Siège de Tournai (1581)

Le siège de Tournai est un épisode de la guerre de Quatre-Vingts Ans qui voit Alexandre Farnèse assiéger la ville de Tournai, entre le et le .

Contexte

Au milieu du XVIe siècle, la Réforme recueillit une large audience à Tournai, malgré les efforts de Philippe II pour l'éradiquer. En 1566, une grande partie de la population était acquise au calvinisme. Les 23 et , les églises et les établissements religieux catholiques furent saccagés. Le gouvernement envoya Philippe de Montmorency, comte de Hornes, rétablir l'ordre. Jugé trop peu zélé, il fut rappelé à Bruxelles et remplacé par Philippe de Noircarmes, qui inaugura une période de répression. De à fin , 152 personnes furent exécutées sur la Grand-place de Tournai et de nombreux protestants tournaisiens choisirent l'exil.

À partir de 1568, les Pays-Bas connurent une longue période de troubles. En 1576, les États-généraux des Pays-Bas, exaspérés par la lourdeur des impôts et les exactions des troupes espagnoles, signèrent un traité connu sous le nom de Pacification de Gand, puis en 1577, un autre, appelé Union de Bruxelles, auxquels Tournai adhéra. En 1576, les États-généraux avaient nommé comme gouverneur de Tournai un homme qui leur était dévoué, Pierre de Melun. À la suite de la Pacification de Gand, de nombreux protestants rentrèrent à Tournai. En 1579, la situation dans le pays se compliqua : les « Malcontents » catholiques des provinces méridionales, inquiets face à la montée du protestantisme, fondèrent l'Union d'Arras. Les protestants répliquèrent par la création de l'Union d'Utrecht. Le nouveau gouverneur-général des Pays-Bas, Alexandre Farnèse, tira parti de cette fracture pour rétablir l'autorité du roi d'Espagne et s'allia aux Malcontents. Pierre de Melun, quant à lui, tout en s'efforçant d'administrer Tournai dans un esprit de conciliation entre protestants et catholiques, était foncièrement anti-espagnol et resta fidèle aux États-généraux.

Les Pays-Bas en 1579 : provinces membres de l'Union d'Utrecht (en bleu) et de l'Union d'Arras (en jaune).

Le siège

En 1581, Farnèse profita de son absence pour venir mettre le siège devant Tournai, dont la position stratégique ouvrait l'accès à la Flandre et aux provinces du nord. Alors que la situation de la ville, qui ne disposait que d'une maigre garnison face aux 16 000 fantassins et aux 5 000 cavaliers de Farnèse, semblait désespérée, les défenseurs furent galvanisés par Christine de Lalaing, princesse d'Epinoy, l'épouse du gouverneur Pierre de Melun. Animée d'une haine féroce contre le roi Philippe II, elle s'opposa aux notables qui souhaitaient négocier et encouragea les défenseurs par sa présence sur les murailles. Au bout de deux mois ponctués par 23 combats et 12 sorties des assiégés, la ville, n'espérant plus aucun secours, dut se résoudre à capituler le . Farnèse se montra généreux : il autorisa les défenseurs à quitter la ville avec armes et bagages et tint à saluer à cette occasion Christine de Lalaing qui avait suscité son admiration. Les protestants, dont beaucoup comptaient parmi les citoyens les plus actifs de la ville, s'exilèrent à nouveau. Leur départ contribua au déclin économique de la ville. Ruinée par la guerre, celle-ci ne se remit que très lentement sous le règne des archiducs Albert et Isabelle.

Voir aussi

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