Le Caïd (opéra)

Le Caïd ou Le Kaïd , est un opéra bouffe en deux actes composé par Ambroise Thomas sur un livret de Thomas Sauvage. Il a été créé le à l'Opéra-Comique dans la seconde Salle Favart à Paris.

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Le Caïd
Les Boudjous
Genre Opéra bouffe
Musique Ambroise Thomas
Livret Thomas Sauvage
Langue
originale
Français
Création
Paris (salle Favart), France

Historique

L'opéra était originellement intitulé Les Boudjous[1],[2], en référence à une unité monétaire (du mot arabe « بوجهه ») frappée dans la régence d'Alger et utilisée dans l'Empire ottoman.

La première production du Caïd à l'Opéra-Comique fut dirigée par Théophile Tilmant et mise en scène par Ernest Mocker[1]. L’œuvre reçut des critiques très favorables et fut le premier grand succès populaire d'Ambroise Thomas[3]. Le travail est emblématique de la vogue des spectacles évoquant le pouvoir colonial français, à la suite de la conquête de l'Algérie en 1830[4]. Il fut recréé par l'Opéra-Comique le , date de sa 100e représentation avec Caroline Miolan-Carvalho dans le rôle de Virginie[1]. Il fut à nouveau monté pour la dernière fois à l'Opéra-Comique, le , cumulant un total de 422 représentations par cette compagnie[5].

Hors de France, l'opéra a été joué pour la première fois à Bruxelles le  ; il est donné à Londres, au St. James's Theatre, le [6] et à la Nouvelle Orléans le [1]. Il fut interprété en anglais au Theatre Royal Haymarket à Londres le (sous le titre The Cadi, ou Amours parmi les Maures [7]) et à Manchester le . Il fut interprété en allemand à Vienne en 1856, Berlin en 1857, et Prague en 1860, et en italien à Milan en 1863, Barcelone en 1865, Florence en 1877 et Naples en 1889[8].

Le Caïd est rarement représenté au XXe siècle et au début du XXIe siècle ; il a été remonté à la Gaîté-Lyrique le [9]. Sa plus récente production a eu lieu en , à l'Opéra-Théâtre de Metz dans une production d'Adriano Sinivia sous la direction de Jacques Mercier[10]. L'air de baryton-basse dit Air du tambour major a été enregistré par plusieurs chanteurs d'opéra dès la fin du XIXe siècle[1],[11],[12].

Rôles

Costume créé pour le rôle de Aboul-y-far, 1849.
Détail des rôles
Rôle Voix Distribution de la première , [1]
(direction : Théophile Tilmant)
Aboul-y-far, un caïd algérien basse Henri (François-Louis Henry)
Fathma, fille de Aboul-y-far soprano Marguerite Decroix
Virginie, une meunière française soprano Delphine Ugalde
Birotteau, un coiffeur ténor Jean-Jacques Boulo
Ali-Bajou, l'intendant du caïd ténor Charles-Louis Sainte-Foy
Michel, un tambour-major baryton Léonard Hermann-Léon
Muezzin basse Lejeune
Kabyles ; les gardes du Caïd ; officiers français, tambour, soldats ; esclaves

Argument

Une ville d'Algérie française dans les années 1840.

Aboul-y-far, le caïd d'une ville algérienne sous administration coloniale française, fait régulièrement face aux critiques virulentes de ses sujets concernant les impôts et taxes qu'il leur impose. Birotteau, un coiffeur français de la ville, propose au caïd un "talisman secret" qui le protégera des violences et attaques de ses sujets. Son prix est de 20 000 boudjou. Le caïd, avare notoire, offre en paiement la main de sa propre fille Fathma. Birotteau est flatté de la proposition et accepte l'offre, oubliant qu'il est déjà engagé avec Virginie, qui possède une meunerie en ville.

Pendant ce temps, Ali-Bajou, intendant et factotum du caïd, a un plan différent pour protéger son maître. Il entretient une romance passionnée entre Fathma et Michel, tambour-major dans l'armée française. Quand Michel et Virginie prennent connaissance de l'accord de Birotteau avec le caïd, ils sont furieux. Devant le vœu de vengeance de Virginie et la menace de Michel de lui couper les oreilles, Birotteau refuse d'épouser Fathma en échange du « talisman secret ». Le caïd paie les 20 000 boudjous à contrecœur à Birotteau et découvre que le talisman est une recette pour une lotion capillaire censée guérir la calvitie. À la fin, Ali-Bajou s'enivre joyeusement de vin français. Virginie et Birotteau se marient, ainsi que Fathma et Michel. Michel devient le garde du corps du caïd, ; le seul regret du caïd est que toute l'affaire lui ait coûté 20 000 boudjous.

Réception

L'opéra a été admiré par les compositeurs français Hector Berlioz et Georges Bizet, ainsi que par le poète Théophile Gautier[10] qui publie un article « Le Caïd » dans Le Journal des débats du [13]. D'autres commentateurs ont des réserves, ainsi Félix Clément et Pierre Larousse[14] :

« On ne peut nier que cet ouvrage ne soit amusant et la musique très-agréable. Cependant, à notre avis, l'ensemble a un caractère de vulgarité, de familiarité et de parodie qui n'est pas celui de l’opera-bufa, ni même de l'ancien opéra-comique. La partition fourmille de motifs charmants. On retrouve dans l'harmonie, sous des dehors piquants, les formes scientifiques les plus pures ; l'instrumentation est ravissante. D'où vient donc l'impression dont nous avons parlé plus haut ? Probablement de la disparate des costumes et de ce genre de pièces dont les gens de goût ont vu avec peine le succès toujours croissant en France ; pièces dans lesquelles aucun sentiment vrai et pris au sérieux ne vient reposer l'esprit du spectateur des bouffonneries et des cascades des acteurs. Une alliance aussi continuelle du plus noble des arts avec les côtés infimes du caractère humain nous paraît regrettable »

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Le caïd » (voir la liste des auteurs).
  1. Gherardo Casaglia 2005.
  2. Wild et Charlton 2005, p. 173-174
  3. Arthur Hervey, Masters of French Music, 1894, p. 18–19 Lire en ligne.
  4. Grove 2001.
  5. Stéphane Wolff 1953, p. 35.
  6. (en) « Dramatic Intelligence: St. James's », The Musical World, vol. XXI, no 5, , p. 67 (lire en ligne).
  7. (en) Claire Mabilat, Orientalism and Representations of Music in the Nineteenth-Century British Popular Arts, Ashgate, 2008 (ISBN 0754659623), p. 16.
  8. Alfred Loewenberg 1978.
  9. Alfred Loewenberg 1978, p. 870.
  10. Pierre Degott, « Le Caïd, et la face cachée d'Ambroise Thomas », sur Res Musica, (consulté le ).
  11. Wild et Charlton 2005, p. 173-174.
  12. Enregistrement par Léon Melchissédec en 1899, disque E. Berliner's Gramophone A écouter sur Gallica.
  13. Article repris dans le recueil Les musiciens et la musique en 1903, p. 241–251 [lire en ligne].
  14. Félix Clément et Pierre Larousse, « Caïd (le) », dans Dictionnaire lyrique, ou Histoire des opéras. Paris, Auguste Royer, Liepmannssohnn et Dufour, 1869, p. 129–130 [lire en ligne]

Annexes

Bibliographie

  • Hector Berlioz, Les musiciens et la musique, 3e éd., publiée avec une introduction d'André Hallays. Paris, Calmann-Lévy, 1903. [lire en ligne].
  • (en) Arthur Hervey, Masters of French Music. London: Osgood, McIlvaine & Company, 1894 [lire en ligne].
  • Stéphane Wolff, Un demi-siècle d'Opéra-Comique (1900-1950). Paris, André Bonne, 1953 (OCLC 44733987 et 2174128).
  • (en) Alfred Loewenberg, Annals of Opera 1597–1940 (3e éd. revue), Totowa, New Jersey, Rowman and Littlefield, 1978 (ISBN 978-0-87471-851-5).
  • Élisabeth Malfroy, « Le Caïd », dans Marc Honegger et Paul Prévost (dir.), Dictionnaire des œuvres de la musique vocale, t. I (A-F), Paris, Bordas, , 2367 p. (ISBN 2040153950, OCLC 25239400, notice BnF no FRBNF34335596), p. 271–272.
  • (en) Richard Langham Smith, « Thomas, Ambroise », dans Stanley Sadie (éd.), The New Grove Dictionary of Music and Musicians, vol. 29, Londres, Macmillan, , 2e éd., 25 000 p. (ISBN 9780195170672, lire en ligne)
  • (it) Gherardo Casaglia, Le caïd, Almanacco Amadeus, 2005 Lire en ligne.
  • Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, Sprimont, , 552 p. (ISBN 978-2-87009-898-1, lire en ligne).

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