Haplogroupe K (ADNmt)

L'haplogroupe K est un haplogroupe d'ADN mitochondrial humain (ADNmt). Il est défini par les mutations HVR1 16224C et 16311C.

Il est issu de l'haplogroupe U8b. On estime qu'il date du Paléolithique moyen-supérieur il y a 30 000 à 22 000 ans.

Distribution

Distribution de fréquence spatiale projetée pour l'haplogroupe K.

L'haplogroupe K apparaît en Europe centrale, en Europe du Sud, en Europe du Nord, en Afrique du Nord, dans la Corne de l'Afrique, en Asie du Sud et en Asie de l'Ouest et dans des populations ayant une telle ascendance.

L'haplogroupe K se trouve dans environ 10 % des Européens autochtones. Il est le plus fréquent en Bulgarie, le sous-clade K1c étant le plus fréquent dans les pays slaves.

Dans l'ensemble, l'haplogroupe K de l'ADNmt se trouve dans environ 6 % de la population d'Europe et du Proche-Orient, mais il est plus fréquent dans certaines de ces populations. Environ 16 % des Druzes de Syrie, du Liban, d'Israël et de Jordanie appartiennent à l'haplogroupe K. On le trouve également chez 8% des Palestiniens. De plus, K atteint un niveau de 17 % au Kurdistan.

Environ 32 % des personnes d'ascendance juive ashkénaze appartiennent à l'haplogroupe K. Ce pourcentage élevé indique un goulot d'étranglement génétique survenu il y a une centaine de générations. Les Ashkénazes de l'ADNmt K se regroupent en trois sous-clades rarement trouvées chez les non-Juifs : K1a1b1a, K1a9 et K2a2a. Ainsi, il est possible de détecter trois ancêtres femelles individuelles, qui appartiendraient à un pool d'ADNmt hébreu / levantin, dont les descendants vivaient en Europe. Une étude de 2013 suggère cependant que ces clades proviendraient plutôt d'Europe occidentale.

K semble être le plus élevé dans le Morbihan (17,5 %) et le Périgord-Limousin (15,3 %) en France, ainsi qu'en Norvège et en Bulgarie (13,3 %). Le niveau est de 12,5 % en Belgique, 11 % en Géorgie et 10 % en Autriche et en Grande-Bretagne.

L'haplogroupe K se retrouve également chez les Gouragués (10 %), les Syriens (9,1 %), les Afars (6,3 %), les berbères zénètes (4,11 %).

Anciens ADN

En 2016, les chercheurs ont extrait l'ADN du tibia de deux individus datés séparément de 7288-6771 avant notre ère et 7605-7529 avant notre ère enterrés dans la grotte de Theopetra (en) (Thessalie), en Grèce. Les deux individus appartenaient à l'haplogroupe de l'ADNmt K1c[1].

L'haplogroupe K a été trouvé dans les restes de trois individus du site néolithique pré-poterie B de Tell Ramad, en Syrie, datant de c. 6000 avant J.C.. Le clade a également été découvert dans des squelettes de premiers agriculteurs en Europe centrale datés d'environ 5500-5300 avant J.C., à des pourcentages qui étaient presque le double du pourcentage présent dans l'Europe moderne.

L'étude d'un monument funéraire du néolithique ancien (3762 – 3648 av. J.-C.) situé sur le site de Trumpington Meadows, dans le Cambridgeshire montre les individus étudiés (deux frères) sont de l'haplogroupe mitochondrial K1a et de l'haplogroupe du chromosome Y I2a-. L'analyse des traits phénotypiques a montré que ces deux individus avaient les yeux marron et les cheveux bruns. Ils étaient intolérants au lactose[2].

L'analyse de l'ADNmt d'Ötzi, l'homme momifié datant de 3300 avant J.C. trouvée à la frontière austro-italienne, a montré qu'Ötzi appartient au sous-clade K1. Il ne peut être classé dans aucune des trois branches modernes de ce sous-clade (K1a, K1b ou K1c). Le nouveau sous-clade a été provisoirement nommée K1ö pour Ötzi[3]. L'étude de dosage multiplex a pu confirmer que l'ADNmt d'Ötzi appartient à un nouveau clade d'ADNmt européen avec une distribution très limitée parmi l'ensemble des données modernes[4].

Une étude publiée en 2019 portant sur l'ADN d'une femme trouvé sur l'île danoise de Lolland et datant de 5700 ans AP appartient à l'haplogroupe K1e. Bien que cet haplogroupe ait été souvent associé aux premières communautés agricoles s'étendant en Europe[5], de plus en plus de preuves suggèrent que cette lignée était déjà présente en Europe mésolithique[6]. Dans le cas étudié, le manque d'ascendance d'agriculteurs néolithiques de cet individu est cohérent avec les preuves ailleurs en Europe, ce qui suggère que des groupes de chasseurs-cueilleurs génétiquement distincts ont survécu beaucoup plus longtemps que ce que l'on pensait auparavant. Ces « survivants » des chasseurs cueilleurs de l'Ouest européen (WHG) pourraient avoir déclenché la résurgence de l'ascendance des chasseurs-cueilleurs qui se serait produite en Europe centrale entre 7 000 et 5 000 AP[7].

L'haplogroupe K a également été observé parmi les momies égyptiennes antiques découvertes sur le site archéologique d'Abousir el-Meleq en Moyenne-Égypte, qui datent des périodes pré-ptolémaïque / fin du Nouvel Empire et romaine. On a également observé que des fossiles excavés sur le site du Néolithique tardif de Kelif el Boroud au Maroc, datés d'environ 3 000 ans avant notre ère, portaient la sous-clade K1.

Voir aussi

Arbre phylogénétique des Haplogroupes de l'ADN mitochondrial (ADNmt) humain.

  Ève mitochondriale (L)    
L0 L1–6
L1 L2 L3   L4 L5 L6
  M   N  
CZ D E G Q   O A S   R   I W X Y
C Z B F R0   pre-JT P  U
HV JT K
H V J T

Notes et références

  1. (en) Zuzana Hofmanová et al., « Early farmers from across Europe directly descended from Neolithic Aegeans », (ISSN 0027-8424, PMID 27274049, PMCID 4922144, DOI 10.1073/pnas.1523951113), p. 6886–6891
  2. (en) Christiana L. Scheib, East Anglian early Neolithic monument burial linked to contemporary Megaliths, Ann Hum Biol., juin 2019, 46 (2), p.145-149
  3. (en) Luca Ermini et al., « Complete Mitochondrial Genome Sequence of the Tyrolean Iceman », Current Biology, vol. 18, no. 21, 30 Octobre 2008, pp. 1687-1693.
  4. (en) Endicott et al., « Genotyping human ancient mtDNA control and coding region polymorphisms with a multiplexed Single-Base-Extension assay: the singular maternal history of the Tyrolean Iceman », BMC Genetics, vol. 10, no. 29, 19 juin 2009
  5. (en) Isern, N., Fort, J. & de Rioja, V. L. « The ancient cline of haplogroup K implies that the Neolithic transition in Europe was mainly demic ». Sci. Rep. 7, 11229, 2017.
  6. (en) Gloria González-Fortes et al., Paleogenomic Evidence for Multi-generational Mixing between Neolithic Farmers and Mesolithic Hunter-Gatherers in the Lower Danube Basin, Current Biology, Volume 27, numéro 12, P1801-1810.E10, 25 mai 2017
  7. (en) A 5700 year-old human genome and oral microbiome from chewed birch pitch, Nature Communications, volume 10, Article numéro: 5520, 2019
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