Igor Guirkine

Igor Vsevolodovitch Guirkine (en russe : Игорь Всеволодович Гиркин) dit Igor Ivanovitch Strelkov (И́горь Ива́нович Стрелко́в, « Strelkov » signifiant « Tireur » en russe)[1],[2],[3], né le [2] à Moscou, est un ancien militaire russe. Il est le commandant du GRU en Ukraine[4],[5],[6]. Le , il devient commandant des forces d'auto-défense de la République populaire de Donetsk et, le suivant, le « ministre » de la défense de cette république auto-proclamée, non reconnue internationalement. Il quittera toute fonction au sein de celle-ci en [7] et retournera en Russie.

Pour les articles homonymes, voir Igor Strelkov.

Igor Vsevolodovitch Guirkine

Igor Guirkine dit Strelkov
Fonctions
Ministre de la Défense de la République populaire de Donetsk

(2 mois et 29 jours)
Prédécesseur Igor Kakidzianov
Successeur Vladimir Kononov
Biographie
Nom de naissance Игорь Всеволодович Гиркин
Date de naissance
Lieu de naissance Moscou, Union soviétique
Nationalité Russe

Igor Vsevolodovitch Guirkine
Игорь Всеволодович Гиркин
Surnom Igor Ivanovitch Strelkov
Origine Russe
Allégeance Russie
République populaire de Donetsk (2014)
Grade Colonel
Commandement Milice de Sloviansk
Conflits Guerre du Dniestr
Guerre de Bosnie-Herzégovine
Première guerre de Tchétchénie
Seconde guerre de Tchétchénie
Guerre du Donbass

Il est marié et père de deux fils adolescents vivant avec leur mère à Moscou.

Biographie

Il naît à Moscou dans une famille de militaires de père en fils et très tôt s'intéresse à l'histoire[8]. Il termine l'institut des archives de Moscou et s'oriente ensuite vers la carrière militaire.

Il participe aux combats de Transnistrie en juin- en tant que volontaire des Cosaques de la mer Noire, à Coșnița (en) et à Bendery, puis en Bosnie en à mars 1993 dans un régiment de volontaires russes[9].

En mars-octobre 1995, il est en Tchétchénie dans une brigade de tirailleurs motorisés. Il retourne en Tchétchénie entre 1999 et 2005, cette fois-ci dans les forces spéciales (Spetsnaz). Il publie une autobiographie à la fin des années 1990 intitulée Journal bosniaque («Боснийский дневник»). C'est le 6 octobre 1998 que paraît le premier article de Strelkov dans le journal d'extrême-droite Zavtra (« Demain » en russe) à propos des volontaires russes ayant combattu en Bosnie. Il publie régulièrement jusqu'en l'an 2000 d'autres articles dans ce journal à propos de la situation en Tchétchénie ou dans d'autres points chauds du territoire de la Fédération de Russie. Il y est assez critique envers la politique nationale du gouvernement. C'est par l'intermédiaire du journal qu'[réf. nécessaire]il fait la connaissance du journaliste politologue Alexandre Borodaï, qu'il rencontre en Tchétchénie en 1996[10]. A contrario, il est également dit que Borodaï est alors une plume de Zavtra, mais que Strelkov est agent des services russes[11]. Ils partent tous les deux en août 1999 en tant que correspondants et envoyés spéciaux du journal Zavtra dans l'enclave islamiste d'obédience wahabbite, autour du village de Karamakhi au Daghestan. Elle s'étend dans la zone des grottes de Kadar. Commandés par un certain « émir Djaroulla », les hommes occupent une base territoriale d'environ un demi millier de djihadistes combattants. Les combats débutent le 27 août et l'emprise wahabbite est liquidée le 12 septembre suivant. Borodaï et Strelkov rédigent des articles à propos de la situation dans la zone de combat et dans les villages environnants.[réf. nécessaire]

Selon la BBC diffusée en langue russe en direction de l'espace russophone, Strelkov est spécialisé dans les opérations de lutte contre le terrorisme, au sein du Deuxième Service[12]. Après sa retraite du service actif, il semble qu'il ait organisé les services de sécurité du jeune milliardaire russe Konstantin Malofeev, fondateur du fonds d'investissement Marshall Capital Partners. Il quitte le FSB en 2013[13]

Crise ukrainienne

En , il est chargé de la surveillance de l'exposition des reliques de Kiev provenant du mont Athos représentant les présents des rois mages. C'est ainsi qu'en visitant régulièrement la place de l'Indépendance, juste à côté, il prend la mesure des événements de l'Euromaïdan qu'il visite et en constate la bonne organisation et le soutien des relais d'information[14], tant nationaux qu'internationaux, ainsi que l'ampleur des discours galvanisant la foule contre la Russie. Il se retrouve ensuite, à partir de début au service de sécurité de Sergueï Aksionov en Crimée avant son annexion par la Russie[15]. Sa milice prend notamment le contrôle d'un centre de commandement à Simféropol[16].

Vue d'une barricade à Sloviansk.

Selon les déclarations d'un des membres du service de sécurité d'Ukraine, Vitaly Naïda, le colonel Strelkov passe le de Crimée à Rostov-sur-le-Don par la péninsule de Kertch. Ancien collaborateur de Konstantin Malofeev, au même titre d'ailleurs que Alexandre Borodaï, sa présence en Ukraine alimente les soupçons de financement des séparatistes par l'oligarque[17].

Le , il revient en Ukraine et s'installe à Sloviansk, d'où il organisera la rébellion armée contre le pouvoir central de Kiev[18]. Le , il est frappé d'un mandat d'arrêt par les autorités ukrainiennes pour entreprise criminelle et le pour terrorisme séparatiste. Le , il donne sa première interview au journal russe Komsomolskaïa Pravda décrivant la situation et ses propres motivations. Après la capture du ministre de la Défense de la RPD Igor Kakidzianov par le bataillon Azov, il dirige le les forces d'autodéfense de Sloviansk et le , il est nommé ministre de la Défense de la République populaire de Donetsk.

Selon un rapport[19] du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme Strelkov ordonne le l’exécution de deux de ses hommes, Dmytro Slavov et Mykola Loukianov, s’appuyant sur l’oukase no 219 du Præsidium du Soviet suprême du (о военном положении, « de l’état de guerre »). Le , il est frappé par les mesures d'interdiction de visa et de sanctions économiques par l'Union européenne, sous le nom d'Igor Strelkov. Basé à Sloviansk, Igor Strelkov et ses combattants peinent à communiquer avec Donetsk, car l'armée ukrainienne bombarde quotidiennement la ville et ses faubourgs. L'eau, l'électricité et le téléphone y sont largement coupés[20]. Le , Strelkov arrête et démet de ses fonctions le maire autoproclamé de Sloviansk, Viatcheslav Ponomarev.

Le , le colonel Strelkov et ses hommes quittent Sloviansk et se replient vers Donetsk sous la pression de l'armée régulière ukrainienne qui reprend la ville.

Le , un message publié sur le réseau social russophone Vkontakte sous le nom d’Igor Strelkov et publié à l’heure de la disparition du vol MH17 de Malaysia Airlines annonce la destruction d’un Antonov de l’armée ukrainienne dans la région[9],[21],[22]. Le tabloïd néerlandais De Telegraaf publie le une première page avec les photos de Strelkov et Borodaï et les accuse d’être des « meurtriers » (Moordenaars)[23].

Le colonel Strelkov fait partie de la liste des personnalités frappées des sanctions de l'Union européenne.

Le , Alexandre Borodaï annonce qu’Igor Strelkov, après des informations contradictoires sur une grave blessure subie la veille[24],[25], démissionne de ses fonctions de ministre de la Défense[26] au profit de Vladimir Kononov[27]. Cette démission a été imposée par la Russie[28].

Le , six parents de victimes du vol MH17 déposent une plainte contre Igor Guirkine à Chicago, l’accusant d’avoir « ordonné, aidé et/ou encouragé cette action et/ou conspiré avec les personnes ayant tiré le ou les missiles »[29]. La justice néerlandaise décide de le poursuivre[30].

Intérêts

Igor Strelkov et Evgeniy Gorbik en uniforme de l’armée lors d’une reconstitution historique de la Seconde Guerre mondiale.

Jusqu’à son engagement dans le conflit ukrainien Igor Strelkov était actif dans la scène des reconstitutions historiques. En plus d’être modérateur du forum livinghistory.ru il participait à des groupes recréant le régiment des dragons de Moscou de 1812 (époque des guerres napoléoniennes), une unité de mitrailleuses de la garnison de 1914[31], le peloton de mitrailleuses de la 75e brigade de tirailleurs de marine de 1941 ainsi que la 6e légion romaine « ferrata » des guerres daciques[32]. En il rejoint, sous le nom de Guirkine, l’union de Drozdovski au rang de sous-officier[33].

Notes et références

  1. Neue Zürcher Zeitung, avril 2014
  2. (uk) Стрєлков, який насправді має інше ім'я, наказував викрасти інспекторів ОБСЄ
  3. (ru) « Боевые заслуги: кто научил воевать Игоря Стрелкова », sur СвободнаяПресса, (consulté le )
  4. Le Figaro, 29 avril 2014, Le Figaro, 29 avril 2014
  5. Ce colonel Strelkov qui défie ouvertement Kiev, Le Figaro, 29 avril 2014.
  6. Igor Strelkov, l’homme à la tête des milices pro-russes du Donbass, Le Courrier de Russie, 1er mai 2014.
  7. Donetsk People’s Republic dismisses defense minister
  8. (ru) Par ses qualités morales et éthiques, il n'est pas de ce siècle. Comment un garçon littéraire est-il devenu commandant des rebelles du Donbass. Article de la Moskovskaïa Komsomolskaïa Pravda du 28 mai 2014
  9. (en) Gianluca Mezzofiore, « Igor Strelkov: Key MH17 Crash Suspect Linked to Massacre of 3,000 Bosnian Muslims in 1992 », sur International Business Times, (consulté le ).
  10. (en) Gabriela Baczynska et Aleksandar Vasovic, « Pushing locals aside, Russians take top rebel posts in east Ukraine », Reuters, (lire en ligne)
  11. Jean-Baptiste Naudet, « Crash du MH17 en Ukraine : les chiens de guerre de Moscou », L'Obs, (lire en ligne)
  12. (ru) Raphaël Saakov Article du 30 avril 2014 à propos de Denis Pouchiline où il est fait mention de Strelkov
  13. (ru) Ostap Joukov Le héros du Donbass Igor Strelkov : des études jusqu'au commandement militaire // Komsomolskaïa Pravda, 12.07.2014
  14. (ru) Alexeï Ovtchinnikov, Komsomolskaïa Pravda, Interview de Strelkov du 26 mai 2014
  15. (en) « Santa-for-Hire, Soapmaker Run Insurgency in Ukraine's East », The Moscow Times, (lire en ligne)
  16. Marc Nexon, « Qui est « Strelkov », l'officier russe mis en cause dans le crash du vol MH17 ? », sur Le Point (consulté le )
  17. « Malofeev, l'homme accusé de financer la guerre en Ukraine », Europe 1, (lire en ligne)
  18. Lucian Kim, « Should Putin fear the man who 'pulled the trigger of war' in Ukraine? », sur Reuters Blogs (consulté le )
  19. Report on the human rights situation in Ukraine, 15 juin 2014 p. 35.
  20. Louis Imbert, Le Monde, 14 juin 2014, p. 4
  21. (de) « Ostukraine: USA haben Hinweise auf gezielten Abschuss der Boeing », sur spiegel.de, (consulté le ).
  22. Copie archivée sur Wayback Machine
  23. (nl) « Van leegte tot ‘Moordenaars’ - voorpagina’s kranten op een rij », sur nrc.nl, (consulté le ).
  24. (ru) « Бородай: Стрелков ушел в отставку с поста министра обороны ДНР », sur lifenews.ru, (consulté le ).
  25. (ru) « Заявление о ранении Стрелкова », sur icorpus.ru, (consulté le ).
  26. (en) « Ukraine crisis: Rebel military chief Strelkov 'quits' », BBC, (lire en ligne)
  27. (ru) « Владимир Кононов назначен и. о. министра обороны ДНР вместо Игоря Стрелкова », sur kommersant.ru, (consulté le ).
  28. (en) Paul Robinson, « Putin’s Right Flank », The American Conservative, (lire en ligne)
  29. (en) « MH17: Russian separatist leader sued for $900 million by crash victims », sur telegraph.co.uk, (consulté le ).
  30. « Les responsables du crash du vol MH17 seront jugés », sur Libération.fr (consulté le )
  31. Les photos le montrent portant des pattes d’épaules de sergent de l’armée impériale russe puis de caporal des armées blanches lors de reconstitution de combats de la guerre civile russe.
  32. Livinghistory.ru Profil d’Igor Strelkov
  33. (ru) « История Дроздовского Объединения », sur drozdovtsy.ru (consulté le )

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Voir aussi

Liens externes

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