Station de biologie marine de Dinard

La Station de biologie marine de Dinard est officiellement dénommée « Centre de recherche et d'enseignement sur les systèmes côtiers » (acronyme CRESCO). Elle se trouve au n° 38 de la rue du Port-Blanc, à Dinard, dans le département d'Ille-et-Vilaine, en France. Le CRESCO est né de la volonté du MNHN et de l’Ifremer de favoriser les synergies scientifiques et mutualiser les moyens nautiques et expérimentaux. À son ancien emplacement du n° 17 de avenue George-V, l’établissement comptait aussi un espace ouvert au public : l’« aquarium et musée de la Mer », dont la création est due à la volonté conjointe du MNHN et de l’explorateur Jean-Baptiste Charcot, et qui a été définitivement fermé en 1996 par manque de fonds et en raison de l’ouverture la même année du grand aquarium Saint-Malo à huit kilomètres.

Descriptif

Le « Centre de recherche et d'enseignement sur les systèmes côtiers » fait partie du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) et emploie une quarantaine de scientifiques, de doctorants (étudiants préparant une thèse) et d’étudiants en master du Muséum, de l’Université de Rennes-1, de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Ces équipes de recherche mènent des recherches en biologie et en écologie marine des milieux marins côtiers[1].

L’originalité du CRESCO est de disposer sur un même site, de plateforme de recherche expérimentale, de moyens de recherche en mer (le chalutier scientifique Louis Fage de 10m de long, et le semi-rigide Marphysa, de 6,5 m) et de laboratoires d’analyse chimique et biochimique et de microscopie. Ces moyens permettent de développer une activité d’observation des écosystèmes marins, de la qualité des eaux marines et de l’état sanitaire des ressources exploitées. L’exceptionnelle ampleur des marées offre aussi un vaste champ d’études à large échelle de la biodiversité des estrans, des milieux sous marins et de leur évolution. Ainsi, de nombreuses études réalisées par les scientifiques du CRESCO ont des applications pratiques, économiquement et socialement importantes, visant à mieux connaître et comprendre la biodiversité, le fonctionnement des écosystèmes côtiers, leur qualité et leurs évolutions en réponse au activités humaines dans le contexte du changement global[2].

Historique

La première station marine

Depuis 1882, le Muséum national d'histoire naturelle comportait un laboratoire de recherche maritime installé dans l'ancien lazaret de l'île Tatihou[3]. En 1887 ce laboratoire devint la première station maritime du Muséum et resta en fonctionnement dans l'île Tatihou jusqu'en 1923[4]. L'année suivante, cette station fut transférée dans des locaux de la Marine nationale à Saint-Servan[5], et, en 1935, dans les villas « Sorrente » et « Bric-à-brac » à Dinard[6].

La terrasse de l’ancien « aquarium et musée de la Mer », avec vue vers Saint-Malo.

L'aquarium et musée de la Mer

Les villas « Sorrente » et « Bric-à-brac » ont été données au Muséum national d'histoire naturelle par la ville de Dinard en . Situées entre l’avenue George-V et le rivage, le long de la promenade du Clair de Lune, elles ont été construites respectivement en 1860 et 1875 et décorées par Lyona Faber et Robert Hamilton, dans le style des manoirs anglais avec escaliers complexes, charpentes apparentes lambrissées et cheminées ornées de carreaux en céramique. Du point de vue architectural, le musée de la mer et aquarium, décorés de statues, ont été construits par l’architecte Yves Hémar en 1935 et ajoutés aux villas qui abritaient des laboratoires, bibliothèques et salles de réunion. Un bassin d’acclimatation séparé du large par un enrochement, avait été aménagé au bas de l’institution[7].

La nouvelle station y fut inaugurée le . Assistaient à l'inauguration Lucien Kester maire de Dinard, Paul Lemoine directeur du Muséum national d'histoire naturelle et Abel Gruvel, professeur au Muséum et premier directeur du Laboratoire, comme en témoignait la plaque commémorative. L'« aquarium et musée de la Mer » comportait 25 aquariums révélant la flore et faune maritimes locales, et des salles « sèches » présentant les outils, les moyens et les méthodes de l’océanographie, retraçant les grandes campagnes d’exploration et montrant l’anatomie de divers animaux marins allant des coraux aux cétacés. L’intérieur avait été conçu pour donner au visiteur l’impression d’être l’hôte du capitaine Nemo, dans le sous-marin « Nautilus » imaginé par Jules Verne, observant à travers les hublots les habitants sous-marins de la côte d'Émeraude. Dans les salles « sèches », une exposition retraçait l'odyssée du commandant Charcot, père de l’océanographie moderne et explorateur polaire célèbre dans les années 1930, qui était à l’origine du projet d’un aquarium-musée et du transfert à Dinard de la station de biologie marine, dans le but d’encourager aussi bien la recherche que la diffusion des connaissances auprès du public[8].

L'aquarium de Dinard a disparu mais sa porte décorée a été préservée.

La présentation visait à la fois à émerveiller pour favoriser un transfert de connaissances, qu’à modifier des préjugés, des superstitions ou des croyances concernant le monde marin. Ce rôle a été parfaitement rempli durant des décennies et a créé de nombreuses vocations, à une époque où le documentaire sous-marin n’existait pas encore. Ce fut l’un des tout premiers aquariums publics en France, avec celui de Biarritz, celui d’Endoume à Marseille et celui de la Porte Dorée à Paris. L’établissement recevait 12 000 visiteurs chaque année[9].

Sur le toit-terrasse de l'aquarium qui dominait l’estuaire de la Rance, une statue a été amenée en 1936 du Jardin des plantes de Paris, à la demande du professeur Gruvel : une « Ève tentée par le serpent » du sculpteur Gaston Guitton, placée au centre du groupe de l’« Éden retrouvé » de 1875, et provenant de la Ménagerie. Mais à cette époque, la fausse pudibonderie de l’époque victorienne sévissait encore, et cette Ève, jugée « indécente et immorale » par une « ligue de vertu » locale, fut vandalisée en 1952[10]. Mieux admise au cours du temps, elle se trouve toujours dans l'établissement hôtelier qui a succédé à l'aquarium et musée de la mer sur leur ancien site[11].

En 1996, le manque de financements du Muséum et de la ville pour l’entretien, la rénovation et la mise en conformité des locaux aux nouvelles normes de sécurité, conduisent à la fermeture de l’aquarium-musée qui était confronté par ailleurs, pour la partie aquariologique, à la multiplication d’autres établissements comme le grand aquarium Saint-Malo ouvert cette même année à huit kilomètres de là. Au fil du temps, plusieurs projets de rénovation échouent pour les mêmes raisons financières, attisant l’intérêt des promoteurs immobiliers pour ce site très attractif : finalement, c’est l’établissement « Castelbrac » comprenant un hôtel de luxe, un bar, un restaurant et un salon de thé qui ouvre ses portes sur ce site en [12].

Le CRESCO (Centre de Recherche et d'Enseignement sur les Systèmes CÔtiers)

Né d'une volonté commune du MNHN et de l'Ifremer de réunir dans un même centre de recherche l’équipe de la station de biologie marine du MNHN installée dans la Villa « Bric à Brac » et celle de l’Ifremer installée à Saint-Malo intra muros, le CRESCO fut construit en 2008 sur un terrain de 4500 m2, donné par la Ville de Dinard au MNHN en échange de la reprise des villas de la promenade du Clair de Lune. Ce centre, inauguré en 2009, occupe une surface de 1300 m2 au n° 38 de la rue du Port-Blanc et comprend des laboratoires d’analyse et de recherche de pointe. Il a été financé par des subventions du MNHN, de la région Bretagne, du conseil général d’Ille-et-Vilaine et de fonds européens gérés par la ville de Saint-Malo[13].

Notes et références

  1. Source :
  2. Source :
  3. Jean-Marie Dewarumez, Historique des laboratoires maritimes du Boulonnais
  4. « Découverte de l'île de Tatihou », MNHN
  5. « L'étonnante histoire du petit aquarium de Dinard (1930-1997) », info Saint-Brieuc, 11 juillet 2012.
  6. Thomas Wayland Vaughan et alii, International Aspects of Oceanography: Oceanographic Data and Provisions for Oceanographic Research, National Academy of Sciences, Washington, D. C., 1997 (p. 118)
  7. Nathalie Le Roy, « Castelbrac. Un cinq étoiles les pieds dans l'eau à Dinard », Le Télégramme, (lire en ligne)
  8. Source :

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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