Grotte des Fées (Châtelperron)

La grotte des Fées est le nom générique donné à un ensemble de deux cavités situées à Châtelperron, dans le département français de l'Allier, en région Auvergne-Rhône-Alpes[1].

Pour les articles homonymes, voir Grotte des Fées.

Cet ensemble abrite un site archéologique qui est le site éponyme du Châtelperronien (environ -38 000 à -32 000 ans avant le présent).

Localisation

La grotte est située à 1,1 km au nord du musée du bourg, sur la rive gauche (côté ouest) du Graveron[2], à 5 ou 6 mètres au-dessus du niveau du ruisseau.[réf. nécessaire]

Toponymie

La grotte des Fées de Châtelperron est aussi appelée « Boîte aux Fées » ou « Caves aux fées »[3].

Description

Le site inclut deux cavités distinctes[4],[5] :
• la grotte Bailleau, dont le développement[N 1] est de 26 mètres ; et
• la grotte Poirier à 10 m au nord de la précédente,, avec un développement[N 1] de 20 mètres[6] ;
et les vestiges de :
• la grotte Effondrée, dont la superstructure a disparu[4].

Topographie des grottes des Fées de Châtelperron (Allier).

Géologie

Les grottes s'ouvrent dans les calcaires lacustres de l'Aquitanien.

Historique

Vue générale du site.
Une entrée de la grotte des Fées.

Vers 1840, peut-être en 1848, un projet de voie ferrée[N 2] dans la vallée du Graveron, reliant les mines de Bert à Dompierre-sur-Besbre[7], est à l'origine de la découverte du site de la grotte des Fées. Le tracé ferroviaire accusant un léger coude au niveau de l'éperon rocheux, des travaux d'amélioration du rayon de courbure conduisent à la mise au jour d'objets préhistoriques devant l'entrée des grottes[8].

Albert Poirier, ingénieur de la Compagnie des Mines de Bert et chargé de la construction de la voie ferrée, est également un paléontologue et fouille la grotte qui porte aujourd'hui son nom.

De 1867 à 1872, le docteur Guillaume Bailleau fouille la grotte éponyme. Il y trouve plusieurs milliers de silex taillés et des défenses de mammouth de plus de 2 mètres de longueur.

La grotte Effondrée est découverte en 1867 par le docteur Bailleau, qui reconnaît plus tard qu'il s'agit d'une grotte dont le plafond a disparu. Dans les années 1950, Henri Delporte, spécialiste de l'Aurignacien, en entreprend la fouille. Il y travaille de 1951 à 1954 et en 1962 et y met en évidence deux niveaux d'occupation, Moustérien et Châtelperronien, avec des lames à dos en silex dites « couteaux de Châtelperron », des burins, des grattoirs et des perçoirs[4].

Les deux cavités sont topographiées le 19 janvier 1991 par Nicole Boullier, Claude Chabert et Jean-Yves Bigot[9].

Occupation des grottes

Une première fréquentation des grottes a lieu au Moustérien, puis une seconde au Châtelperronien et à l'Aurignacien[10]. Les résultats des différentes fouilles ont nourri la controverse sur la cohabitation entre les Hommes anatomiquement modernes et les Néandertaliens. Le Châtelperronien est une période de transition entre l'arrivée de l'homme de Cro-Magnon et la disparition de l'homme de Néandertal[11],[12]. Dans la stratigraphie du site, le niveau châtelperronien est marqué par une association lithique faite de formes moustériennes, de pointes du type de Châtelperron, de « lames à gorges » et de grattoirs du « type de Tarté ». Cette association a également été rencontrée à Germolles, la Roche-au-Loup, la Ferrassie, Haurets (Ladaux) et Gargas[13],[14].

La période historique est attestée par la découverte de quelques objets gallo-romains.[réf. nécessaire]

Au XIXe siècle, un cantonnier s'installe dans la grotte dite alors « Boîte aux Fées »[3].

Collections

La plus grande partie de l'outillage se trouve aujourd'hui au British Museum et au musée de Philadelphie. Quelques pièces sont exposées au musée Anne-de-Beaujeu de Moulins ainsi qu'au musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. La salle d'exposition de Châtelperron (Préhistorama, installé dans l'ancienne gare) ne présente pour le moment que des reproductions.

Protection

L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1949[1].

Mythes et légendes

Les parois de la grotte des Fées sont couvertes de spéléothèmes formés par les dépôts des eaux calcaires qui percolent à travers la voûte. Les formes de ces concrétions ont de tous temps inspiré l'imagination des visiteurs qui leur ont donné des noms particuliers : le géant, la nymphe, le chameau[12].

Plusieurs légendes se seraient également développées au fil des temps[12]. Ces histoires semblent cependant confondre cette grotte des Fées avec son homonyme à Ferrières-sur-Sichon[15].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • [Angevin et al. 2021] Raphaël Angevin (Responsable d'opération), Xavier Dérobert, Thibaud Devie, Élisabeth Lacoste, M. Lejay, Sérgio Palma Lopes et G. Vernet, « Châtelperron – La « Grotte des Fées » de Châtelperron (Allier) : un gisement éponyme dans son contexte archéologique, géomorphologique et historiographique », rapport d'opération annuelle de prospection thématique (2020), sur journals.openedition.org, AdlFi, (consulté en ).
  • [Bigot & Chabert 1992] Jean-Yves Bigot et Claude Chabert, « Les grandes cavités françaises dix ans après. Évolution des connaissances spéléologiques dans les départements français pauvres en cavités (1981-1991) », Spelunca, no 47, , p. 25–37 (lire en ligne [sur academia.edu], consulté le ).
  • [Bigot 1992] Jean-Yves Bigot, « La grotte des Fées de Châtelperron (Allier) », Bulletin du Spéléo-Club de Paris, no 123 « Grottes & Gouffres », , p. 16-18 (lire en ligne [PDF] sur alpespeleo.fr, consulté le ).
  • [Buisson 1935] E. M. Buisson, « La Grotte des fées à Châtelperron », Compte-rendu de la XIe session du Congrès préhistorique de France, Périgueux, 1934, Société préhistorique française, vol. 31, no 9, , p. 184-185 (lire en ligne [PDF] sur prehistoire.org, consulté le ).
  • [Debénath, Chase & Dibble 2002] André Debénath, Ph. G. Chase et H.L. Dibble, « À propos d'un poinçon provenant de la grotte des Fées à Châtelperron », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 99, no 2, , p. 378-379 (lire en ligne [sur persee]).
  • [Delporte 1957] Henri Delporte, « La grotte des Fées de Châtelperron (Allier) », Compte-rendu de la XVe session du Congrès Préhistorique Français, Poitiers-Angoulême, 15-22 juillet 1956, , p. 452-477.
  • [Riel-Salvatore, Miller & Clark 2008] (en) Julien Riel-Salvatore, Alexandra E. Miller et Geoffrey A. Clark, « An empirical evaluation of the case for a Châtelperronian-Aurignacian interstratification at Grotte des Fées de Châtelperron », World Archaeology, vol. 40, no 4 « Debates in World Archaeology », , p. 480-492 (résumé).
  • [Zilhão et al. 2006] (en) João Zilhão (es), Francesco d'Errico (en), Jean-Guillaume Bordes, Arnaud Lenoble, Jean-Pierre Texier et Jean-Philippe Rigaud, « Analysis of Aurignacian interstratification at the Châtelperronian-type site and implications for the behavioral modernity of Neandertals », Proceedings of the National Academy of Sciences of the U.S.A., vol. 103, no 33, , p. 12643–12648 (lire en ligne [sur pnas.org], consulté le ).
  • [Zilhão et al. 2007] João Zilhão (es), Francesco d'Errico (en), Jean-Guillaume Bordes, Arnaud Lenoble, Jean-Pierre Texier et Jean-Philippe Rigaud, « La Grotte des Fées (Chatelperron, Allier) ou une interstratification « Chatelperronien-Aurignacien » illusoire. Histoire des fouilles, stratigraphie et datations », Paléo, no 19, , p. 391-432 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ).

Lien externe

Notes et références

Notes

  1. En spéléologie, le développement correspond à la longueur cumulée des galeries interconnectées qui composent un réseau souterrain.
  2. La voie de chemin de fer, qui empruntait le vallon du Graveron, a disparu, remplacée par un chemin.

Références

  1. « Grottes préhistoriques (deux) », notice no PA00093055, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Châtelperron et la grotte des Fées, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques » et « Hydrographie » activées. Les distances à vol d'oiseau se mesurent avec l'outil « Mesurer une distance » dans l'onglet « Outils cartographiques » à droite (symbole de petite clé plate).
  3. [Blanchet 1923] Adrien Blanchet, Les souterrains refuges de la France. Contribution à l'histoire de l'habitation humaine, Paris, éd. Aug. Picard, , 342 p. (présentation en ligne).
  4. Delporte 1957.
  5. Angevin 2021, paragr. 1, fig. 1 : « Vue de l'entrée des trois cavités historiques depuis le coteau dominant la rive droite du Graveron, depuis l'est ».
  6. [Bigot 2004] Jean-Yves Bigot, « Spéléométrie de la France. Cavités classées par département, par dénivellation et développement (situation au 31 décembre 2000) » (Mémoire, 160 p.), Spelunca, no 27, , p. 14 (ISSN 0249-0544, lire en ligne [PDF] sur spelunca-memoires.ffspeleo.fr).
  7. Sur l'historique des fouilles et leurs résultats, voir Zilhão et al. 2007.
  8. Buisson 1935.
  9. Bigot 1992.
  10. Zilhão et al. 2006.
  11. La grotte aux Fées, sur hominides.com.
  12. « La grotte aux Fées », sur auvergne-centrefrance.com, (consulté le ).
  13. [Peyrony 1922] Denis Peyrony, « Nouvelles observations sur le Moustérien final et l'Aurignacien inférieur », Compte-rendu de l'Association Française pour l'Avancement des Sciences, . Cité dans Pesesse 2018, paragr. 15.
  14. [Pesesse 2018] Damien Pesesse, « Le Périgordien, quelle erreur ! », Paléo, no 29, , p. 179-199 (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté en ), paragr. 15.
  15. « Trois légendes courent autour de la grotte de Ferrières-sur-Sichon », sur lamontagne.fr, quotidien La Montagne, (consulté le ).
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