Henri d'Astier de La Vigerie

Henri d’Astier de La Vigerie est un résistant royaliste[1] français, compagnon de la Libération, né le à Villedieu-sur-Indre et mort le à Genève.

Pour les autres membres de la famille, voir Famille d'Astier de La Vigerie.

Henri d'Astier de La Vigerie
Naissance
Villedieu-sur-Indre
Décès
Genève
Origine France
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Distinctions Officier de la Légion d’Honneur,
Compagnon de la Libération,
Croix de guerre (1914-1918) (3 citations),
Croix de guerre 1939-1945 (4 citations).
Famille Frère d'Emmanuel et de François d'Astier de La Vigerie

Il est le frère de deux autres compagnons de la Libération, Emmanuel et François d'Astier de La Vigerie.

Avant 1940

Henri d'Astier de La Vigerie est né au sein d'une famille originaire du Vivarais, titrée en 1845 sous la Monarchie de Juillet par reprise d'un titre de 1825. Son père, le baron Raoul d'Astier de La Vigerie, ancien élève de l'École polytechnique[2], était officier d'artillerie. Sa mère, Jeanne, née Masson-Bachasson de Montalivet, était la petite-fille de Camille, comte de Montalivet, qui avait été ministre de l'Intérieur et ministre de l'Instruction publique de Louis-Philippe et arrière-petite-fille de Jean-Pierre de Montalivet, ami et ministre de l'Intérieur de Napoléon.

Il est engagé volontaire en 1915 et, en sa qualité d’admissible à Polytechnique, il est élève-officier à Fontainebleau et sert au 1er régiment d'artillerie coloniale (le 1er RAC). Trois fois blessé et trois fois cité, il termine la guerre comme lieutenant et chevalier de la Légion d'honneur, à titre militaire.

Il devient journaliste à la fin du conflit mondial.

Pendant l'entre-deux-guerres, Henri d'Astier est très engagé politiquement dans les milieux d'extrême-droite. Il apprécie peu le régime républicain et estime que la France serait plus forte sous l'autorité d'un monarque. Il n'est pas indifférent à la doctrine maurrassienne. Il passe pour avoir comploté contre les pouvoirs en place, dans les Ligues, et peut-être même d'avoir « trempé » dans la Cagoule.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale

En France occupée

Mobilisé en 1939, en qualité de lieutenant de réserve, il entre dans la Résistance dès , en métropole, avec Justin Fatigue du réseau Alibi. À l'instar de bien des résistants de la première heure, Henri d'Astier est mu par ses convictions patriotiques et nationalistes. Cependant, à la différence de la plupart des disciples de Maurras il passe immédiatement à la lutte clandestine contre les Allemands. Ainsi parvient-il à s'introduire dans un camp de la Luftwaffe en Normandie pour y recueillir des informations secrètes. Dès il fonde le réseau Orion. Son camarade Georges Piron étant arrêté, et se sachant lui-même soupçonné, il passe en zone non occupée, d'où il rejoint l'Afrique du Nord en .

En Afrique du Nord

Il s'installe d’abord à Oran, et réengagé, se fait verser, en , au 2e Bureau de l'Armée d’armistice. Puis il entre en contact avec le groupe de résistance fondé en par Roger Carcassonne, jeune industriel juif et officier de réserve, qui l'accueille à bras ouverts. Tous deux s'orientent alors, à partir de , dans la préparation d'un débarquement allié.

Au début de 1942, Henri d'Astier se rend à Alger où il prend d'abord contact avec le jeune José Aboulker, cousin de Roger Carcassonne, qui y avait constitué, lui aussi depuis , un chapelet de groupes d'action clandestins parfaitement cloisonnés. Parallèlement, il entre aussi en rapport, grâce au commissaire de police résistant, Achiary, avec un certain nombre de personnalités vichystes comme Jacques Lemaigre Dubreuil, son collaborateur privé Rigault, et le colonel Van Hecke, commissaire régional du mouvement maréchaliste des Chantiers de jeunesse. Avec le soutien de ce dernier, Henri d'Astier se fait muter en à Alger, où il entre comme cadre aux Chantiers de jeunesse, ce qui lui permet de bénéficier d'ordres de mission de Van Hecke. Ainsi a-t-il la possibilité de se déplacer sans problème en Afrique du Nord, où il étend son réseau.

L'établissement des contacts avec les États-Unis, la conférence de Cherchell

À Alger, Henri d'Astier et José Aboulker établissent aussi des contacts suivis avec Robert Murphy, consul des États-Unis, et approuvent le choix du général Giraud, proposé par Lemaigre Dubreuil pour diriger l'entrée en guerre de l'Armée française, en cas de débarquement allié. Il n'est pas question de de Gaulle : les Alliés considèrent en effet que l'affaire de Dakar  en   avait montré que ce dernier n'avait pas la personnalité nécessaire pour rallier l'ensemble des Français. Au milieu de 1942, Murphy informe Henri d’Astier et José Aboulker de la décision de Roosevelt et Churchill de débarquer en Afrique du Nord.

En , le général Clark, adjoint d'Eisenhower, rencontre clandestinement dans une villa de Cherchell les représentants de la résistance d'Algérie pour mettre au point, dans les derniers détails, l'action de la Résistance lors du débarquement et les accords garantissant le respect de la souveraineté française par les forces alliées.

La prise d'Alger

Le , en pleine nuit, Henri d'Astier et José Aboulker déclenchent, avec l'aide du colonel Jousse, l'opération qui donne à leurs 400 volontaires civils la maîtrise de tous les lieux stratégiques d'Alger et permet la capture du général Juin, commandant en chef, et de l’amiral Darlan. Ce coup d'État neutralise le XIXe corps d’armée d’Alger pendant 15 heures, permettant ainsi aux forces armées alliées de débarquer sans opposition, d'encercler Alger, et d'obtenir, le soir-même, la capitulation de la ville avec son port intact.

Le succès de l'opération Torch

Ainsi les contacts noués avec la Résistance française par l'équipe diplomatique américaine implantée en Afrique du Nord grâce à l'accord de Weygand et de Murphy assurent-ils le succès de l’opération Torch, très compromise à Oran et au Maroc où les Français, non prévenus et mis devant le fait accompli, accueillent les Alliés à coups de canon.

Sur ce point, le manque de coordination avec les Français est tel que même le général de Gaulle n'a pas été mis au courant de l'opération Torch et s'écrie « Eh bien ! j'espère que les gens de Vichy vont les foutre à la mer ! On n'entre pas en France par effraction[3]. » D'autre part, Giraud  qui craignait pour la souveraineté française en Algérie et ne voulait pas que la France soit réduite au second rôle  avait demandé le commandement suprême de l'opération Torch et se l'était vu refuser : en conséquence, il était volontairement absent d’Alger ce .

Ainsi, les Alliés doivent traiter avec Darlan pour obtenir le cessez-le-feu à Oran et au Maroc.

Le maintien du régime de Vichy en Afrique du Nord

Au terme de ce combat, Darlan, contraint et forcé de changer de camp, instaure à Alger un « Haut-Commissariat de France en Afrique » et reprend la guerre, tout en maintenant en Afrique du Nord les lois discriminatoires de Vichy et les déportés politiques dans leurs camps du sud[4]. Darlan nomme Giraud commandant en chef, et introduit dans son gouvernement quelques résistants nationalistes, hostiles à de Gaulle en raison des attaques contre d'autres Français à Dakar et en Syrie.

Astier contre Darlan

Henri d’Astier organise alors, avec l’aide de jeunes officiers anglais écœurés de voir maintenu le régime de Vichy[réf. nécessaire] dans le camp allié, une force de choc, regroupant des volontaires du , force qui va devenir, ultérieurement, le corps franc d'Afrique.

C'est alors que Darlan lui propose la direction de la police, en qualité de secrétaire-adjoint à l'Intérieur du Haut-Commissariat. Henri d’Astier accepte cette proposition, mais avec la volonté bien arrêtée de mettre fin au pouvoir de Darlan et de mettre en avant le comte de Paris, prétendant orléaniste au trône de France, qu’il avait fait venir à Alger pour qu'il prenne le pouvoir et unifie les autorités françaises de Londres et d'Alger, avec de Gaulle comme chef du gouvernement et Giraud comme chef des forces armées. Le , avec l'abbé Cordier, il convainc Fernand Bonnier de La Chapelle de tuer Darlan[5] ; l'abbé lui déclare qu'il est d'avance pardonné par Dieu et Astier avance que la prise de pouvoir qui va suivre fait qu'il ne sera pas inquiété.

L'assassinat de Darlan

Bonnier de La Chapelle, volontaire au corps franc d’Afrique, résistant du , abat Darlan, le , de plusieurs balles de revolver. Le général Charles Noguès, en tant que doyen du Conseil impérial, se proclame haut-commissaire par intérim et donc autorité compétente en la matière. Il n'accorde pas la grâce à Bonnier, condamné à mort le lendemain et fusillé le surlendemain à l'aube.

L'enquête ordonnée par Giraud

Nommé à la tête du commandement civil et militaire d'Alger après l'exécution, Giraud fait ouvrir une nouvelle enquête sur le meurtre de Darlan laquelle mène à l'arrestation d'Astier en . Il n'est libéré qu'après la constitution du comité français de la Libération nationale et la prise du pouvoir à Alger par le général de Gaulle, en de la même année.

Henri d'Astier parlementaire et commando de France

En , Henri d'Astier est nommé membre à l'Assemblée consultative d'Alger et entre à la commission de la Défense nationale.

Il crée, en , les « commandos de France », constitués uniquement de volontaires recrutés au sein des évadés de France[6].

En prévision du débarquement de Provence planifié pour le , il prend le commandement du » détachement spécial », équipe constituée de 45 hommes prélevés parmi les unités des commandos de France et destinée à précéder les troupes en opérant à l'intérieur des lignes ennemies. En , il embarque sur un vieux voilier, la Marietta Madre, qui, en attendant le « jour J », fait escale en Corse. Le , il débarque avec son détachement à Saint-Tropez et affronte les Allemands aux Pennes-Mirabeau.

Le « détachement spécial » rejoint ensuite le reste des commandos de France et participe aux combats des Vosges et d'Alsace.

Bien que parlementaire, Henri d'Astier reste sur les champs de bataille et continue le combat jusqu'en Allemagne, après avoir pris en le commandement de l'ensemble des « commandos de France ». Cette unité est dissoute le 1er octobre 1945[alpha 1].

Après 1945

Henri d'Astier de la Vigerie reprend ses activités de journaliste.

Il meurt à Genève en 1952, à l'âge de 55 ans ; il est inhumé à Vaucresson dans les Hauts-de-Seine. Son épouse Louise née Vivé, meurt trente ans plus tard en 1982.

Décorations

Notes et références

Notes

  1. Elle devient alors le 3e bataillon du 1er régiment d'infanterie de choc aéroporté, régiment dissous en 1947, dont les traditions ont ensuite été reprises par le Centre national d'entraînement commando (CNEC), installé depuis 1964 à Mont-Louis et Collioure dans les Pyrénées-Orientales ; ceci explique l'accolement du nom du 1er régiment de choc à celui du « CNEC » et la garde de son drapeau qui lui a été confiée.

Références

  1. François-Marin Fleutot, Des royalistes dans la Résistance, Flammarion, 2000 - 514 pages, p. 253.
  2. Site de la bibliothèque de l'École polytechnique, onglet « Catalogues de la BCX → Famille polytechnicienne », recherche « Raoul d'Astier de La Vigerie », résultat : « Astier de la Vigerie, Raoul Ollivier d' (X1870 ; 1850-1921) » ; sa fiche précise qu'il a été capitaine d’artillerie et qu'il est lui-même fils et petit-fils de polytechnicien et également qu'un de ses frères  donc oncle d’Henri  l'a aussi été : Emmanuel Raoul (X1864).
  3. Max Gallo, De Gaulle, la solitude du combattant, Laffont, 1998, p. 253.
  4. Comme cela est exposé dans l'article Situation politique en Afrique libérée (1942-1943).
  5. Biographie de Henri d'Astier de La Vigerie sur le site de l'ordre de la Libération.
  6. Sébastien Barrère, Pyrénées, l'échappée vers la liberté. Les évadés de France, Éditions Cairn, 2005.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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