Opération Paukenschlag

L'opération Paukenschlag ou opération Drumbeat pour les Alliés, est l'attaque de la côte Est des États-Unis par des U-Boote allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le tanker Dixie Arrow torpillé par le sous-marin allemand U-71.
Le tanker MS Pennsylvania Sun torpillé par le sous-marin allemand U-571 le 15 juillet 1942.

L'opération, qui s'inscrivait dans le cadre de la seconde bataille de l'Atlantique, fut surnommée la « saison de chasse américaine » par les commandants des sous-marins allemands[1].

En effet, de janvier à , la marine allemande profita de la faiblesse et de la désorganisation des défenses américaines (pas de black-out, pas de protection des raffineries) pour couler 609 navires (dont 400 tankers transportant du pétrole[2]), soit un tonnage de 3,1 millions de tonnes ; elle perdit 22 U-boote.

Pour cette raison, les sous-mariniers allemands qualifièrent cette période de « temps heureux » ou de « période dorée »[3].

Guerre contre l'Amérique

Après l'attaque surprise des Japonais sur Pearl Harbor le , Adolf Hitler déclara aussi la guerre aux États-Unis. Il le fit rapidement, dès le et leva toutes les restrictions interdisant aux sous-marins allemands d'attaquer les navires américains — restrictions qui n'étaient déjà pas observées pour les cinq à six derniers mois de 1941 de toute façon, les U-Boots attaquant les convois américains dans l'Atlantique Nord sans avoir l'autorisation d'attaquer les navires d'escorte. Cela ouvrit un nouveau champ d'opération à Karl Dönitz, qui établit immédiatement des plans d'attaque éclair sur la côte Est américaine.

Dönitz voulait frapper avec 12 sous-marins de type IX, les seuls U-boote de croisière capables de naviguer aussi loin. Mais il fut contraint de réduire ce nombre à 6 U-Boote, Hitler voulant en envoyer dans la région de Gibraltar. Un des 6 U-Boote allait manquer à l'appel, l'U-128 ayant besoin de réparations urgentes et ne pouvant pas être prêt à temps. Ainsi, seuls 5 U-Boote participèrent à cette opération: U-66, U-109, U-123, U-125 et U-130, appelés les drumbeaters .

Les U-Boots débarquent

L'U-125 (commandé par le Kapitänleutnant Ulrich Folkers) fut le premier à partir le , suivi de l'U-123 (Kapitänleutnant Reinhard Hardegen) le 23 et l'U-66 (korvettenkapitän Richard Zapp) le 24. Finalement les deux derniers des U-Boote Paukenschlag, l'U-130 (Korvettenkapitän Ernst Kals) et l'U-109 (Kapitänleutnant Heinrich Bleichrodt) appareillèrent le 27. Il leur fallut un peu plus de deux semaines pour atteindre les eaux américaines. Ils avaient pour ordre strict de n'attaquer personne sur leur parcours, sauf si une cible particulièrement intéressante se présentait (cela signifiait un grand navire de guerre comme un croiseur, un transporteur ou un navire de combat, ainsi que l'a déclaré Dönitz : « Nous ne laissons jamais un 10 000 tonneaux nous passer devant. »)

Première torpilles

Tous les U-Boots devaient être en position et démarrer leurs attaques le à la même heure. Cependant, l'U-123 coula un premier navire le 11, le SS Cyclops, et l'U-130 torpilla deux navires les deux jours suivants. Ensuite, ils coulèrent en moyenne un navire par jour, naviguant vers le sud aussi loin que le cap Hatteras, en Caroline du Nord.

Cette première offensive sur la côte américaine prit fin le et les U-Boots rejoignirent leur port d'attache.

Ils avaient coulé 25 navires pour un total de 156 939 tonneaux, le Kapitänleutnant Reinhard Hardegen de l'U-123 ayant torpillé 9 bâtiments à lui seul, soit un total de 53 173 tonneaux.

Prolongation de l'offensive en Amérique

L'opération Drumbeat devait être la première vague d'assaut, portée par les cinq grands sous-marins, Paukenschlag étant une stratégie d'attaque surprise de la côte Est des États-Unis, et elle réussit en tant que telle.

Il y eut plusieurs autres expéditions de U-Boote dans les eaux américaines, mais ces derniers ne comptent pas vraiment comme Drumbeaters.

Au moment où les Drumbeaters atteignaient leurs bases françaises en , la vague suivante de U-Boote avait déjà frappé durement. Dans les convois suivants figuraient certains des commandants les plus aguerris de la marine allemande, comme Topp (U-552), Hardegen (U-123), Witt (U-129), Degen (U-701), Schnee (U-201), Mohr (U-124) et Lassen (U-160) pour n'en nommer que quelques-uns.

Ravitaillement par les Milchkühe

Afin d'accomplir la traversée, et grâce au soutien des Milchkühe ("vaches à lait", des U-Boots de type XIV), certains petits U-Boote de type VII sacrifièrent une grande partie de leur eau potable en remplissant leurs réservoirs d'eau de carburant diesel. Début mai, le Milchkuh U-459 put ravitailler quinze sous-marins au nord-ouest des Bermudes. Ceci augmenta considérablement la portée et la durée des patrouilles : jusqu'à quatre semaines pour les U-Boots de type VII et jusqu'à huit semaines pour ceux de type IX. Cela donna également à Dönitz la possibilité d'attaquer beaucoup plus au sud qu'auparavant.

Golfe du Mexique

L'U-507 (commandé par le Korvettenkapitän Harro Schacht) fut le premier à couler un navire dans le golfe du Mexique, le , en torpillant le cargo Norlindo (2 686 tonneaux) au ouest-nord-ouest de Key West. Pendant le reste du mois de mai, un vaisseau sera perdu presque chaque jour. Le dernier bâtiment à être coulé dans le golfe le sera le .

Formation des convois

À partir de la mi-, soit plus de quatre mois après les premières attaques, les États-Unis décidèrent de naviguer en convoi sur la côte Est. Ces regroupements se révélèrent efficaces dès le début, ainsi que l'avaient prédit les Britanniques, qui opéraient de cette manière depuis plus de deux ans et qui l'avaient conseillée à plusieurs reprises au commandement de la marine américaine. Ce système des convois fut employé par les Alliés dans les Caraïbes en juillet ; il était plus complexe que celui établi sur la côte américaine, mais il fallait encore l'assistance de corvettes britanniques et canadiennes. Vingt navires furent coulés dans les eaux du Panama.

Le , Dönitz rappela les deux derniers U-Boote opérant au cap Hatteras, l'U-754 et l'U-458, et huit jours plus tard, il réorienta l'effort de guerre dans l'Atlantique Nord, où tout avait commencé et finira.

Statistiques

Au cours des six premiers mois de l'offensive des U-Boots allemands sur la côte-est américaine, quelques 397 navires totalisant plus de 2 millions de tonneaux furent coulés, et cela coûta environ 5 000 vies.

Pendant cette opération, seulement sept U-Boote (U-85, U-352, U-157, U-158, U-701, U-153 et U-576) furent perdus. Il n'y eut des survivants que sur l'U-352 (33) et l'U-701 (7), les autres sous-marins coulant avec la totalité de leurs membres d'équipage ; 302 Allemands périrent sur ces sept U-Boote.

Durant la campagne, de janvier à , les meutes de U-Boote torpillèrent 609 navires pour un tonnage de 3,1 millions de tonneaux et perdirent 22 U-Boote.

Notes et références

  1. (en) Nathan Miller, War at Sea : A Naval History of World War II, New York, Oxford University Press, , 592 p., poche (ISBN 978-0-19-511038-8, lire en ligne), p. 295.
  2. Jean Lopez, « Le pétrole. L'arme noire qui a fait gagner les Alliés », Guerres & Histoire, no 9, , p. 52
  3. (en) Michael Gannon, Operation Drumbeat, New York, Harper Collins, , 528 p., poche (ISBN 978-0-06-092088-3), p. 296

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