Lobby gay

Le lobby ou mafia gay, homosexuel(le), LGBT ou lavande ainsi qu’Homintern, Khmers roses et gaystapo sont des termes péjoratifs nés à partir du milieu du XXe siècle pour désigner les associations militant pour les droits des personnes LGBTI+ ou, parfois, un supposé « complot » destiné à renverser l'ordre moral traditionnel. Ce complot supposé est lui-même qualifié d’agenda LGBT, gay ou homosexuel.

Homintern

Cette section ne cite pas suffisamment ses sources (août 2017). 
Pour l'améliorer, ajoutez des références vérifiables [comment faire ?] ou le modèle {{Référence nécessaire}} sur les passages nécessitant une source.

Dans les années 1950, l'expression « Homintern » (mot-valise entre les termes Homo(sexuel) et Komintern) est utilisée dans des magazines populaires américains et britanniques pour dénoncer un système d'amitiés entre homosexuels, censés contrôler les domaines artistiques et culturels. La rumeur expliquait qu'il existait un réseau mondial homosexuel de propriétaires de galeries d'art, de metteurs en scène, de grands couturiers, de producteurs, de réalisateurs, de photographes, de directeurs de sociétés de production musicale, qui déciderait des personnes ayant le droit d'intégrer l'élite artistique, deviendrait un célèbre acteur, chanteur, mannequin, etc.

Le terme « Homintern » a également été utilisé pour dénoncer les supposés liens entre l'URSS et la communauté homosexuelle. Il a notamment servi pour évoquer Anthony Blunt, célèbre espion homosexuel qui travaillait pour le NKVD/KGB tout en étant une personnalité très respectée dans le monde artistique (voir Cinq de Cambridge).

Le terme n'est plus usité à compter des années 1980 et de la chute de l'URSS.

Mafia homosexuelle, gay ou lavande

En 1967, le critique Kenneth Tynan utilise pour la première fois l'expression dans un article consacré à la « mafia homosexuelle dans les arts » qu'il propose au magazine Playboy[1]. Le directeur du magazine refuse l'article mais déclare à son auteur que « les cabots du monde de la culture rendent plus que jamais hommage aux pédés ». Playboy publie ensuite une série d'articles consacrés à l'homosexualité en avril 1971.

Le terme « mafia lavande » est utilisé, pour la première fois, dans les années 1970 par Steven Gaines dans un article de l'édition dominicale du Daily News. Le journaliste y décrit alors la direction de la Robert Stigwood Organization, une compagnie cinématographique et musicale britannique. Steven Gaines reprend ensuite l'expression dans un roman à clef consacré au Studio 54 et intitulé The Club. Il y décrit alors un groupe d'homosexuels influents constitué notamment de Calvin Klein, Truman Capote, Halston et Andy Warhol. Bien qu'assimilé à une puissante caste sociale, ce groupe n'est cependant pas décrit comme une alliance maligne destinée à gouverner le monde du cinéma ou de la politique.

Au fil des années, le mot « lavande » est remplacé par « gay ». En 2002, Michael Ovitz accuse ainsi la « mafia gay » d'être responsable de l'échec de sa compagnie dans une interview au magazine Vanity Fair[2],[3].

Lobby gay, homosexuel ou LGBT

En France, le député UMP Christian Vanneste, use en 2011 de l'expression « lobby gay »[4]. Aymeric Chauprade, eurodéputé Front national, use de l'expression en 2014 pour dénoncer ce qu'il perçoit comme un « lobby gay » très influent auprès de Marine Le Pen[5]. David Douillet s'insurge en 2015 que certains électeurs l'accusent de « financer le lobby LGBT » pour avoir décidé de soutenir Le Refuge, une association chargée de venir en aide aux adolescents démunis jetés hors de chez eux par l'homophobie de leur famille[6].

En , questionnée au sujet d'un texte du Parlement européen appelant les États membres à interdir les thérapies de conversion pour « soigner » les personnes LGBT+, Nadine Morano dit considérer « qu’il y a un lobby LGBT puissant sur les réseaux sociaux »[7]. La même année, Élisabeth Lévy s'insurge sur le plateau de CNews qu'il y ait un « lobby gay » à la mairie de Paris[8]. En , la députée Agnès Thill est publiquement réprimandée par son propre groupe pour avoir mentionné dans un tweet l'existence d'un « puissant lobby LGBT » à l'Assemblée nationale[9].

Selon la presse italienne, à la suite de l'affaire des fuites au Vatican (2012), un rapport sur les bassesses de la curie romaine aurait en outre révélé au pape Benoit XVI l'existence d'un « lobby gay » au Vatican[10]. En , le prélat italien Mgr Carlo Maria Viganò dénonce un « lobby gay » dans l'Église désignant par là un réseau de « prélats homosexuels » et de « prélats pro-gays », au plus haut niveau du Vatican, y compris dans l'entourage immédiat du pape François, cherchant, selon lui, à « subvertir » l'enseignement de l'Église contre l'homosexualité[11].

Khmers roses

Le terme est issu de l'ouvrage de François Devoucoux du Buysson : Les Khmers roses, Essai sur l'idéologie homosexuelle. « Khmers roses » sert alors à dénoncer le supposé « terrorisme intellectuel » de la communauté homosexuelle et sa « volonté totalitaire » d'imposer son mode de vie à la société tout entière.

Gaystapo

Dans les médias francophones de l'extrême droite sur Internet, il est aussi utilisé le mot-valise de gaystapo, par homophonie avec la Gestapo du Troisième Reich.

Agenda homosexuel, gay ou LGBT

Lié aux théories du complot, le terme d'« agenda homosexuel » est utilisé par certains mouvements conservateurs pour dénoncer le travail des militants LGBT en faveur des droits des minorités sexuelles et leurs efforts pour transformer les lois de leurs pays respectifs en faveur de plus de tolérance vis-à-vis de la communauté LGBT.

Dans certains cas, le terme est également utilisé dans le but de dénoncer la soi-disant volonté des homosexuels de « recruter » de nouveaux « membres » en s'attaquant prioritairement aux enfants. Le terme a ainsi été utilisé dans ce sens par Anita Bryant et l'organisation Save Our Children dans les années 1970. Le terme d'homosexualisme a fait également apparition.

Bibliographie

Essais développant l'idée de l'existence d'un lobby homosexuel

  • François Devoucoux du Buysson, Les Khmers roses, Essai sur l'idéologie homosexuelle, Blanche, 2003 (ISBN 2846280711)
  • (en) Stanley Monteith, AIDS: The Unnecessary Epidemic America Under Siege... The frightening story telling how the AIDS and Gay Lobbies have been able to prevent physicians from monitoring or controlling this epidemic, Covenant House Books, 1995 (ASIN B000LML3TE)
  • Christian Vanneste, M... au lobby gay !, Mordicus, 2013 (ISBN 2918414670)

Études sur l'histoire de cette théorie du complot

  • (en) Michael S. Sherry, Gay Artists in Modern American Culture: An Imagined Conspiracy, The University of North Carolina Press, 2007 (ISBN 0807831212)
  • (en) Gregory Woods, « The 'Conspiracy' of the 'Homintern' » dans The Gay & Lesbian Review Worldwide, 10, 3, (ISSN 1532-1118)

Références

  1. Kenneth Tynan, Kenneth Tynan Letters, Weidenfeld and Nicolson, 1994.
  2. Bryan Burrough, « Ovitz Agonistes », Vanity Fair, (lire en ligne)
  3. Rick Lyman, « Ovitz Bitterly Bares Soul, And Film Industry Reacts », The New York Times, (lire en ligne)
  4. Orientation sexuelle : Vanneste dénonce le "lobby gay", Le JDD, 31 août 2011
  5. Christophe Forcari, Au FN, Marine Le Pen met au pas les tradis anti-gays, Libération, 17 décembre 2014
  6. Tristan Quinault Maupoil, Accusé de financer «le lobby LGBT», David Douillet pousse un coup de gueule, Le Figaro, 25 février 2015
  7. Prosper Dou, Peut-on parler d'un «lobby LGBT» en France?, slate.fr, 18 avril 2018
  8. « Elisabeth Levy va plus loin sur CNews que sa propre parodie sur France Inter », Le Huffington Post, (lire en ligne, consulté le )
  9. « Oise : Agnès Thill choque en parlant de « lobby LGBT à l’Assemblée nationale » », leparisien.fr, 2018-11-08cet16:28:06+01:00 (lire en ligne, consulté le )
  10. « Vatican : le livre noir qui révélerait un "lobby gay" », sur lepoint.fr,
  11. Jean-Marie Guénois, « «Lobby gay» dans l'Église: des allégations prises au sérieux », FIGARO, (consulté le )
  • Portail LGBT
  • Portail de l’art contemporain
  • Portail du scepticisme rationnel
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.