Jacques Isnardon

Jacques Isnardon est un chanteur d'opéra, baryton-basse, écrivain et pédagogue français né le à Marseille et mort le dans la même ville.

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Jacques Isnardon
Jacques Isnardon (atelier Nadar)
Naissance
Marseille
Décès
Marseille
Activité principale Chanteur d'opéra
(baryton-basse])
Activités annexes Professeur de chant
Écrivain
Lieux d'activité Opéra-Comique, la Monnaie, Covent Garden, Opéra de Monte-Carlo, la Scala, la Fenice
Formation Conservatoire de Paris
Maîtres Saint-Yves Bax (sv)
Charles-Marie-Auguste Ponchard
Enseignement Conservatoire de Paris
Élèves Gabriel Paulet
Roger Bourdin
Marie-Louise Cébron-Norbens
Distinctions honorifiques Chevalier de la Légion d'honneur (1913)
Membre de l'académie des sciences, lettres et arts de Marseille (1929)

Biographie

Jacques Isnardon naît à Saint-Barnabé près de Marseille, le [1]. Il est le fils d'un entrepreneur et de la fille d'un négociant de Saint-Just. Il grandit auprès de sa grand-mère maternelle, provençale attachée à la tradition[2]. Excellent élève, il est boursier d'État de l'établissement qui fut longtemps le seul lycée de la ville, le Lycée Thiers, plus ancien lycée de Marseille, où il est brièvement interne en 1972-1973[3] et où il acquiert une solide culture : son père le destine à Polytechnique[4]. Doué pour le dessin, il réalise des plans d'architecte qui étonnent déjà autour de lui. Mais à la suite d'une représentation du Bossu, il déclare vouloir être acteur. Sa grand'mère parvient à convaincre son père de le laisser partir pour le Conservatoire de Paris à la condition qu'il y apprenne l'art lyrique, plus convenable selon elle que l'art dramatique[2].

Il fait ses premiers pas sur scène en interprétant en amateur l'un des rôles principaux de la pastorale provençale, le Boumian, dont il gardera une empreinte indélébile pour toute sa carrière qui sera ainsi vouée à tous les diables du répertoire, des Méphistophélès de Charles Gounod (Faust), Arrigo Boito (Mefistofele), Hector Berlioz (La Damnation de Faust), au Diable de Jules Massenet (Grisélidis), en passant par le docteur Miracle, « diable médical », de Jacques Offenbach (Les Contes d'Hoffmann), qu'il amène sur la scène de toutes les capitales des deux mondes, Opéra et Opéra-Comique de Paris, La Monnaie de Bruxelles, Covent Garden de Londres, Mariinsky de Saint-Pétersbourg, São Carlos de Lisbonne, Opéra de Monte-Carlo, La Scala de Milan, Opéra de Rome, San Carlo de Naples, La Fenice de Venise, et dans les deux Amériques, où il est « l'ambassadeur de l'art lyrique français »[4].

Tout d'abord ténor, il débute en 1884 dans le rôle de Faust du Faust de Charles Gounod à l'Opéra de Montpellier[5]. Après avoir obtenu,la même année, ses prix au Conservatoire de Paris (2e prix de chant et 1er prix d'opéra-comique, classes de Saint-Yves Bax (sv) et Charles-Marie-Auguste Ponchard[6]), il fait ses débuts, le [7], dans le rôle de Baxter de la Diana d'Émile Paladilhe en création à l'Opéra-Comique où il est engagé en qualité de baryton et où il chante encore, le , Merlusse dans Le roi l'a dit de Léo Delibes[5] avant de passer, l'année suivante, au théâtre royal de La Monnaie de Bruxelles qui l'engage en qualité de basse[5], où il reste plusieurs années et dont il chronique l'histoire[8].

À Bruxelles il chante Coppelius, Dapertutto et le docteur Miracle des Contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach et le père de Laurence lors de la création mondiale de Jocelyn (en) de Benjamin Godard[9]. Il chante Beckmesser dans Les Maîtres chanteurs de Nuremberg de Richard Wagner et Leporello dans le Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart à Covent Garden[5], Manon de Jules Massenet à La Scala et Le Médecin malgré lui de Gounod à l'Opéra de Monte-Carlo.

Les Contes d'Hoffmann à La Monnaie de Bruxelles en 1887

Il revient à l'Opéra-Comique en 1894 où il chante le capitaine Roquefinette lors de la création mondiale, le , du Chevalier d'Harmental (en) d'André Messager. Il crée le rôle de Landrinier dans Xavière de Louis Gallet et celui de Don Juan dans Beaucoup de bruit pour rien de Paul Puget. Il reprend, après la mort d'Émile-Alexandre Taskin, le rôle de Lescaut dans la Manon de Massenet[5]. Il interprète les rôles de Bartolo (Les Noces de Figaro, Wolfgang Amadeus Mozart) et de Basilio (Le Barbier de Séville, Gioachino Rossini), Colline (La Bohème, Giacomo Puccini[10]) et Schaunard (version de Ruggero Leoncavallo[11]), Masetto (Don Giovanni, Mozart), Enrico (Lucia di Lammermoor, Gaetano Donizetti). Il interprète successivement cinq rôles dans le Roméo et Juliette de Gounod : Mercutio, Pâris, Gregorio, frère Laurent et le duc de Mantoue[12]. Il est encore à l'affiche avec Michel dans le Caïd et Lothario dans Mignon d'Ambroise Thomas, Sulpice dans la Fille du régiment de Gaetano Donizetti, le père dans Louise de Gustave Charpentier, Squarocca dans Proserpine de Camille Saint-Saëns, Cantagnac dans la Femme de Claude d'Albert Cahen, Miton dans Le roi l'a dit de Léo Delibes, Malipieri dans Haydée de Daniel-François-Esprit Auber. Il a également à son répertoire les Pêcheurs de perles de Georges Bizet, Lakmé de Léo Delibes, la traviata de Giuseppe Verdi[5].

Il débute à l'Opéra de Paris le avec le rôle de Méphistophélès dans le Faust de Charles Gounod [5].

Il épouse en 1905[13] la soprano Lucie Marie Justine Foreau qui fut son élève et chante sous le nom de Lucy Isnardon à l'Opéra de Paris[14].

Au Conservatoire[15], où il est professeur de déclamation lyrique de 1901 à 1924, il a entre autres pour élèves Germaine Lubin[16],[17], Gabriel Paulet[18] et Roger Bourdin. Décidé à quitter la scène[19] bien que fréquemment rappelé[20], il ouvre parallèlement une école de chant, inaugurée en 1902, dans son appartement du 112 boulevard Malesherbes[21], à proximité de la future École normale de musique fondée par Alfred Cortot en 1919. Il monte sur la scène de son école la Salomé de Richard Strauss en 1907 pour Lucy Isnardon, dans la version française accompagnée au piano par Walther Straram[22]. Il ouvre aussi un cours de chant gratuit dans les locaux de la mairie du 9e arrondissement de Paris, rue Drouot où il organise des concours primés pour ses élèves[23]. Après son départ du Conservatoire, il se retire dans sa ville natale où il fonde une école de chant[5].

Son Chant théâtral est autant la mémoire de son temps qu'une philosophie de la pédagogie vocale :

« Ici, il n'y a pas qu'une méthode : il y a une méthode nouvelle avec chaque élève. Voilà précisément où réside la grande difficulté. Voilà où l'éducateur a besoin de toute son expérience, de toute sa délicatesse de touche, de toute la sûreté de son oreille, de toutes ses connaissances cliniques de la physiologie. Il est appelé à polir le diamant qu'on lui a confié. Là, commence l'ère des responsabilités. »

 Jacques Isnardon, Le Chant théâtral[24]

.

Il est décoré dans l'ordre national de la Légion d'honneur avec le grade de chevalier en 1913[25], dans la même promotion que Cécile Chaminade[26] et élu, le au fauteuil n° 38 de l'académie des sciences, lettres et arts de Marseille, succédant au compositeur Gabriel Marie et précédant l'auteur dramatique Pol d'Estoc[27].

Publications

Notes et références

  1. La bibliothèque nationale de France indique : « Naissance : 1860-02-15, Marseille - Mort : 1930-11-14  » (notice BnF no FRBNF16528804) ; l'académie des sciences, lettres et arts de Marseille précise : « (Marseille 15 février 1860 – Marseille 14 novembre 1930) » (« Histoire du fauteuil 38 de l'académie de Marseille », sur Accadémie des sciences, lettres et arts de Marseille). Deux sites spécialisés donnent : « (Alger, 15 février 1860 – Marseille, 14 avril 1930) » (« Chanteurs de l'Opéra de Paris », sur L'Art Lyrique français et « Isnardon Jacques », sur Les archives digitales de la Monnaie).
  2. Jean-Baptiste Samat, « Réponse de M. J.-B. Samat directeur de l'académie au discours de réception de M. Jacques Isnardon », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, Marseille, Académie des sciences, lettres et arts de Marseille, , p. 20 et s. (ISSN 0980-9171, notice BnF no FRBNF34400185) lire en ligne sur Gallica
  3. Jacques Delmas (préf. Georges Armand Gasquy), Histoire du lycée de Marseille, Marseille, Impr. marseillaise, , 160 p. (notice BnF no FRBNF30318844), p. 123 lire en ligne sur Gallica
  4. Pol d'Estoc, « Discours de réception de M. Pol d'Estoc », Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Marseille, Marseille, Académie de Marseille, , p. 51 et s. (ISSN 0980-9171, notice BnF no FRBNF34400185) lire en ligne sur Gallica
  5. « Chanteurs de l'Opéra-Comique », sur L'Art lyrique français
  6. Jules Martin (préf. Aurélien Scholl, ill. H. Reymond), Nos artistes : portraits et biographies ; suivis d'une notice sur les droits d'auteurs, l'Opéra, la Comédie-Française, les Associations artistiques, etc., Paris, Librairie de l'Annuaire universel, , 424 p. (notice BnF no FRBNF34214680) lire en ligne sur Gallica
  7. « Diana », sur L'Art lyrique français. Dans une lettre à Édouard-Auguste Spoll, Jacques Isnardon donne la date de 1884 et précise que ses véritables débuts eurent lieu un an et demi après, avec La Fille du régiment de Gaetano Donizetti : « Le chanteur Jacques Isnardon raconte ses débuts à l'Opéra-comique », sur AbeBooks.fr.
  8. Jacques Isnardon (préf. Arthur Pougin, ill. Léon Dardenne), Le théâtre de la Monnaie depuis sa fondation jusqu'à nos jours, Bruxelles, Schott frères, (notice BnF no FRBNF30637065) lire en ligne sur Gallica
  9. « Isnardon Jacques », sur carmen.lamonnaie.be
  10. Il fait partie avec le rôle de Colline de la création de l'œuvre à l'Opéra-Comique sous le titre de La Vie de Bohème et dans sa version française le 13 juin 1898 (au Théâtre-Lyrique place du Châtelet après l'incendie de la salle Favart puis dans la nouvelle salle Favart à partir du 22 octobre 1999). Il reprend le rôle au Covent Garden en 1903. « L'œuvre à l'affiche », sur L'Avant-scène Opéra, p. 148-151
  11. Version qu'il interprète également à la Fenice et dont Alphonse Allais, spectateur de cette soirée, dira dans À l'œil : « [...] l'excellent baryton de l'Opéra-comique [...] Isnardon, la joie de cette pièce, a composé un Schaunard extraordinaire. » [lire sur Wikisource]
  12. (it) « Almanacco: Isnardon », sur L'Almanacco di Gherardo Casaglia
  13. « Nouvelles diverses », Le Ménestrel, (ISSN 1247-9519, notice BnF no FRBNF34493983) lire en ligne sur Gallica
  14. « Lucy Isnardon »(notice BnF no FRBNF15497252)
  15. Rue rue Bergère puis rue de Madrid après 1911
  16. « Courrier de la semaine », Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature, lire en ligne sur Gallica
  17. « Cantatrices de l'Opéra de Paris », sur L'Art lyrique français
  18. « Classe Jacques Isnardon », Comœdia illustré : journal artistique bimensuel, Paris, (ISSN 1247-6706, notice BnF no FRBNF32745943) lire en ligne sur Gallica
  19. « Théâtres et concerts », Le Journal, (ISSN 1246-5666, notice BnF no FRBNF34473289) lire en ligne sur Gallica
  20. Lettre de Jacques Isnardon au journal « Courrier des théâtres », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, notice BnF no FRBNF34355551) lire en ligne sur Gallica
  21. Lettre à entête de l'école « École de chant Jacques Isnardon », sur Base Léonore, ministère français de la Culture
  22. « Théâtres », Le Temps, (ISSN 1150-1073, notice BnF no FRBNF34431794) lire en ligne sur Gallica
  23. « Courrier des théâtres », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, notice BnF no FRBNF34355551) lire en ligne sur Gallica
  24. Jacques Isnardon, Le Chant théâtral, Paris, Maurice Vieu et Jeanne Vieu, , 171 p. (notice BnF no FRBNF43995975) lire en ligne sur Gallica
  25. « Jacques Isnardon », base Léonore, ministère français de la Culture
  26. « Les nouveaux décorés », Le Monde artiste : théâtre, musique, beaux-arts, littérature, (ISSN 2427-5212, notice BnF no FRBNF32818188) lire en ligne sur Gallica
  27. « Histoire du fauteuil 38 de l'académie de Marseille », sur Accadémie des sciences, lettres et arts de Marseille

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