Musée de Sculpture en plein air de Middelheim

Le musée de Sculpture en plein air de Middelheim (nom officiel en néerlandais : Openluchtmuseum voor beeldhouwkunst Middelheim) est un musée de la sculpture moderne en plein air, établi sur le domaine de Middelheim à Anvers en Flandre.

Bref historique du site et des collections du musée

Origine du site

Le château de Middelheim en style néoclassique, rénové au XVIIIe siècle, sans doute selon les plans de Barnabé Guimard. À gauche : Misconceivable (2010) de l'Autrichien Erwin Wurm.
Une partie du Pavillon de colonnes (1982-1992), une construction architecturale postmoderne de Charles Vandenhove.

L'origine du domaine de Middelheim remonte aux hoven van plaisantie (ou maisons de plaisance) : les magnifiques châteaux des patriciens d'Anvers, avec leurs parcs de jardins, dont seuls trois ont été préservés de l'expansion urbaine. Middelheim est l'un d'entre eux. En 1342, l'endroit est déjà mentionné comme une « stede geheten Middelheim » (un domaine appelé Middelheim). Depuis le XVIe siècle, le domaine servait de résidence d'été aux riches marchands d'Anvers. Au XVIIIe siècle, l'un d'eux, Pierre François Gisbert van Schorel, seigneur de Wilrijk, y rassembla une importante collection de tableaux de Rubens et de Van Dyck, parmi d'autres. Vers cette époque, le château de style Renaissance flamande subit une rénovation néoclassique, sans doute conçue par l'architecte parisien Barnabé Guimard. Le château fut ensuite cédé au chevalier Parthon de Von, où il écrit un recueil de fables et se consacra à l'horticulture[3]. En 1842, le bien fut vendu à la famille Le Grelle[3]. En 1910, cette famille vendit le domaine à la ville d'Anvers. Fusionné avec les domaines Den Brandt et Vogelzang (Chant d'oiseau), le parc fut ouvert au public sous le nom de Nachtegalenpark (parc des Rossignols). Bientôt, on reconnut le potentiel culturel du parc et, la même année, à la première réunion du comité des Amis des parcs d'Anvers, l'un des membres suggéra l'idée d'ériger un musée de la Sculpture en plein air[4].

Années 1950 et 1960

Le , à peine un an après l'exposition controversée au parc Sonsbeek à Arnhem et deux ans après celle au Battersea Park à Londres[5], une exposition internationale de sculptures de la période 1900-1950 fut ouverte au parc du Middelheim[6]. À l'ouverture de cette exposition, l'artiste Zadkine se serait adressé à Lode Craeybeckx, le bourgmestre d'Anvers qui entretenait de bons contacts avec de nombreux artistes, lui tenant à peu près ces paroles : « Combien vous sentirez-vous orphelins lorsque toute cette beauté vous aura quitté[7] ? »

Bientôt, l'idée fut lancée de rendre permanente l'exposition sous la forme d'un musée de Sculpture à ciel ouvert. Le fait qu'il n'y avait pas de précédent international et qu'un tel musée pouvait mettre Anvers solidement sur la carte de l'art rendit l'idée encore plus attrayante. Le , un mois seulement après la fin de l'exposition, la proposition du bourgmestre de créer un musée international de la Sculpture contemporaine en plein air fut approuvée par le conseil communal d'Anvers[8],[9]. Le caractère à ciel ouvert pouvait lier les plaisirs physiques de la nature aux effets intellectuels et esthétiques de l'art contemporain. Le musée devait présenter un aperçu de la sculpture contemporaine internationale et, en même temps, prêter attention aux principaux précurseurs de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle[10]. À l'automne de 1951, le musée fut officiellement inauguré avec la présentation d'acquisitions récentes d'œuvres de Bourdelle, de Gargallo, de Maillol, de Manzù, de Marini, de Renoir et de Rodin[11].

Il fut décidé d'organiser tous les deux ans, à partir de 1953, une exposition internationale de sculpture. Comme la sculpture était, en 1950, encore inextricablement liée à des réalisations à fort coefficient de travail, coûteuses et en bronze ou en pierre, on mit au point avec Moore et Zadkine, sculpteurs représentés dans la collection du musée, une formule viable : chaque biennale devait illustrer les développements en matière de sculpture dans un pays en particulier[12].

À cette présentation seraient ajoutées des sélections plus modestes d'œuvres de sculpteurs d'autres pays. À chaque biennale, on trouvait le moyen d'enrichir la collection permanente de quelques œuvres. La presse internationale se montrait enthousiaste à propos du nouveau musée, que l'historien et critique d'art italien Umberto Apollonio décrivit, de la façon la plus lyrique[12], comme « un nouveau musée, un musée vivant, où la nature collabore avec les œuvres d'art, où l'air, le vent et la lumière s'associent intimement avec les personnages qui y demeurent et qui s’y expriment plus ou moins fort dans des langues différentes, mais toujours associé à la vie des gens modernes »[13]. L'occasion se présenta à la troisième biennale de 1955, qui mettait l'accent sur la sculpture française, d'acheter des œuvres d'Arp, de Duchamp-Villon, de González et de Lipchitz, alors que la cinquième biennale, consacrée à la sculpture britannique, rendit possible l'achat d'un bronze de Hepworth[12].

Au cours des années 1960, la politique d'exposition et d'acquisition du musée Middelheim, qui pouvait être définie comme « modérément moderne » dans les années 1950, était en retard par rapport à son temps. Année après année, l'écart avec l'art contemporain s'accrut[14].

Années 1970 et 1980

En 1971, la biennale fut consacrée, pour la première fois, au continent américain et une partie des sculptures fut présentée dans le nouveau pavillon de Braem. En 1963, ce dernier avait été chargé de concevoir un nouvel espace d'exposition permanent pour les sculptures en matériaux vulnérables ou de petit format. L'idée initiale d'agrandir ce pavillon dut être abandonnée en raison de la crise des années 1970[15].

À la quinzième biennale de 1979 furent invités les sculpteurs des pays scandinaves et, pour la première fois, quelques artistes vinrent sur place pour réaliser une œuvre selon un projet défini. Pour la seizième biennale, celle de 1981, on choisit une approche thématique et une orientation davantage axée sur des projets. Pour la première fois, une biennale à Middelheim ne consistait pas de produits importés, achevés, mais de projets spécifiques, propres au site, entre autres de Bruyninckx, de Lohaus et de Van Snick. En 1989, la vingtième et dernière biennale eut lieu dans le cadre du festival belge Europalia, dédié cette année-là au Japon. Le déclin de l'intérêt du public força à nouveau à la réflexion[16].

Années 1990 et 2000

Anvers ayant obtenu le titre de Capitale européenne de la culture en 1993, le musée obtint les moyens de passer par une opération de rattrapage pour mettre à jour sa collection permanente ; le musée parvint à acquérir des œuvres de Deacon, Genzken, Kirkeby, Klingelhöller, Lohaus, Mullican, Muñoz, Panamarenko, Schütte et Vermeiren. À partir de là, la politique d'acquisition du musée s'est réinscrite dans l'actualité artistique internationale[17] et, en instaurant une exposition annuelle thématique[1], la politique d'exposition a été révisée[17].

Très vite, la succession rapide des acquisitions a conduit à un manque d'espace. Depuis le déménagement de la pépinière de la Ville d'Anvers, le musée dispose d'une zone importante de cinq hectares où l'unité semi-fonctionnelle AVL Franchise Unit de l'Atelier Van Lieshout et Le Passage des heures de Cabrita-Reis ont trouvé une place[2]. En 2000, le paysagiste français Desvigne a dessiné le projet de réaménagement de sept hectares à l'est et à l'ouest du château et de la douve[18]. Des sculptures abstraites et minimalistes américaines et anglo-saxonnes, entre autres de Calder, de King, de Nevelson et de Soto, y ont trouvé leur place, comme une œuvre plus récente, le Beam Drop Antwerp de Burden[19]. En 2001, un nouveau dépôt est inauguré, construit par un architecte flamand, Stéphane Beel. Depuis que la floriculture urbaine, de l'autre côté du musée, a également déménagé, le musée peut se développer dans cette direction.

Années 2010

Dans De Middelheimcollectie, un guide du musée (publié dans une collection de la maison d'édition Ludion), Johan Pas écrit l'histoire de l'institution, dans un texte signé en février 2010, et constate que la collection se compose d'environ 480 sculptures, 280 médailles et 600 estampes et dessins, tous faits par des sculpteurs. Environ 200 sculptures ont trouvé une place dans le parc, tandis qu'une dizaine d'autres sont parsemées dans la ville[2].

En 2012, dans le jardin éducatif Hortiflora, désormais intégré dans le musée, la Huis (ou « maison »), un nouveau bâtiment d'exposition semi-ouvert, conçu par les architectes flamands Paul Robbrecht et Hilde Daem, a été inauguré par une exposition d'œuvres de Schütte. Cette construction n'est pas sans rappeler l'esprit du pavillon jadis construit par Rietveld à Sonsbeek et reconstruit à Otterlo.

La collection du musée continue à s'enrichir d'œuvres d'artistes contemporains, dont Gormley, Muyle, Signer, Weiwei et Wurm[20].

Le Centre de documentation Lode Craeybeckx est situé dans l'orangerie du parc de sculptures.

Annexes

Sélection d'œuvres de la collection

La collection comprend des œuvres de nombreux sculpteurs modernes et contemporains, tant flamands et belges[pas clair] qu'internationaux. La liste suivante propose une sélection parmi les œuvres de la collection, groupée selon les pays d'origine des artistes (en principe, les pays natals). Certaines œuvres, appartenant au musée, sont exposées dans la ville ou conservées au dépôt du musée. Pour la plus grande partie des œuvres sélectionnées, des liens vers des photos sur toutes sortes de sites web ont été créés. Dans la mesure du possible, les titres des œuvres ont été traduits en français.

Allemagne

Argentine

Australie

Autriche

Belgique, Communauté flamande

Leon Vranken, Raised Elevation (2013).

Belgique, Communauté française

Biélorussie

Chine

Costa Rica

Croatie

Cuba

Danemark

Espagne

États-Unis

Finlande

France

Hongrie

Baigneurs (1994) de Luciano Fabro, au fond de l'étang.

Italie

Japon

Lituanie

Mexique

Moldavie

Pays-Bas

Victime de bombardement de 1948-1951

Pologne

Portugal

Royaume-Uni

Suède

Suisse

République tchèque

Turquie

Ukraine

Venezuela

La Biennale

Entre 1950 et 1990, le musée Middelheim organisa vingt biennales consacrées à la sculpture, le plus souvent sur le thème de l'art d'un ou de plusieurs pays spécifiques.

La chronologie de ces biennales est la suivante :

Notes et références

  1. Heylen, p. 7.
  2. Pas, p. 34.
  3. Bulletin de la Société royale belge de géographie, (lire en ligne)
  4. Claerhout, p. 2.
  5. Entretien avec Marie-Rose Bentein, OKV, p. 135.
  6. Pas, p. 14-15.
  7. Cat. 2e biennale, 1953, p. 1.
  8. Pas, p. 15-16.
  9. Coll. Cat. 1959, p. VII.
  10. Pas, p. 16.
  11. Pas, p. 19.
  12. Pas, p. 19-20.
  13. La Biennale di scultura ad Anversa, dans : La Biennale di Venezia, décembre 1953, p.  28, cité de Baudouin, coll. Cat 1959, p. XXIV.
  14. Pas, p. 21-24.
  15. Pas, p. 25-26.
  16. Pas, p. 28-31.
  17. Pas, p. 32.
  18. Meeuwis, p. 9.
  19. Pas, p. 32-34.
  20. « Aanwinsten », Middelheimmuseum, [En ligne], [s. d.], réf. du . [www.middelheimmuseum.be].

Sources

Articles connexes

Liens externes

La collection du musée en ligne :

  • La banque d'images de la Ville d'Anvers contient des données sur et des images de la quasi-totalité de la collection du musée en plein air de Middelheim.

Il y a plusieurs galeries de photo sur des sculptures du musée en plein air de Middelheim, faites par des amateurs. En voici une :

Plan du musée :

  • Portail d’Anvers et sa province
  • Portail de la sculpture
  • Portail des musées
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.