Nicolas Théobald

Nicolas Théobald, né à Montenach (Moselle) le et mort à Obernai (Bas-Rhin) le , est un géologue, paléontologue lorrain et français.

Pour les articles homonymes, voir Théobald.

A ne pas confondre avec Frederick Vincent Theobald (1868-1930), entomologiste britannique et diptérologue.

Il est surtout connu pour l'orientation nouvelle de sa Thèse d'Etat sur Les Insectes fossiles des Terrains oligocènes de France(1937). Il découvrit plusieurs genres et plus de 300 espèces d'insectes ; toutefois, ces fossiles étant souvent très proches des espèces actuelles, ce n'est pas leur valeur stratigraphique qui fut mise en avant, mais leur signification biogéographique, permettant de déterminer les caractères climatiques et environnementaux de leurs milieux de vie et de décrire les paysages de la « France » oligocène.

Il fut aussi un spécialiste de l'histoire géologique de tout le bassin du Rhin moyen et de la Moselle. Il insista sur les preuves de mouvements tectoniques quaternaires principalement dans le fossé rhénan.

Agrégé de Sciences Naturelles, il eut très tôt la vocation d'enseigner et forma de nombreux chercheurs comme professeur de géologie à l'Université de Sarrebruck, puis à l'Université de Besançon, tout en attirant l'attention sur la nécessaire protection des ressources en eau potable et des milieux naturels fragiles.

Biographie

Jeunesse

Nicolas Théobald est né à Montenach, dans un village proche de l'Allemagne et du Luxembourg comme il le raconte dans son ouvrage de souvenirs À l'heure des cloches de mon village : Scènes d'un village lorrain du début du 20e siècle[1]. Il passe toute son enfance « rythmée au son des cloches »[2]. Il est issu d'une famille nombreuse de huit enfants, son père étant le maire du village, pratiquant l'élevage et travaillant aux champs[3]. Sa mère allait vendre au marché local proche les produits de la ferme, comme les mottes de beurre « bien malaxé, ne contenant aucune trace de petit lait », dont elle était réputée, ainsi que les douzaines d'œufs « treize à la douzaine, selon la coutume de la petite ville », que les « bourgeoises de Sierck » s'empressaient d'emporter[4].

Formation

En , il prépare le concours d'entrée à l'école normale à l'école préparatoire de Phalsbourg[5]. Il quitte son village à quinze ans afin d'étudier et d'obtenir ses diplômes, n'y revenant que pendant les vacances. Suivront cinquante ans au service de l'enseignement et de la recherche.

Après le retour de l'Alsace-Lorraine à la France, Nicolas Théobald est admis à l'École normale d'instituteurs de Metz, premier de la promotion 1920-1923[6]. C'est l'occasion de découvrir les témoins du passé gallo-romain de la Moselle au Musée de Metz. Dans Montenach, Monographie d'un village lorrain[7], Nicolas raconte comment, sur les conseils du conservateur Roger Clément, il recherche dans les champs de Montenach des restes de grandes tuiles qui pourraient porter le sceau du fabriquant. Son jeune frère Albert, qui l'accompagne, en trouve une avec six lignes de texte ; traduites par R. Clément, elles révèlent un compte des heures de travail d'un ouvrier de la tuilerie. Ce précieux vestige, daté du IIe siècle, est toujours conservé au Musée de Metz[8],[9]. Nicolas poursuit sa quatrième année à l'École normale d'instituteurs de Lyon[10] et réussit son entrée à l'École normale supérieure de Saint-Cloud (1924-1926) ; ses rencontres avec Teilhard de Chardin le déterminent dans sa vocation[5].

Carrière

Après son service militaire, il est nommé professeur à l'école normale d'Obernai en 1927, étudiant en parallèle à l'université de Strasbourg et devient agrégé de sciences naturelles en 1930, date à partir de laquelle il enseigne au lycée de Mulhouse, puis au lycée de Nancy[5]. Il soutient sa thèse à Nancy en 1937, et est élu à l'Académie nationale de Metz la même année, puis il est nommé inspecteur d'académie à Albi (1937), puis à Colmar 1938). Avec le début de la guerre en 1939, N. Théobald est mobilisé comme lieutenant d'artillerie à Coëtquidan puis officier géologue à Mulhouse. Après la débâcle, il se retrouve, de 1940 à 1944, inspecteur d'Académie à Châteauroux, où ses liens avec le maquis berrichon lui permettent de dissimuler quelques malgré-nous alsaciens-lorrains.

Au cours de la Libération progressive du territoire français, Châteauroux est libéré le et le Gouvernement provisoire de la République française nomme Nicolas Théobald Inspecteur d'Académie à Strasbourg (15 Novembre 1944). Il y arrive avant la libération de la grande ville alsacienne (). Il est chargé de rouvrir les écoles dans les villages au fur et à mesure du retrait des troupes allemandes, jusqu'à la libération définitive de Lauterbourg le [11].

Après la guerre, il est nommé Administrateur en chef des Services de l'Éducation Publique de Bade, à Fribourg-en-Brisgau (1945-1948)[5]. Parfaitement bilingue, il œuvre dans un esprit de réconciliation franco-allemande, suivant le mouvement lancé par Robert Schuman. En 1948, il participe à la fondation de l'Université de la Sarre, Universitas Saraviensis, où il est nommé Professeur de Géologie et où il est élu Doyen de la Faculté des Sciences (1949-1953)[5]. Puis, il poursuit sa carrière à l'Université de Besançon, comme titulaire de la chaire de Géologie Historique et Paléontologie (1953-1974)[5].

Travaux et publications

Nicolas Théobald a publié de nombreux ouvrages et articles, notamment liés à ses recherches en Géologie[12],[13], en Paléontologie,[14] et en Géologie historique[15] et à ses fonctions de professeur de géologie aux universités de Sarrebruck et de Besançon[16].

Ses ouvrages de base pour la préparation aux concours de recrutement à l'enseignement des sciences de la terre reposent sur une longue pratique de la recherche sur le terrain et en laboratoire, dont sa thèse d'État, Les Insectes fossiles des terrains oligocènes de France, est le témoignage le plus connu[17].

Il est notamment auteur de nombreuses cartes géologiques[18].

Une liste chronologique complète des articles et des cartes géologiques peut être consultée sur Wikispecies[19].

Fig.1, 2 et 3: Terrasses emboîtées ou étagées.

Terrasses alluviales et néotectonique

Au cours de ses études, Nicolas Théobald avait été séduit par les idées avant-gardistes d' Alfred Wegener (1880-1930), théoricien de la dérive des continents. Mais, dans la première moitié du XXe siècle, la plupart des géologues et géographes estiment que les mouvements tectoniques responsables de la mise en place des continents et des montagnes ne sont plus sensibles à l'ère quaternaire. Les modifications du relief, quand les continents sont stables, sont alors liées aux variations du niveau des océans, comme l'explique la théorie eustatique, issue des travaux du géologue américain W.M. Davis et dont le principal représentant en France était, au début du XXe siècle, Henri Baulig, professeur de géographie à l'Université de Strasbourg (1877-1962).

  • Controverses autour de la théorie eustatique

Ces controverses ont été évoquées par les anciens élèves de N. Théobald : J. Blaison, M. Campy, D. Contini et Y. Rangheard, dans un article de synthèse consacré à sa carrière[20].

Comparaison de deux reconstructions de niveaux de mer pendant les 500 derniers millions d'années. L'échelle des changements durant la dernière transition glaciaire/interglaciaire est indiquée par la barre verticale noire. Pendant la plus grande partie de l'histoire géologique, le niveau moyen à long terme de la mer était significativement plus haut qu'aujourd'hui.

Les géologues s'accordent sur le fait qu'au Quaternaire, le niveau des océans a subi d'importantes fluctuations, liées aux variations de température. Lors des périodes glaciaires, l'eau étant capitalisée dans les glaciers de montagne et les Inlandsis, le niveau des mers a baissé, ce qui a favorisé l'érosion dans le cours inférieur des fleuves, tandis que leur cours supérieur était encombré de débris fluvio-glaciaires. Lors des interglaciaires, la remontée du niveau marin a favorisé au contraire l'alluvionnement à l'aval. Au moins quatre périodes glaciaires ont été répertoriées au Quaternaire et l'alternance de phases de creusement et de remblaiement a permis la formation de terrasses étagées ou emboîtées le long des cours d'eau[21] (Figures 1, 2 et 3).

La théorie eustatique se justifie dans les régions stables depuis la fin de l'ère tertiaire, comme les grands bassins sédimentaires, et Nicolas Théobald l'a appliquée dans ses premiers travaux sur la vallée de la Moselle à l'aval de Thionville ; il reconnaît des terrasses à 90, 60, 40 et 15 mètres au-dessus du niveau d'étiage de la rivière et les met en rapport avec les quatre grandes périodes glaciaires du Quaternaire[22],[23],[24].

Mais ses études sur les terrasses d'alluvions anciennes du Rhin en Alsace et dans le Pays de Bade révèlent une disposition aberrante : leur altitude relative diminue de l'amont à l'aval, où elles s'ennoient dans les alluvions récentes, et le soubassement rocheux est de plus en plus profond. N. Théobald, rappelant les observations concordantes de A. Gutzwiller (1894)[25] (1912)[26], Johannes Ernst Wilhelm Deecke (1917)[27], et A. Briquet (1928)[28], (1930)[29], conclut comme ces géologues que, durant le dépôt des alluvions, la plaine du Haut-Rhin a continué à s'affaisser (1933)[30]. Cette région proche de Bâle, classée en zone IX-X sur une échelle de XII, l'échelle MSK, est encore affectée par des tremblements de terre ; en 1356, la ville de Bâle fut presque entièrement détruite par un séisme historique[31].

Le jeune géologue compte développer ce thème dans une thèse, mais à l'université de Strasbourg, où il a passé sa licence et son diplôme de maîtrise universitaire en sciences, le géographe Henri Baulig, tenant de la théorie eustatique, fait travailler ses élèves sur les vallées du versant alsacien des Vosges, à charge pour eux de démontrer la stabilité du massif au Quaternaire. Le géographe n'admet pas la subsidence quaternaire du fossé rhénan (1935)[32]. La pression de l'école eustatique oblige Nicolas Théobald à abandonner ses travaux et à trouver un autre sujet de recherche, en paléontologie. Il attendra plus de 10 ans la liberté de reprendre le thème de la néotectonique dans le fossé rhénan.

  • La reconnaissance des théories néotectoniques

Reprenant ses recherches dès la fin de la guerre, Nicolas Théobald publie en 1948 des données précises dans un mémoire sur le sud du fossé rhénan, et il affirme[33] qu' « Il est impossible d'expliquer l'accumulation de 200, parfois 300 et même 400 mètres d'alluvions dans certaines parties du fossé, si on n'admet pas que le fond même du fossé se soit abaissé au cours du dépôt (p.40-41) ».

Puis, en 1949, dans sa Contribution à l'étude de la basse terrasse rhénane[34], entre Bâle et Karlsruhe, N. Théobald conclut que « les mouvements tectoniques ont interféré avec les phénomènes de remblaiement liés à l'eustatisme des niveaux de base ». Les vues des partisans de l'eustatisme et celles des tectoniciens se trouvent ainsi conciliées.

Entre 1950 et 1977, N. Théobald publie encore de nombreux articles sur le fossé rhénan, la Lorraine, le sud des Vosges et le fossé de la Saône, où il souligne l'importance des mouvements verticaux au Quaternaire. Il est en accord avec les chercheurs qui proposent d'expliquer l'affaissement du fossé rhénan par une compensation isostatique au relèvement des massifs anciens qui l'encadrent. Désormais, les « néotectoniciens » sont nombreux, tant en France qu'en Allemagne. La notion de mouvements tectoniques quaternaires, liée à la « théorie des plaques » est universellement acceptée.

Paléontologie et écologie

Fig.4: Thèse de Nicolas Théobald, pl. II, Insectes du Sannoisien du Gard[note 1].
33.9–28.1 Ma
Cénozoïque : Sannoisien

Lorsqu'il dut abandonner son sujet de thèse sur la néotectonique, N. Théobald avait déjà publié plusieurs articles sur la faune des ères secondaire ou quaternaire. En effet, le géologue cherchant à dater les terrains sédimentaires sur lesquels il travaille, par exemple pour établir une « carte géologique », est heureux de trouver des fossiles et doit les identifier. Certaines espèces n'ont encore jamais été décrites. Il doit leur donner un nom !

  • Les insectes fossiles des terrains oligocènes de France : thèse de 1937

Les études sur les insectes fossiles sont rares lorsque Nicolas Théobald entreprend sa thèse sur les insectes oligocènes ; ceux-ci ne se trouvent que dans des dépôts continentaux ou lacustres, souvent négligés ou étudiés de façon marginale à l'époque. Ces fossiles sont petits et fragiles, de conservation difficile. Il est exceptionnel de trouver des échantillons entiers, sauf si l'insecte, tombé dans un lac ou une lagune en voie de comblement, a été enseveli rapidement sous des limons, s'il s'est trouvé enveloppé par des cendres volcaniques, ou encore piégé par une coulée de résine, qui donnera de l'ambre. Bénéficiant de l'accès à des collections de musées d'histoire naturelle, comme Bâle, Marseille, Clermont-Ferrand, Bruxelles, le paléotonlogue va analyser environ 3 000 échantillons, qui seront photographiés, dessinés, comparés à des insectes fossiles déjà connus et aux représentants actuels des mêmes genres, et déterminés (Figure 4)[note 1].

N.THEOBALD, Fig. 5 Aquisextana irenaei, Photographie et interprétation graphique, 1937

Ces fossiles sont répartis en 650 espèces, dont 300 nouvelles, qui sont replacées dans leur milieu, par l'analyse des conditions de sédimentation et des restes végétaux : les biotopes sont reconstitués, car la faune caractérise bien les climats régionaux. Ainsi sera présentée une synthèse vivante des milieux naturels de la période oligocène.

Sur le territoire de la France actuelle, à l'Oligocène, la surface occupée par les lacs et les lagunes est considérable. Au Sud et au Sud-est de notre pays, l'orogenèse pyrénéenne ayant atteint son stade paroxysmal et les Alpes et la Provence étant en voie de surrection, des fossés d'effondrements et des synclinaux accueillent la sédimentation des débris arrachés aux terres émergées:

    • Ainsi, entre les Cévennes et les Garrigues languedociennes, un petit fossé à l'Est d'Alès (Gard) est occupé par des eaux saumâtres, où se déposent calcaires, calcaires marneux et grès et colonisées par des nymphéas et des roseaux, avec des hauts-fonds herbeux et des rives boisées de conifères et de pandanus où prospèrent les Bibionidés, diptères floricoles aux larves aquatiques, ou des Libellulidés. Plus haut poussent des Acacia celasensis LAURENT. L'analyse des genres permet de supposer un climat méditerranéen à affinités subtropicales prononcées, comparable au climat actuel des Indes orientales et du Sud de la Chine[35].
    • Plus à l'Est, au Nord du site actuel d'Aix-en-Provence, nous sommes plus près des mers périalpines. Des marnes calcaires séparant des bancs de gypse, exploités pendant des siècles à la « montée d'Avignon », ont fourni un nombre considérable d'insectes fossiles (p.291). Ici, « des lagunes soumises à des influences marines périodiques » sont peuplées de poissons donnant la chasse aux insectes « dans les anses aux eaux tranquilles » : Hydrophilidés, Dytiscidés, etc. N. Théobald cite de nombreuses plantes aquatiques (Typha latissima HEER, nénuphars). Sur les bords, des iris fleurissent au milieu des cyperacées et des graminées, habitées par des libellules et des Phryganes, des Bibio, Plecia et Tipules. Dans les forêts de conifères, les fourmilières sont nombreuses. Au dessus de ces bassins, les chaînons de Provence, déjà émergés, sont occupés par des sortes de savanes, comme semble le prouver la présence de termites[36].
    • En Haute-Alsace, l'ambiance est différente, car le fossé rhénan est occupé par une mer communiquant avec la Mer du Nord, ce qui explique la rareté des genres d'eau douce (comme les libellules). Les gisements près de Mulhouse (Brunstatt) et dans le Pays de Bade (Kleinkembs, rive droite du Rhin en face de Kembs) présentent des marnes en plaquettes du Sannoisien moyen[37]; du côté allemand, on trouve davantage de Formicidés et de termites, prouvant la proximité d'étendues arides à l'emplacement de l'actuelle Forêt-Noire. Ces steppes sont parcourues par des oueds bordés de ripisylves. Lors des crues, les eaux entraînent des insectes mélangés à des débris végétaux jusqu'à des lagunes saumâtres soumises à de fréquentes influences marines[38].
    • La thèse décrit aussi insectes et milieux oligocènes de Céreste (Basses-Alpes, aujourd'hui Alpes-de-Haute-Provence) dans le Luberon et de nombreux sites d'Auvergne.

La coexistence de certains insectes montre que, déjà entre 25 et 35 millions d'années avant le temps présent, il existe entre les espèces des relations de commensalisme ou de parasitisme; les fourmis vivent en sociétés... Dans une Note complémentaire sur les insectes fossiles oligocènes des gypses d'Aix-en-Provence[39], le paléontologue décrit encore de nouvelles espèces, dont un magnifique Lépidoptère de la famille des Lycaenidae, Aquisextana irenaei, dédié à son épouse Irène (Figure 5). Cette étude paléontologique apparaît comme une véritable écologie du passé[40]. L'originalité de la méthode fut reconnue jusqu'au Canada [41].

Autres contributions paléontologiques

Nicolas Théobald a consacré à la période oligocène de nombreux autres travaux, en particulier sur les poissons d'Alsace[42] et d'Auvergne[43].

D'autres recherches ont concerné les Stégocéphales du Permien inférieur (ou Cisuralien) de Saint-Wendel en Sarre[44], les ammonites d'Alsace[45] ou de Franche-Comté[46] ou les faunes quaternaires en Alsace[47],[48], dans le Palatinat[49] et en Franche-Comté[50].

L'ouvrage de base publié en 1958 avec A. Gama souligne l'influence du milieu sur l'évolution des êtres vivants et insiste sur l'équilibre dans les biotopes. Un autre ouvrage, traitant des Fondements géologiques de la préhistoire[51], fut l'objet d'un large compte-rendu par Henriette Alimen, (Directrice du Laboratoire de Géologie Quaternaire du CNRS), dans la séance de la Société Préhistorique Française du 28/02/1973[52].

Écologie, hydrologie et vie humaine

Le paléontologue n'ignore pas que la dégradation du milieu entraîne celle de la vie qui lui est associée. Confronté aux problèmes des groupes humains, il garde la même orientation écologique. Dans le cadre de sa charge de géologue associé au BRGM pour la mise au point de cartes géologiques, Nicolas Théobald devait assurer la recherche d'eau potable pour les communes de Haute-Saône ; constatant les risques de pollution des nappes phréatiques par les sablières, les ateliers de traitement des métaux, les abattoirs, laiteries et décharges, il insistait auprès des maires pour créer des périmètres de sécurité autour des captages d'eau potable. De cette expérience sortit la publication d'un ouvrage sur la géologie et l'hydrogéologie de la Haute-Saône[53].

Ses interventions furent parfois liées à des projets de grande envergure, comme celui de la création d'un lac artificiel à Vaivre ( près de Vesoul, Haute-Saône), projet porté par le maire de Vaivre. Dans un ouvrage récent, le maire de l'époque, Pierre Bonnet, rappelle l'intervention du Professeur Théobald de l'Université de Besançon, «scientifique de référence pour toutes les études géologiques»[54], qui rédigea en 1970 un rapport préalable à l'établissement du lac. Celui-ci fut aménagé de 1976 à 1978 ; les matériaux extraits lors du creusement furent déposés sur des terrains dédiés à l'extension de l'usine PSA de Vesoul. Ce lac de Vaivre-et-Montoille, qui s'étend sur 95 hectares est aujourd'hui une zone de loisirs et une zone naturelle d'intérêt écologique où s'arrêtent de nombreux oiseaux migrateurs.

La conservation du patrimoine naturel du village de Montenach

Retraité, Nicolas Théobald prend le temps de rédiger une monographie de son village natal et un recueil de ses souvenirs de jeunesse.

En même temps, il s'engage dans la conservation du patrimoine naturel des collines qui servaient de pâture aux moutons et aux porcs tout autour du village ; elles sont occupées par des pelouses sèches où prospèrent en particulier des orchidées spectaculaires (Dactylorhiza maculata, Orchis mascula, Orchis militaris). L'enfant du pays convainc la municipalité de lutter contre le reboisement favorisé par l'abandon des pratiques ancestrales d'élevage. Après son décès (1981), le conseil municipal de Montenach et plusieurs propriétaires conviennent, avec le département de la Moselle, d'ériger les pelouses sèches en réserve naturelle volontaire, la réserve des sept collines, dédiée au professeur Nicolas Théobald[55]. Une convention de gestion est signée entre la commune et le Conservatoire des Sites Lorrains en 1987. Puis la réserve naturelle nationale de Montenach est classée par décret du [56],[57]. Elle est aujourd'hui gérée par le Conservatoire d'espaces naturels de Lorraine.

Nicolas Théobald fut un de ceux qui alertèrent l'opinion sur la nécessité de prendre des mesures de protection de la Nature. Le paléontologue n'est pas un scientifique fermé à la vie ; au contraire, la recherche des traces de vie dans un monde pétrifié lui donne une sensibilité particulière à la protection de ses formes actuelles, que l'exploitation abusive des milieux naturels met en péril.

Distinctions

Nicolas Théobald est récipiendaire des décorations suivantes[58] :

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Ouvrages de l'auteur

  • Nicolas Théobald, Les insectes fossiles des terrains oligocènes de France, Université de Nancy, , 473 p. (OCLC 786027547). 
  • Nicolas Théobald, Les Fondements Géologiques de la Préhistoire. Essai de chronostratigraphie des formations quaternaires., Paris, Doin, , 95 pp., 45 figures. p. (notice BnF no FRBNF35277288). 
  • Nicolas Théobald, Montenach, Monographie d'un village lorrain, Obernai 9 rue de la Victoire, 67210, , 211 pp., 28 fig., 5 pl. p. (présentation en ligne). 
  • Nicolas Théobald, À l'heure des cloches de mon village : Scènes d'un village lorrain au début du 20e siècle., Obernai, , 176 pp., 160 fig., 4 pl. p. (ISBN 2-307-43014-8, EAN 9782307430148, présentation en ligne). 

Articles de l'auteur

  • Nicolas Théobald, « Les alluvions anciennes de la Moselle aux environs de Sierck. », Compte Rendu Sommaire de la Société Géologique de France,, , p. 2: 10-12. (ISSN 0037-9417). 
  • Nicolas Théobald, « Le pays de Sierck, Description géologique comprenant une étude détaillée des terrasses de la Moselle entre Koenigsmacker et Sierck. », Bulletin de la Société d'Histoire de la Moselle, 33e cahier, 4e série,, , p. IX: 1-45, 5 figures, 8 planches. (ISSN 1149-4719). 
  • Nicolas Théobald, « Observations sur la basse terrasse du Rhin en aval de Bâle. », Bulletin de la Société Industrielle de Mulhouse, IC,, (lire en ligne). 
  • Nicolas Théobald, « Contribution à la paléontologie du bassin oligocène du Haut-Rhin et du Territoire de Belfort. Les poissons oligocènes. », Bulletin du Service de la Carte géologique d'Alsace et de Lorraine, , (2): 117-162, planches XI-XV. (ISSN 0037-2560, lire en ligne). 
  • Nicolas Théobald, « Les formations quaternaires. », L'Enseignement scientifique, 8e année, , (79): 262-271, (80): 303-307, 6 figures, 1 tableau (ISSN 0367-1372). 
  • Nicolas Théobald, « Les alluvions anciennes de la Moselle et de la Meurthe en amont de Sierck. », Bulletin du Centenaire de la Société d'Histoire Naturelle de la Moselle, Metz, , (3), 34:69-100, 1 figure, 2 tableaux. 
  • Nicolas Théobald, « Note complémentaire sur les insectes fossiles oligocènes des gypses d'Aix-en-Provence. », Bulletin de la Société des Sciences de Nancy, , (6):157-178, 2 planches,7 figures. (ISSN 1155-1119, BM SSN Juin 1937). 
  • Nicolas Théobald, « Découverte d'une défense de Mammouth, Elephas primigenius, dans les alluvions de la plaine rhénane de Valff (Bas-Rhin). », Bulletin de la Société des Sciences de Nancy, , (5):142-145 (ISSN 1155-1119, BM SSN Mai 1937). .
  • Nicolas Théobald, « Carte de la base des formations alluviales dans le sud du fossé rhénan. », Mémoires du Service de la Carte Géologique d'Alsace et de Lorraine, , (9):5-77, 9 cartes, 4 coupes, 1 planche. (lire en ligne). 
  • Nicolas Théobald, « Contribution à l'étude de la basse-terrasse rhénane. », Bulletin de la Société Géologique de France, , (5), 19: 155-160. (ISSN 0037-9409). 
  • Nicolas Théobald, « Contribution à l'étude des Stégocéphales du Permien inférieur de la Sarre. », Annales Universitatis Saraviensis, Sciences, , p. VII, (2): 192-210, 4 planches. 
  • Nicolas Théobald, « Elephas Trogontherii dans les alluvions anciennes du niveau de Griesheim (Bas-Rhin). », Bulletin du Service de la Carte Géologique d'Alsace et de Lorraine, , T. 11, (2):21-24), 1 fig. (ISSN 0037-2560, lire en ligne). 
  • Nicolas Théobald, « Géologie et Hydrogéologie de la Haute-Saône. », Annales Scientifiques de l'Université de Besançon, , p. 3e série, Géologie, fasc. 14, 76pp.,15 figures, 10 planches hors texte, 2 cartes. (notice BnF no FRBNF35162408, lire en ligne). 

Articles communs

  • L. Piton et Nicolas Théobald, « Poissons, crustacés et insectes fossiles de l'Oligocène du Puy-de-Mur (Auvergne). », Mémoires de la Société des Sciences de Nancy, , p. 11-47, 28 fig., 2 pl. (ISSN 0369-2183). 
  • Nicolas Théobald et M. T. Cheviet, « Les Ammonites du Toarcien supérieur du Jura franc-comtois. », Annales Scientifiques de l'Université de Besançon,(2), Géologie, , (9): 43-77, 17 figures, 3 planches (ISSN 0523-056X). 
  • Nicolas Théobald et F. Firtion, « Découvertes paléontologiques dans la plaine du Rhin à Wörth en Palatinat. », Annales Universitatis Sarraviensis, , p. II, (3):177-185, 3 planches. 
  • Nicolas Théobald et H. Moine, « Les ammonites du Toarcien supérieur et de l'Aalénien du sentier de l'Ehn près d'Obernai (Bas-Rhin). », Bulletin du Service de la Carte Géologique d'Alsace et de Lorraine, , t 12,fasc. 1, 1-36, 6 planches (ISSN 0037-2560, lire en ligne). 
  • Nicolas Théobald et C. Szymanek, « Le crâne du Rhinocéros à narines cloisonnées des grottes de Rigney (Doubs). », Annales Scientifiques de l'Université de Besançon (2) Géologie, , fascicule 17:97-113 (ISSN 0523-056X). 

Ouvrages en commun

  • Nicolas Théobald et Adrien Gama, Géologie générale et Pétrographie, Paris, Doin, Deren et Cie, , 304 p. (notice BnF no FRBNF33191118), 157 fig., 12 planches.
  • Nicolas Théobald et Adrien Gama, Géologie générale et Pétrologie, Éléments de géodynamique, Paris, Doin, Deren et Cie, , 586 p., 234 fig., 16 planches. .
  • Nicolas Théobald et Adrien Gama, Paléontologie : éléments de paléobiologie ([2e éd. revue et mise à jour]), Paris, Doin, Deren et Cie, , 584 p. (OCLC 489626848, SUDOC 002208865, lire en ligne). 
  • Nicolas Théobald et Adrien Gama, Stratigraphie: éléments de géologie historique, Doin, Deren et Cie, (ISBN 978-2-7040-0134-7, présentation en ligne). 

Ouvrages d'autres auteurs

  • Henri Baulig, « Quelques problèmes de morphologie vosgienne », dans L'Alsace géologique, géographique et géophysique, Bibliothèque Jean Macé, , I:13-22. p. 
  • Pierre Bonnet, Le Lac. J'en ai rêvé, Imprimerie Repro-System, Vesoul, , 158 p. 
  • B. Cadiot, D. Mayer-Rosa et J. Vogt, « Le séisme bâlois de 1356 », dans Les tremblements de terre en France, sous la direction de Jean Vogt. Orléans, Mémoire du Bureau de Recherches Géologiques et Minières, , 224 p., chap. 96. 
  • (de) Johannes Ernst Wilhelm Deecke, Geologie von Baden, T. 2 Tektonik, Berlin, Gebr. Borntraeger, . 
  • Camille Maire, La promotion 1920-1923: Première promotion française de l'École Normale de Montigny, Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine, coll. « les Cahiers Lorrains, N°4, 2000 », , 515-522 p. (lire en ligne [PDF]). 

Articles d'autres auteurs

  • Henriette Alimen, « Compte-rendu de : N. Théobald, Fondements géologiques de la Préhistoire. », Bulletin de la Société préhistorique française, Comptes-rendus des séances mensuelles, , vol 70 (2):42 (ISSN 0249-7638, lire en ligne). 
  • J. Blaison, M. Campy, D. Contini et Y. Rangheard, « Jubilé scientifique de Nicolas Théobald. », Annales Scientifiques de l'Université de Besançon, 3e série, Géologie, fasc.18, , p. 7-8 (ISSN 0523-056X). 
  • Abel Briquet, « La terrasse à berge haute du Rhin moyen. », Bulletin du Service de la Carte Géologique d'Alsace et de Lorraine, , T. 1 (3): 263-268, 2 fig., pl. X (ISSN 0037-2560, lire en ligne). 
  • Abel Briquet, « Le Quaternaire de l'Alsace. », Bulletin de la Société Géologique de France,, 1930, (4), p. XXX: 977-1014 (ISSN 0037-9409). 
  • Roger Clément, « Un compte d'un briquetier gallo-romain du pays de la Moselle. », Revue des Etudes anciennes, , (29), 2:205-207, 1 fig. (ISSN 0035-2004, lire en ligne)
  • Mireille Darmois-Théobald, « Paléontologie et écologie dans l’œuvre de N. Théobald. in « Recueil de travaux dédiés au Professeur N. Théobald » », Annales Scientifiques de l’Université de Besançon, 3e série, Géologie, fasc. 18, , p. 19-22, 1 fig. (ISSN 0523-056X). 
  • Mireille Darmois-Théobald et Yves Rangheard, « Une page de l'histoire de la néotectonique : les premiers travaux de Nicolas Théobald sur les terrasses rhénanes », Annales Scientifiques de l’Université de Besançon, 4e série, Géologie, fasc. 8, , p. 55-65, 6 fig. (OCLC 490154370). .
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  • Jean-Gérard Théobald, « Souvenirs de la guerre 39-45. », Revue lorraine populaire, , p. 159: 38-40. 

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Détail de la Fig. 4 : 1. Syrphidae? 2.Bibio celasensis N. TH., 3. Plecia försteri N. TH., 4. Plecia augustiventris N. TH., 5. Plecia splendida N. TH., 6. Bibio obtusa N. TH., 7. Strophosomus marcelini N. TH., 8. Bibio tenuiapicalis N. TH., 9.Plecia cf longua HEER, 10.Oligocassida melaena N. TH., 11.Tetralonia berlandi N. TH., 12. Bibio macerata N.TH., 13. Bibio elongatipennis N.TH., 14. Plecia splendida N.TH., 15. Plecia superba N.TH., 16.Plecia longiventris N. TH., 17. Cryptochilus contentus N.TH..( tous sont des holotypes, sauf les échantillons 1 et 9; tous les échantillons proviennent du gisement de Célas, sauf le 6 (Monteils), 10 et 16 (Les Fumades))

Références

  1. Nicolas Théobald 1979.
  2. Nicolas Théobald 1979, p. 7.
  3. Nicolas Théobald 1979, p. 43-70.
  4. Nicolas Théobald 1979, p. 16.
  5. Yves Rangheard 1982, p. 3-11.
  6. Camille Maire 2000, p. 515-521.
  7. Nicolas Théobald 1975.
  8. irevues - Roger Clément.
  9. Roger Clément 1927.
  10. ENI-Lyon-BNF.
  11. Jean-Gérard Théobald 2001, p. 40.
  12. Calames - détails.
  13. Théobald et Gama : 1969 : Géologie Générale et Pétrologie, Eléments de Géodynamique.
  14. Théobald et Gama : 1969 : Paléontologie : éléments de paléobiologie.
  15. Théobald et Gama : 1969 : Stratigraphie : éléments de géologie historique.
  16. Publications sur sudoc.abes.
  17. Nicolas Théobald 1937.
  18. La géologie de l'Alsace sur persée (voir notamment pages 289 à 308).
  19. Nicolas Théobald sur Wikispecies.
  20. J. Blaison, M. Campy, D. Contini, Y. Rangheard 1973, p. 7-8.
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  22. Nicolas Théobald 1931, p. 2: 10-11..
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  28. A. Briquet 1928, p. 263-268.
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  39. Nicolas Théobald 1937 Note complémentaire, p. (6): 157-178.
  40. Les principaux gisements à insectes fossiles en France.
  41. A. L. (A. Leopold?) 1937, p. 137.
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  54. Pierre Bonnet 2019, p. 17.
  55. www.reserves-naturelles.org/montenach.
  56. inpn.mnhn.fr/espace/protege/FR3600116.
  57. Décret n°94-124 du 8 février 1994 sur legifrance.
  58. Yves Rangheard 1982, p. 3-11.
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