Margeride

La Margeride est une région montagneuse de France, située dans le Massif central aux limites des départements du Cantal, de la Haute-Loire et de la Lozère.

Pour les articles homonymes, voir Margeride (homonymie).

Ne doit pas être confondu avec Margerides.

Margeride

Carte de localisation de la Margeride dans le Massif central.
Géographie
Altitude 1 551 m, Signal de Randon
Massif Massif central
Administration
Pays France
Régions Auvergne-Rhône-Alpes
Occitanie
Départements Cantal, Haute-Loire
Lozère
Géologie
Roches Granites

Géographie

Situation

La limite occidentale avec les monts du Cantal et de l'Aubrac peut être placée sur la Truyère. La limite orientale est matérialisée par les gorges de l’Allier et le massif du Devès. Au sud, c'est la vallée du Lot qui sépare la Margeride du mont Lozère (Cévennes), puis de la région des grands Causses.

Villes et villages principaux de la Margeride

Cantal Haute-Loire Lozère Villes situées en bordure immédiate du massif

Géologie, géomorphologie

Extrait de la carte géologique du Massif central :
M = Margeride ; A = Aubrac ; C = Chataîgneraie ; V = Viadène.
Granite de la Margeride à gros cristaux de feldspath.

Les montagnes de Margeride font partie d'un massif granitique (laccolite de 3 200 km2[1], en fait trois laccolites superposés parmi les plus importants d'Europe en superficie : Saint-Christophe, Chambon-le-Château et Margeride[2])[3]. Celui-ci comprend la Margeride proprement dite mais aussi la plus grande partie du socle de l'Aubrac jusqu'au plateau de la Viadène. Il constitue un témoin majeur de l'ancienne chaîne hercynienne qui traversait autrefois toute l'Europe. Il se présente sous la forme d'un laccolite subhorizontal de à 4 à 8 km d'épaisseur. Allongé approximativement d'est en ouest sur plus de 100 km, large à l'est de plus de 50, il s'amenuise progressivement vers l'ouest. À ce niveau, le granite est intrusif dans les nappes de schistes cristallins de la Chataîgneraie dans lequel il développe un métamorphisme de contact[4].

La roche prédominante en Margeride est un granite porphyroïde (c'est-à-dire incorporant de grands cristaux de feldspath potassique). Ces cristaux d'orthose systématiquement maclés (macle de Carlsbad) peuvent atteindre 10 cm de long : c'est la raison pour laquelle on parle parfois de granite à « dents de cheval »[5]. Du point de vue pétrographique, il s'agit d'un granite calco-alcalin à biotite, dans lequel s'individualisent des porphyroblastes de feldspath potassique et des nids décimétriques à demi-métriques de feldspaths potassiques accompagnés de schorl[6].

Il existe par ailleurs un deuxième type de granite en Margeride, moins répandu que le précédent, qui est un leucogranite comportant deux micas (biotite et muscovite), constitué de grains fins (faciès aplitique) et riche en tourmaline. On le retrouve en amas, filons ou sills, sous forme d'intrusions dans le granite porphyroïde (région de Saint-Chély-d'Apcher, d'Aumont-Aubrac et de Grandrieu)[7]. On peut aussi trouver très ponctuellement d'autres roches sous forme de filons comme la kersantite et la vaugnérite (région de Grandrieu) ainsi que des micro-granites et des microdiorites sur le bord ouest du massif[4].

La présence du granite est soulignée dans le paysage par de nombreux chaosRimeize par exemple) ou des empilements de rochers (appelés tor en géomorphologie) dégagés par l'érosion, analogues à ceux que l'on peut observer dans d'autres massifs granitiques européens de l'époque hercynienne (Sudètes en Europe centrale, Harz en Allemagne, Dartmoor en Angleterre).

Sur le plan géomorphologique, la Margeride est un horst, semblable à celui du Forez, situé plus au nord. À la suite de la surrection des Alpes, celui-ci a été porté en altitude, sur une période allant de l'Éocène au Miocène (Tortonien), par une série de failles orientées nord-ouest / sud-est qui ont créé plusieurs gradins. De petits bassins d'effondrement sédimentaires oligocènes coexistent avec ces blocs soulevés (Le Malzieu, Saint-Alban-sur-Limagnole) : ce sont de petites « Limagnes » en réduction (la Limagnole a d'ailleurs la même racine étymologique). La partie nord de la Margeride comprend des massifs élevés (mont Mouchet, Montchauvet) séparés par des cols assez marqués. Plus au sud, les cols sont plus élevés et le faîte de la Margeride se maintient à plus de 1 400 m sur une longueur de 40 km. La ligne de crête finit par s'abaisser un peu au sud du point culminant (signal de Randon) dans la dépression du lac de Charpal et le plateau du Palais du Roi (juste au nord de Mende). Sur la bordure sud de cet ensemble, le contact entre le granite et la dolomie de la région des Grands Causses se fait de façon particulière. En effet, on observe à ce niveau une discordance sub-horizontale et faillée de dolomie jurassique sur socle de granite hercynien : la mer a transgressé un massif granitique plat, sans sa morphologie caractéristique d'altération en boule. Le contact dolomie/granite est extrêmement franc, sans sol, sans niveau détritique de base[8].

Par ailleurs, contrairement à l'Aubrac tout proche, la Margeride ne comporte aucune trace d'érosion glaciaire. Au Quaternaire, les glaciers étaient donc absents ou trop petits pour laisser des traces de leur passage. Cette différence par rapport à l'Aubrac reste assez mystérieuse et ne peut s'expliquer que par un climat nettement plus sec (certains chercheurs ont avancé l'hypothèse de la présence quasiment permanente à cette période d'un anticyclone stationnant sur l'est du Massif central[7]).

Sommets principaux

Le point culminant est le signal de Randon à 1 551 mètres.

Autres sommets
  • Truc de Fortunio 1 550 mètres
  • Moure de la Gardille 1 503 mètres (sources de l'Allier et du Chassezac)
  • Mont Mouchet 1 497 mètres (qui domine le col de la Fontaine des Bergers)
  • Montagne du Goulet 1 497 mètres
  • Roc de Fenestre 1 489 mètres
  • Puech David 1 487 mètres
  • Mont Chauvet 1 486 mètres
  • Truc de la Garde 1 486 mètres
  • Peyre Plantade 1 486 mètres
  • Truc du Chapelat 1 448 mètres
  • Ranc de la Licheyre 1 447 mètres
  • Serre Haut 1 431 mètres
  • Montgrand 1 417 mètres
  • Truc de Randon 1 402 mètres
  • Timoneire 1 401 mètres
  • Ranc de Blonde 1 399 mètres
  • Le Bessal 1 397 mètres
  • Puech Pauliac 1 394 mètres
  • Truc de Montchabrier 1 392 mètres (qui domine le col de la Guette)

Hydrographie

La ligne de partage des eaux qui sépare le bassin de la Garonne et le bassin de la Loire traverse la Margeride. Les affluents de l’Allier et de l’Alagnon appartiennent au bassin de la Loire, les affluents de la Truyère et du Lot appartiennent à celui de la Garonne.

La Truyère vue depuis Chaliers
Affluents de l’Alagnon Affluents de l’Allier Truyère et ses affluents Affluents du Lot

Climat

Environs de Saugues

Le climat est froid mais relativement sec ; les monts du Cantal et de l'Aubrac arrêtent les précipitations venant de l'ouest et permettent à la Margeride de bénéficier d'une position relativement abritée. En hiver, les températures n'ont rien à envier à celles que l'on relève dans le Jura : on a ainsi frisé les −30 °C le à Saugues[9] à seulement 900 m d'altitude. Par ailleurs, le sud du massif reçoit à intervalles réguliers de fortes précipitations venant de Méditerranée en particulier lors des épisodes cévenols. Le sud de l'Aubrac subit d'ailleurs le même phénomène. Si cet événement a lieu en hiver, il tombe alors des quantités énormes de neige (comme en 1978 dans la région de Langogne où l'on releva une hauteur de 2 mètres). Cependant, les quantités d'eau ou de neige recueillies sont généralement moins importantes que dans les Cévennes, qui sont concernées au premier chef lors d'évènements de ce type.

Faune et flore

La végétation est composée, d'une part, de forêts de pins sylvestres et de hêtres (dans les endroits les plus humides) auxquelles s'ajoutent des boisements artificiels d'épicéas et, d'autre part, de landes à genêt purgatif et bruyère. Il existe également des tourbières où l'on peut trouver des plantes reliques des glaciations (en particulier le très rare bouleau nain ainsi que le saule des lapons). Une des plus intéressantes est celle de Lajo non loin de Saint-Alban-sur-Limagnole.

Histoire

Toponymie

À l’origine, le nom de « Margeride » s’appliquait uniquement à une seigneurie dont le château fut ruiné au XVe siècle et une forêt culminant à 1380 mètres d’altitude. L’endroit est situé près de Védrines-Saint-Loup, sur la route allant de Langeac à Saint-Flour. Une importante propriété de 800 ha abritant une fabrique de verre au XVIIIe siècle reprit ce nom. Celui-ci deviendra peu à peu le nom générique pour l’ensemble des montagnes environnantes. Ce sera l'Office national des forêts qui officialisera le nom au XIXe siècle et l’attribuera à la partie lozérienne du massif. Les géographes étendront le nom à l’ensemble du plateau granitique au XXe siècle.

La seigneurie du Moyen Âge se situait à proximité de la limite entre les cités gauloises des Vellaves et des Arvernes. On pense pouvoir faire dériver son nom actuel du mot gaulois morgarita composé de morga qui signigie « gué, limite » et de -ritu pour « gué »[10].

En occitan, Margeride se dit Marjarida [11].

La tradition agricole

Au XVIe siècle on adopta en Margeride un système agro-pastoral assez comparable à celui utilisé en Planèze. Il reposait sur l’utilisation de vastes terrains de parcours pour le bétail en association avec la culture de céréales (seigle) autour du village. L’élevage ovin avait une grande importance car il assurait l’engraissement des terres. Les moutons étaient confiés à un berger commun qui reconduisait le troupeau tous les soirs au village.

Ce système agro-pastoral nécessitait une organisation de type communautaire et n’assurait que de faibles revenus aux habitants, il ne permettait pas l’accumulation de richesses. Les écarts de revenus entre familles étaient relativement faibles, les plus pauvres arrivaient à subsister[12].

La bête du Gévaudan

La Margeride a été le théâtre des méfaits de la fameuse bête du Gévaudan au milieu du XVIIIe siècle.

L’exode rural

Le maximum de population en Margeride a été atteint vers 1860. L’exode rural a commencé lentement puis il s’est considérablement accéléré à partir de la Première Guerre mondiale. En 1921 on compte déjà une diminution de 30 % de la population [réf. nécessaire]. Ce furent les vallées qui se désertifièrent en premier car la mécanisation de l’agriculture y était pratiquement impossible. Aujourd’hui l’exode rural continue, les plus de 65 ans représentent un quart de la population [réf. nécessaire] et de nombreux villages ne sont plus habités en permanence. Seuls Saint-Flour et les bourg-centres se maintiennent.

La Seconde Guerre mondiale

Le mont Mouchet (1 465 m) est un haut lieu de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale. De très violents combats ont eu lieu à cet endroit entre les maquis du Massif central et l'armée allemande. Un monument commémore cet évènement au sommet.

Sites touristiques

Annexes

Lien externe

Notes et références

  1. F. Prognon, P. Chèvremont, P. Rocher, P. Nehlig, E. Jacques, Carte géologique harmonisée du département de la Haute-Loire : notice géologique, rapport BRGM-RP-56860-FR, éditions du BRGM, 2009, p. 17
  2. J.L. Feybesse, J.-P. Couturié, P. Ledru, V. Johan, « Les granites de la Margeride, de Chambon-le-Château et de Saint-Christophe-d'Allier (Massif central): des laccolites synchrones des derniers stades de l'épaississement varisque », Géologie de la France, no 1, , p. 27 (lire en ligne).
  3. Jean-Pierre Couturié, « Le massif granitique de la Margeride, Massif central français », Ann. Sci. Univ. Clermont, no 62, , p. 319.
  4. M. Duguet, S. Bogdanoff, Michel Turland et al., Notice explicative, carte géologique de la France (1/50 000), feuille Entraygues-sur-Truyères (836), éditions du BRGM, 2006, p.20
  5. [PDF] F. Prognon, P. Chèvremont, P. Rocher, P. Nehlig, E. Jacques, Carte géologique harmonisée du département de la Haute-Loire : notice géologique, rapport BRGM-RP-56860-FR, éditions du BRGM, 2009, p. 19
  6. [PDF] C. Rousset, J.F. Becq-Giraudon, Notice explicative, Carte géo1. France (1/50000), feuille ESPALION (860), éditions du BRGM, 1989, p. 9
  7. J. Rouire et C. Rousset, Guides géologiques régionaux : Causses, Cévennes, Aubrac, Paris/New York/Barcelone, Masson, , 190 p. (ISBN 2-225-65274-0)
  8. Pierre Thomas, « La discordance hercynienne affectée par des failles normales, bord de la RN 88 entre Le Puy et Mende (Lozère) », sur http://planet-terre.ens-lyon.fr, .
  9. [PDF] Les risques climatiques - Le climat en Haute-Loire, Préfecture de la Haute-Loire
  10. Stéphane Gendron, « Les noms de frontière », L'archéologue, octobre-novembre 2011, p. 71
  11. Jean Roux, L'auvergnat de poche, Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), Assimil, coll. « Assimil évasion », , 246 p. (ISBN 978-2-7005-0319-7 et 2700503198)
  12. A. Fel, Les Hautes Terres du Massif central. Tradition paysanne et économie agricole, Clermont-Ferrand, 1962, Publications de la faculté des Lettres, 340 p., 48 fig. (thèse de géographie).
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