25e à 21e millénaires avant le présent
Cet article traite de l’histoire évolutive de la lignée humaine entre 25 000 et 20 000 ans avant le présent (AP).
40e à 36e millénaires AP |
35e à 31e millénaires AP |
30e à 26e millénaires AP |
25e à 21e millénaires avant le présent
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20e à 18e millénaires AP|
17e à 15e millénaires AP|
XIIe millénaire av. J.-C.|
Évènements
- 26 000-19 000 ans avant le présent (AP) : dernier maximum glaciaire[1], période la plus froide de la glaciation de Würm[2]. Vers 20 000 ans, le niveau des mers s'abaisse jusqu'à 120 mètres au-dessous du niveau actuel[3].
- Vers 26 000 à 18 000 ans AP : nouvelle ouverture de la Béringie[4].
- Vers 25 000 ans AP :
- présence humaine attestée dans l'abri de Santa Elina, à Jangada dans le Mato Grosso au Brésil. Des objets de pierre retouchés ont été retrouvés sur le site associés à des restes de Glossotherium, un paresseux terrestre géant[5].
- accroissement de la population et intensification des échanges maritimes en Nouvelle-Guinée : l’île de Manus, distante de 230 km, est colonisée ; l’obsidienne de Nouvelle-Bretagne est exportée en Nouvelle-Irlande vers 20 000 ans ; des animaux sont introduits dans l'archipel Bismarck à partir de la Nouvelle-Guinée (couscous gris à Buang Merabak et Matenbek) et les coquillages sont de plus en plus exploités entre 24 000 et 20 500 ans ; la création de sites d’altitude s’intensifie à la fin du Pléistocène (NFX, Batari, Wanlek, Yuku, Kafiavana, Manim et Kiowa)[6].
- Entre 24 000 et 15 000 ans AP : occupation humaine en Amérique du Nord à la grotte de Bluefish (en) près de Old Crow dans le Yukon, attestée par la découverte d'ossements d'animaux portant des entailles en forme de V, marque de dépeçage avec des pierres taillées. Les occupants chassaient notamment le caribou et le cheval, bien avant l'extinction de ce dernier en Béringie[7].
- Entre 24 000 et 14 000 ans AP : mines de silex de la grotte de Koonalda (en), en Australie, exploitées de 24 000 à 14 000 ans avant le présent environ[8].
- Entre 23 500 et 22 500 ans AP : le site kébarien d'Ohalo II sur la rive sud-ouest du lac de Tibériade en Israël livre les restes biens conservés d'un camp de chasseurs-cueilleurs-pêcheurs, pendant le dernier maximum glaciaire, à la faveur de la baisse du niveau du lac en 1989. Il comprend les sols et les bases des murs de six huttes ovales, six foyers en plein air et une tombe. Des restes d'animaux (poisson, tortue, oiseaux, lièvre, renard, gazelle et cerf), des parures de coquillages, des outils de pierre taillés ont été découverts. La submersion a permis une très bonnes conservation des matériaux organiques, ce qui a permis d'identifier près de 140 espèces de plantes sauvages, médicinales ou comestibles, dont un nombre élevé de céréales (blé sauvage, orge, avoine) et de fruits (amande sauvage, olive sauvage, pistache et raisin sauvage). Une meule portant des restes d'amidon indique que les céréales étaient transformées en farine. La présence de faucilles en pierre et de proto-mauvaises herbes associées aux céréales (indicateurs de culture) semble indiquer une tentative de domestication de céréales sauvages, reportant de 11 000 ans les prémices de l'agriculture[9].
- 23 000 ans AP :
- vestiges d’habitat sédentaire à Tlapacoya, près de Mexico[10].
- le site de Longwangchan au Shaanxi (Chine) sur le cours moyen du Fleuve Jaune, qui serait un camp saisonnier spécialisé dans la production lithique, livre des meules et des outils en pierre polie, dont un qui pouvait servir de pioche, associés à de nombreux microlithes. Les sites voisins de Xiachuan (23 900-16 400 ans AP) et Shizitan (21 000-8 500 ans AP) livrent également des meules (dalles et broyeurs) contemporaines, utilisées pour broyer le millet sauvage, des racines et des tubercules[11],[12],[13].
- 22 000 ans AP : gravures pariétales du site de Calvert Range, Kaalpi, dans le désert occidental, en Australie[14].
- 21 900 ans AP : site de Taforalt (grotte des pigeons) au Maroc, daté de 21 900 ± 400 ans avant le présent[15]. Début de la civilisation ibéro-maurusienne en Afrique du Nord.
Europe
- Vers 26 000 à 22 000 AP : sépultures des grottes de Grimaldi, où ont été découverts, repliés l'un contre l'autre, les restes d'une femme âgée et d'un adolescent.
- Vers 26 000 à 21 000 AP : à Kostenki 15, en Ukraine, un enfant de six à sept ans est inhumé dans une fosse les jambes recouvertes d'une omoplate de mammouth, avec une coiffe de 150 dents de renard polaire et un couteau en os de mammouth[16].
- 25 000-20 000 ans AP : statuettes féminines gravettiennes en stéatite verte ou jaune, trouvées dans les grottes des Balzi Rossi à Grimaldi, près de Menton, montrant la grande habileté des artistes de cette époque.
- Vers 25 000 ans AP :
- gravures et peintures gravettiennes de la Grotte du Pech Merle à Cabrerets dans le Lot ; un des « chevaux ponctués » est daté de 24 640 ± 390 ans avant le présent[17].
- peintures gravettiennes des Grottes de Cougnac à Payrignac dans le Lot. Plusieurs repeints du Solutréen ont été observés sur les figures de deux mégalocéros, dont les datations obtenues sont de 23 610 et 22 750 ans avant le présent pour la bosse du garrot et le dos du mâle ; 25 120 pour le garrot et le poitrail de la femelle, 19 500 pour la croupe[18].
- sépulture pavlovienne de Brno II en Moravie. Elle contient les restes d'un homme d'âge moyen et une riche collection de colliers, d'objets gravés et de figurines d'ivoire, dont une remarquable statuette masculine articulée en ivoire de 13,3 cm[19].
- Vers 24 500 ans AP :
- sépulture du site de Lagar Velho, dans la vallée de Lapedo au Portugal, datée d'environ 24 500 ans avant le présent, découverte en 1998. Elle contient le squelette d'un enfant âgé de trois ans et demi à cinq ans, associé à une industrie lithique du Gravettien. Les caractères morphométriques associeraient, selon ses inventeurs, des traits caractéristiques des hommes modernes et des Néandertaliens et en ferait un hybride entre les deux populations[20].
- homme d'Eel Point, humérus d'Homo sapiens découvert en 1997 sur l'île de Caldey, au Pays de Galles, daté à 24 470 ± 110 ans avant le présent. C'est le troisième plus ancien spécimen d'homme moderne connu en Grande-Bretagne après le maxillaire de la grotte de Kent et le squelette de la Dame rouge de Paviland[21].
- 23 000 ans AP :
- bâton de jet en ivoire de la grotte d'Oblazowa, en Pologne, le plus ancien attesté en Europe (Gravettien)[22].
- hutte en pierre et os de mammouth de Dolní Věstonice, datée de 23 000 ans avant le présent[23]. Le campement de Kostenki 17, en Ukraine sur le Don, daté autour de 23 000-22 000 ans avant le présent, livre les restes de deux structures ovalaires en ossements de mammouth d'environ 35 m × 15 m[24].
- Vénus de Renancourt, statuette féminine gravettienne découverte à Amiens en 2019[25].
- Entre 23 000 et 22 000 ans AP : vénus de Lespugue, sculptée dans une défense de mammouth, découverte en 1922 à Lespugue, datée par contexte archéologique non remanié.
- Entre 23 000 et 20 500 ans AP : Badegoulien, culture matérielle en France et dans la Péninsule ibérique[26].
- 23 000-17 000 ans AP : repli des populations humaines vers le sud de l’Europe, notamment vers les péninsules méditerranéennes, lié au dernier maximum glaciaire (21 000-17 000) jusqu’au tardiglaciaire[14].
- Entre 23 000 et 12 000 ans AP : la production de bâtons percés, appelés aussi bâtons de commandement, artefacts faits en bois de cervidés, se répand en Europe de 23 000 à 12 000 ans avant le présent, utilisés peut-être comme redresseur de sagaies en os ou propulseur[27].
- 22 800 ans AP : vénus de Moravany (Slovaquie), statuette de femme taillée dans une défense de mammouth datée au radiocarbone[28].
- De 22 000 à 18 000 ans AP : Solutréen (faciès culturel du Paléolithique supérieur européen au sud-ouest et sud-est de la France et Espagne).
Notes et références
- Johanna Laybourn-Parry, Martyn Tranter, Andrew J. Hodson, The Ecology of Snow and Ice Environments, OUP Oxford, , 179 p. (ISBN 978-0-19-958308-9, présentation en ligne)
- Yves Lagabrielle, René Maury et Maurice Renard, Mémo visuel de géologie - 2e éd. : L'essentiel en fiches et en couleurs, Dunod, , 264 p. (ISBN 978-2-10-077272-8, présentation en ligne)
- Marc Bruet, Lascaux : Quand émergent les dieux, Editions L'Harmattan, , 292 p. (ISBN 978-2-336-39541-8, présentation en ligne)
- Marc Azéma et Laurent Brasier, Le beau livre de la préhistoire : De Toumaï à Lascaux 4, Dunod, , 420 p. (ISBN 978-2-10-075789-3, présentation en ligne)
- Précolombiens d’Amérique du Sud, Encyclopaedia Universalis, (ISBN 978-2-85229-758-6, présentation en ligne)
- Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, op. cit, p. 142.
- Bernadette Arnaud, « Des hommes présents en Amérique du Nord il y a 24.000 ans », Science et Avenir, (présentation en ligne)
- Chris Packham, Natural Wonders of the World, Dorling Kindersley Ltd, , 440 p. (ISBN 978-0-241-32859-0, présentation en ligne)
- Bernadette Arnaud, « L'agriculture serait-elle apparue il y a 23.000 ans ? », Sciences et Avenir, (présentation en ligne)
- Guadalupe Sánchez, Los Primeros Mexicanos : Late Pleistocene and Early Holocene, University of Arizona Press, , 176 p. (ISBN 978-0-8165-3063-2, présentation en ligne)
- Gideon Shelach-Lavi, The Archaeology of Early China, Cambridge University Press, , 392 p. (ISBN 978-0-521-19689-5, présentation en ligne)
- (en) Li Liu et Xingcan Chen, The archaeology of China : from the late paleolithic to the early bronze age, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-64310-8, présentation en ligne)
- Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, op. cit, p. 201.
- Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, Alain Schnapp, Une histoire des civilisations : comment l'archéologie bouleverse nos connaissances, Paris/85-Luçon, Éditions La Découverte, , 601 p. (ISBN 978-2-7071-8878-6, présentation en ligne), p. 119
- (en) Elena A. A. Garcea, South-eastern Mediterranean Peoples Between 130,000 and 10,000 Years Ago, Oxford, Oxbow Books, , 188 p. (ISBN 978-1-84217-403-6, présentation en ligne)
- Emmanuel Guy, op. cit, p. XII.
- Paul G. Bahn, Journey Through the Ice Age, University of California Press, , 240 p. (ISBN 978-0-520-21306-7, présentation en ligne)
- Dictionnaire de la Préhistoire : Les Dictionnaires d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, (ISBN 978-2-341-00223-3, présentation en ligne)
- « Les Gravettiens », sur ma.prehistoire
- Marylène Patou-Mathis, Neanderthal, edi8, , 376 p. (ISBN 978-2-262-04452-7, présentation en ligne)
- Schulting RJ, Trinkaus E, Higham T, Hedges R, Richards M, Cardy B., « A Mid-Upper Palaeolithic human humerus from Eel Point, South Wales, UK. », sur National Center for Biotechnology Information
- Pierre Cattelain, « L'apparition de la Chasse et de la pêche », Guides archéologiques du Malgré-Tout, , p. 27-36 (présentation en ligne)
- Davis K. Thanjan, Pebbles, Bookstand Publishing, , 218 p. (ISBN 978-1-58909-817-6, présentation en ligne)
- Emmanuel Guy, Ce que l'art préhistorique dit de nos origines, Flammarion, , 365 p. (ISBN 978-2-08-141383-2, présentation en ligne)
- « Une Vénus gravetienne découverte à Amiens », sur hominides.com
- Jean-Luc Piel-Desruisseaux, Outils préhistoriques : De l'éclat à la flèche, Dunod, , 344 p. (ISBN 978-2-10-075334-5, présentation en ligne)
- David Wescott, Primitive Technology : A Book of Earth Skills, Gibbs Smith, , 248 p. (ISBN 978-0-87905-911-8, présentation en ligne)
- « The Moravany Venus », sur Don's Maps
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