Nouvelle économie classique

La nouvelle économie classique (ou novelle école classique) est un courant de pensée économique né dans les années 1970. Rejetant le keynésianisme et sa nouvelle version, la synthèse néoclassique, la nouvelle école classique se fonde entièrement sur des principes néoclassiques pour les mettre à jour. Reposant sur des fondations micro-économiques, elle en déduit des modèles macroéconomiques. Elle prône une intervention minimale de l'État dans le système économique.

Postulats

L'école de la nouvelle économie classiques se fonde sur quelques postulats centraux, qui sous-tendent tous leurs développement.

Le premier postulat est celui de la rationalité des agents, qui, en tant qu'homines oeconomici, cherchent à maximiser leur utilité. Le deuxième est celui des anticipations rationnelles, selon lequel les agents économiques prédisent avec succès les conséquences des actions de la puissance publique[1],[2]. La dernière est qu'il est nécessaire de raisonner dans un cadre de pensée où, à chaque instant, l'économie possède un équilibre général unique (avec plein emploi et pleine utilisation des capacités de production) et que cet équilibre est atteint par un mécanisme d'ajustement des prix et des salaires[3].

Thèses

Inexistence du lien entre inflation et chômage

La nouvelle économie classique s'inspire des travaux de l'école monétariste. Milton Friedman observait que le lien inverse entre inflation et chômage explicité par la courbe de Philips n'existait plus. Il théorisait que c'était dû à des anticipations adaptatives des agents économiques, qui corrigent leur comportement lorsqu'il y a de l'inflation. La nouvelle économie classique crée le concept d'anticipation rationnelle, qui n'est pas adaptative mais immédiatement parfaite.

Neutralité de la monnaie

Robert Lucas Jr soutient la neutralité de la monnaie en radicalisant la position des monétaristes[4]. Comme les monétaristes, il considère qu'il est impossible que la monnaie ait un effet positif de long terme sur l'activité économique, mais contrairement à eux, il soutient également que la monnaie est neutre sur le court terme[5],[6]. En effet, lorsque leur salaire augmente, les agents économiques comprennent immédiatement que le niveau des prix augmente aussi dans l'économie, et que, donc, leur pouvoir d'achat est identique[7]. La capacité des agents à anticiper de manière parfaite rend les politiques monétaires inutiles, à moins que les autorités réussissent à créer un effet de surprise[8].

Incohérence temporelle

Finn E. Kydland et Edward C. Prescott soulignent la propension des puissances publiques (autorité budgétaire comme autorité monétaire) à mettre en place des politiques qui, si elles étaient judicieuses au moment de la prise de décision, ne le sont plus lorsque ses effets se font sentir dans l'économie. Il est ainsi possible pour un gouvernement de mener des politiques pro-cycliques au lieu de contra-cycliques au moment où il fallait faire l'inverse. Cette incohérence temporelle fait dire à Kydlan et Prescott que la règle, le principe, est supérieur au pouvoir discrétionnaire[9].

Équilibre général

La NEC soutient que, dès lors que les prix sont flexibles, les marchés atteignent spontanément un équilibre général[10]. Le marché a donc une capacité autorégulatrice[11]. Seuls des chocs, aléatoires, font dévier l'économie de sa position naturelle (alternance politique, crise extérieure, ...)[12].

Elle rompt donc avec les conclusions de la synthèse néoclassique, et les conclusions futures de la nouvelle économie keynésienne, qui soutiennent que l'économie peut être bloquée dans des déséquilibres de long terme, ou connaître des équilibres de sous-production[13].

Inexistence du chômage involontaire

La nouvelle économie classique soutient que, en situation de concurrence pure et parfaite, le chômage involontaire est impossible[14]. Le chômage volontaire est, lui, le fait des calculs d'optimisation des agents économiques libres et rationnels[15].

Cycles économiques réels

La théorie des cycles réels est une théorie majeure développée par ce courant. La monnaie étant considérée comme neutre, les cycles économiques ne peuvent qu'être des cycles dits réels, c'est-à-dire basés sur des variables réelles et non monétaires. Les cycles sont produits par des chocs réels exogènes qui viennent modifier la structure des prix, comme des évolutions de productivité ou de l'innovation[16].

Retrait de l’État

La NEC est en faveur du retrait de la puissance publique de la sphère économique, considérant ses actions comme créant des distorsions de marché[17]. Ils soutiennent ainsi un non-interventionnisme étatique, même dans les pays en développement[18].

Auteurs

Les nouveaux classiques comprennent :

Débats et critiques

La nouvelle économique classique est critiquée par la nouvelle économie keynésienne. Elle fait remarquer que les conclusions de la NEC sont improbables dans le monde réel du fait de caractéristiques du marché du travail qui ne sont pas prises en compte par ceux-ci. La NEK s'attache ainsi à analyser les causes et les conséquences de la rigidité salariale[19].

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. (en) Rudiger Dornbusch, Stanley Fischer et Richard Startz, Macroeconomics, McGraw-Hill, (ISBN 978-0-07-231485-4, lire en ligne)
  2. (en) Chaitram J. Talele, Keynes and Schumpeter: New Perspectives, Avebury, (ISBN 978-1-85628-181-2, lire en ligne)
  3. (en) Missouri Valley Economic Association, Journal of Economics, Missouri Valley Economic Association., (lire en ligne)
  4. Ghislain Deleplace, Histoire de la pensée économique - 3e éd., Dunod, (ISBN 978-2-10-077318-3, lire en ligne)
  5. Bertrand Blancheton, Maxi fiches - Sciences économiques - 4e éd., Dunod, (ISBN 978-2-10-081216-5, lire en ligne)
  6. Patrick Artus, Agnès Bénassy-Quéré, Laurent Braquet et David Mourey, Economie: Principes fondamentaux, De Boeck Supérieur, (ISBN 978-2-8073-2380-3, lire en ligne)
  7. Arnaud PARIENTY, Précis d'économie, La Découverte, (ISBN 978-2-348-05678-9, lire en ligne)
  8. Marc Montoussé, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0658-6, lire en ligne)
  9. Valérie Mignon, La macroéconomie après Keynes, La Découverte, impr. 2010 (ISBN 978-2-7071-5775-1 et 2-7071-5775-9, OCLC 690788640, lire en ligne)
  10. Laurent Braquet et David Mourey, Économie monétaire et financière, De Boeck Supérieur, (ISBN 978-2-8073-2203-5, lire en ligne)
  11. Philippe Deubel, Marc Montoussé et Serge d' Agostino, Dictionnaire de sciences économiques et sociales, Editions Bréal, (ISBN 978-2-7495-0512-1, lire en ligne)
  12. UNESCO, Histoire de l'humanité: Le XXe siècle : de 1914 à nos jours, UNESCO, (ISBN 978-92-3-204083-1, lire en ligne)
  13. Collectif, L'Economie post-keynésienne - Histoire, théories et politiques, Editions du Seuil, (ISBN 978-2-02-137789-7, lire en ligne)
  14. Alain Beitone, Antoine Cazorla et Estelle Hemdane, Dictionnaire de science économique - 6e éd., Dunod, (ISBN 978-2-10-079956-5, lire en ligne)
  15. Encyclopædia Universalis, « N.E.C. - NOUVELLE ÉCOLE CLASSIQUE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  16. Kévin Besozzi et Olivier Sarfati, ECE 1 et 2 - Economie, Sociologie, Histoire du monde contemporain en 50 fiches et dissertations, Dunod, (ISBN 978-2-10-078450-9, lire en ligne)
  17. Paul-Jacques Lehmann, Libéralisme et capitalisme d’aujourd’hui, ISTE Group, (ISBN 978-1-78405-737-4, lire en ligne)
  18. (en) Ulf Himmelstrand, Interfaces in Economic and Social Analysis, Routledge, (ISBN 978-0-415-06872-7, lire en ligne)
  19. Philippe d' Arvisenet, La Politique économique conjoncturelle, Dunod (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-10-073117-6, lire en ligne)

Liens externes

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