Permien

Le Permien est un système géologique qui a duré de 298,9 ± 0,2 à 252,2 ± 0,5 millions d'années. C'est la dernière période du Paléozoïque, précédée par le Carbonifère et suivie par le Trias qui est premier système du Mésozoïque. Le Permien a été nommé d'après la province russe de Perm où se situent des gisements fossilifères de cette période. La fin du Permien est marquée par la troisième des cinq principales extinctions de masse survenues sur Terre : c'est la plus sévère, qui, selon les estimations des scientifiques, a vu disparaître 70 % des espèces de la terre ferme[5] et 96 % des espèces marines[6].

Pour les articles homonymes, voir Permien (homonymie).

Permien
Dyas
Notation chronostratigraphique P
Notation française r
Notation RGF r
Stratotype initial Perm (Russie)
Niveau Période / Système
Érathème / Ère
- Éonothème / Éon
Paléozoïque
Phanérozoïque

Stratigraphie

DébutFin
 298,9 ± 0,15 Ma 252,17 ± 0,06 Ma (extinction du Permien)
Fossiles stratigraphiques fusulinidés
ammonites

Subdivisions

Dyas : Zechstein et Rotliegend

Paléogéographie et climat

Taux de O2 atmosphérique env. 23 %vol[1]
(115 % de l'actuel)
Taux de CO2 atmosphérique env. 900 ppm[2]
(3 fois le niveau d'avant la révolution industrielle)
Température moyenne 16 °C[3]
(+2 °C par rapport à l'actuel)
Niveau moyen des mers +60 (début) à −20 (fin) m (par rapport à l'actuel)[4]

Contexte géodynamique

Faune et flore

Reconstitution d’Inostrancevia attaquant un Scutosaurus juvénile, par Dimitri Bogdanov.

Évolution

Affleurements notables Oural, Russie

Subdivisions

Comme pour toutes les périodes géologiques anciennes, les couches stratigraphiques de référence sont bien connues, mais leur datation exacte est sujette à des variations de quelques millions d'années suivant les mesures isotopiques et les auteurs. Les datations des subdivisions correspondent à celles de l'échelle des temps géologiques publiée en 2012 (Geologic Time Scale 2012, GTS2012)[7],[8].

La Commission internationale de stratigraphie divise le Permien en trois séries (ou époques) : le Cisuralien (298,9 ± 0,2 à 272,3 ± 0,5 Ma), le Guadalupien (272,3 ± 0,5 à 259,9 ± 0,4 Ma) et le Lopingien (259,9 ± 0,4 à 252,2 ± 0,5 Ma)[7].

  • Cisouralien (Cisuralian en anglais) :
  • Guadalupien :
    • Roadien (272,3 ± 0,5 - 268,8 ± 0,5 Ma)
    • Wordien (268,8 ± 0,5 - 265,1 ± 0,4 Ma)
    • Capitanien (265,1 ± 0,4 - 259,9 ± 0,4 Ma)
  • Lopingien :

Particularités locales

En Europe du Nord et centrale, et particulièrement dans la littérature germanique et ancienne, on trouve une division du Permien différente, en deux parties, avec des séries du Rotliegend (-302 Ma à -258 Ma) suivies de séries du Zechstein (-258 Ma à -251 Ma). Lorsque l'on fait référence à ces deux divisions du Permien, on parle alors non plus de Permien, mais de Dyas (par analogie avec le Trias qui lui, comporte trois divisions) et ce Dyas s'étend alors de -302 Ma à -251 Ma.

Paléogéographie et climat

Le niveau moyen de la mer est resté assez bas durant le Permien. Toutes les masses continentales, à l'exception d'une portion de l'Asie du Sud-Est, étaient agglomérées en un seul supercontinent appelé Pangée, qui s'étendait de l'équateur aux pôles, entouré par un océan nommé Panthalassa (la « mer universelle »). Cette période géologique voit le début du processus de rifting qui entraîne le morcellement de la Pangée. Se développe ainsi la Téthys, un paléo-océan qui s'ouvre progressivement à partir du Permien supérieur d'est en ouest à travers la Pangée[9].

Ce grand continent crée des conditions climatiques impliquant de grandes variations de température et de précipitations (donc d'érosion) selon les saisons et les moments de la journée. En son centre, la température peut passer de 0 °C à 40 °C dans la journée, ce qui fait apparaître, chez diverses espèces originaires de lignées différentes, des « voiles » thermorégulatrices, permettant de capter le soleil au matin, et d'évacuer la chaleur dans la journée[10]. Dans les régions polaires australes, correspondant à l'actuel bassin du Congo, perdure un inlandsis présent depuis le Carbonifère, mais le reste de la Pangée connait des conditions climatiques arides avec des températures élevées et de faibles précipitations[10].

Faune et flore

La faune a connu quelques évolutions intéressantes à cette période : on y note notamment l'apparition de la bipédie temporaire avec Aphelosaurus dès le Permien inférieur et la bipédie très probablement permanente avec Eudibamus à la même époque[11]. Des animaux vertébrés volants font leur apparition avec Coelurosauravus au Permien supérieur (vol planant et non battu)[12]. Certains pélycosaures à « voiles » thermorégulatrices comme Dimétrodon ou Edaphosaurus forment un phylum de synapsides apparenté aux ancêtres des mammifères[10].

Les formes de vie dominantes sont diverses : plantes, de grands amphibiens et de grands reptiles incluant les ancêtres des dinosaures. La vie marine est riche en mollusques, échinodermes et brachiopodes. Les derniers trilobites ont disparu avant la fin du Permien. Les conditions sèches ont favorisé les gymnospermes, des plantes dont les graines sont encapsulées dans une protection, d'autres plantes comme les fougères qui dispersent des spores. Les premiers arbres modernes (conifères) sont apparus durant le Permien.

Les coquilles fossilisées de d'espèces non-vertébrées sont souvent utilisées pour identifier les strates géologiques du Permien : les fusulinidés, foraminifères benthiques qui disparaissent quasi totalement à la limite entre le Permien moyen et supérieur, et les ammonites (principalement goniatites) dont l'équivalent moderne est le Nautile. On utilise aussi souvent les dents de conodontes, des poissons marins disparus à la fin du Trias.

L'extinction

Intensités des extinctions de masses survenues dans les océans. Celle du Permien-Trias, notée End P, est la plus importante.

Le système Permien se termine vers -251,4 millions d'années par la plus grande extinction d'espèces connue, couramment nommée « crise du Permo-Trias ». Selon les estimations scientifiques, 75 % des espèces terrestres et 96 % des espèces marines disparaissent. Parmi les espèces animales et végétales qui disparaissent, citons les trilobites, les graptolites, certaines fougères, certains coraux ou encore de nombreuses espèces de tétrapodes : pélycosaures et une partie des amphibiens. De toutes les lignées d'Ammonites fort diversifiées depuis le Dévonien, seuls deux genres survivent : les Prolecanitida et les Ceratitida, à partir desquels le groupe se diversifiera à nouveau au Mésozoïque.

Les causes de cette extinction massive sont toujours discutées entre scientifiques. Les plus souvent citées sont une asphyxie des océans (ou anoxie), un volcanisme majeur en Sibérie, une baisse importante du niveau de la mer (ou régression) ou une combinaison de plusieurs causes.

Les indices d'un impact météoritique datant de cette époque ont récemment été découverts en Antarctique (2006), dans la Terre de Wilkes : on évalue le diamètre de cette météorite à 48 km. D'autres sites probables d'impacts météoriques ont été relevés, comme le cratère de Bedout situé au large des côtes australiennes. Cependant certains géologues avancent que Bedout est l'empreinte d'un phénomène volcanique[13].

Quelles qu'en soient les causes initiales, la plupart des indicateurs paléontologiques et géochimiques convergent à attribuer l'extinction massive à une dégradation très marquée de l'environnement[14].

Affleurements du Permien

La chaîne hercynienne marquée par des torsions (virgations).

Au Permien, la tectogenèse hercynienne principale est achevée et la chaîne hercynienne est progressivement réduite par l'érosion, formant une plate-forme continentale, tandis que les sédiments détritiques issus du démantèlement de ces montagnes s'accumulent dans des bassins sédimentaires[15].

Plusieurs zones sont particulièrement riches en affleurements de dépôts datant du Permien.

Pour les sédiments marins :

Pour les sédiments continentaux :

  • les montagnes de l'Oural, près de Perm ;
  • les régions d'Arlit et d'Agadez au Niger, où deux nouveaux fossiles d'amphibiens (Nigerpeton ricqlesi et Saharastega moradiensis) ont été trouvés en 2003 dans la formation de Moradi, laissant penser qu'il y avait dans cette zone des formes de vies différentes de celles d'Afrique australe et de Russie[16],[17] ;
  • les bassins du Karoo (Afrique du Sud) et de Bowen (Australie).

Notes et références

  1. (de) teneur en oxygène dans l'atmosphère au Phanérozoïque
  2. (en) dioxyde de carbone au Phanérozoïque
  3. (en) température de la Terre
  4. (fr) variation du niveau des mers au Phanérozoïque
  5. David Burnie, L'encyclopédie des dinosaures, Rouge & Or, Chine, 2005, p. 56
  6. Sébastien Steyer, La Terre avant les dinosaures, Belin, Paris, 2009, p. 159
  7. Gradstein et al. 2012.
  8. « Charte stratigraphique internationale (2012) » [PDF], sur http://www.stratigraphy.org/ (consulté le ).
  9. (en) I. Metcalfe, « Gondwana dispersion and Asian accretion: tectonic and palaeogeographic evolution of eastern Tethys », Journal of Asian Earth Sciences, vol. 66, , p. 2 (DOI 10.1016/j.jseaes.2012.12.020).
  10. David Burnie, L'encyclopédie des dinosaures, op. cit., p. 52
  11. Sébastien Steyer, La Terre avant les dinosaures, op. cit., p. 147 et 150
  12. Sébastien Steyer, La Terre avant les dinosaures, op. cit., p. 151
  13. Sébastien Steyer, La Terre avant les dinosaures, op. cit., p. 162
  14. Global and Platenary Change, Volume 55, Issues 1-3, p. 1-236 (January 2007) Environmental and Biotic Changes during the Paleozoic-Mesozoic Transition, Elsevier Publication, Amsterdam
  15. Claude Lorenz, Géologie des pays européens, Dunod, , p. 24.
  16. (en) C. A. Sidor, F. R. O'Keefe, R. Damiani, J. S. Steyer, R. M. H. Smith, H. C. E. Larsson, P. C. Sereno, O. Ide et A. Maga, « Permian tetrapods from the Sahara show climate-controlled endemism in Pangaea », Nature, vol. 434, no 7035, , p. 886-889 (DOI 10.1038/nature03393).
  17. Jean-Sébastien Steyer, « Le Permien au Sahara », sur http://www.larecherche.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) F.M. Gradstein, J.G Ogg, M. Schmitz et G. Ogg, The Geologic Time Scale 2012, Elsevier, , 1176 p. (ISBN 978-0-444-59448-8, lire en ligne).
  • (en) Felix M. Gradstein, James G. Ogg et Alan G. Smith, A Geologic Time Scale 2004, Cambridge, Cambridge University Press, , 610 p. (ISBN 0-521-78142-6)

Articles connexes

Liens externes

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