Histoire de la Corrèze

Le département de la Corrèze est l'un des trois département de la région administrative du Limousin qui a été créé à la Révolution française, le , en application de la loi du , à partir d'une partie de la province du Limousin.

Histoire

De la préhistoire au XIIIe siècle

Les premières traces de peuplement remontent à l'époque paléolithique. On a trouvé la présence de l'homme de Néandertal sur le site moustérien de la Chapelle-aux-Saints. La vallée de Planchetorte, un site inscrit au sud de Brive-la-Gaillarde, est un haut-lieu de la Préhistoire comparable au site des Eyzies, avec une centaine de grottes dont de nombreuses sont des sites préhistoriques, y compris la grotte de Font-Robert et la grotte de Font-Yves qui ont donné leurs noms à deux types de pointe[1] ; certaines y ont été découvertes seulement récemment, comme la grotte Bouyssonie en 2005[2].

Le territoire fut occupé à l'époque gauloise par les Lémovices[3] comme en témoignent les objets rituels uniques au monde retrouvés sur le site de Tintignac. Le pays comportait plusieurs fortifications gauloises comme :

Le territoire fut incorporé par la suite à l'Aquitaine après la conquête de la Gaule par les Romains, mais la romanisation y fut lente.

Ce fut ensuite la domination des Wisigoths, des Francs (Ve et VIe siècles), les ravages des Sarrasins (VIIIe siècle) et des Normands (IXe siècle).

En 994, la Corrèze, mais également le Limousin ou l'Aquitaine par exemple, sont frappés par une épidémie du mal des ardents, qui est à l'origine des ostensions limousines[11].

La christianisation se répand du VIe au XIIIe siècle.

Le Limousin, dépendant de l'Aquitaine, est à l'Angleterre, lors du remariage, en 1152, d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri II Plantagenêt.

En 1233, une nouvelle épidémie d'ergotisme sévit dans le département.

En 1284, une tempête de grêle, accompagnée de violents coups de tonnerre, ravage la Corrèze.

Les quatre vicomtés du Bas-Limousin

La Corrèze reposait durant le Moyen Âge sur quatre seigneuries distinctes. Cet ensemble, appelé Bas-Limousin, appartenait au gouvernement du Limousin. Il était composé de :

De la fin du Moyen Âge à la Révolution

La guerre et le brigandage sévirent en permanence jusqu'au règne de Charles VII.

Le XIVe siècle fut marqué par l'élection papale de Clément VI et Grégoire XI de Rosiers-d'Égletons, Innocent VI de Beyssac, papes corréziens en Avignon, qui entraîna une ère de prospérité pour la région. De nombreux Limousins devinrent évêques ou s'enrichirent aux côtés des papes.

Durant la guerre de Cent Ans, de 1337 à 1453, la Corrèze subit continuellement les incursions Anglaises avec les pillages et mises à sac des villages que les habitants fuient en laissant leurs animaux. Les déplacements de villages à villages, ainsi que les travaux dans les champs, deviennent périlleux en raison du nombre de routiers ou de brigands qui parcourent la contrée. Les paysans sont enlevés, torturés, jusqu'au paiement, hypothétique, d'une rançon.

En 1346, les Anglais assiègent et prennent Tulle. Il en seront chassés par la milice locale.

En 1346, début de l'épidémie de la peste noire qui ravagera Marseille et l'Europe et qui éliminera près d'un tiers de la population française. Pas moins de 35 épidémies de peste sont dénombrées de 1346 à 1452[12].

L'hiver 1361-1362, est très neigeux et dure jusque fin mars.

En 1369, les Anglais assiègent et prennent de nouveau Tulle avant d'en être à nouveau chassé, définitivement, par la milice locale.

En 1372 Bertrand Du Guesclin entre en campagne dans le Poitou, le Berry, l'Aunis, le Limousin et la Saintonge.

De 1373 à 1375 la famine et la peste sévissent de nouveau en Corrèze, Limousin et France en raison des méfaits de la guerre de Cent Ans.

En 1374, Louis de Bourbon reprend les villes de Brive, Tulle, etc. aux Anglais.

En 1381, la famine sévit de nouveau.

Durant l'hiver 1407-1408 il gèle, sans discontinuer de novembre à la Chandeleur.

De 1452 à 1455, une nouvelle épidémie de Peste, touche la ville de Tulle.

En 1463, l'hiver est de nouveau rude et la neige tombe abondamment.

En 1478, la Peste réapparaît.

En 1547-1549, la peste fait de nouveaux ravages.

En 1552 la réforme protestante fait son apparition à Treignac.

En 1563, la peste fait sa réapparition.

En 1567, lors de la deuxième guerre de religion des croix sont renversées à Treignac. De 1570 à la Révolution française, 21 inondations de la rivière Corrèze sont recensées.

En 1570 des missionnaires protestants évangélisent Madranges, Affieux, Veix et plusieurs autres paroisses situées à proximité de Saint-Augustin. En 1575, durant les guerres de Religion, le ligueur catholique Louis de Pompadour, baron de Treignac entre en conflit avec le vicomte de Ventadour, Gilbert III, gouverneur du Limousin et chef des protestants. Après plusieurs revers, Louis de Pompadour décide de déloger les protestants installés plus particulièrement à Saint-Jacques-de-la-Monédière, entre Veix et Chaumeil, dans le massif des Monédières en l'incendiant. L'incendie, non maitrisé, prend alors des proportions inattendues. Outre la forêt, le feu se propage et ravage les villages alors couvert de toits de chaume. Des villages comme le Bos, le Méteil sont entièrement détruits. Le feu s'étend à 80 kilomètres à la ronde, ainsi la paroisse de Veix est en flamme ainsi que le plateau de Millevaches, la Feuillade, Saint-Jacques des Monédières, Saint-Augustin, Chaumeil, Tarnac… Les Protestants sont vaincus, mais le massif des Monédières dépouillé de sa forêt en presque totalité ne retrouvera plus sa richesse d'antan et restera une lande.

En 1588, nouvelle épidémie de peste

Intégré par mariage aux immenses domaines des Albret, la vicomté de Limoges et le Limousin, furent rattachés au domaine royal français en 1607[13] sous le règne d'Henri IV.

Les 16 et de violents orages provoquent une nouvelle crue de la Corrèze.

En 1625 le Bas-Limousin est ravagé par la dysenterie.

En 1631, 2 500 personnes meurent à Tulle de la peste et de la famine.

Le une tempête arrache « tous les arbres des boys, tellement que du vivant de ceux qui sont, il ne se vit un tel dégast »[14] De 1692 à 1694 la population est décimée par des épidémies provoquées par des intempéries incessantes. En 1694, Louis de Bernage intendant du Limousin indique effrayé « Partant d'Angoulême, plus j'ai approché de Limoges, plus j'ai trouvé de misère et de disette…; j'ai été effrayé, en abordant ici de la prodigieuse foule des pauvres… »[15].

Le XVIIIe siècle vit l'essor de l'industrie et de l'agriculture sous l'administration des intendants (dont Turgot).

Le , la crue de la Solane détruisit des ponts, des maisons et provoqua la noyade de 11 personnes à Tulle.

En 1789, la région de Bassignac-le-Bas est touchée par une tempête et par un orage de grêle.

Le département de la Corrèze est créé en 1790 par la réunion du bas Limousin de territoires détachés du Quercy et du Périgord avec chef-lieu à Tulle et districts à Brive, Ussel et Uzerche.

XIXe siècle

De 1791 à 1793, les 4 districts (Uzerche, Ussel, Tulle et Brive) du département de la Corrèze fournissent 5 bataillons de volontaires nationaux :

Pendant 4 ans, les paysans livrent la guerre aux étangs qui appartiennent à l’Église : la moitié des étangs du département sont vidés par ouverture d’une tranchée dans le talus qui retenait l’eau. Le poisson qui était élevé dans les étangs est vendu ou consommé lors de festins fraternels[16].

Les 27, 29 mai et 1er juin, la région de Brive est touchée par des tempêtes et par des orages de grêle qui arrachent des arbres et des vignes.

En 1818, le département subit des ouragans et des inondations.

En 1832 une épidémie de choléra fait son apparition.

En mai et juin 1856? le département de la Corrèze subit une inondation spectaculaire.

Durant la guerre franco-allemande de 1870, des patriotes volontaires du département forment 2 bataillons de la garde nationale mobile qui, sous les noms de 1er et 2e bataillons de mobiles de la Corrèze, prennent part, en particulier, à la bataille du Mans.

En , a lieu une nouvelle inondation : le quartier du Trech à Tulle ainsi que les ateliers de la manufacture d'armes sont évacués et le pont Charlat est emporté.

Le , la région de Brive est frappée par une tempête qui arrache les ormes des boulevards de la ville et emporte les toitures et les cheminées.

En 1898, à Tulle, la Solane emporte l'écluse de l'hôpital et la Céronne inonde la manufacture d'armes.

XXe siècle

Le , les cantons de Vigeois, de Seilhac, d'Uzerche… subissent de gros dégâts à la suite d'un très gros orage.

Les 22 et , la Corrèze est en crue et occasionne beaucoup de dégâts.

Le , les cantons de Beynat, de Tulle-Nord et de Brive-Sud sont frappés par un orage puis par une tempête. La Corrèze entre en crue et détruit l'usine à papier Cassard située au Pont de la Gare d'Aubazine. La rivière atteint 3,56 m à Brive.

Le le canton de Meyssac est ravagé par un ouragan.

Du 1er au à la suite d'importantes pluies la Corrèze est de nouveau en crue. Les 12 et , le pont de Cerice à Tulle est emporté à la suite d'un violent orage et de la crue de la Corrèze.

Le , le barrage de Marèges est évacuée à la suite d'une grosse crue de la Dordogne.

Seconde Guerre mondiale

Affiche du Front national placardée en Corrèze.

À partir de l'armistice de juin 1940, le département se situe en zone libre[17]. À la suite du débarquement anglo-américain effectué le en Algérie et au Maroc, les Allemands envahissent la zone libre le et s'installent en Corrèze[17].

Durant l'occupation de la France par l'Allemagne, la Corrèze, au sein du maquis du Limousin, fut l'un des centres des plus importants de la Résistance intérieure française au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les maquis de l'Armée secrète (AS) et des Francs-tireurs et partisans (FTP) qui ont à leurs actifs un grand nombre d'actions de résistance furent pourchassés par les divisions Jesser et Brehmer de mai à .

Le , la division SS Das Reich, massacre la population à Tulle.

À la fin de 1944, les FFI du département comptent 13 965 membres[18].

En septembre-, ces FFI sont amalgamés à l’armée régulière, qui constitue provisoirement un régiment Corrèze-Limousin qui est envoyé combattre en Alsace[19].

Notes et références

  1. « Vallée de Planchetorte » [PDF], sur nouvelle-aquitaine.developpement-durable.gouv.fr (consulté en ).
  2. « Corrèze : Bilan scientifique 2011 » [PDF] (consulté le ).
  3. Les Lémovices
  4. Le Puy du Tour (Corrèze. - site archéologique)
  5. Ruines de la tour du Puy d'Yssandon
  6. Yssandon
  7. Oppidum dit du Camp de César au Charlat
  8. M. Aylwin Cotton et Sheppard Frere, « Enceintes de l'Âge du Fer au pays des Lémovices. », Gallia, CNRS éditions, t. 19, no fascicule 1, , pages 34 à 42 (DOI 10.3406/galia.1961.2314, lire en ligne, consulté le ).
  9. Jean-Michel Desbordes, « Les fortifications du Second Âge du Fer en Limousin : caractères et fonctions. », Gallia, CNRS éditions, t. 43, no fascicule 1, , pages 31 à 42 (DOI 10.3406/galia.1985.2820, lire en ligne, consulté le ).
  10. Roche de Vic
  11. Le Miracle des Ardents de 994.
  12. Livres de raison, chroniques, terriers : les passions d'un médiéviste par Jean Tricard page 34.
  13. Histoire du Limousin
  14. Chronologie de quelques catastrophes en Corrèze
  15. La misère paysanne au XVIIe siècle
  16. Bernard Bodinier, « La Révolution française et la question agraire : un bilan national en 2010 », Histoire et Sociétés Rurales, no 33, 1er semestre 2010, p. 14.
  17. Guy Penaud, préface de Roger Ranoux, Les crimes de la Division « Brehmer », éditions la Lauze, mars 2004, (ISBN 2-912032-65-2), p. 19-22.
  18. Dominique Lormier, La Libération de la France : Aquitaine, Auvergne, Charentes, Limousin, Midi-Pyrénées, Éditions Lucien Sourny, (ISBN 978-2-84886-065-7), p 15
  19. Stéphane Simonnet, Claire Levasseur (cartogr.) et Guillaume Balavoine (cartogr.) (préf. Olivier Wieviorka), Atlas de la libération de la France : 6 juin 1944- 8 mai 1945 : des débarquements aux villes libérées, Paris, éd. Autrement, coll. « Atlas-Mémoire », (1re éd. 1994), 79 p. (ISBN 978-2-746-70495-4 et 2-746-70495-1, OCLC 417826733, notice BnF no FRBNF39169074), p 51

Voir aussi

Bibliographie

  • Le Village des Limousins : Études sur l'habitat et la société rurale du Moyen Âge à nos jours de Jean Tricard
  • Livres de raison, chroniques, terriers : les passions d'un médiéviste par Jean Tricard

Articles connexes

Lien externe


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