrière sous pavillon français, le navire était équipé d'un restaurant Le Méditerranée, d'un self-service L’Étape, d'un bar-club donnant sur la piscine et d'un grand bar-salon Le Grand Large et à l’avant du pont des embarcations, une véranda et un cinéma de 90 places. S'il est probable que les aménagements intérieurs aient changé les années suivant la vente du navire par la SNCM, peu d'informations existent quant à leurs disposition.

Cabines

Le Sunward était équipé de 200 cabines à deux, trois ou quatre lits avec sanitaires complets. Lorsque le navire a été acquis par la CGTM, un salon de 368 places assises en fauteuils pullman est installé à la place du bar panoramique.

Caractéristiques

Le Sunward mesurait 139,43 mètres de longueur pour 20,83 mètres de largeur, son tonnage était de 8 666 UMS. Le navire avait une capacité de 1 110 passagers et était pourvu d'un garage pouvant contenir 170 véhicules et accessible par une porte rampe arrière de 5 mètres de haut. La propulsion du Sunward était assurée par 2 moteurs diesel Burmeister & Weis 12-42VT2BF-90, 12 cylindres 2 temps suralimentés développant une capacité de 9 700 kW faisant filer le navire à une vitesse de 20 nœuds. Le car-ferry était en outre doté d'un propulseur d’étrave et de deux systèmes de stabilisation anti roulis ; l’un de type actif Denny-Brown et l’autre de type passif Flume. Le navire disposait de huit embarcations de sauvetage ouvertes de taille moyenne.

Lignes desservies

À sa mise en service, en 1966, le Sunward reliait le Royaume-Uni, l'Espagne, le Portugal et Gibraltar sur la ligne Southampton - Vigo - Lisbonne - Gibraltar pour le compte de Kloster Sunward Ferries. Fin 1966, le navire est transféré dans les Caraïbes et réalise des croisières Miami - Kingston - Port Antonio - Nassau - Miami sous les couleurs de Norwegian Cruise Line.

Pour le compte de la CGTM puis de la SNCM, de 1973 à 1976, le navire, renommé Île de Beauté, a desservi Bastia et Ajaccio au départ de Marseille, Toulon et Nice ainsi que Porto Torres au départ de Toulon pour la filiale CMT/S. Lors de ses exploitations en croisière, le navire a navigué en Méditerranée orientale, mais également en Mer Rouge et dans le Golfe Persique.

Exploité comme hôtel flottant sous le nom de Grand Flotel de 1977 à 1978, le navire reprend la mer sous le nom de Saudi Moon I et navigue sur la ligne Suez - Aqaba - Jeddah pour Saudi Maritime Transport Company puis pour Sabah Maritime Services jusqu'en 1988.

Pour Ocean Quest International, le navire assure des croisières sur l'axe La Nouvelle-Orléans - Cozumel - Belize - Cancún en 1988 puis sur St. Petersburg - Belize - Cozumel - Roatán - Guanaja en 1989.

Sous le nom de Scandinavian Song, le navire a effectué des croisières entre St. Petersburg et Miami pour le compte de la compagnie SeaEscape, San Juan - St. Thomas pour Nordisk Færgefart et Port Canaveral - Freeport pour SeaEscape de nouveau.

Le navire a un temps navigué dans les eaux cubaines sous le nom de Santiago de Cuba en 1993.

De 1994 à 2002, renommé The Empress, le car-ferry a navigué entre Port Kelang et Penang en Malaisie ainsi que vers Phuket en Thaïlande.

À partir de 2002, le navire ne reprend plus la mer jusqu'en 2004, où son dernier voyage le mène à Chittagong au Bangladesh où il est démoli.

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail du monde maritime
  • Portail des transports
  • Portail de la Norvège
  • Portail de la France
  • Portail de la Corse
  • Portail de la mer Méditerranée
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.