Rue d'Alésia

La rue d’Alésia est une rue du sud de Paris (France), qui parcourt le 14e arrondissement d’est en ouest sur toute sa longueur (2 400 mètres[1]). Son tracé est parallèle aux boulevards des Maréchaux.

Pour les articles homonymes, voir Rue d'Alésia (homonymie).

14e arrt
Rue d’Alésia

Rue d'Alésia en direction du métro Plaisance.
Situation
Arrondissement 14e
Quartier Parc-de-Montsouris
Petit-Montrouge
Plaisance
Début Rue de Tolbiac
Fin Rue de Vouillé
Morphologie
Longueur 2 400 m
Largeur 20 m
Historique
Création 1864
Géolocalisation sur la carte : 14e arrondissement de Paris
Géolocalisation sur la carte : Paris
Images sur Wikimedia Commons

Situation et accès

Rue animée sur l'ensemble de son parcours, elle est bordée d’arbres (des Sophora japonica depuis les années 1950) et prolongée à l’est par la rue de Tolbiac (13e arrondissement), à l'ouest par la rue de Vouillé (15e arrondissement). Elle coupe l'avenue du Général-Leclerc à hauteur de la place Victor-et-Hélène-Basch, dominée par l'église Saint-Pierre de Montrouge.

D'est en ouest, la rue d'Alésia croise la rue de la Glacière, la rue de la Santé, l'avenue René-Coty, la rue de la Tombe-Issoire, l'avenue du Général-Leclerc, le rue des Plantes, la rue Raymond-Losserand et la rue Vercingétorix.

À la hauteur de la rue Broussais, elle passe sous un pont de la ligne B du RER d'Île-de-France et à hauteur de la rue Vercingétorix sous une passerelle qui assure la continuité de la coulée verte Vercingétorix (aménagée après l'abandon du plan autoroutier pour Paris) entre le square du Père-Plumier et le jardin Henri-et-Achille-Duchêne. Son extrémité ouest aboutit à la limite du 14e arrondissement. Cette dernière est marquée par un pont ferroviaire de la SNCF (encore surnommé Pont-aux-Bœufs en 1898[2]) qui franchit la rue Vouillé, située dans le 15e arrondissement.

Le trajet de la ligne RATP62 emprunte la rue d'Alésia dans les deux sens (est-ouest et ouest-est).

La rue d'Alésia est desservie par les stations de métro Alésia et Plaisance .

Origine du nom

Cette voie porte depuis 1869 le nom de la ville gauloise d'Alésia célèbre par le siège qu'elle soutint contre Jules César[1].

Historique

Perspective de la section est de la rue d'Alésia, prise de la place Victor et Hélène Basch

Cette rue résulte de la fusion par décret du  :

  • d'une voie ouverte de 1863 à 1870 entre l'avenue Reille et la place Victor-et-Hélène-Basch, appelée « rue d'Alésia » ;
  • d'une voie située entre la place Victor-et-Hélène-Basch et la rue Vercingétorix à l'état de chemin champêtre appelée « chemin de la Justice »sur le plan de Roussel de 1730. Ce nom était lié à la présence d'un gibet de la justice seigneuriale de l'abbaye de Sainte-Geneviève qui se dressait probablement à l'emplacement du débouché de l'impasse Florimont. L'abbaye de Sainte-Geneviève dont le fief s'étendait sur une grande partie de l'actuel 14ème arrondissement et au-delà jusqu'à Vanves et Montrouge détenait le pouvoir de basse, moyenne et haute justice jusqu'en 1674. Les fourches patibulaires où étaient suspendus les cadavres étaient destinées à dissuader les malandrins. Ces installations macabres qui figurent sur certaines cartes du XVIIIe siècle furent détruites longtemps après l'abolition de l'ensemble des justices seigneuriales parisiennes par Louis XIV en 1674[3]. Cette voie qui figure comme « chemin des Bœufs » sur le plan cadastral de Montrouge de 1804, fait ensuite partie de la route départementale no 10, nommée « route du Transit », puis « boulevard du Transit », à cause du chemin de fer, et enfin « rue d'Alésia » en 1868.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Le percement de la rue et son passage sous la ligne de Sceaux (photographie de Charles Marville).
  • Nos 11 : Domicile parisien de la résistante et artiste-peintre Marie-Therèse Auffray. Le jardin Marie-Therèse Auffray, qui porte son nom en sa mémoire, se situe à l'arrière de l'édifice.
  • Nos 11 bis et 11 ter : entre ces deux immeubles, passage des voies ferrées, en remblai, de la ligne B du RER (précédemment ligne du chemin de fer de Sceaux, inaugurée en 1846). Venant de la Gare de Denfert-Rochereau (initialement Embarcadère de la barrière d'Enfer, puis Gare de Sceaux), cette ligne débouche sur le côté opposé entre la rue Broussais et le no 9 puis franchit la chaussée et les trottoirs sur un pont ferroviaire en pierre achevé en 1868. La construction de cet ouvrage d'art précède de peu la fin du chantier de terrassement de la section est de la rue d'Alésia. Il fait partie du programme de restructuration et de prolongement de la Ligne de Sceaux jusqu'à Limours, avec modification du parcours et élévation des voies sur un remblai à la traversée du plateau de Montsouris. Cette partie de l'ancien territoire de la commune de Montrouge annexée à Paris en 1860 est alors marquée par de profondes transformations[5]. L'établissement du remblai a nécessité une modification du tracé initialement projeté, en 1863, de la portion sud de la rue Broussais[6] qui longe son mur de soutènement.
  • No 12-14 : école élémentaire.
  • No 20 bis : sur la façade, sculpture d'un couple surmonté d'une coquille, réalisée par Jean-Pierre Gras[7].
  • No 62 : la brasserie Le Zeyer.
  • No 72 : l'écrivain belge d'expression française J.-H. Rosny aîné (Joseph Henri Honoré Boex, 1856-1940), auteur de La Guerre du Feu (1909, en feuilleton) y vécut en 1910, avant d'emménager au 39, rue Didot[8] en 1911, puis au 47, rue de Rennes en 1912, où il mourut en 1940.
  • No 75-77 : collège Jean-Moulin.
  • No 126 : demeure du peintre Gabriel Moiselet dans les années 1945-1950.
Groupe scolaire, 132, rue d'Alésia, en 2012.
  • No 132 : Le long bâtiment en pierre meulière, d'aspect un peu fruste, où sont dispensés les cours municipaux d'adultes abrite également les cours du soir du Lycée d'adultes de la Ville de Paris (LMA) dit aussi Lycée d'adultes Philippe-Leclerc-de-Hauteclocque, établissement unique en France, institué en 1980 par le Conseil de Paris[9].
L'édifice est représentatif de l'architecture scolaire française de la fin du XIXe siècle. Il a été conçu en 1872 sous la dénomination « groupe scolaire rue d'Alésia », par l'architecte Émile Vaudremer (1829-1914) selon les principes du rationalisme structurel pour accueillir un établissement public regroupant un « asile » (ultérieurement école maternelle) pour les enfants en âge pré-scolaire de mères travailleuses, et deux écoles élémentaires, nettement distinctes qui se jouxtent sous le même toit, destinées respectivement l'une aux garçons et l'autre aux jeunes filles[10]. Chacune de ces trois structures avait sa propre entrée et comprenait deux préaux (dont l'un couvert) et les logements du directeur, des maîtres d'école et du concierge (dans l'école des garçons) ainsi que ceux de leurs collègues féminines (dans l'école des filles et dans l'asile)[11].
En 1894, le conseil de Paris donna un avis favorable pour l'établissement, dans l'école des garçons, d'une bibliothèque municipale de prêt gratuit à domicile[12]. Celle-ci précéda la Bibliothèque du Maine, installée dans la mairie du 14e arrondissement en 1936, elle même remplacée par la Bibliothèque Georges-Brassens, ouverte en 1999 rue Gassendi, dans un nouvel édifice spécialement conçu à cet effet.
Boulangerie-pâtisserie,
au 155, rue d'Alésia, en 2011.
  • No 155 : au rez-de-chaussée de cet immeuble d'habitation située à l'angle de la rue Furtado-Heine fut ouverte, vers 1900, la boulangerie-pâtisserie qui est toujours en activité. Elle conserve à l'extérieur un décor de toiles peintes fixées sous verre et dans la boutique un plafond peint, réalisés par l'atelier Benoist et Fils. La devanture et le décor intérieur sont inscrits au titre des monuments historiques[13].
Le , un avion biplan français s'écrasa sur le trottoir devant le 155 de la rue d’Alésia, brisant la vitrine situé à droite de la porte d'accès de la boulangerie. Le sergent aviateur Fustier, pilote de l'appareil, avait connu une certaine notoriété au cours des hostilités de la Première Guerre mondiale[14]. Ce jour-là, il s’était trouvé en panne sèche en survolant Paris à basse altitude et avait tenté de se poser en prenant en enfilade la rue d'Alésia, provoquant au passage la chute de branches d'arbres qui blessèrent légèrement une fillette du quartier que l'on conduisit à l'hôpital des Enfants Malades. L'aile droite de l'avion accrocha le jambage de la fenêtre du premier étage, le nez bascula et s’encastra dans le trottoir, laissant par miracle le fuselage suspendu à la verticale (voir des photos[15]). Le pilote, apparemment indemne, sortit de l’appareil avec quelques égratignures causées par des branches d'arbres[16], mais il s'avéra qu'il avait été si grièvement blessé dans le choc, qu'il dut être trépané à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce[17],[18]. Il mourut la même année des suites de ses blessures[19].

Galerie



Références

  1. Nomenclature officielle des voies publiques et privées parisiennes, www.v2asp.paris.fr.
  2. Jean-Louis Robert, Plaisance près Montparnasse. Quartier parisien 1840-1985, Publications de la Sorbonne, 2012 (ISBN 978-2-85944-716-8), p. 271. L'auteur indique comme source Le Journal du 26 février 1898.
  3. Thomas Dufresne, « Le gibet de la rue d'Alésia », Revue d'histoire du 14e arrondissement de Paris, 1998 n° 42, p. 118-119 (ISSN 0556-7335)
  4. MM. Alphand, A. Deville et Hochereau, Recueil des lettres patentes, ordonnances royales, décrets et arrêtés préfectoraux concernant les voies publiques.
  5. « Les travaux de Paris », Le Petit Journal (Parti social français) du 18 août 1868, p. 3 (lire en ligne sur le site gallica de la BnF).
  6. « Rue Broussais », Nomenclature des rues de Paris, mise en ligne par la Mairie de Paris.
  7. « 20 bis rue d'Alésia », patryst.com (consulté le ).
  8. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, 1963, t. 1, 7e édition (ISBN 2-7073-0092-6), p. 71
  9. Site officiel du Lycée d'adultes de la Ville de Paris.
  10. L'ancien groupe scolaire correspond approximativement à actuelle école primaire qui réunit l'école maternelle et l'école élémentaire.
  11. Félix Narjoux, Les Écoles publiques. Construction et installation, en France et en Angleterre…, Paris, A. Morel, 1881 p. 264 et p. 262-263 pour les plans.
  12. Conseil municipal de Paris, Procès-verbaux. Année 1894 ; voir aussi le catalogue de la bibliothèque, édité en 1910.
  13. Monument historique répertorié dans la base Mérimé du ministère de la Culture sous la référence PA00086610.
  14. « Jour de l'An tragique », La Guerre aérienne illustrée, 21 juin 1917, p. 4 (lire en ligne sur le site gallica.bnf.fr de la BnF).
  15. Des photographies de l'accident sont mises à disposition ici.
  16. Paris au jour le jour. Les événements vus par la presse, 1900-1919, Éditions de Minuit, 1968, p. 631.
  17. Le Matin. Derniers télégrammes de la nuit, 7 avril 1917, p. 2 (lire en ligne sur le site gallica.bnf.fr de la BnF).
  18. Benoît Heimermann et Olivier Margot, L'Aéropostale. La fabuleuse épopée de Mermoz, Saint-Exupéry, Guillaumet, Arthaud, 1994, p. 161.
  19. Non loin du lieu de cet l’accident, la rue Severo et la rue Georges-Saché perpétuent depuis 1907 le souvenir de deux aéronautes qui périrent dans le 14e arrondissement, lors de la chute du ballon dirigeable Pax, tombé en 1902 sur la chaussée du Maine (devant le no 79 de l'actuelle avenue du Maine).
  20. Frédéric Encel, « Les vengeurs de Munich », L'Histoire, no 306, février 2006, p. 28-29.

Article connexe

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