Noms et titres de Jésus

Les noms et titres de Jésus sont les vocables par lesquels Jésus de Nazareth, fils de Marie, est identifié dans les écrits du Nouveau Testament. Jésus s’approprie l’un ou l’autre, mais la majorité lui sont donnés par ses disciples ou des membres de la foule. Certains lui sont donnés par les évangélistes ou saint Paul, dans ses lettres. Aucun titre, pris séparément, ne révèle toute la personnalité de celui que les chrétiens appellent Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Les noms et titres de Christ (Basilique Sainte-Marie de Bangalore)
Les noms et titres de Jésus (Basilique Sainte-Marie de Bangalore)

Titres que Jésus s'approprie

Fils de l’homme (ou ‘Fils d’Adam’)

'Jesus, the Son of Man' (Jésus, le fils de l'homme) dessin de Khalil Gibran)

Le titre souligne l’appartenance de Jésus à la race humaine, descendant du premier homme, Adam. En hébreu le mot 'Adam' fait référence à l'homme créé par Dieu, ou à la collectivité humaine. Présent dans les quatre Évangiles et très fréquemment utilisé par Jésus lorsqu’il parle de lui-même à la troisième personne (mais jamais par les évangélistes lorsqu’ils parlent de Jésus). Seule exception : dans Ac 7:56 le diacre Étienne voit « le Fils de l’homme, debout à la droite de Dieu ».

Très présent chez le prophète Ézéchiel, dans l’Ancien Testament, où il signifie simplement ’être humain’ par contraste à Dieu et aux anges, on le relève une fois chez Daniel (Dn 7:13) où il prend le sens apocalyptique de celui qui exerce le jugement divin.

Dans le Nouveau Testament Jésus parle de lui-même à la troisième personne comme le ‘Fils de l’homme’ surtout dans ses activités humaines, mais également lorsqu’il annonce prophétiquement sa souffrance et mort prochaine (Mc 8:31 et autres). Plus rarement Jésus l’utilise dans son sens daniélique lorsqu’il dit que le Fils de l’homme a pouvoir de pardonner les péchés (Mt 9:6) et est maître du sabbat (Mt 12:8).

Je suis (Ἐγώ Εἰμί : Egṓ Eimí)

Dans une série de passages de l’Évangile de Jean Jésus se présente emphatiquement avec l’expression ‘Je suis’ (Ἐγώ εἰμί : Egṓ eimí, littéralement : moi, je suis) : Je suis le Pain de vie (Jn 6:35), Je suis la Lumière du monde (Jn 8:12), je suis la Porte (du troupeau) (Jn 10:7,9), Je suis la Résurrection et la vie (Jn 11:25), etc. Ce n’est pas à proprement parler un ‘titre’ mais Jésus a l’audace de reprendre explicitement le tétragramme, qui est un nom divin absolument sacré, le ‘JE SUIS (CELUI QUI SUIS)’ de Ex 3:14. Les pharisiens l’ont bien compris qui cherchent à le lapider immédiatement après l’avoir entendu dire : « Avant qu’Abraham fut, Je suis » (Jn 8:58). Également en Jn 13:19.

L’un ou l’autre passage des Synoptiques suggèrent la même appropriation : « Beaucoup viendront en mon nom : ils diront :’ c’est moi’ (ἐγώ εἰμί : egṓ eimí) » (Lc 21:8)

Berger (Pasteur)

Le 'Bon pasteur' sur un ancien sarcophage romain

Même hors des textes bibliques le ‘berger’ est une figure traditionnelle de guide politique ou religieux d’une nation ou d’un groupe particulier. Dans l’Ancien Testament Dieu (YHWH) est interpellé « Berger d’Israël, écoute... ». (Ps 80:1). Voir aussi Gen 48:15 et autres textes. Moise (Ex 3:1), le prophète Amos (Am 1:1) et le roi David (1 S 16:11, etc) étaient littéralement des bergers avant de répondre à leur vocation particulière. L’image est fréquemment reprise pour les dirigeants d’Israël, qu’ils soient bons ou mauvais (par exemple Jer 3:11) Certains prophètes expriment l’espoir que le futur roi d’Israël sera un ‘bon berger’ (Ez 34:23 ; Mi 5:3)

Jésus parle de Dieu comme un pasteur plein de sollicitude pour ses brebis (Lc 15:4-7). Les paraboles et images tirées de la vie pastorale sont nombreuses. Le berger se laisse frapper même pour protéger ses brebis (Mt 26:31). Tous ces traits du berger sont groupés dans le discours de Jésus sur le ’Bon berger’ en Jn 10:1-10. C’est uniquement dans ce passage-là que Jésus s’approprie le titre : « Je suis le bon berger » (Jn 10:11).

Dans la bénédiction finale en Heb 13:20 Jésus-Christ est appelé « le grand pasteur des brebis ». Des allusions similaires se trouvent dans la Première épître de Pierre : « vous vous êtes tournés vers le berger et gardien de vos âmes» (1 P 2:25 ; 5:4). Et dans l’Apocalypse : « l’agneau (...) sera le berger » (Ap 7:17). Le thème du bon berger a fort inspiré l’iconographie chrétienne primitive.

Titres que Jésus s'attribue, qui sont cités par l’évangéliste Jean

La Lumière du monde

Jésus se présente en Jean, verset 8: 12 : " Je suis la lumière du monde. Qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie." Et en Jean, verset 9: 5 : " Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. " Par ailleurs, dans le prologue de son Évangile, Jean écrit a propos de Jésus, le Verbe : " En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. " (Jean, 1: 4).

La Verité et la Vie

Jésus se présente comme étant la vie : " je suis la voie, la vérité et la vie." Dit-il en Jean 14: 6 Et il précise par ailleurs : " De même que le Père a la vie en lui-même, de même, il a donné au Fils d'avoir la vie en lui-même." (Jean 5:26.) Ce qui peut être interprété théologiquement comme l'engendrement éternel du Fils par le Père, les créatures n'ayant pas la vie en elles-mêmes, mais l'ayant en Dieu, ainsi que Paul le dit aux Corinthiens : " En lui nous avons la vie, le mouvement et l'être" (Actes 17: 28).

Le pain vivant

Jésus dit à propos de la manne : " C'est moi qui suis le pain de vie. Vos pères ont mangé la manne au désert et ils sont morts (...) C'est moi le pain vivant descendu du ciel. Si quelqu'un mange de ce pain, il aura la vie éternelle." (Jean, 6: 48-51).

La Résurrection

Lors de la résurrection de Lazare, Jésus dit à Marthe : " Je suis la résurrection et la vie. Qui croit en moi ne mourra jamais" (Jean 11:25-26)

La vigne véritable

Dans son discours au Cénacle, Jésus dit à ses apôtres : " Je suis la vigne véritable et mon Père est le vigneron. Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il le coupe et celui qui porte du fruit, il l' émonde pour qu'il en porte encore davantage. (Jean, 15: 1-2)

Noms et titres donnés par d’autres (apôtres, disciples, foule)

Jésus (de Nazareth)

C’est le nom de l’enfant qui est né de Marie, à Bethléem, suivant la promesse de l’ange Gabriel. Il lui fut donné le jour de la circoncision (Mt 1 :21). Le nom est la forme grecque (Ιησους) de l’araméen ‘Joshua’ qui signifie ‘Dieu sauve’. Ce nom n’est pas exceptionnel, mais significatif (par exemple Lc 18:35). Pour le distinguer d’autres – Barabbas lui-même était prénommé ‘Jésus’ (Mt 27 :16) - on l’identifiait par son origine : ’Jésus le Nazaréen’ (Mk 10 :47), ou ‘Jésus le Galiléen’ (Mt 26 :69).

Certains titres l’identifient par rapport à sa famille : Jésus est le ‘Fils de Joseph’ (généalogie en Lc 3 :24), le ‘Charpentier’ (Mc 6 :3), le ‘Fils du charpentier’ (Mt 13 :55), le ‘Fils de Marie’ et le ‘Frère de Jacques, José, Jude et Simon’ (Mc 6 :3).

Le titre de ‘Fils de Marie’ est inhabituel (en Mc 6 :3 seulement). Il souligne la génération humaine de Jésus. Il devient populaire plus tard, en théologie chrétienne, lors des grandes controverses sur la nature divine de Jésus et la définition conciliaire de Marie comme ‘Mère de Dieu’ (‘Theotokos’), et non seulement mère de l’homme ‘Jésus’.

Christ et Messie

Le 'Christ' ou 'Messie' est celui qui est 'Oint', c'est-à-dire 'marqué de l'huile sainte'. Ce titre place Jésus dans la continuité de l’Ancien Testament – l’Oint est un titre royal - où l’attente du nouveau ‘Messie’, libérateur et restaurateur, est un thème constant. Le Messie est l’Oint’ de Dieu, c’est-à-dire ‘consacré’ avec l’huile pour gouverner Israël. Il contient cependant un aspect ‘royauté temporelle’ et politique que Jésus n’approuve pas. Il n’accepte cette reconnaissance comme Messie qu’après avoir annoncé sa passion, ainsi lors de la confession de Pierre - et « fils de David » par la foule (Mt 20:30) - mais ne l’encourage pas (Mt 16:20). Titre trop ambigu durant sa vie.

Le titre est très largement présent sous sa forme grecque (Christos) dans les Évangiles et surtout dans les lettres de saint Paul. Deux fois seulement – dans l'Évangile de Jean - sous sa forme hébraïque de ‘Messie’, en Jn 1 :41 et Jn 4 :25 (La femme samaritaine : « Je sais qu’un Messie doit venir, celui qu’on appelle Christ »).

Le Chi-Rho sur une lampe à huile

Après sa résurrection – il n‘y a plus d'ambiguïté - ce titre lui est fréquemment donné par les premiers chrétiens, dont les évangélistes. Saint Paul l’utilise 382 fois, parfois comme ‘Jésus Christ’, ou ‘Christ Jésus’ ou simplement – l’adjectif devient substantif - ‘le Christ’. Le croisement des deux lettres grecques Chi et Rho (premières lettres du mot ‘Christos’) - que l'on appelle 'Christogramme' - est devenu, dès la primitive Église, un des symboles monogramiques les plus évocateurs de la personnalité de Jésus.

Seigneur

Au départ le titre (en grec Kyrios) est un simple vocatif donné par respect a toute personne que l‘on considère supérieure à soi-même, y compris Dieu : ‘Adonai’ . Dans l’Ancien Testament le mot ‘Adonai’ (Seigneur) remplaçait le très sacré tétragramme dans toute lecture publique de la Bible.

Kyrios traduit toujours Yahve dans la version grecque de l'Ancien Testament connue sous le nom de Septuaginta [1]utilisée le plus souvent par les auteurs du Nouveau Testament.[2]

Le titre est fréquemment utilisé dans tous les livres du Nouveau testament, avec des sens divers. Les étrangers au groupe des proches de Jésus s’adressent à lui comme ‘Seigneur’, alors que les disciples eux-mêmes préfèrent le titre ‘Maître’. Cependant dans Mt 22 :43-45 Jésus montre que le Messie est ‘Seigneur’, plus grand que le roi David, sans prendre cependant le titre pour lui-même.

Hors des Évangiles, dans les lettres pauliniennes et le livre des Actes, le titre acquiert une dimension messianique et divine. Ainsi, par exemple dans certaines expressions telles que le ‘Jour du Seigneur’ (Rev 1 :10) ou le ’Repas du Seigneur’ ( 1 Cor 11 :20) qu’est le partage du pain eucharistique. Les premiers chrétiens attribuent à Jésus ce titre, considérant qu’il a le même pouvoir et souveraineté que Dieu.

Saint (de Dieu)

À l‘origine – et dans l’Ancien Testament - le titre (en grec Agios tou Theou) est une simple circonlocution utilisée pour éviter de prononcer le nom de Dieu. Au singulier il fait toujours référence à Dieu : ainsi en 1 Sam 2 :2, Job 6 :10, etc. Parfois : ‘le Saint d’Israël’ (Is 1 :4, et autres) Dans le Nouveau Testament, en Mc 1:24, Jésus est révélé, à contretemps, par des esprits impurs comme le ‘Saint de Dieu’. Mais le titre n’est pas faux. Il est repris par saint Pierre dans sa confession “nous avons cru et connu que tu es le Saint de Dieu”. (Jn 6 :69) et ailleurs dans les Actes et autres écrits néotestamentaires (1 Jn 2 :20, etc)

Fils de Dieu

Dans l’Ancien Testament le titre ‘Fils de Dieu’ ne suggère jamais une identité divine. Il signifie que la personne, - roi (Ps 2:7), ange (Gen 6:2), peuple d’Israël (Ex 4 :22) ou simple être humain (Sg 2:18) - a une relation spéciale avec Dieu.

Bien que le Jésus historique ait fait souvent allusion à Dieu comme son ‘Père’ (Abba) il ne s’approprie jamais le titre ‘fils de Dieu’. Ce sont les évangélistes - dont surtout Jean - et saint Paul qui utilisent ce titre dans un sens messianique et divin, très présent, de plus, dans toute la Tradition chrétienne primitive. Dans Marc, le verset d’ouverture (Mc 1 :1) comme plus tard le centurion, lorsque Jésus est sur la croix (Mc 15 :39), lui donnent ce titre. Dans Matthieu et Luc, Satan, le Saint Esprit et les disciples de Jésus lui donnent ce titre. Par ailleurs Jésus parle de ses disciples comme ‘enfants de Dieu’ (les béatitudes en Mt 5 :9 ; Lc 20 :36). Ces passages suggèrent clairement la divinité du Fils.

Le langage ‘Père-Fils’ est coutumier dans l'Évangile de Jean, et Jésus y est le ‘Fils’ par excellence. De plus Jean parle explicitement de Jésus comme ‘Fils unique de Dieu’ (le ‘monogenes’) en Jn 3 :16,18 et ailleurs. Paul parle librement de Jésus-Christ comme ‘Fils de Dieu’ et en plusieurs endroits importants qualifie les chrétiens de ‘enfants de Dieu’ ou ‘fils adoptifs’ de Dieu (par ex. Rm 8 :14-15). Fils de Dieu, selon la pensée hébraïque, veut notamment dire, "Être céleste" venant de l'hébreu, *Ben Elim*. Donc, Jésus est l'être céleste. C'est pourquoi en disant cela, il a failli se faire bastonner par les juifs, comprenant ce qu'il disait car dire être l'être céleste revient à dire être Elohîm, donc Dieu.

Roi d'Israël (et Roi des Juifs)

Le titre est éminemment messianique lorsque donné à Jésus par les foules qui l’acclament lors de son entrée à Jérusalem (Mt 21 :5 et parallèles en Luc et Jean) : il rappelle la période glorieuse des rois David et Salomon. Mais tout en lui suggère un roi humble et pacifique, car assis sur une ânesse.

Quatre fois Jésus est appelé ‘Roi d’Israël’ (Mt 27:42; Mc 15:32; Jn 12:13) par des opposants sur le mode de la raillerie, et par Nathaniel en Jn 1 :49. Cependant, même s’il parle souvent du ‘Royaume de Dieu’ et les ‘rois’ sont fort présents dans ses paraboles, Jésus refuse le titre et s’éloigne délibérément lorsque la foule veut le faire roi (Jn 6:15),

L’autre titre royal ‘Roi des Juifs’ est donné à Jésus à sa naissance, par les mages (Mt 2:2). Il revient, de très nombreuses fois, lors de son jugement et crucifixion (Mc 15:2) dans les quatre Évangiles, mais toujours par des opposants ou sur le mode du ridicule. Le dialogue entre Pilate et Jésus a pour sujet ce titre de ‘Roi des Juifs’ (Jn 18 :36-37) Jésus ne nie pas : « C’est toi qui le dit… » (Jn 18 :37) mais il n’a aucune ambition terrestre. Sa royauté n’est pas de ce monde (Jn 18 :36). Il est roi ‘de la vérité’ (Jn 18 :37). Moquerie ultime: l’inscription sur le bois de la croix, au-dessus de la tête de Jésus l’identifie comme ‘Jésus de Nazareth, Roi des Juifs’ (Jn 19:19).

Fils de David

D’après la prophétie de Nathan (2 Sam 7 :8-16) la dynastie royale de David, le plus glorieux des rois d’Israël, durerait à jamais. Cependant, après l’exil de Babylone, ceux qui régnèrent en Juda n’étaient pas de la descendance de David. Au temps de Jésus, le roi Hérode lui-même n’en était pas. Aussi le peuple espérait-il qu’un ‘descendant (fils) de David’ devienne roi. Cela fait partie de l’attente messianique

Ceci explique que dans le Nouveau testament le titre est donné à Jésus par des membres de la foule plutôt que par les proches disciples et apôtres. Jésus l’accepte plus facilement que celui de Messie (Mt 9 :27 ; 15 :22 ; Lc 18:36). Il rappelle cependant que le Messie attendu, est plus grand que David (Mt 22 :43-45). Le titre messianique et royal est davantage présent dans l'Évangile de Matthieu qui souligne volontiers l’héritage juif de Jésus, son enracinement en Israël. En Mt 1 :1 Jésus est également appelé ‘Fils d’Abraham’.

Prophète

Un prophète, dans la tradition biblique, n’est pas quelqu’un qui prédit l’avenir, mais qui parle au nom de Dieu : ses actions – y compris miracles – sont là pour confirmer le message divin.

Les prophètes vétéro-testamentaires sont souvent mentionnés et cités dans le Nouveau Testament, particulièrement par Matthieu. Jean-Baptiste et Jésus y sont considérés comme ‘prophètes’, même si leurs paroles et actions reflètent des styles et personnalités très différentes. Souvent adressé par la foule comme ‘prophète’ (Mc 6:15; 8:28; Mt 21:11 ; Lc 24:19; Jn 6:14) et même comme ‘grand prophète’ (Lc 7:16) Jésus ne s’approprie pas le titre sauf indirectement (à Nazareth): « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie » (Mt 13:57). Son autorité est plus grande et personnelle. Alors que les prophètes traditionnels affirment : « ainsi parle YHWH » Jésus dit « En vérité, en vérité je vous le dis... ». (Jn 3:3,11 : Lc 12:44). Cependant il agit clairement comme prophète : il dénonce les abus des autorités religieuses, il expose les ‘signes des temps’, et surtout se reconnait voué au sort tragique des prophètes (Mt 23 :37-38).

Maître

Ce titre est fréquemment utilisé, dans les quatre Évangiles, par les disciples de Jésus ; également par quelques adversaires. À l’époque de Jésus c’est un titre commun de respect vis-à-vis des enseignants (‘didaskalos’), mais pas seulement. Il suggère également un statut de supériorité : le grec ‘epistatès’ est ‘celui qui se tient au-dessus’. Hors des Évangiles certains qui étaient chargés de l’enseignement de la foi étaient également appelés ‘maitres’ : Ac 13 :1 ; 1 Cor 12 :28-29 et autres.

Le titre Rabbi (en hébreu) ou Rabbouni (en araméen) – ce dernier est explicitement traduit en ‘maître’ par Jean en Jn 20:16 - est équivalent. Il était très courant pour s’adresser à un maitre spirituel juif. Jean-Baptiste est également appelé ‘Rabbi’ par ses disciples (Jn 3:26). Jésus le reprend pour confirmer : « vous m’appelez Seigneur et maître, et vous dites bien, car je le suis » (Jn 13:14). Ailleurs Jésus proteste (Mt 23:8) : « ne vous faites pas appeler ‘maîtres’ (rabbis) car vous n’avez qu’un seul maître (didaskalos)... ».

Cependant, à la fin du Ier siècle, il prendra parmi les Juifs le sens de « spécialiste en Écriture sainte », et les écoles religieuses du Judaïsme deviendront « rabbiniques ».

Dieu

L'apôtre Thomas, après avoir doute de la résurrection de Jésus rapportée par les autres apôtres, mis en sa présence, lui dit : "mon Seigneur et mon Dieu. " (Jean, 20, 28).

Titres donnés par les évangélistes

Certains titres apparaissent dans le récit narratif des Évangiles, sans être vocatifs :

Emmanuel

Ce nom hébreu se trouve uniquement dans l’Évangile de Matthieu (Mt 1:23). L’évangéliste cite la prophétie d’Isaïe (Is 7:14), et, en donnant la traduction - ‘Dieu [est] avec nous’ - l’associe directement au nom de ‘Jésus’ qui précède en Mt 1:21, qui veut dire ‘Dieu sauve’, le complémentant, en quelque sorte.

Serviteur

Si Jésus a pris les traits de l’esclave pour nous sauver (Ph 2:7) jamais ce titre (‘doulos’) ne lui est donné. Par contre, citant la prophétie d’Isaïe (Mt 12:18), Matthieu parle de Jésus comme du ‘Serviteur’ de Dieu, c'est-à-dire celui dont l’allégeance à Dieu est parfaite. Également dans le discours de Pierre en Ac 3:13.

Sauveur

Dans l’Ancien Testament le titre est utilisé une douzaine de fois pour qualifier Dieu, celui qui sauve son peuple de dangers et calamités. Dans le Nouveau Testament le titre ‘Sauveur’ (Sotèr) est rare dans les Évangiles (absent chez Matthieu et Marc) mais très présents dans les lettres pastorales. Dans le ‘Magnificat’ de Marie Dieu est ‘mon Sauveur’ (Lc 1:46). En Lc 2:11 l’ange annonce aux bergers un ‘Sauveur qui est le Christ Seigneur’. Devant le Sanhédrin Pierre proclame Jésus le Ressuscité comme ‘Prince et Sauveur’ (Ac 5:31).

L’ expression ’Sauveur du Monde’ apparaît uniquement en Jean (Jn 4:42 et 1 Jn 4:14). Il souligne le caractère universel de la mission de Jésus. Si le substantif ‘Sauveur' est rare, le verbe ‘sauver’ est utilisé par les évangélistes pour raconter le ministère de Jésus : Mc 13:13 ; Lc 7:20, etc). Il ne faut pas oublier que le nom même de Jésus signifie ‘Dieu sauve’.

Parole (Verbe)

Jésus-Christ comme ‘Parole’ de Dieu est présent uniquement dans le prologue de l’Évangile de Jean (Jn 1:1-18). Ce titre est éminemment christologique. Le mot ‘Logos’ ne signifie pas seulement ‘parole’ ou ‘mot’ il peut être également traduit par ‘phrase’ ou même ‘discours’. Jean fait certainement allusion au récit de la création en Gen 1 où Dieu crée l’univers par sa simple parole : ‘Dieu dit...’ (Gen 1:3). Car Jésus, le ‘Verbe’, était ‘au commencement’ (Jn 1:1) et dans sa divinité participa à la Création. En outre Jean a sans doute en tête le psaume 114 ou il est six fois question du Verbe divin sauveur, aux verstes 25, 58, 81, 89, 107 et 114. Titre et thème de Jésus comme ‘Parole (verbe) de Dieu’ sont très présents dans le christianisme de l’Église primitive.

Agneau de Dieu

Ce titre (en grec: amnos tou Theou) est donné à Jésus par Jean-Baptiste, dans l’Évangile de Jean (Jn 1:29, 36) : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». C’est la seule occurrence. La référence prophétique au sacrifice de l’agneau pascal est évidente. Jésus est mort sur la croix au moment où l’agneau ‘sans tache’ était immolé au Temple de Jérusalem (cfr Jn 19:28sv). L’allusion reviendra indirectement ailleurs, ainsi en Ac 8:32 et 1 P 1:19. Et surtout dans la vision de l’Agneau dans le livre de l’Apocalypse : Ap 5:6,12 (et autres textes) En 1 Cor 5:7 Paul parle du « Christ notre pâque, a été immolé ».

Titre et image furent exceptionnellement populaires dans l’Église primitive, y compris dans ses célébrations eucharistiques et son iconographie.

Avocat (Paraclet)

Ce titre à la consonance juridique est typiquement johannique : il est généralement attribué au Saint-Esprit que Jésus enverra (Jn 14:16,26 et autres). Mais dans sa première lettre l’évangéliste écrit : « nous avons un défenseur [Paraclet] devant le père, Jésus Christ, qui est juste» (1 Jn 2:1). Comme l’étymologie le suggère le Paraclet est celui qui se tient ‘à côté’, en d’autres mots: l’avocat.

Grand prêtre

Jésus n’appartient ni à la tribu de Levi (le groupe sacerdotal des lévites) ni à la famille des grand-prêtres de la nation juive. Il n’est en rien lié au culte traditionnel juif ni au Temple de Jérusalem, même s’il en fait sa ‘maison’ (Mt 21 :12). Nulle part dans les récits évangéliques n’est il appelé ‘prêtre’ ou même associé à quelque fonction sacerdotale que ce soit. Ni dans les lettres pauliniennes ou pastorales.

Cependant le titre unique de ‘grand prêtre éminent‘ (Heb 4:14) lui est donné dans la lettre aux Hébreux. Ce grand prêtre est d’un type différent, non pas de la classe ou descendance d’Aaron (desquels sont les grands-prêtres d’Israël) mais de l’ordre de Melchisédech (Heb 6:20), prêtre universel qui est appelé « Prêtre de Dieu le très Haut » en Gen 14:18). Jésus a mené à terme l’office de tout sacerdoce, y compris en Israël, étant lui-même prêtre et victime. Il est le médiateur unique de l’Alliance nouvelle entre Dieu et les hommes.

Notes et références

  1. (he) Robert Anhart, Septuaginta, Gottingen, Académique Scientiarum Gottigensis, , 941 pages p., Partout dans les Ecritures
  2. (la + el + et + de) Dubernard Nestle, Album Testamentum Graece et latine, Stuttgart, Wurttenbergensis Bibelanstalt, , 671 pages p., Toutes les pages concernees
  • Portail de la Bible
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.