Jean-Pierre Mignard

Jean-Pierre Mignard, né à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) le , est un avocat, essayiste et homme politique français.

Il est un ami intime de François Hollande, dont deux de ses enfants sont ses filleuls[1]. Il participe à la campagne de Ségolène Royal en 2007. En 2011, il apporte son soutien à la candidature de Dominique Strauss-Kahn avant l'organisation des primaires socialistes dont il préside la Haute Autorité. Il s’engage dans la campagne d'Emmanuel Macron le , le lendemain du renoncement à briguer un second mandat de François Hollande.

Parcours professionnel

Avocat au barreau de Paris depuis 1974, Jean-Pierre Mignard est notamment spécialiste des questions de droit pénal des personnes et des affaires. Son domaine d’intervention s’étend également au droit de la presse et de la communication, au droit de la propriété littéraire et artistique, ainsi qu’au droit pénal de l'environnement, au droit communautaire et au droit européen des droits de l'homme.

Il a participé à des collèges de conseils d'États africains (Tchad, Bénin, Cameroun), dans des litiges territoriaux déférés à la Cour internationale de justice à La Haye sous la direction des professeurs Alain Pellet et Jean-Pierre Cot. Il a été avocat-conseil du Tchad pour l'établissement des conventions d'exploitation de ses ressources pétrolières. Il a participé à des arbitrages internationaux en droit de l'environnement à La Haye et Paris notamment pour le compte de sociétés à capital public ou dans la défense de sportifs de haut niveau comme Christophe Dugarry ou Jeannie Longo, de journalistes et personnalités des médias et de la création musicale, de grandes collectivités territoriales et d'établissements publics dans le domaine de l'énergie , d'entreprises privées dans le domaine de l'eau et de l'environnement.

À la fin des années de plomb en Italie, il est l'un des promoteurs, avec le magistrat Louis Joinet et le philosophe Félix Guattari, de la doctrine dite Mitterrand d'accueil de jeunes réfugiés terroristes italiens d'extrême gauche qui sortent de la clandestinité[2]. Il en défend plusieurs dizaines et plaide en faveur de leur amnistie auprès des autorités italiennes. Il a été l’avocat de plusieurs dizaines de dissidents chinois après les manifestations de la place Tian'anmen[réf. nécessaire].

Après les incidents de Clichy-sous-Bois, il est, avec Emmanuel Tordjman, l'avocat des familles des deux jeunes gens morts électrocutés dans un transformateur EDF. Lors du jugement, les deux avocats appellent les juges à donner à leur décision une portée symbolique. Le tribunal s'en est tenu à l'application du droit pénal suivant les arguments du procureur[3], considérant que l'existence de la connaissance claire d'un péril imminent et caractérisé de la part des mis en cause faisait défaut[4],[5]. Par la suite, il écrit, avec Emmanuel Tordjman L'affaire Clichy, ouvrage publié par les Stock et préfacé par Edwy Plenel. Ce livre sera à l'origine du film L'Embrasement, réalisé par Philippe Triboit et produit par Fabienne Servan-Schreiber (Cine TEVE) et Arte.

Il est notamment intervenu comme conseil dans les dossiers suivants :

Il a effectué de nombreuses missions d'observation judiciaire sous mandat de l’Organisation des Nations unies ou d’organisations non gouvernementales en Grèce, en Irlande du Nord (Ulster) au Kosovo, en Serbie, au Maroc, au Congo Brazzaville, en Israël et en Palestine, en Tunisie, en Chine, ou d'une commission d'enquête sur la répression en Iran sous le régime de l'ayatollah Khomeini, notamment avec le journaliste et compagnon de la Libération, Claude Bourdet et le prix Nobel de physique Alfred Kastler[réf. nécessaire]. Il a défendu de nombreux prévenus indépendantistes bretons et basques, notamment devant la Cour de sûreté de l'État avant sa dissolution en 1981 par François Mitterrand [réf. nécessaire].

Il a fondé avec Bernard Kouchner, le magistrat Yves Lemoine et le docteur Jacques Lebas le groupe dit des « Casques blancs » après la mort de Malik Oussekine[réf. nécessaire].

Jean-Pierre Mignard a été l'associé de Henri Leclerc au sein du cabinet Ornano. Il a ensuite fondé une société d'avocats avec notamment Francis Teitgen. Il est aujourd’hui associé-gérant de la société d'avocats Lysias Partners (1,9 million d'euros de chiffre d’affaires en 2015)[10].

Il est dans les dix premiers signataires du manifeste de ce qui deviendra le PACS, notamment avec les députés Patrick Bloche et Jean-Pierre Michel.

Il est membre désigné par le Premier ministre du Comité consultatif national d'éthique depuis renouvelé en 2017 par le ministre de l'Industrie[réf. nécessaire] Le , il a fait partie de la délégation qui a accompagné François Hollande à l'audience auprès du pape François[11], puis d'une délégation officielle conduite par le Premier ministre Manuel Valls aux cérémonies de canonisation à Rome des papes Jean XXIII et Jean-Paul II. En 2018, il est membre de la délégation qui accompagne le président Emmanuel Macron en visite au Vatican. En 2015, il est, avec Francis Szpiner, l'avocat de l'émir du Qatar dans sa plainte en diffamation contre Florian Philippot[12].

Parcours universitaire

Avant de soutenir une thèse de doctorat en droit pénal comparé intitulée Cybercriminalité et cyberépression : entre désordre et harmonisation mondiale, distinguée par une mention très honorable avec félicitations du jury à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne en 2004[13], Jean-Pierre Mignard avait obtenu un DEA de sciences criminelles dans cette même université en 1980 et une maîtrise de droit privé à l'université Paris II Panthéon-Assas en 1972[14].

Depuis plusieurs années, il enseigne comme maître de conférences le droit des médias à l'Institut d'études politiques de Paris, et assure aussi des sessions de l'Executive master à l'École de journalisme de Sciences Po et un enseignement de droit pénal des affaires à l'École de droit de Sciences Po Paris.[réf. nécessaire]

Il a participé à la rédaction du premier programme d'initiation aux droits de l'homme de l'enseignement catholique en 1984 sous la direction du Père Guiberteau. Il co-anime avec des membres de son cabinet d'avocats un cycle de conférences d'initiation au droit au lycée Alfred-Nobel de Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. Il a été chargé de cours en droit pénal de l'environnement à la faculté de droit de Nantes pour l'année 2009-2010.[réf. nécessaire]

Engagement politique

Après avoir été un lycéen gaulliste engagé en , Jean-Pierre Mignard fut l’un des plus jeunes membres de la direction politique nationale du Parti socialiste unifié (PSU) en 1972 (secrétariat national de Michel Rocard). Il s'inscrit dans les courants de la gauche du PSU restés fidèles à mai 68, à l'autogestion et sympathisants des expériences socialistes en cours en Yougoslavie, en Chine ou en Albanie. Il adhère au Parti socialiste en 1984. Il a été plusieurs fois membre de sensibilité rocardienne ou deloriste, ou proche de Ségolène Royal, du Comité directeur ou du Conseil national, et délégué national du Parti socialiste (professions libérales, justice).

Il fonde en 1985 le club Démocratie 2000 et en 1992 le Club Témoin, aux côtés de Jacques Delors, François Hollande[15] qu'il décrit comme un « ami personnel »[16], Jean-Pierre Jouyet, Jean-Michel Gaillard et Jean-Yves Le Drian.

Candidat pour la première fois aux élections législatives françaises de 1993 dans la 2e circonscription de la Nièvre, il est battu avec 49,40 % des suffrages. Il abandonne son mandat de conseiller municipal de Cosne-Cours-sur-Loire pour animer les clubs de réflexion dont il est membre.

Avec Joël Roman, il a fondé en , après l'échec du référendum français sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe du , le mouvement « Sauvons l'Europe ».

Il est, de fin 2007 à [17], le Président de l’association Désirs d'avenir, mouvement fondé par Ségolène Royal lors de la campagne présidentielle de 2007. Il est membre du Conseil national du PS depuis le Congrès de Reims () au titre de la motion de Ségolène Royal et du sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb. Il est un des membres fondateurs du club « Droit, Justice et Sécurités » en 2008, notamment avec les professeurs Lazerges et Clay. Il en est le coprésident depuis .

Président, puis membre du Conseil d'administration de l'hebdomadaire Témoignage chrétien, dont il est un des actionnaires, il est co-directeur de la rédaction depuis la fin de l'année 2012[18]. Il abandonne cette fonction en décembre 2016 lorsqu'il rejoint le comité politique de la campagne d'Emmanuel Macron.

Il a été membre titulaire à plusieurs reprises du Comité directeur ou du Conseil national du Parti socialiste.

En , il est désigné comme un des trois membres de la Haute autorité du Parti socialiste, organisme « indépendant et impartial » mis en place pour surveiller le déroulement des primaires socialistes à l'élection présidentielle. il y siège avec Catherine Barbaroux, présidente de l'ADIE, et du préfet honoraire Rémy Pautrat. Il en est le porte parole[19].

Il est le candidat investi par le PS, les radicaux de gauche et Europe écologie les Verts lors des élections législatives de 2012 à Marseille dans la 2e circonscription, celle de Dominique Tian. Il est battu, au second tour, avec 41,54 % des voix.

Il est chargé de l'organisation éthique des primaires du Parti socialiste aux élections municipales de Marseille, Béziers, Aix en Provence et du Havre de 2014. Il est président de la Haute Autorité éthique du Parti socialiste entre [20] et [21]. Il démissionne pour manifester son désaccord sur l'organisation d'une primaire imposée au président de la République, contraire à l'esprit de l'institution de la Ve République. Il est membre du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) par décision du Premier ministre (JO de ), renouvelé pour un second et dernier mandat en 2017 par le ministre de l'Industrie, et membre du conseil d'administration du Souvenir français depuis .

En , il soutient Emmanuel Macron, candidat En marche ! à l'élection présidentielle de 2017[22]. Dans cette perspective, il perçoit le mouvement d'Emmanuel Macron comme un « UMPS convergent » qui allie « la force et l’efficacité ». Pour lui, dans cette future majorité autour d'Emmanuel Macron, « François Hollande jouera évidemment un rôle important »[23].Il a été responsable du comité éthique de LREM durant la campagne présidentielle et législative.

En , il fait partie de la délégation réduite emmenée par Emmanuel Macron lors de sa visite officielle au Vatican.

Engagement social

Le cabinet Lysias, dont il est le fondateur,[réf. nécessaire] est partenaire depuis 2010 de l'association JRS France (Jesuit Refugee Service)[24].

Il a cofondé la branche française de la Fondation Robert F. Kennedy Human Rights, Centre français Robert F. Kennedy pour les Droits humains, dont la présidente est Mary Kerry Kennedy, fille du sénateur de New York et nièce du président Kennedy. Il a cofondé le laboratoire d'idées franco-algérien dans le domaine de la haute technologie et de la transition écologique JISR France Djazaïr.[réf. nécessaire]

Décorations

Jean-Pierre Mignard est officier de la Légion d'honneur, chevalier de l’Ordre national du Mérite du Tchad, officier dans l'Ordre de la Valeur du Cameroun et officier de l'ordre national de la Côte d'Ivoire[réf. nécessaire].

Publications

  • Justice pour tous, sous la direction de Jean-Pierre Mignard et Alain Vogelweith, Paris, La Découverte, 2001.
  • L’Affaire Clichy : entretien réalisé par Edwy Plenel, avec Emmanuel Tordjman, Paris, Stock, 2006.
  • QPC : la question prioritaire de constitutionnalité : pratique et contentieux, sous la direction de Xavier Magnon, Paris, LexisNexis & Litec, 2011 [2e éd. en 2013].
  • Le Défi d'Antigone : promenade parmi des figures du droit naturel, avec Yves Lemoine, Paris, Michel de Maule & Les Cahiers Lysias, 2012.
  • Sûreté nucléaire : droit et gouvernance mondiale, avec Sébastien Mabile et Michel Mabile, Bruxelles, Bruylant, 2012.
  • Gardiens de nos frères, Paris, Stock, 2014.
  • Robert F. Kennedy : la foi démocratique, avec la collab. avec Hugo Roussel, préface de Manuel Valls, Paris, Stock, 2016.
  • L'Empire des données : essai sur la société, les algorithmes et la loi, avec Adrien Basdevant, Paris, Don Quichotte Éd., 2018.

Notes et références

  1. Voir sur Le Nouvel Obs.
  2. Il y a treize ans, quand la France refusait d'extrader Battisti, liberation.fr, 12 mai 2004
  3. Pascale Robert-Diard, Zyed et Bouna : le jugement qui relaxe les deux policiers, lemonde.fr, 18 mai 2015
  4. (en) « Délibéré procès Clichy-sous-Bois », sur Scribd (consulté le )
  5. Raphaël Stainville, Jean-Pierre Mignard, en service commandé, valeursactuelles.com, 28 mai 2015
  6. Jean-Michel Normand, La double vie de maître Mignard, lemonde.fr, 28 juin 2013
  7. Alexandre Boudet, Jean-Pierre Mignard, avocat des familles de Clichy très écouté à l'Élysée, huffingtonpost.fr, 18 mai 2015
  8. Procès Gbagbo : au prétoire avec les avocats de la Côte d’Ivoire, jeuneafrique.com, 11 mars 2016
  9. Pascal Ceaux, « Affaire Bettencourt : l'étrange procès des journalistes », lexpress.fr, (lire en ligne, consulté le )
  10. Me Mignard, de droit comme de gauche, liberation.fr, 28 février 2016
  11. « Mignard : Hollande au Vatican ? « Une obligation vécue avec beaucoup de facilité » », Europe1, 24 janvier 2014, lire en ligne
  12. Le cadeau du Qatar à Florian Philippot, liberation.fr, 1er juin 2015
  13. Thèse rédigée sous la direction de Mireille Delmas-Marty, professeur au Collège de France.
  14. Biographie sur le site Lysias-avocats
  15. Jean-Michel Normand, « La double vie de Me Migard », in M, le magazine du Monde, semaine du 29 juin 2013, pages 34-37.
  16. Jean-Pierre Mignard : « Les présidents sont des hommes normaux, pour le meilleur et pour le pire », lexpress.fr, 17 février 2014
  17. Communiqué de Jean-Pierre Mignard, ex-président de Désirs d'avenir.
  18. Réponse à l’article de l’AJSTC mettant en cause Jean-Pierre Mignard, Jean-Pierre Mignard, temoignagechretien.fr, 26 décembre 2014
  19. Grand entretien avec Jean-Pierre Mignard sur le bilan des Primaires citoyennes (Nonfiction.fr, 18 novembre 2011).
  20. L'Express, janvier 2014 : Qui est Jean-Pierre Mignard, l'avocat de François Hollande ? "
  21. Renaud Dély, « Primaire à gauche : Jean-Pierre Mignard lâche la haute autorité éthique du PS », nouvelobs.com, 25 mars 2016.
  22. Geoffrey Bonnefoy, « Kouchner, Minc, Lepage : les encombrants soutiens d'Emmanuel Macron », lexpress.fr, 25 janvier 2017.
  23. Jean-Pierre Mignard : « Dans la future majorité autour de Macron, Hollande jouera évidemment un rôle important », lopinion.fr, 14 mars 2017
  24. « Le Cabinet Lysias : un partenaire de JRS France », (consulté le )

Liens externes

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