Parti communiste japonais

Le Parti communiste japonais (日本共産党, Nihon kyōsantō) est un parti politique japonais. Fondé le , il est demeuré interdit jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

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Parti communiste japonais
日本共産党 (Nihon Kyōsantō)

Logotype officiel.
Présentation
Président du Conseil exécutif Kazuo Shii
Fondation 1922
Siège 4-26-7 Sendagaya, Shibuya-ku, Tokyo 151-8586
Secrétaire général Akira Koike (en)
Positionnement Gauche
Idéologie Socialisme démocratique
Pacifisme
Anticapitalisme
Écologisme
Couleurs Rouge
Site web jcp.or.jp
Présidents de groupe
Chambre des représentants Keiji Kokuta
Chambre des conseillers Yoshiki Yamashita (en)
Représentation
Représentants
12  /  465
Conseillers
13  /  242
Siège du Parti communiste japonais à Tokyo.

Le Parti communiste japonais est l'un des plus grands partis communistes d'opposition au monde. Il compte environ 270 000 membres répartis dans 25 000 sections. Contrairement aux autres partis communistes d'Europe ou d'ailleurs, il n'a pas connu de crise interne à la suite de la chute de l'Union soviétique, et n'a pas non plus songé à changer son nom ou ses objectifs.

Histoire

Le Parti communiste japonais a été fondé le , entre autres par Sanzō Nosaka, devenant immédiatement une organisation politique clandestine. Il était en effet mis hors-la-loi d'entrée par les lois de préservation de la paix et fut, à ce titre, victime des persécutions de l'armée et de la police du Japon.

Conduisant une activité clandestine, il milite contre l'invasion de la Chine et dénonce l'attaque de Pearl Harbor, tout en soutenant les mouvements d'indépendance en Asie[1].

Légalisé durant l'occupation américaine du Japon, en 1945, il est depuis lors un parti politique participant régulièrement aux élections, obtenant cinq sièges dès les élections à la Chambre des représentants de 1946. Depuis lors, il n'a été absent de cette assemblée que de 1952 à 1953. Très faiblement représenté entre 1946 et 1969 (entre 1 et 5 élus à la Chambre des représentants — avec toutefois un pic à 35 sièges en 1949 du fait du report momentanée des voix de certains socialistes déçus de l'alliance entre leur parti et le Parti démocrate, pourtant de droite, au sein des gouvernements de Tetsu Katayama puis Hitoshi Ashida en 1947 et 1948 — et autant à la Chambre des conseillers entre 1947 et 1968), l'efficacité du parti sur le plan électoral est essentiellement affectée par les querelles intestines qui opposent ses membres au sujet d'une prise de position sur la rupture sino-soviétique jusqu'en 1965[2], le « miracle économique japonais » qui rend particulièrement populaire le PLD, son opposition à la famille impériale et à l'empereur dans un pays où l'immense majorité de la population reste monarchiste et la crainte du communisme dans un contexte de guerre froide et de méfiance vis-à-vis d'États voisins considérés comme hostiles (la République populaire de Chine et la Corée du Nord). En outre, la CIA américaine finance les partis de droite japonais à hauteur de millions de dollars pour faire du pays un rempart contre le communisme[1].

Il faut attendre l'arrivée à la tête du mouvement en 1958 de Kenji Miyamoto pour que le PCJ connaisse une révolution idéologique comparée à celle du Parti communiste italien des années 1970 et qui va lui permettre d'accroître son assise électorale. En effet, Miyamoto renonce dès son accession à la présidence à l'idée de révolution violente au Japon, appelle à l'instauration d'un « communisme souriant » plus pacifique, se démarque des deux grandes puissances communistes de l'époque (en 1966, il qualifie la révolution culturelle chinoise d'« anormale » et condamne tant la répression soviétique du Printemps de Prague en 1968 que l'invasion par l'Armée rouge de l'Afghanistan en 1979)[3] et fait finalement remplacer en 1976 l'expression marxiste de « dictature du prolétariat » par une déclaration en faveur de la démocratie et de la liberté au sein de la charte du parti[4]. Le passage du Shinbun Akahata (l'organe officiel du parti) à une ligne éditoriale plus familiale (qui permet d'augmenter ses ventes et ainsi d'assurer une entrée substantielle d'argent pour les caisses du PCJ) et la mise à l'écart des mouvements étudiants les plus violents de son organisation de jeunesse permet dans le même temps de donner au parti une image plus « acceptable » et lui fait gagner une plus forte assise populaire[2]. Grâce à cela, les communistes connaissent leur âge d'or dans les années 1970, dans un contexte politique marqué de plus par la normalisation des relations diplomatiques entre le Japon et la République populaire de Chine en 1972 et l'explosion de l'inflation du fait du choc pétrolier de 1973, deux événements qui favorisent plutôt le mouvement. Le parti se sépare de ses éléments les plus extrémistes, qui vont rejoindre la Nouvelle gauche, ou contribuer à la fondation de l'Armée rouge unifiée ou le Chūkaku-ha.

Le PCJ passe alors de cinquième parti du Japon (et quatrième de l'opposition, derrière le PSJ, le Kōmeitō et le Parti démocrate socialiste), avec 3,2 millions de voix et 6,8 % des suffrages, en 1969[5], à la troisième force politique du pays (et la seconde de l'opposition, sauf en 1976, où il est devancé par le Kōmeitō) avec un score situé entre 4,5 et 5,8 millions d'électeurs (soit entre 10 % et 10,5 % des voix) durant toute la décennie tout en s'approchant des 40 sièges à la Chambre des représentants. Les élus du PCJ sont ainsi de 38 sur 491 de 1972 à 1976, 17 sur 511 entre 1976 et 1979, 41 (39 élus sous l'étiquette PCJ auxquels 2 indépendants se sont rajoutés[6]) sur 511 de 1979 à 1980 avant de retomber à 29 représentants sur 511 de 1980 à 1983[7],[8],[9]. À la Chambre des conseillers, il culmine à 18 sièges sur 250 de 1974 à 1977 puis à 16 élus de 1977 à 1980.

Dans les années 1980, le parti se stabilise aux alentours de 5,3 millions de voix (environ 9 % des suffrages) et 26 élus sur 511/512 entre 1983 et 1990 à la Chambre des représentants et entre 12 et 16 sièges sur 250/252 entre 1980 et 1989 à la Chambre des conseillers. La chute du bloc soviétique affaiblit quelque peu son assise électorale, qui retombe à 5,2 millions de voix (8 %) et 16 représentants sur 512 en 1990, 4,8 millions (7,7 %) et 15 sièges en 1993. Toutefois, l'alliance du PSJ avec le PLD dans une coalition gouvernementale de 1994 à 1996 détourne une partie des électeurs socialistes vers le PCJ, tandis que le système électoral mis en place en 1994 et instaurant une part de proportionnelle (environ deux cinquièmes des parlementaires) pour l'élection des deux chambres favorise les petites formations et notamment le Parti communiste. Toutefois, le passage pour le reste des membres de la Chambre des représentants (qui restent la majorité) d'un scrutin plurinominal à uninominal avantage au contraire encore plus les grands partis.

Quoi qu'il en soit, les élections législatives de 1996 marquent une avancée significative du Parti communiste qui bat ses records des années 1970 : 7 millions de voix (12,5 %) et 2 élus au scrutin majoritaire mais surtout 7,3 millions de suffrages (13 %) pour ses listes qui font élire 24 représentants à la proportionnelle, il dépasse alors le PSJ (devenu Parti social-démocrate PSD) qui a perdu l'essentiel de sa base au profit du PCJ ainsi que du PDJ, récemment créé. S'il se maintient quelque peu aux alentours des 7 millions d'électeurs en 2000 (7,4 millions et 12 % des voix au vote majoritaire mais en perdant alors ses deux seules circonscriptions, il n'a jusqu'à ce jour plus retrouvé d'élu au vote uninominal, et 6,7 millions ou 11,2 % des suffrages exprimés et 20 élus à la proportionnelle), la concurrence au sein de l'opposition du PSD et surtout du PDJ et l'évolution vers le bipartisme fait que l'embellie communiste de 1996 est de courte durée et le parti retombe ensuite à des scores plus modestes. Il ne rassemble ainsi plus qu'entre 4,5 et 4,9 millions d'électeurs (entre 7,8 % et 8,1 %) pour 9 élus (son plus faible score depuis 1967) en 2003, et autour de 5 millions (7,25 %) pour les deux modes de scrutins et de nouveau 9 représentants en 2005 et 2009. Il réalise ses plus importants scores électoraux dans la région de Kinki, vieux pôle industriel du Japon, où sa liste traditionnellement avoisine les 10 % des voix. À la Chambre des conseillers, il réalise également depuis 2001 des scores oscillants entre 3,5 et 5,5 millions de voix (entre 6 % et 10 %), et son poids y a progressivement diminué de 23 sièges sur 252 (son record) de 1998 à 2001 à uniquement 6 conseillers sur 242 depuis 2010.

Toutefois, la crise économique de 2008-2009 et la dureté actuelle du marché du travail japonais profitent au Parti anti-capitaliste, qui est le seul à la fin de l'année 2008 et au début 2009 à enregistrer de nouveaux adhérents : un millier par mois selon lui[10]. La situation syndicale actuelle (une grande confédération, le Rengō, lié au Parti démocrate du Japon, représente les employés stables) pousse les précaires et autres freeters à rejoindre les syndicats professionnels indépendants, proches du parti[10].

Positions et programme actuels

Le Parti communiste japonais demande l'abolition du capitalisme et de l'exploitation et l'établissement d'une société basée sur le socialisme, la démocratie et la paix, en opposition au militarisme. Il veut arriver à ses buts en travaillant à l'intérieur du cadre fixé par la démocratie parlementaire.

Bien qu'ayant été d'inspiration léniniste, le parti ne soutient plus la révolution socialiste : il adhère en effet à l'idée d'une révolution démocratique depuis 1958, et a renoncé à la notion de dictature du prolétariat en 1976. Le Parti communiste est donc anti-capitaliste et pacifiste. Il n'envisage plus l'action armée — depuis les années 1980 il n'existe plus de contact avec des organisations du type de l'Armée rouge japonaise — et milite pour un respect total de l'esprit de la Constitution de 1947. Il est le seul à inscrire dans son programme l'abrogation du traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et le Japon, et s'oppose farouchement à l'acquisition d'armes nucléaires par le Japon et à la révision de l'article 9 de la Constitution et la participation à l'accord de partenariat transpacifique. Il milite pour que le gouvernement fasse des excuses officielles pour les exactions commises par l'armée impériale durant le conflit. Opposé à toute forme de nationalisme, il rejette tant le drapeau que l'hymne officiel du pays, et s'il ne s'oppose plus désormais au maintien sur le trône de l'empereur, il insiste pour qu'il soit limité à un simple rôle symbolique, ce qui est largement le cas aujourd'hui. mais il soutient le gouvernement sur les affaires des îles Kouriles, Senkaku et Takeshima.

C’est aujourd’hui un des seuls partis à demander la fin du nucléaire civil au Japon, et ce depuis longtemps ; ce qui lui vaut, après la catastrophe de Fukushima, une certaine embellie électorale[11]. Depuis 2013, Yoshiko Kira est élue députée communiste du district de Tokyo, une première depuis douze ans[12].

Selon un membre du parti s'exprimant en  : « Bien sûr, notre objectif final est une société socialiste, communiste au Japon, dépassant le capitalisme. Mais avant cela, nous avons une approche graduelle. La première étape est de résoudre les problèmes du travail et du niveau de vie selon la demande des gens »[13].

Le Parti communiste s'est opposé en 2013 à la loi visant à repousser à 65 ans l’âge du départ à la retraite des travailleurs[14]. Le PCJ milite pour l'élimination des armes nucléaires dans le monde. Il souhaite que le Japon se retire du « parapluie nucléaire » et adhère au Traité sur l'interdiction des armes nucléaires[15].

Résultats électoraux

Chambre des représentants

Année Voix  % Sièges
1946 2 135 757 3,8
6  /  464
1947 1 002 883 3,7
4  /  466
1949 2 984 780 9,8
35  /  466
1952 896 765 2,5
0  /  466
1953 655 990 1,9
1  /  466
1955 733 121 2,0
2  /  467
1958 1 012 035 2,5
1  /  467
1960 1 156 723 2,9
3  /  467
1963 1 646 477 4,0
5  /  467
1967 2 190 564 4,8
5  /  486
1969 3 199 032 6,8
14  /  486
1972 5 496 827 10,5
38  /  491
1976 5 878 192 10,4
17  /  511
1979 5 625 527 10,4
39  /  511
1980 5 803 613 9,8
29  /  511
1983 5 302 485 9,3
26  /  511
1986 5 313 246 8,8
26  /  512
1990 5 226 987 8,0
16  /  512
1993 4 834 587 7,7
15  /  511
1996 7 268 743 13,1
26  /  500
2000 6 719 016 11,2
20  /  480
2003 4 586 172 7,8
9  /  480
2005 4 919 187 7,3
9  /  480
2009 4 943 886 7,0
9  /  480
2012 3 689 159 6,2
8  /  480
2014 6 062 962 11,4
21  /  475
2017 4 404 081 7,9
12  /  465

Chambre des conseillers

Année Voix  % Sièges
1947 610 948 2,9
4  /  250
1950 1 333 872 4,8
4  /  260
1953 293 877 1,1
2  /  260
1956 599 254 2,1
2  /  254
1959 551 916 1,9
3  /  254
1962 1 123 947 3,1
4  /  254
1965 1 652 364 4,4
6  /  254
1968 2 146 879 5,0
7  /  251
1971 3 219 307 8,1
10  /  251
1974 4 931 650 9,4
19  /  260
1977
16  /  252
1980
12  /  252
1983
14  /  252
1986 5 430 838 9,5
16  /  252
1989
14  /  252
1992
11  /  252
1995
14  /  252
1998
23  /  252
2001 4 329 210 7,9
20  /  247
2004 4 363 107 7,8
9  /  242
2007 4 407 937 7,5
7  /  242
2010 3 563 556 6,1
6  /  242
2013 5 154 055 9,7
11  /  242
2016 6 016 245 10,7
14  /  242

Présidents

Chansons composées pour les anniversaires du parti

  • Warera sono michi wo yuku (われらその道を行く), composition chorale par Nobuo Sugimoto (杉本信夫) pour le 45e anniversaire du Parti communiste japonais, publiée sur Akahata (赤旗), [16].
  • Hitosuji no michi (ひとすじの道), composition chorale par Kiminobu Sōma (相馬公信) pour le 50e anniversaire du Parti communiste japonais, publiée sur Bunka-hyōron (文化評論), numéro spécial de [17].

Références

  1. « Au Japon, les insubmersibles communistes refont parler d'eux », sur LExpress.fr,
  2. (en) W.G. Beasley, The rise of modern Japan, éd. Palgrave Macmillan, 2000, p. 234.
  3. (en) D. Martin, « Kenji Miyamoto, 98, Leader of Japan’s Communist Party, Dies », sur The New York Times, .
  4. (en) « Kyodo News, « Miyamoto, key postwar leader of JCP, dies at 98 », sur Japan Times, .
  5. (en) [PDF] Résultats des élections législatives japonaises de 1969, Union interparlementaire.
  6. site de l'union interparlementaire.
  7. (en) [PDF] Résultats des élections législatives japonaises de 1972, Union interparlementaire.
  8. (en) [PDF] Résultats des élections législatives japonaises de 1976, Union interparlementaire.
  9. (en) [PDF] Résultats des élections législatives japonaises de 1979 et 1980, Union interparlementaire.
  10. Harumi Ozawa, « Le Parti communiste renforcé par la crise au Japon », sur Aujourd'hui le Japon, AFP, (consulté le ).
  11. Yasuo Hori, « 9 août 2013 », traduit de l’espéranto par Paul Signoret : http://fukushima.over-blog.fr/hori-yasuo-grand-t%C3%A9moin-de-la-catastrophe-de-fukushima.
  12. (en) Gavin Blair, « Communist Party makes a comeback ... in Japan », sur The Christian Science Monitor, (consulté le )
  13. (en) « Communism on rise in recession-hit Japan », sur BBC, .
  14. Emmanuel Bonavita, « Au Japon, un consensus inattendu sur les retraites », sur Le Monde diplomatique,
  15. Jérôme Skalski, « Armement nucléaire. Minoru Tagawa : « La voie vers un monde sans armes nucléaires peut être ouverte » », sur L'Humanité,
  16. Warera sono michi wo yuku (われらその道を行く); partition téléchargeable sur l'International Music Score Library Project. 杉本信夫 作曲「われらその道を行く」 -日本共産党を主題とする歌- (作詞:片羽登呂平 1967年)日本共産党創立45周年記念作品・入選作 「赤旗」1967年7月18日号所載.
  17. (ja) Recherche-NDL. Hitosuji no michi (ひとすじの道). 相馬公信 作曲「ひとすじの道」 -日本共産党を主題とする歌-(作詞:武石梺[たけいし ふもと] 1972年)日本共産党創立50周年記念作品・入選作 「文化評論」1972年9月臨時増刊号175ページ所載.

Voir aussi

Articles et catégories connexes

Liens externes

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