Le Temps (quotidien français, 1861-1942)

Le Temps est un quotidien français publié à Paris du au [1].

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Le Temps

À la une, le voyage du capitaine Binger au Soudan français (mars 1890).

Pays France
Langue Français
Périodicité Quotidien
Genre Généraliste
Date de fondation
Date du dernier numéro
Ville d’édition Paris

Histoire

La rédaction et l’imprimerie du Temps étaient situées au 5 de la rue des Italiens à Paris (photo prise en 2015).

Le journal fut fondé au no 10 de la rue du Faubourg-Montmartre (jusqu'en puis au no 5 du boulevard des Italiens) par Auguste Nefftzer, journaliste français qui le dirigea pendant 10 ans, avant de céder la place à Adrien Hébrard. S'inspirant à l'origine de la philosophie libérale à forte tendance protestante de son fondateur, le journal connut des débuts difficiles et dut être soutenu financièrement par des industriels alsaciens, amis de Nefftzer. Mais, journal sérieux et très bien fait, le Temps vit son tirage croître, passant d'à peine 3 000 exemplaires en 1861 à 11 000 exemplaires en 1869, et à 22 000 exemplaires en 1880, devenant le journal le plus important de la Troisième République et s'imposant comme le journal de référence destiné aux élites[2].

De 1867 à 1890, le duc d'Aumale est un des actionnaires principaux du journal[3].

À partir de 1870, le journal pratique l'anonymat de la rédaction politique, ce qui lui permettra longtemps de marquer son indépendance et de faire autorité face à ses grands concurrents, Le Figaro et le Journal des débats. L'édition de Paris est suspendue du 7 au , par la Commune, mais la publication de l'édition de Saint-Germain-en-Laye, mise en place en prévision, continue. C'est l'un des deux quotidiens français à l'époque les plus tournés vers l'actualité internationale, avec le quotidien monarchiste modéré Le Soleil[4]. L'information est jugée de qualité, sérieuse et objective, principalement à ses débuts, avant d'être classée plutôt au centre gauche lorsque Nefftzer le cède à Hébrard en 1873 puis républicain conservateur. Il atteint 30 000 exemplaires en 1914[2].

Journal conservateur, il combat le projet d'impôt sur le revenu défendu notamment par le député Jean Jaurès, qui serait venu se substituer à une fiscalité dominée par quatre contributions directes (contribution financière et personnelle mobilière). Un système jugé inégalitaire par Jaurès puisqu'il n'est pas indexé sur le niveau de revenu de chaque citoyen[5].

Pendant l'entre-deux-guerres, les fils d'Adrien Hébrard se succèdent à la direction du journal : Émile jusqu'en 1925, Adrien jusqu'en 1929, année où il cède toutes ses parts à l'homme politique Louis Mill. Au décès de ce dernier, le public apprend dans une lettre découverte dans un de ses coffres qu'il est le prête-nom d'un « consortium » regroupant des organisations patronales, le Comité des forges, le Comité des Houillères, l'Union des industries métallurgiques et minières et la Confédération générale du patronat français[6]. Dès lors, la gauche et l'extrême droite identifient le journal au Comité des Forges bien que ces organisations ne soient pas représentées en tant que telles dans le quotidien mais « par des particuliers ou par quelques sociétés agissant à titre individuel »[7]. Il prend en 1934 position en faveur de l'écrasement des sociaux-démocrates autrichiens par le régime de Engelbert Dollfuss[8]. Il devient par la suite le quotidien officieux du Quai d'Orsay : son approbation, par anticipation, de l'abandon de la Tchécoslovaquie à Munich en 1938 provoque la démission de son représentant à Prague, Hubert Beuve-Méry.

Comme d'autres quotidiens nationaux (Le Figaro, Paris-Soir), Le Temps se replie à Lyon en zone libre en 1940. En réponse à l'invasion allemande de la zone Sud le , les deux codirecteurs, Jacques Chastenet et Émile Mireaux, sabordent tardivement le journal le (Le Figaro s'arrête le et Le Progrès le ).

Après guerre, le journal est victime de l'ordonnance du 30 septembre 1944 sur les titres ayant paru sous l'occupation de la France par l'Allemagne, ses locaux situés no 5 de la rue des Italiens sont réquisitionnés et son matériel est saisi ; Le Monde, qui commence à paraître en 1944, sera le bénéficiaire de cette confiscation : la typographie et le format resteront longtemps hérités du Temps. Hubert Beuve-Méry fera de son nouveau quotidien un journal de référence, jouissant d'une grande notoriété à l'étranger.

Journalistes ayant contribué

Premiers feuilletons publiés

Notes et références

  1. Patrick Eveno, Histoire du journal Le Monde : 1944-2004, Éditions Albin Michel, , 720 p..
  2. Patrick Eveno, Le journal Le Monde : une histoire d'indépendance, Odile Jacob, (lire en ligne), p. 23.
  3. Le duc d'Aumale et la presse, Raymond Cazelles, 1971.
  4. « Des petits journaux au grandes agences », par Michaël Palmer, page 124.
  5. Pierre Ancery, « Le combat de Jaurès pour la création de l'impôt sur le revenu », Retronews, (lire en ligne).
  6. Christophe Charle, Le Siècle de la presse (1830-1939), Éditions La Martinière, , p. 221.
  7. Jean-Noël Jeanneney, François de Wendel en République : l'argent et le pouvoir, 1914-1940, Librairie Académique Perrin, , p. 461.
  8. « Février 1934 : la chute de « Vienne la rouge » », sur RetroNews, .
  9. « Introduction en français », sur charles-edmond-chojecki.com (consulté le ).
  10. Anatole France, La Vie littéraire [4 séries], Paris, Calmann-Lévy, 1888-1895.
  11. Paul Alphandéry, « Albert Réville : Notice biographique et bibliographique » [PDF], sur 1000 tirés-à-part Salomon Reinach OAI, (consulté le ), p. 3 / 26.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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