Céréale

Une céréale est une plante cultivée principalement pour ses graines, utilisés en alimentation humaine et animale, souvent moulus sous forme de farine raffinée ou plus ou moins complète[1], mais aussi en grains entiers (ces plantes sont aussi parfois consommées par les animaux herbivores sous forme de fourrage). Le terme « céréale » désigne aussi spécifiquement les grains de ces plantes. Les principales céréales sont le maïs, le riz, blé, l'orge, les mils (y compris le sorgo), l'avoine et le seigle (par ordre de tonnage produit mondialement).

« Céréales » redirige ici. Pour les céréales de petit déjeuner, voir Céréales de petit-déjeuner.

Quelques céréales alimentaires et des produits qui en sont dérivés : grains à cuisson, pain, pâtes alimentaires.
Épis d'orge, de blé et de seigle

Au début du XXIe siècle, les céréales fournissent une grande partie (45 %) des calories alimentaires de l'humanité[2].

En agronomie et dans le domaine de l'alimentation, le terme céréales regroupe principalement des plantes de la famille des Poacées (ou Graminées), comme le blé, l'orge, le seigle mais aussi d'autres familles botaniques appartenant aux dicotylédones, comme le sarrasin (Polygonacées), le quinoa et l'amarante (Amaranthacées) et parfois le sésame (Pédaliacées) et le chia (Lamiacées) bien que ces deux dernières soient très huileuses.

On appelle aussi céréales à paille les céréales susceptibles de fournir en plus du grain une tige desséchée utilisable pour ses qualités propres : la paille. Ce sont principalement le blé, l'orge, le seigle, l'avoine et le riz.

Histoire du mot

Au milieu du XVIIIe siècle, le mot céréale, relatif à Cérès, déesse romaine des moissons, fut adopté pour remplacer le mot « blés » qui, au pluriel, avait désigné l’ensemble des graines comestibles qu’on peut réduire en farine, mais avait commencé à se spécialiser en devenant ambigu ou imprécis. Une différence entre les deux mots étant que le mot « blés » avait inclus les légumineuses, alors que celui de « céréales » s’appliquait aux seules graines de digestion facile, non flatulente - un emploi du mot qui peut se résumer dans la définition suivante :

« Sont des « semences céréales » les graines non « émulsives » (huileuses), de digestion aisée pour l'homme, donc non légumineuses[3]. »

Cet emploi du mot, appartenant exclusivement au domaine alimentaire, était indépendant des classifications botaniques, alors non stabilisées, et il s’est toujours appliqué au sarrasin. Mais certains botanistes identifièrent « céréales » avec « graminées », dans des classifications antérieures à celle de Linné dans lesquelles les « graminées » incluaient des dicotylédones. L’expression « pseudo-céréale » fut forgée ultérieurement pour désigner des plantes qui ne ressemblent pas à des céréales, mais en ont toutes les qualités et usages. Les termes « céréales » et « pseudo-céréale » n'ont donc aucune valeur taxinomique.

Influence sur l'histoire de l'humanité

Mise en réserve du maïs par les Aztèques.

On considère que la culture des céréales a permis l'essor des grandes civilisations, car elle a constitué l'une des premières activités agricoles. En effet, en fournissant une alimentation régulière et abondante aux populations, les céréales ont permis l'organisation de sociétés plus denses et plus complexes. Ceci tient au fait que les rendements sont élevés, que la conservation des graines est aisée (un an et plus), ce qui permet la constitution de réserves[4] et surtout que la composition des céréales complètes en glucides, lipides, protéines, fibres est relativement équilibrée, par exemple par rapport aux fruits secs qui contiennent très peu de protéines et de fibres. Enfin les graines de céréales ne contiennent généralement pas de facteurs antinutritionels ou toxiques, contrairement aux légumineuses, bien que ceux-ci aient été amoindris par la sélection et soient éliminés par des cuissons prolongées. Elles peuvent constituer la base de l'alimentation car un complément restreint en produits animaux ou graines de légumineuses et aliments frais suffit pour en faire une ration complète équilibrée.

C'est ainsi que les civilisations moyen-orientales puis européennes se sont construites autour du blé, celles d'Extrême-Orient autour du millet en Chine[5], puis du riz (au sud) et du blé (au nord), celles d'Afrique sub-équatoriale autour du mil (qui regroupe en fait des genres différents) et celles des peuples amérindiens autour du maïs.

Ces céréales sont issues de plantes sauvages (graminées essentiellement) par domestication, c'est-à-dire par sélection et croisement (taxonomie du blé). À l'engrain a succédé l'amidonnier, puis l'épeautre et le blé. De même, le maïs a été obtenu par domestication de la téosinte[6].

Utilisation

Alimentation humaine

En alimentation humaine, ce sont surtout le blé, le riz et secondairement le maïs, le seigle et le mil qui sont utilisés aujourd'hui. L'orge est utilisée pour la fabrication du malt, ingrédient de base de la brasserie.

Certaines céréales secondaires comme l'épeautre, le seigle ou l'avoine sont remises au goût du jour avec l'agriculture biologique et les agricultures de conservation. Le marché des pseudo-céréales comme le quinoa, qui est cultivé traditionnellement en Amérique du Sud, est en expansion, notamment du fait de l'absence de gluten dans leur composition.

Alimentation animale

Céréales aplaties employées comme nourriture pour le bétail

Une grande partie de la production mondiale est destinée à l'alimentation des animaux d'élevage : pour les pays développés, 56 % de la consommation de céréales sont destinés à nourrir le bétail, 23 % dans les pays en voie de développement[7]. Mondialement, 37 % de la production de céréales est destinée à nourrir les animaux d'élevages[8].

En alimentation animale, pratiquement toutes les céréales sont utilisées, même le blé traditionnellement réservé à l'homme, sous diverses formes :

  • graines entières ;
  • farines et graines aplaties incorporées dans les aliments concentrés (on disait autrefois « provendes ») et autres aliments industriels ;
  • plantes entières récoltées avant maturité, en frais mais plus souvent sous forme d'ensilage : maïs, sorgho, triticale, avoine et méteils (avoine, pois fourragers par exemple).

En plus des graines et du fourrage, certaines céréales, les céréales à paille, fournissent de la paille : blé, seigle, orge, riz, avoine, mil, triticale, épeautre, engrain. Il existe des filières de valorisation de la paille, assistées au niveau de la recherche comme les autres filières céréales en France par l'institut Arvalis et l'INRA[9].

Usages industriels

Dans l'industrie dite « Industrie du grain » au Québec[10] ou plutôt « industrie céréalière » en France, on retrouve principalement trois usages des céréales :

Caractéristiques nutritives

Analyse nutritionnelle de différentes céréales (pour 100 g)
Max Min Énergie (kJ) Protéine (g) Lipide (g) Glucide (g) Calcium (mg) Fer (mg) Potassium (mg) Magnésium (mg) Vitamines
B1 (mg) B2 (mg) B6 (mg) E (mg) Acide folique (mg) B3 (mg)
Épeautre134011,52,769,0224,24471300,400,150,271,60,036,9
Orge133111,02,172,0382,84441190,430,180,560,670,0654,8
Avoine153012,57,163,079,65,83551290,520,170,750,840,0331,8
Millet151010,53,971,0259,02151700,460,140,750,10,014,8
Maïs14989,03,871,0151,53301200,360,200,402,00,0261,5
Riz14927,52,275,5232,61501570,410,090,670,740,0165,2
Seigle13238,81,769,0645,15301400,350,170,292,00,141,8
Blé134211,52,070,043,73,35021730,480,240,441,350,095,1

Les graines de céréales, qui sont la famille d'aliments à la base de l'alimentation humaine, contiennent généralement :

  • beaucoup de glucides, environ 70 % à 80 %, sous forme d'amidon ;
  • des protéines (jusqu'à 15 % pour le blé dur) ;
  • des lipides en faible proportion (moins de 5 %), provenant du germe ; on peut extraire de l'huile végétale de certaines céréales ;
  • des sels minéraux.

La graine est entourée d'une cuticule essentiellement constituée de cellulose, le son.

Les céréales sont surtout intéressantes pour leur apport énergétique, sous forme de sucres lents. Elles sont aussi une source de vitamines et de fibres alimentaires. Leurs protéines manquent de certains acides aminés essentiels, comme la lysine ou le tryptophane. Certaines céréales contiennent une protéine particulière, le gluten, qui permet d'en faire du pain. On les appelle céréales panifiables : ce sont, les différentes variétés de blé comme le froment et l'épeautre, et le seigle.

La consommation de riz décortiqué (riz blanc) peut provoquer une carence en vitamine B1 ou thiamine, cause, en l'absence de complément alimentaire, du béribéri. La consommation excessive de maïs, qui n'a pas subi le processus de nixtamalisation, peut conduire à une carence en vitamine PP, cause de la pellagre. Chez certaines personnes prédisposées, le gluten peut provoquer la maladie cœliaque, qui entraîne une atrophie de la muqueuse intestinale.

En ce qui concerne la sécurité sanitaire, la pulpe, le germe ou la cuticule externe des céréales peuvent parfois être contaminées par des microbes, des champignons capables de sécréter des toxines (mycotoxines en particulier) ou par des produits chimiques (dont résidus de pesticides[11]) qui font, de manière plus ou moins fréquente et approfondie selon les pays, l'objet de contrôles.

Importance économique

En 2016/2017, 706 millions d’hectares de céréales sont cultivés dans le monde, soit 50% des terres arables, 14,4% de la surface agricole mondiale et 5,4% des terres émergées du monde, et 2,6 milliards de tonnes de céréales ont été produites[12].

La récolte mondiale de céréales s'élève à 2,07 milliards de tonnes (année 2003). Cela représente une moyenne brute de 345 kg par habitant et par an (pour 6 milliards d'habitants au total), moyenne qui s'établit à 155 kg pour les céréales destinées à l'alimentation humaine.

Le chiffres du marché mondial des céréales en 2016-2017 sont produits par la F.A.O[13]. La production s'est élevée en 2016 à 2 607,5 millions de tonnes. Les stocks disponibles en début de période s'élevaient à 664,8 millions de tonnes, la disponibilité totale est donc de 32 723 millions de tonnes. Les exportations, au cours de la campagne commerciale, allant de juillet 2016 à juin 2017, dans le cas du blé et des céréales secondaires, et de la campagne commerciale allant de janvier à décembre pour le riz, se sont élevées à 402,8 millions de tonnes. Le stock de clôture est de 720,5 millions de tonnes (soit 27 % de l'utilisation annuelle).

Production mondiale de céréales
Source FAOSuperficie
cultivée
RendementProduction
Année 2003(106 ha)(q/ha)(106 t)
Maïs141,245,0635,7
Riz paddy150,938,8585,0
Blé208,126,8557,3
Orge55,325,2139,4
Sorgho43,913,458,9
Millet34,98,429,4
Avoine13,020,126,2
Seigle8,319,616,2
Triticale2,934,610,0
Fonio0,46,50,3
Ensemble des céréales666,531,02 067,9

Production de céréales dans le monde

Les pays les plus gros producteurs de céréales (2005)
Rang Pays Production
(en milliers
de tonnes)
Rang Pays Production
(en milliers
de tonnes)
1 Chine427 613 9 Allemagne45 995
2 États-Unis366 516 10 Bangladesh41 586
3 Inde235 913 11 Argentine40 998
4 Russie76 420 12 Australie39 860
5 Indonésie65 998 13 Viêt Nam39 841
6 France64 130 14 Ukraine37 321
7 Brésil55 724 15 Turquie34 570
8 Canada50 363 Monde2 239 400

Commerce des céréales

Les grands pays importateurs et exportateurs de céréales (2002)
Rang Pays Importations
(en milliers
de tonnes)
Rang Pays Exportations
(en milliers
de tonnes)
1 Japon26 605,4 1 États-Unis82 204,1
2 Mexique14 092,1 2 France27 937,0
3 Corée du Sud13 388,8 3 Argentine19 583,6
4 Espagne12 299,7 4 Australie19 343,6
5 Égypte10 322,3 5 Chine15 014,5
6 Italie9 803,1 6 Canada14 665,8
7 Chine9 430,9 7 Russie13 532,0
8 Algérie8 610,9 8 Ukraine12 175,2
9 Indonésie7 927,2 9 Allemagne10 959,3
10 Brésil7 809,2 10 Inde9 569,9
11 Pays-Bas7 759,8 11 Thaïlande7 538,4
Total monde276 893,9 Total monde279 557,0

Importance économique en France

En France, les cultures de céréales représentent 11 millions d’hectares, soit la moitié du sol labourable français. Elles sont cultivées par 50% des exploitations agricoles, soit un total de 270.000[14].

40,000 entreprises collectent, stockent ou transforment les céréales. La France est le deuxième exportateur mondial de céréales. Les céréales contribuent à la balance commerciale à hauteur de 9 milliards d’euros en moyenne chaque année[15].

Principales variétés

Le sorgho, Sorghum bicolor
Panicule de millet (panicum milliaceum) à maturité

Les cinq céréales les plus cultivées dans le monde sont dans l'ordre le maïs, le blé, le riz, l’orge et le sorgho.

On cultive beaucoup les céréales suivantes :

Histoire de la céréaliculture

Les céréales ont pu cependant être utilisées dans l'alimentation avant d'être cultivées.

Révolution néolithique (10 000 ans av. J.-C.)

Les débuts de l'agriculture dateraient seulement d'il y a 11 000 ans lorsque le Néolithique révolutionne l'alimentation de l'humanité.

Moyen Âge

Avec l'essor agricole du début du XIe siècle, la surface des terres céréalières s'accroît en Europe occidentale : ce phénomène progressif s'appelle la « céréalisation ». Par contre-coup, les superficies utilisées pour l'élevage tendent à diminuer en valeur relative. Il existe plusieurs sortes de céréales, cultivées sur un même terroir. Les documents médiévaux évoquent les « blés » (bleds) : ce terme générique recouvre en réalité un éventail de diverses céréales : il peut désigner le froment, mais aussi l'épeautre, l'orge, l'avoine ou le millet[16]. Ces « blés » sont de qualité inégale : le blé dur s'oppose au blé tendre (froment) ; le blé blanc désigne le froment, le blé noir, le sarrasin. On cultive aussi du méteil, mélange de céréales (froment et seigle) car les techniques de séparation sont rudimentaires. Les céréales que nous consommons aujourd'hui sont devenues très différentes[17]. La préparation des céréales nécessite l'existence de meules installées dans les maisons paysannes. Au Moyen Âge classique, l'usage du moulin seigneurial généralement obligatoire est un monopole économique. Il donne lieu au versement d'une taxe au seigneur banal.

  • Le blé dur plus résistant à la sécheresse est très cultivé dans les régions méditerranéennes.
  • Le froment : blé semé en automne et moissonné en été, le froment est la céréale la plus cultivée dans les régions tempérées au Moyen Âge classique. Il a remplacé progressivement l'épeautre usuel à l'époque carolingienne. Le froment est la céréale noble par excellence : il donnait un pain de grande qualité et servait à la préparation des hosties[17].
  • L'avoine : tout comme le froment, il s'agit d'une céréale dont la progression s'explique par le développement de l'élevage, notamment des chevaux. Avec l'essor de la chevalerie aux XIe et XIIIe siècles, les besoins en avoine augmentent. Le ravitaillement constitue une problématique essentielle lors des périodes de guerre. Enfin, n'oublions pas que le cheval est également utilisé pour sa force de traction. Dans le nord de la France, il est de plus en plus employé pour les opérations de labour. L'avoine est consommée sous forme de bouillie. Céréale peu exigeante, elle ne pousse guère en milieu méditerranéen où les printemps sont trop secs[18].
  • L'orge est une céréale d'hiver, même s'il arrive qu'elle soit semée au printemps dans les régions méditerranéennes. Elle entre dans la fabrication de la bière et de la cervoise. Elle est donnée aux bestiaux et peut être panifiée avec du froment. Son importance relative tend à diminuer au cours du Moyen Âge.
  • Le seigle est semé en hiver et est cultivé surtout en montagne et dans les régions froides. Sa farine permet de produire un pain noir de qualité médiocre, c'est la principale céréale panifiable à l'Est de l'Elbe.
  • Le millet (graminée) est une céréale de printemps et peut être plantée en rattrapage jusqu'en mai / juin.
  • Le méteil désigne le mélange de deux céréales (froment et seigle ou avoine) cultivées sur une même parcelle.
  • Le riz est cultivé dans les zones humides d'Espagne et d'Italie à la fin du Moyen Âge. On le retrouve sur les marchés des foires de Champagne[19].

Amérique

Le quinoa, l’amarante (plante) et le maïs, de leur côté, tirent leur origine d’Amérique Centrale et/ou du Sud.

Asie

Une grande partie des céréales cultivées mondialement proviennent de l’Asie. En effet, le blé, l’avoine, l’orge, le riz et le seigle font partie des céréales qui sont originaires de ce continent.

Afrique

Parmi les céréales africaines, le fonio, Digitaria exilis, est considérée comme la plus ancienne graminée cultivée du Sénégal au Tchad. Ses particularités méritent d'être signalées : elle est de petite taille (80 cm) ; sa graine également petite mais riche en méthionine et cystine, elle est plus riche en calcium et en éléments insulino-sécréteurs. Malgré de faibles rendements (600 à 700 kg/ha), le fonio est une culture de bonne garantie de récolte, du fait de son peu d’exigence et son adaptation aux conditions difficiles. C’est la sécurité alimentaire de bon nombre d’Africains, première récoltée avec les variétés à cycle court et dernière dans le grenier grâce à sa graine résistante à toutes les agressions.

Caractéristiques agronomiques

On distingue trois types de céréales selon le moment du semis :

  • les céréales d'hiver : généralement semées à l'automne, elles ont besoin de végéter au froid en hiver (vernalisation) pour pouvoir monter et accomplir ainsi tout leur cycle végétatif. Si on les sème au printemps elles tallent abondamment, gazonnent mais ne montent pas.
  • les céréales de printemps : semées au printemps, elles peuvent monter et accomplir normalement leur cycle végétatif.
  • les céréales alternatives qui peuvent encore monter en semis de fin d'hiver à début printemps et accomplir normalement leur cycle végétatif.

Ces modes de développement correspondent donc à des besoins climatiques particuliers, à l'égard de la température et de la photopériode.

Les céréales d'hiver ont en général un potentiel de production plus élevé que les céréales de printemps.

Les plantes « adventices » qui accompagnent les céréales à paille sont dites messicoles.

Aspects environnementaux et sanitaires

Besoins en eau douce

La culture des céréales nécessite de très grandes quantités d'eau douce. En moyenne, l'ordre de grandeur est de 1 000 tonnes d'eau pour une tonne de céréales soit 1 tonne d'eau pour kg de céréales[20]. Ce chiffre est néanmoins très variable selon les céréales. Par exemple, le riz et le maïs nécessitent plus d'eau que le blé.

Les besoins en eau sont à relativiser pour les céréales d'hiver en climat tempéré, elles reçoivent la plupart du temps suffisamment d'eau pendant leur période de végétation. Les pluies hivernales abondantes peuvent provoquer l'asphixie des racines dans les cultures placées sur sous-sol imperméable.

Autres aspects

La culture des céréales a modifié et créé de vastes paysages dans le monde. Depuis quelques décennies, ses impacts sur la biodiversité et la santé se sont accrus à cause de surfaces croissantes, mais aussi d'un usage important d'engrais, de pesticides (insecticides, fongicides, désherbants…) et de l'arrosage et de l'irrigation ou du labour.

L'agriculture bio, la lutte intégrée, un néobocage et diverses méthodes alternatives cherchent à diminuer ces impacts. Des essences végétales pourraient par exemple remplacer certains pesticides de synthèse[21].

Transport

Transport maritime

Les céréales, et le grain plus largement, est certainement l'un des premiers cargos à avoir été transporté par voie maritime.

Le transport de ce type de cargo (cargaison), en mer Méditerranée, à l'époque de la Rome impériale, est bien documenté et montre qu'il existait déjà une véritable industrie du transport maritime de grain avec ses ports et ses navires spécialisés[22].

Aujourd’hui le transport maritime de grains est globalisé et essentiellement assuré par des vraquiers. Plus anecdotiquement, il est aussi possible de transporter le grain en container. Le transport en sac a, en revanche, quasiment disparu.

Vraquier au terminal à grain.

Les vraquiers utilisés dans le transport de grains sont généralement de type Handy size et Panamax, c'est-à-dire des navires de tailles modestes mais qui ont l'avantage de pouvoir se rendre dans la majorité des ports du monde[23].

L'utilisation de cette taille de navire s'explique par la parcel size. Dans le transport du grain, celle-ci est la plupart du temps comprise entre 25 000 et 60 000 tonnes[24]. Le chargement s'effectue à l'aide de grues ou de chutes directement dans les cales.

Dangers du transport maritime de grain

Les principaux dangers associés à ce type de cargo, pour le navire et son équipage, sont de deux ordres :

Effet de surface libre

Premièrement, il y a les dangers relatifs au comportement physique du grain qui, sous bien des aspects se rapproche de celui d'un liquide et ensuite il y a des dangers dus au fait que le grain est un cargo « vivant ».

Problème de stabilité

Le grain, s'il est libre de se mouvoir avec les mouvements du navire, va se comporter comme un liquide. C'est-à-dire qu'il va créer un effet de carènes liquides.

Cela va fortement réduire la stabilité du navire. Elle pourra, dans des cas extrêmes, devenir négative et causer le chavirement de ce dernier.

Comme pour les liquides, ce phénomène n'existe pas si la cale est très peu remplie ou entièrement remplie. Aussi cherchera-t-on toujours à charger les cales au maximum et on veillera à ce que le niveau de grain ne descende pas trop avec le tassement de celui-ci.

On veillera également à tasser le cargo afin de maximiser l'angle de gite sous lequel le cargo bougera. Si le grain est correctement égalisé, cet angle sera l'angle de repos.

Ce danger est si important qu’il a, en partie, justifié l’adoption du International Code for the Safe Carriage of Grain in Bulk par l’OMI

Appauvrissement en oxygène et oxydation

Le grain est un cargo vivant qui connaît une respiration cellulaire, c'est-à-dire que de l'oxygène va être absorbé et, en retour, du CO2, de l'humidité et de l'énergie (chaleur) seront produits. Ce phénomène sera exacerbé par le développement de moisissures, qui respirent également, ou par l'infestation du cargo.

La combinaison du manque d'oxygène et de la présence de CO2 dans des espaces clos (cales) accroissent le risque de suffocation pour toute personne qui pénétrerait dans cet espace.

De plus, le phénomène de respiration cellulaire mais aussi le phénomène d'oxydation sont des réactions exothermiques. Dans certains cas, il peut arriver qu'on dépasse les 100 °C et qu'on en arrive au point de combustion spontanée avec développement d'un feu couvant. Si on en arrive là, il faudra généralement inonder la cale et la cargaison sera perdu. Le phénomène est aggravé si le milieu est humide et chaud, une attention particulière est donc requise pour les cales à proximité des citernes de fioul qui seront chauffées. La qualité du grain est aussi un élément important . Un grain moissonné avant maturité sera plus humide, de même qu'un grain arrivé mais moissonné après des précipitations sans avoir suffisamment séché. Les deux peuvent faire fermenter le grain et le faire "chauffer".

Le risque de combustion spontanée est surtout présent avec les graines oléagineuses car l'huile contenue a un potentiel calorifique plus important.

Divers

Il existe également d'autres risques plus marginaux.

Lors du transfert, la production de poussière à une granulométrie particulière et dans les quantités stœchiométrique peuvent faire de cette atmosphère un explosif puissant comme dans le cas des coups de poussiers dans les mines. Les transferts sont donc particulièrement surveillés (concentration des poussières) et la mise à la terre impérative pour éviter tout risque d'étincelles.

À titre plus anecdotique, il faut faire attention lors de la fumigation. On a déjà vu des feux démarrer dans un cargo de grain à la suite d'une fumigation.

On observe aussi des dilatations de cargo : par suite d'une humidité trop importante, le cargo se dilate et cause d'importants dégâts à la structure du navire.

Commerce maritime

Dans l'économie maritime, le grain fait partie du secteur des vracs principaux (major bulks), aux côtés, entre autres, du charbon et du minerai de fer. Ce secteur représentait, en 2014, près 3 112 millions de tonnes transportées soit près de 30 % de l'ensemble du commerce maritime. Le grain ne représente cependant qu'un faible pourcentage, de ce montant[25] et les quantités transportées ont la particularité de rester stable d'année en année, entre 250 et 300 millions de tonnes[26].

Il n'est pas aisé d'établir une carte des échanges maritimes de grains car les centres d'importations et d'exportations sont, à l'exception de l'Afrique, relativement distribués dans le monde. On peut cependant dire que les exportateurs principaux sont l'Europe (UE, Ukraine, Russie), le Canada et les États-Unis tandis que les principaux importateurs sont le Japon, la Chine, le Mexique, l'Iran et le Maghreb[27].

Liste non exhaustives de ports d'importation[28]
PaysPortTonnes importées pour l'année 2014
Pays-BasRotterdam8 570 000
BelgiqueGand1 490 238
BelgiqueAnvers584 241
ChineQuingdao19 362 330
ChineNanjing14 877 976
JaponKobe3 277 133
JaponNagoya2 798 879
Corée du SudBusan1 333 720
TaïwanKaohsiung4 735 796
ÉgypteAlexandrie2 937 620
BrésilSantos1 429 091
Liste non exhaustives de ports d'exportation[28]
PaysPortTonnes exportées pour l'année 2014
États-UnisSouth Louisiana43 826 981
CanadaVancouver19 617 621
BrésilSantos25 096 145
ArgentineRosario6 100 401
AustralieFremantle4 686 000
RoumanieConstanta17 420 547
RussieNovorossiysk7 434 800
BelgiqueAnvers376 545

Notes et références

  1. EUFIC (réseau d'information financé par les « compagnies de l'industrie agroalimentaire »), Fiche d’information : les céréales complètes
  2. donnée FAO, 2001-2003, consulté en 2008[PDF]
  3. Pierre Morlon, « Céréale », sur Les mots de l'agronomie, Dictionnaire historique et critique, INRAE, (consulté le ).
  4. De l'inégalité parmi les sociétés, Jared Diamond, Gallimard
  5. (en) Xiaoyan Yang, Zhiwe Wan, Linda Perry et coll., « Early millet use in northern China », Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA, vol. 109, no 10, , p. 3726-30
  6. Les origines des autres céréales sont plus controversées ; le riz cultivé (Oryza sativa) descendrait d'Oryza rufipogon, et l'étude des diverses espèces de millet n'a pas encore abouti à des conclusions définitives.
  7. World Resources Institute, Earth trends, Agriculture & food, Table data base, consulté le 17 juin 2008 ou
  8. Lester Brown, Le plan B, pour un pacte écologique, chapitre 9, disponible en ligne en anglais
  9. INRA - Filière céréale à paille ; Recherches à l'Inra et positionnement international
  10. MAPAQ - 2009 Monographie de l’industrie des grains au Québec, consulté aout 2011
  11. DGCCRF - Présentation Dosage des Résidus de Pesticides dans les Céréales
  12. « Les céréales dans le monde », sur passioncereales.fr (consulté le )
  13. « Bulletin de la FAO sur l'offre et la demande de céréales », sur fao.org, (consulté le )
  14. « Des chiffres et des céréales – Edition 2017 », sur publications.passioncereales.fr (consulté le )
  15. « Intercéréales : Plan de transformation de la filière céréales », sur intercereales.com,
  16. Samuel Leturcq, La vie rurale…, page 13.
  17. Article "céréaliculture" du Dictionnaire du Moyen Âge, pages 239-240.
  18. Monique Bourin, Temps d'équilibres…, page 95.
  19. Fernand Braudel, Civilisation matérielle…, tome 1, page 116.
  20. Lester R. Brown, Éco-économie, une autre croissance est possible, écologique et durable, Seuil, 2001, p. 76
  21. Thèse en ligne de l'Université de Tlemcen, 2006 : Effet de quelques essences végétales sur la croissance des moisissures de détérioration des céréales
  22. http://www2.rgzm.de/navis/Themes/Commercio/CommerceEnglish.htm
  23. K. van Dokkum, Ship Knowledge: A Modern Encyclopedia, Enkhuizen, Dokmar, 2003 p. 52-53
  24. Fearnleys, world bulk trades
  25. https://www.marinemoney.com/sites/all/themes/marinemoney/forums/MMWeek13/presentations/Wednesday/11%2015%20AM%20Doug%20Mavrinac%20-%20Dry%20Bulk.pdf
  26. https://www.nyk.com/english/ir/library/fact01/pdf/2013_factbook01_13.pdf
  27. http://www.unctad.org/en/PublicationsLibrary/rmt2015_en.pdf
  28. http://www.nxtbook.com/sosland/wg/2015_11_01/index.php#/36

Voir aussi

Histoire

  • Samuel Leturcq, La vie rurale en France au Moyen Âge, Paris, Colin, 2004.
  • Monique Bourin-Derruau, Temps d'équilibres, temps de ruptures, Paris, éditions du Seuil, 1990.
  • Claude Gauvard, Alain de Libera, Michel Zink (dir.), Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, Presses Universitaires de France, 2002 : articles « famine », « céréaliculture ».
  • Fernand Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme (XVe – XVIIIe siècles), trois tomes, Paris, Armand Colin (livre de poche), 1979.

Agronomie

Articles connexes

Lien externe

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