Saint Théleau

Saint Théleau, dont le nom s'écrit aussi Thélo, Teilo (en anglais), Teliaw (en gallois), Telo (en breton), Thélio, Télio, Théliau, Téliau ou Télyo, fait partie des saints bretons plus ou moins mythiques dont la sainteté n'est pas reconnue officiellement par l'église catholique romaine. Certains voient en saint Théleau, comme en saint Edern, le dieu celte Cernunnos christianisé.

Théleau

Statue du saint à la base du calvaire de la chapelle éponyme de Plogonnec.
Saint
Naissance v. 485
près de Monmouth (Cambrie)
Décès v. 560 
Llandeilo (Cambrie)
Fête 9 février

Hagiographie

Théleau ou Teilo est né dans le pays de Galles. Son père s'appelle Ensic et sa mère s'appelle Guenhaff. Théleau vient au monde vers l'année 485 (dans la partie méridionale de la Grande-Bretagne, près de la ville de Monmouth). Une de ses soeurs nommée Anauued [Anawfedd] ayant épousé Budic fils de Kybydan un prince de Cornouaille en Bretagne, lorsque la peste jaune désole son pays, il se réfugia auprès de saint Samson, à Dol.

Il devient si proche de saint Samson que celui-ci lui confie la gestion de son monastère de Dol-de-Bretagne pendant ses absences fréquentes et prolongées notamment à la cour du roi Childebert Ier. Il serait resté 7 ans en Bretagne.

De retour en Cambrie avec son neveu Oudocée, il fonde le monastère de Llandeilo-Fawr dans le Dyfed et aurait occupé le siège épiscopal de Llandaf, succédant à saint Dubrice. Il est mort vers 560 dans son monastère de Llandeilo.

Selon une autre tradition, il aurait construit un ermitage dans le centre de la Bretagne en un lieu devenu par la suite Landeleau[1].

Deux « vies » de Saint Théleau nous sont parvenues. Une écrite en latin au XIIe siècle, c'est le livre de Llandaf, l'un des quatre principaux évêchés du pays de Galles, actuellement dans la banlieue de Cardiff, et une autre écrite en français au début du XIVe siècle et traduite du latin.

Au pays de Galles, à la fin du XIXe siècle, son crâne était toujours utilisé comme calice pour boire l'eau à la fontaine qui lui était consacrée dans des rites de guérison[2]

Saint Théleau est-il Cernunnos christianisé ?

Certains voient dans l’association deux saints bretons semi-légendaires, saint Edern et saint Théleau, tous deux traditionnellement représentés comme chevauchant un cerf, un héritage de la religion celte qui tenait la bête en grande vénération. La chute annuelle des bois suivie de repousse passait aux yeux des anciens pour être symbole de mort et de résurrection. Le cerf, on le sait était associé au culte rendu du dieu Cernunnos[3].

Ses traces en Bretagne

Locronan : la croix de Saint-Théleau (située sur le parcours de la Grande Troménie)

Saint Théleau a surtout laissé des traces au Pays de Galles où 25 lieux portent son nom, mais huit en Bretagne également. Théleau n'a apparemment jamais vécu en Basse-Bretagne ; il y est toutefois vénéré. À sa mort, le corps de saint Théleau se serait multiplié par trois, contentant ainsi les trois paroisses cambriennes qui l'avaient vu vivre : Penalun, Llandeilo Fawr et Llan Dâw[4]. On ignore comment certaines de ces reliques sont parvenues à Landeleau en Bretagne.

En Finistère

Dans le Finistère, deux églises, celles de Leuhan et de Landeleau (une fontaine Saint-Théleau existe aussi dans cette commune), et une chapelle à Plogonnec lui sont dédiées.

  • À Landeleau, le jour de la Pentecôte, on célèbre la fête du saint patron par une sorte de troménie[5]. C’est une longue procession, dite « tro ar relegoù » , le « tour des reliques », qui part de l’église paroissiale pour rejoindre la chapelle Saint-Laurent puis revient par un chemin en partie différent. La troménie de Landeleau en 1905 a été décrite par le chanoine Peyron, selon ce texte[6], « le dimanche qui précède la Pentecôte, au sortir de la messe célébrée à la chapelle N.-D. de Lannach, le bedeau monte sur le talus du placître et met en adjudication l'honneur de porter les reliques du saint au jour de la grande procession; comme il y a deux porteurs, ils s'entendent naturellement sur le prix maximum de leur enchère qui, cette année, est montée à 125 F. Les porteurs se choisissent alors deux gardes du corps qui, armés de baguettes blanches dont nous verrons tout à l'heure l'utilité, se tiendront constamment de chaque côté des reliques pendant la procession ». La procession était suivie par plus de 2000 hommes, beaucoup venant des paroisses voisines. La cérémonie commencée à 5 heures du matin se terminait vers 17 heures.
Abbaye Notre-Dame de Daoulas: statue de saint Thélo (XIIIe siècle)

Le saint est toujours représenté chevauchant un cerf (comme saint Edern). La légende rapporte qu’un seigneur de Châteaugal offrit à l’ermite le territoire qu’il pourrait enclore en une nuit, avant le chant du coq ; le saint se servit d’un cerf comme monture. L’étonnant dans cette légende, c’est que le saint n’a sans doute jamais mis les pieds dans cette paroisse du Poher. Pourtant la troménie fait halte au chêne de Châteaugal qui servit, selon la légende, de refuge au saint lorsqu'il fut attaqué par les chiens du seigneur du lieu (transposition là encore d'une chasse au cerf ?).

  • À Leuhan, l'église paroissiale Saint-Théleau date du XIVe siècle[7],[8].
  • À Locronan, le parcours de la Grande Troménie passe par la croix de Saint-Théleau.
  • À Plogonnec, la chapelle Saint-Théleau est sans doute la plus belle chapelle de la paroisse. Le clocher a été foudroyé en 1976 et reconstruit dans les années suivantes. Le grand pardon a lieu le dimanche après la Saint-Jean. Les archives indiquent qu’il y avait autrefois des concours de lutteurs. Les sonneurs étaient payés 8 livres (environ 100 euros). La chapelle et le calvaire rappellent le souvenir de saint Théleau qui y est représenté sur un cerf, symbole d’éternité[9].
  • À l'abbaye Notre-Dame de Daoulas: statue de saint Thélo du XIIIe siècle en bois polychrome

Dans les autres départements

Dans les Côtes-d'Armor :

Dans le Morbihan :

Notes et références

  1. Pierre-Roland Giot, L. Fleuriot, G. Bernier, B. Merdrignac et P. Guignon, "Les premiers bretons. La Bretagne du Ve siècle à l'an 1000", éditions Jos, 1988, (ISBN 2-85543-083-6).
  2. Mythologie française : bulletin de la Société de mythologie française, Numéros 209 à 210, La Société, 2002, p. 4.
  3. « http://catholique-quimper.cef.fr/decouvrez_notre_patrimoine/les-pardons/bol-d-air-breton/copy_of_saint-edern/ »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  4. The Book of Llan Daw, cité par Joël Hascoët dans Les landeleausiens et le deuil dans la troménie de Landeleau, maîtrise de mémoire d'ethnonlogie.
  5. Joël Hascoët, La Troménie de Landeleau, éditions Kan an Douar, 2002, 310 pages, consultable « http://www.anthropologiereligieuse.org/pdf/Joel%20Hascoet%20-%20Livre%20La%20trom%E9nie%20de%20Landeleau%20ita.pdf »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  6. « La troménie de Landeleau en 1905 », sur Bretagne.com (consulté le ).
  7. « Monuments à Eglise Paroissiale Saint Théleau », sur patrimoine-de-france.com (consulté le )
  8. « Leuhan : Histoire, Patrimoine, Noblesse (commune du canton de Châteauneuf-du-Faou) », sur www.infobretagne.com (consulté le )
  9. (en) « Chemins-Bretagne - QQ Poker - Judi Online - Poker Online - IDN Poker », sur Chemins-Bretagne (consulté le ).
  10. http://www.infobretagne.com/saint-thelo.htm.
  11. http://www.infobretagne.com/pledeliac.htm.
  12. http://www.infobretagne.com/landaul.htm.
  13. Bernard Rio, L'arbre philosophal, éditions L'âge d'homme, 2001[ (ISBN 2-8251-1563-0)].

Voir aussi

Bibliographie

  • Anatole Le Braz, Les Saints bretons d'après la tradition populaire en Cornouaille, paru dans Les Annales de Bretagne, 1893-1894, puis, en recueil à Paris : chez Calmann-Lévy, 1937, p.101-121
  • (en) Peter Bartrum, A Welsh classical dictionary: people in history and legend up to about A.D. 1000, Aberystwyth, National Library of Wales, (ISBN 9780907158738), p. 693-695 TEILO, ST. (500?)

Article connexe

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