Joseph Serrant

Période révolutionnaire

Joseph Serrant est le fils d'Antoine Serrant, planteur, et d'une mulâtresse nommée Elisabeth. Il est donc, juridiquement, un libre de couleur. Il s'engage comme volontaire dans le régiment de Bouillé le , et participe comme caporal à la campagne de la Dominique en 1783. Libéré après cinq ans, il s'établit comme cordonnier à Saint-Pierre.

Au début des troubles révolutionnaires, il reprend du service dans la Garde nationale et fréquente le Club des Dominicains où il se lie avec Louis Delgrès. Les deux hommes suscitent une pétition sur le statut des libres de couleur et sont forcés de s'exiler à la Dominique. Ils embarquent à bord de la frégate La Félicité commandée par le commandant Lacrosse qui les emmène à Sainte-Lucie où ils sont élus lieutenant pour Louis Delgrès et sous-lieutenant pour Joseph Serrant. La frégate gagne ensuite Pointe-à-Pitre où elle arrive le . Lacrosse annonce la République et la mise en œuvre des droits de l'homme ainsi que l'abolition de l'esclavage. Toutefois, cette proclamation ne sera pas suivie d'effets.

Joseph Serrant intègre ensuite le 109e régiment d'infanterie sous les ordres de Rochambeau et gagne ses galons de capitaine. Il est fait prisonnier lors des combats de la Martinique contre les Anglais le et envoyé à Plymouth. Il est échangé en et affecté à la 106e demi-brigade d'infanterie de bataille. On l'envoie alors à Ouilly-le-Basset avec mission d'y ramener la paix en éradiquant la rébellion des Chouans. En , il rejoint la 13e demi-brigade d'infanterie de ligne avant d'être muté dans l'armée d'Helvétie à la 87e demi-brigade de ligne. Aux ordres du colonel Armand Philippon, il fait les campagnes des Grisons et du Valais, puis rejoint le Piémont. Il est blessé lors de la bataille de Murazzo le . Jusqu'en 1804, il se bat en Suisse et en Italie du Nord avant d'être nommé commandant de la place d'Orbetello.

Empire

En 1804, Serrant rejoint le 5e régiment d'infanterie de ligne, participe à la campagne de Vénétie avant que son régiment ne soit envoyé occuper la Dalmatie. Il dirige la prise de Curzola puis est chargé de défendre le Vieux-Raguse par le général Lauriston. Il y gagne ses galons de chef de bataillon le , et la croix de chevalier de la Légion d'honneur.

Il participe ensuite à la bataille de Debilibriche, est blessé et fait prisonnier lors de la bataille de Gospich. Il est échangé et nommé colonel du 3e régiment de chasseurs croates (« Régiment d'Ogulin »). Il prend en 1811 le commandement du 8e régiment d'infanterie légère affecté au corps d'armée du prince Eugène de Beauharnais pour la campagne de Russie. Lors de la bataille d'Ostrovno, les 25 et , il est blessé alors qu'il protège la cavalerie de Murat, et il est élevé au grade d'officier de la Légion d'honneur le suivant. Promu général de brigade le , il est blessé à la bataille de Maloyaroslavets le , puis conduit son régiment lors de la retraite avant d'être fait prisonnier à Vilnius le . Il s'évade, traverse seul la Pologne et rejoint le prince Eugène à Magdebourg.

De retour en France, il est mis en congé de convalescence le . Employé dans la 7e division militaire le , il sert sous Dessaix en Savoie. Il s'empare d'Annecy le , puis des Gorges des Usses le , sert au combat de Saint-Julien le 1er mars, et de nouveau vainqueur à Annecy le . Il est mis en non activité le , et il est fait chevalier de Saint-Louis le suivant.

Restauration

Le , il est employé auprès du général Puthod à Lyon, et il est mis en non activité le . Compris comme disponible dans le cadre de l'état-major général le , il est admis à la retraite le . Il meurt le , à Clermont-Ferrand.

Contrairement à ce qu'affirment certains auteurs, Joseph Serrant n'a pas été baron de l'Empire, les lettres-patentes du titre n'ayant jamais été délivrées. Selon le dossier du service historique de l'Armée de Terre, il a adressé une supplique à Louis XVIII pour faire confirmer ce titre, suscitant une enquête de police sur ses origines métisses et un refus du roi.

Bibliographie

  • Le dossier personnel de Joseph Serrant se trouve au S.H.A.T. à Vincennes.
  • Georges Six, Dictionnaire biographique des généraux & amiraux français de la Révolution et de l'Empire (1792-1814), Paris : Librairie G. Saffroy, 1934, 2 vol., p. 451
  • A. Louis Abel, Les libres de couleur en Martinique, Tome II (1789-1802) Paris : Librairie Harmattan, 2012.
  • Abbé Paul Pisani, La dalmatie de 1797 à 1815 – Episode des conquêtes napoléoniennes Paris : Librairie Picard, 1893.
  • Raymond Chabaud, Le nègre de Napoléon : Joseph Serrant, seul général noir de l'Empire, Paris, HC éditions, , 200 p. (ISBN 978-2-35720-249-8).
  • « Cote LH/2505/70 », base Léonore, ministère français de la Culture
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