François Coulet

François Coulet, né le à Montpellier et mort le à Paris, était un diplomate ayant rejoint le général de Gaulle et la France libre dès . Commissaire de la République, il s'est installé à Bayeux en juin 1944. Lors de la guerre d'Algérie, il a participé à la mise en place des commandos parachutistes de l'air.

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Biographie

Un diplomate en guerre

Affiche de recrutement pour les troupes coloniales, Seconde Guerre mondiale.

Le père de François Coulet étant recteur d'académie, son fils doit renoncer à Saint-Cyr où il voulait entrer, pour ne pas heurter une famille radicale, et se lance dans la diplomatie. En 1936 il fut reçu au concours des Affaires étrangères. Au début de la guerre, il est en poste à Helsinki. À la suite de l'arrivée à la tête du gouvernement du maréchal Pétain (), il décide de rejoindre la France libre et quitte son poste le pour gagner l’Égypte. Ainsi commence un périple avec sa femme et deux compagnons, d'Helsinki à Tallinn, de Moscou à Kiev, Sofia et Istanbul. Il atteint Port-Saïd, et s'engage aussitôt dans le 1er Bataillon d'Infanterie de Marine. Le général de Gaulle lui confie alors d'importantes missions, notamment de se rendre auprès de Félix Éboué, l'administrateur en chef des colonies à Fort-Lamy, qui malgré bien des obstacles, souhaitait rallier son territoire à la France libre[1].

Il rencontre le général de Gaulle à Jérusalem, le , et devient son officier d'ordonnance en remplacement de Geoffroy Chodron de Courcel qui demande à partir au combat. Il occupe ce poste, principalement à Londres, jusqu'en , date à laquelle il reprend un service combattant[1].

Avec le grade de capitaine, il prend le commandement de l’Infanterie française de l’air basée à Camberley, en Angleterre. Du 3 au , il suit d'abord l'entraînement des parachutistes avec la 1re brigade parachutiste polonaise du général Stanisław Sosabowski à Largo (en), en Écosse. Il obtient son brevet (no 1681 du stage no 45)[2] à Ringway près de Manchester le [3]. Il participe ensuite à quelques missions en Afrique.

En , François Coulet quitte ce commandement et est nommé dès septembre, en Corse comme nouveau secrétaire général de la police. Il travaille alors, sous la responsabilité de Charles Luizet, nouveau préfet de la Corse libérée, au rétablissement de l’autorité de l’état. Ils doivent en effet gérer la transition entre l'administration du régime de Vichy, et une administration de la France libre et réaliser ainsi la mise en place du pouvoir gaulliste.

Mission accomplie, il quitte la Corse et, en , il est parachuté sur le front de Normandie pour gérer cette transition dans les territoires libérés dès le Débarquement.

Le retour aux fonctions administratives de la France Libre et l'AMGOT

Le , il est nommé Commissaire de la République pour la Normandie, en remplacement d’Henri Bourdeau de Fontenay, non disponible. Deux jours plus tard, le 14 juin, il accueille le général de Gaulle qui arrive sur La Combattante pour sa première visite en France libérée à Bayeux et Isigny. François Coulet reste ensuite en Normandie et s'installe d'abord à Bayeux, où une rue porte maintenant son nom.

Il met alors en œuvre la volonté du général de Gaulle de faire échec à l’AMGOT, prévue par le gouvernement américain ; les agents de l'AMGOT, arrivant quelques jours plus tard, n'obtiendront cependant pas de soutien du général Eisenhower, commandant en chef, conscient (contrairement au président Roosevelt, qui dans l'ensemble, a toujours été opposé à la France Libre) qu'il n'est pas question d'imposer aux Français libérés un nouveau régime d'occupation.

François Coulet est cependant confronté au problème de la monnaie instituée par les Alliés pour la France libérée : le billet drapeau, qu'il décrit comme de « drôles de dollars décorés d'un drapeau tricolore », que de Gaulle avait appelés, parlant à Churchill, « votre fausse monnaie ». Le , il subit les foudres de Montgomery, qui le traite de « politicien » : « Qu'est-ce que c'est que cette histoire concernant les billets de banque que nous avons apportés ? On me dit que la population n'en veut pas ? Il faut qu'ils acceptent. Il faut les forcer. C'est du bon argent. C'est notre argent ! ». Révélé au moment opportun par le général Kœnig, qui assiste à l'entretien, le protestantisme de Coulet retourne Montgomery en sa faveur[4]. Finalement, le Commissaire demandera aux banques locales d'accepter cette monnaie, mais de ne pas la remettre en circulation.

Dès sa prise de fonction, il procède à plusieurs nominations : Raymond Triboulet, résistant, devient sous-préfet de Bayeux ; l'ancien recteur d'université Pierre Daure est nommé préfet du Calvados après la libération de Caen ; Geoffroy Chodron de Courcel, ancien aide de camp du général de Gaulle (en ), et Pierre Laroque, futur organisateur de la sécurité sociale, sont chargés de mission.

François Coulet s'installe ensuite à Rouen. En , il est appelé à de nouvelles fonctions par le général de Gaulle : celles de Commissaire de la République aux liaisons interalliées.

La diplomatie de la IVe République

À la libération, il réintègre le corps diplomatique dès 1945. Il se retrouve directeur du bureau Europe au Quai d'Orsay, puis ministre plénipotentiaire à Helsinki de 1947 à 1950, Ambassadeur de France à Téhéran de 1950 à 1954[5] et enfin Ambassadeur de France en Yougoslavie de 1954 à 1955[1].

La guerre d’Algérie et les Commandos parachutistes de l'air

En 1956, François Coulet n'admet pas de voir l'Algérie s'installer dans la rébellion, surtout après la perte récente de l'Indochine. De plus, il estime que sa participation physique à la dernière guerre, vu sa propre préparation, a été insuffisante. Breveté parachutiste, commandant de réserve de l'Armée de l'air, âgé de 50 ans et bien portant, il demande et obtient du ministère des affaires étrangères sa mise en disponibilité. Il a évidemment une arrière-pensée. Sa rencontre avec le général de Maricourt, commandant de l'Air en Algérie qui souhaite créer une unité de « Commandos parachutistes de l'air », lui offre l'occasion attendue : il redevient officier parachutiste en , en prenant le commandement des tous nouveaux Commandos parachutistes de l'air.

Malgré les inévitables difficultés techniques de cette reconversion (nouvelles procédures, nouveaux sigles, nouvelles terminologies...), François Coulet parvient à intégrer ces commandos, aidé à la fois par un bon conseiller, le colonel Gérard Sermet (1913-1978), un second efficace, le capitaine Albert-Charles Meyer et par son sens diplomatique[6], ses appuis en haut-lieu ou tout simplement l’effet de surprise. Il participe, dès , à des stages auprès du 3e RPC du colonel Bigeard[7] et du 2e RPC du colonel Pierre Chateau-Jobert[8].

Le lieutenant-colonel Coulet dit lui-même qu'il apprend pour son propre compte « à souffrir, à se taire et à commander »[9]. Finalement, il est nommé à la tête des commandos parachutistes de l'air (CPA) à l'automne 1956. Du au , il dirige le groupement des commandos parachutistes de l'air 00/541 (GCPA). Pour parfaire la formation des commandos, il impose à ses hommes des stages opérationnels conjoints avec les meilleurs régiments parachutistes (de l'Armée de terre). Par une initiation ultra-rapide au combat, il espère un dépassement de soi favorisé par l'esprit de corps.

En , il est remplacé à la tête du groupement par le lieutenant-colonel Emery. Devenu colonel, François Coulet retrouve néanmoins des fonctions plus administratives en devenant directeur des affaires politiques de la délégation générale du gouvernement en Algérie. Il prend ce nouveau poste surtout par fidélité au général de Gaulle. Il prend la clandestinité pendant les quatre jours du putsch des généraux en auquel participent surtout un C.P.A. (le 40) sur les cinq C.P.A (le 50 se tient à l'écart, le 10 le 20 et le 30 sont en opérations, à cette date). Il ne peut empêcher la dissolution, le mois suivant, du groupement des commandos parachutistes de l'air et la dispersion de ses éléments[10].

Ceux-ci seront reconstitués et font, de nos jours, partie des Forces Spéciales.

Après la guerre d’Algérie, il est un temps président de la société financière de radiodiffusion (Sofirad), de 1962 à 1965. Il meurt à Paris le . Son épouse est morte en 1987.

Voir aussi

Décorations françaises et étrangères

  • Ordre de la Légion d'Honneur

Bibliographie

  • François Coulet, Vertu des temps difficiles, Paris, Plon, 1966.
  • Henri Féraud, Les Commandos de l’Air, contribution à l’historique des Commandos parachutistes de l’Air en Algérie (1956-1962), Nouvelles Éditions latines, 1986, 332 p.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. http://www.france-libre.net/temoignages-documents/temoignages/45-degres-latitude.php
  2. Ce chiffre de 1681 est très élevé. En France, on n'atteignait pas 300 parachutistes. Cela est dû au fait que les parachutistes polonais ne sont pas tous volontaires : ils reçoivent cette affectation en fonction de leurs capacités physiques et morales. Beaucoup d'entre eux deviennent instructeurs de saut d'autres unités alliées.
  3. Forum de l'Union nationale des parachutistes
  4. François Coulet, Vertu des temps difficiles, Plon, 1966, p. 249-251.
  5. « http://www.ambafrance-ir.org/article.php3?id_article=6 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?)
  6. Diplomate de carrière, le commandant Coulet choisit comme indicatif radio « Norpois ». Le marquis de Norpois est, dans l’œuvre de Proust le prototype du « diplomate idiot ». Il s’attache à cet indicatif qu’il réussit à conserver alors que toutes les unités d’Algérie sont tenues d’en changer périodiquement. Ces changements étaient destinés à rendre plus difficile l’identification sur les ondes des messages radio éventuellement captés par l’ennemi.
  7. Bigeard dira de lui qu'il s'imposait « par son courage, sa résistance physique et son parfait esprit de camaraderie ». (Général Bigeard, Pour une parcelle de gloire, Paris, Plon, 1975)
  8. Le capitaine Coulet qui commandait en 1942 à Camberley l'Infanterie de l'Air a eu sous ses ordres pendant quelques semaines Pierre Chateau-Jobert.
  9. François Coulet, Vertu des temps difficiles, Paris, Plon, 1966.
  10. Henri Féraud, Les commandos de l'air, Paris, Nouvelles éditions latines, 1986.
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