Pointe (archéologie)

En archéologie préhistorique, une pointe est un objet taillé fixé sur un manche en bois, pour former une arme d'estoc, comme un épieu, un poignard, ou une arme de jet, comme une lance, une sagaie, une flèche.

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Pointes de flèche sahariennes
Pointe de flèche en pierre taillée

Description

Les pointes sont souvent de riches indices sur le passé préhistorique, tant chaque culture a pu spécialiser leur fabrication avec ses propres caractéristiques. Les analyses de ces particularités ainsi que de la roche qui a servi à la fabrication peuvent permettre de trouver leur région d'origine et d'imaginer des échanges commerciaux.

Les pointes les plus anciennes sont en pierre taillée, puis on en trouve faites de bois de cervidé ou d'os. Avec l'émergence de la métallurgie, les pointes ont été forgées plus tard en bronze, puis en fer.

Paléolithique moyen

L'apparition de pointes lithiques emmanchées dans le registre archéologique est l'un des marqueurs du début du Paléolithique moyen, avec les nouvelles méthodes de débitage de la pierre, telles que la méthode Levallois[1].

Pointe des Cottés

Tirant son nom de la grotte des Cottés à Saint-Pierre-de-Maillé (Vienne), elle est un fossile directeur du Châtelperronien « évolué »[2],[3].

Soressi la définit comme une « pointe de Châtelperron élancée »[4]. Pradel la décrit comme un outil lithique à bords abattus, plus effilé, plus étroit, plus mince et en somme plus leptolithique[n 1] que ceux de Châtelperron (grotte des Fées) et moins que ceux de la Gravette[3] (sur Bayac en Dordogne).

Pointe de la Font-Robert

Marqueurs du Gravettien occidental[5] entre 28 000 ans et 23 000 ans AP, il semble qu'elles apparaissent plus tôt dans le nord que dans le Périgord[6]. Elles sont munies d'un pédoncule[n 2] (aussi appelé « soie ») et d'un limbe large en forme triangulaire ou losangique[7]. Elles sont présentes principalement dans le sud-ouest français, et aussi dans quelques sites en Belgique, Allemagne, Luxembourg et Grande-Bretagne[5]. Le site éponyme est l'abri de Font-Robert en Corrèze, dans la vallée de Planchetorte sur la commune de Brive-la-Gaillarde au sud de cette ville[8]. Les pointes trouvées au site éponyme sont particulièrement petites[6].

Pointe de Font-Yves

C'est une petite pointe à bords abattus par des retouches semi-abruptes. Le site éponyme est l'abri de Font-Yves en Corrèze, dans la vallée de Planchetorte sur la commune de Brive-la-Gaillarde au sud de cette ville près de Bassaler[8].

Pointe du Solutréen

Elles ont une forme en losange[5].

Pointe de Lussac-Angles

Elle prend son nom des sites éponymes dans la Vienne : la Marche à Lussac-les-Châteaux et le Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l'Anglin[9]. C'est une pointe à biseau simple[10], datée du tout début du Magdalénien moyen[11] (vers 15000 AP).

Pour plus de détails, voir l'article « Sagaie », section « Sagaie de Lussac-Angles ».

Transition Paléolithique-Mésolithique

Pointes de Malaurie

Ces pointes, associées notamment à des rectangles, sont typiques du Laborien[12].

Galerie

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Airvaux et al. 2012] Jean Airvaux, Jérôme Primault et Laurent Brou, « Les outils sur lames tronquées et amincies du Magdalénien moyen de Lussac-Angles », Bulletin de la Préhistoire du Sud-Ouest, no 20, , p. 143-178 (lire en ligne [PDF] sur academia.edu).
  • [Alaux 1973] Jean-François Alaux, « Pointes de la Font-Robert, en place, dans le Périgordien à burins de Noailles de l'abri des Battuts (commune de Penne, Tarn) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 70, no 2, , p. 51-55 (lire en ligne [sur persee])
  • [Angelroth 1937] Henri Angelroth, « Pointes du type de la Font-Robert découvertes en Belgique », Bulletin de la société royale belge d anthropologie et de préhistoire, (lire en ligne [sur biblio.naturalsciences.be]).
  • [Bourdier et al 2017] Camille Bourdier, Lucie Chehmana, Romain Malgarini et Marta Połtowicz-Bobak (dir.), L'essor du Magdalénien. Aspects culturels, symboliques et techniques des faciès à navettes et à Lussac-Angles (Actes de la séance de la Société préhistorique française de Besançon, 17-19 octobre 2013), Société préhistorique française, coll. « Séances de la Société préhistorique française » (no 8), , 260 p. (ISBN 2-913745-67-9, lire en ligne [PDF] sur researchgate.net).
  • [Delage 2012] Christophe Delage, « De la "pointe de sagaie" à la "culture de Lussac-Angles", il y a plus qu'un pas. Argumentaire », Bulletin de la S.E.R.P.E (Société d'Etudes et de Recherches Préhistoriques des Eyzies), no 62, (lire en ligne [PDF] sur researchgate.net).
  • [Otte et Caspar 1987] Marcel Otte et Jean-Paul Caspar, « Les pointes de la Font Robert : outils emmanchés ? », Table Ronde C.N.R.S., dir. D. Stordeur, Lyon, 26-29 novembre 1984, éd. MOM, vol. 15, , p. 65-74 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Pesesse 2008] Damien Pesesse, « Le statut de la fléchette au sein des premières industries gravettiennes » (Spécial table ronde (2e partie) : Le Gravettien : entités régionales d’une paléoculture européenne, Les Eyzies, juillet 2004), Paléo, no 20, , p. 277-290 (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  • [Pesesse 2011] Damien Pesesse, « La pointe de Font-Yves et les productions lithiques des derniers Aurignaciens », Paléo, no 21, , p. 203-222 (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  • [Piel-Desruisseaux 1984] Jean-Luc Piel-Desruisseaux, Outils préhistoriques : De l'éclat à la flèche, Paris, éd. Dunod, , 7e éd. (1re éd. 1984), 335 p., sur books.google.fr (lire en ligne).
  • [Pradel 1963] Louis Pradel, « La pointe des Cottés », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 60, nos 9-10, , p. 582-590 (lire en ligne [sur persee], consulté le ).
  • [Straus 1977] Lawrence Guy Straus, « Pointes solutréennes et l'hypothèse de territorialisme », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 74, no 7, , p. 206-212 (lire en ligne [sur persee]).

Notes et références

Notes

  1. Leptolithique : l'objet (en pierre) est allégé (grec ancien λεπτός, leptós : « pelé, mince, ténu »).
  2. Mais toutes les pièces à pédoncule ne sont pas des pointes[6].

Références

  1. David Pleurdeau, « Le Middle Stone Age, une époque moderne de la pierre en Afrique », cycle « Histoire de l'homme : une préhistoire africaine », 2/3 [vidéo, 1h 16 mn 46 sec], sur youtube.com, Musée de l'Homme, .
  2. [Roussel & Soressi 2013] (en) Morgan Roussel et Marie Soressi, « Une nouvelle séquence du Paléolithique supérieur ancien aux marges sud-ouest du Bassin parisien : Les Cottés dans la Vienne », dans Pierre Bodu, Lucie Chehmana, Laurent Klaric, Ludovic Mevel, Sylvain Soriano et Nicolas Teyssandier (éds.), Le Paléolithique supérieur ancien de l'Europe du Nord-ouest. Réflexions et synthèses à partir d'un projet collectif de recherche sur le centre et le sud du Bassin parisien, coll. « Mémoires de la Société préhistorique française » (no 56), , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 283-298, voir « Résumé ».
  3. Pradel 1963, p. 582.
  4. [Soressi & Roussel 2008] Marie Soressi et Morgan Roussel, « Saint-Pierre-de-Maillé – Les Cottés », Archéologie de la France - Informations (ADLFI), Centre-Val de Loire, (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté en ), paragr. 1.
  5. Otte et Caspar 1987, p. 65.
  6. Otte et Caspar 1987, p. 66.
  7. « Pointe de la Font-Robert », sur musee-prehistoire-eyzies.fr (consulté le ).
  8. « Vallée de Planchetorte » [PDF], sur nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr (consulté le ).
  9. Bourdier, Chehmana & Malgarini dans Bourdier et al 2017, Introduction, p. 9.
  10. [Pétillon et al. 2009] Jean-Marc Pétillon, Pierre Cattelain, Christian Normand, Catherine Schwab et Carolyn Szmidt, « Premières dates radiocarbone pour le Magdalénien d’Isturitz (Pyrénées-Atlantiques) », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 106, no 3, , p. 588-592 (lire en ligne [sur persee]), p. 588.
  11. Pétillon et al. 2009, p. 591.
  12. [Fat Cheung et al. 2014] Célia Fat Cheung, Aude Chevallier, Peggy Bonnet-Jacquement, Mathieu Langlais, Jean-Georges Ferrié, Sandrine Costamagno, Delphine Kuntz, Véronique Laroulandie, Jean-Baptiste Mallye, Nicolas Valdeyron et Sophie Ballista, « Comparaison des séquences aziliennes entre Dordogne et Pyrénées : état des travaux en cours » (Actes de la séance de la Société préhistorique française de Bordeaux, 24-25 mai 2012), Bulletin de la Société préhistorique française, no 3 « Les groupes culturels de la transition Pléistocène-Holocène entre Atlantique et Adriatique », , p. 17-44 (ISSN 2263-3847, lire en ligne [PDF] sur prehistoire.org, consulté le ), p. 36.
  13. (pt) « Lapa do Santo », sur sites.usp.br (consulté le )
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