Dune (film, 1984)

Dune est un film de science-fiction américain écrit et réalisé par David Lynch, sorti en 1984. Il s'agit de la première adaptation du roman du même nom (paru en 1965), premier volume du cycle de Dune de l’écrivain Frank Herbert.

Pour les articles homonymes, voir Dune (homonymie).

Dune
Réalisation David Lynch
Scénario David Lynch
Acteurs principaux
Pays d’origine États-Unis
Mexique
Genre science-fiction
action
aventure
Durée 137 minutes
Sortie 1984


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film, sévèrement critiqué à sa sortie, est un échec commercial. Lynch prendra ses distances vis-à-vis du film, déclarant que la pression des producteurs et des financiers ont restreint son contrôle artistique et qu'il n'est pas l'auteur du « final cut » (montage définitif) du film.

Au moins trois versions du film ont été réalisées. Dans certaines versions du montage, le nom de Lynch est remplacé dans le générique par « Alan Smithee », pseudonyme utilisé par les réalisateurs qui souhaitent ne pas être associés à un film pour lequel ils seraient normalement crédités. Les versions longues et télévisées du film créditent en outre le scénariste David Lynch en tant que « Judas Booth ».

Le film est devenu « culte » au fil du temps, mais les opinions varient parmi les fans du roman de Herbert et les fans des films de Lynch.

Synopsis

Dans un futur lointain, en l’an AG (Après la Guilde), l’Épice est la substance la plus convoitée de l’univers. L’Épice, qui permet de voyager dans l’espace, ne se trouve qu'en un seul endroit : Arrakis. Cette planète des sables, également dénommée « Dune », est un monde aride et hostile presque entièrement recouvert d'un désert brûlant.

Le duc Leto Atréides remplace ses ennemis, les Harkonnens, à la tête du fief d’Arrakis ; il part s’y installer avec sa concubine dame Jessica et leur fils Paul. Les membres de la Maison Atréides flairent un piège, tendu par le baron Vladimir Harkonnen, leur ennemi juré, mais doivent obéir à la volonté de l’empereur Padishah Shaddam IV.

Peu après leur installation sur Dune, les Atréides sont trahis par le médecin personnel du duc Leto, le docteur Yueh, et décimés par une attaque conjointe des forces Harkonnen et des troupes d'élite de l’empereur. Paul et sa mère Jessica parviennent à fuir et se retrouvent parmi les seuls survivants de la Maison Atréides. Perdus en plein désert, ils y rencontrent les Fremen, le peuple indigène d’Arrakis qui est le véritable maître du désert. Les Fremen attendent la venue d’un messie qui les délivrera. Se pourrait-il que ce soit Paul ?

Fiche technique

Distribution

Par ordre alphabétique

Production

Projet d'Arthur P. Jacobs

En 1971, le producteur Arthur P. Jacobs met une option sur les droits pour une adaptation cinématographique du Cycle de Dune de Frank Herbert. Mais le décès du producteur en 1973 stoppe son idée[3].

Projet de Jodorowsky

En 1975, les droits sont acquis par un consortium français dirigé par Jean-Paul Gibon. Le producteur français Michel Seydoux fait appel au cinéaste chilien Alejandro Jodorowsky. Ce dernier établit alors une liste de personnes avec lesquelles il veut travailler sur ce projet : le dessinateur de bande dessinée français Jean Giraud, Dan O'Bannon (futur scénariste d’Alien), l'artiste suisse Hans Ruedi Giger (futur créateur du monstre d’Alien) et l'illustrateur britannique Chris Foss[4].

Côté acteurs, Alejandro Jodorowsky envisage Mick Jagger, Orson Welles, Salvador Dali, David Carradine, Amanda Lear, ainsi que son fils Brontis. Il parvient par ailleurs à un accord avec les groupes Pink Floyd et Magma pour composer la musique du film[4].

De nombreux artworks et dessins préparatoires sont alors créés en parallèle du script. Une énorme « Bible » est par ailleurs écrite pour démarcher les studios et ainsi trouver les cinq millions manquants. Bien que les majors apprécient le projet, ils sont méfiants à l'égard d'Alejandro Jodorowsky. Michel Seydoux explique que selon ces studios « tout était génial... sauf le metteur en scène ». Cela marquera l'arrêt du projet. Toute cette histoire sera ensuite relatée dans le documentaire Jodorowsky's Dune sorti en 2013 aux États-Unis et en 2016 en France[4].

Reprise du projet par De Laurentiis

Le projet est repris par le célèbre producteur italien Dino De Laurentiis, qui rachète les droits en 1976. En 1978, il demande à l'auteur Frank Herbert d'écrire lui-même le scénario d'après son œuvre. Il livre alors un script de 175 pages, soit l'équivalent d'un film de trois heures. Le poste de réalisateur est ensuite confié à Ridley Scott, tout juste auréolé du succès d'Alien (1979). L'écrivain et scénariste Rudy Wurlitzer écrit l'adaptation, qui déplaît à Herbert car il inclut un inceste entre Paul et sa mère[5]. Après sept mois de travail, Scott apprend le décès de son frère aîné, et demande à tourner rapidement afin d'oublier sa tristesse. Il se désiste alors de Dune, car le projet avance trop lentement, pour aller tourner Blade Runner.

En 1981, alors que les droits sont sur le point d'expirer, Dino De Laurentiis les renégocie avec l'auteur et inclut les suites. Sa fille, Raffaella, décide ensuite d'engager David Lynch comme réalisateur, séduite par son film Elephant Man[4]. Peu intéressé par la science-fiction, Lynch vient alors de refuser l'offre de George Lucas pour tourner Le Retour du Jedi. Intrigué par l'univers de Herbert, il accepte de faire Dune et travaille sur le script pendant plus d'un an avec ses co-scénaristes d'Elephant Man, Eric Bergen et Christopher De Vore[6]. À la suite de différends créatifs, David Lynch finit l'écriture seul. De Laurentiis et Universal approuvent son scénario en décembre 1982, pour un budget estimé à 40 millions de dollars. Huit plateaux sont réquisitionnés à Churubusco, et 75 décors sont construits[5].

Choix des acteurs

Pour le rôle de Paul Atréides, Lynch souhaite engager un inconnu et finit par choisir Kyle MacLachlan, qui fait ses débuts à l'écran. Les deux hommes deviennent rapidement amis[7].

L'acteur John Hurt est pressenti pour le rôle du Docteur Yueh mais est finalement écarté, en raison de son agenda chargé. David Lynch se tourne alors vers Dean Stockwell, qu'il avait rencontré quelque temps plus tôt sur le site de Churubusco[8].

Tournage

Le tournage a eu lieu entre mars et septembre 1983 au Mexique (studios Churubusco[8], Samalayuca, réserve de biosphère El Pinacate et le Grand désert d'Altar) et aux États-Unis (Yuma, comté d'Imperial, Zzyzx)[9]. Le tournage au même endroit de Conan le Destructeur, une autre production De Laurentiis, complique l'organisation et le partage du matériel. De nombreux techniciens tombent malades à cause de la nourriture, les pannes d'électricité sont régulières, et les ouvriers mexicains ne sont pas qualifiés pour une production d'une telle envergure. Dépassé par l'ampleur du film, Lynch qualifie l'expérience de « cauchemar »[10].

John Dykstra, qui devait superviser les effets visuels avec sa société Apogee, démissionne 90 jours après le début du tournage, faute de contrat signé et de budget validé[5]. Carlo Rambaldi est responsable des créatures du film, dont les vers des sables.

Montage

David Lynch livre un premier montage de 3 h 30. Une autre version le réduit à trois heures. Mais les producteurs et Universal souhaitent une version plus exploitable en salles d'environ deux heures. Le studio espère obtenir une franchise populaire de science-fiction en concurrence avec Star Wars[11].

Le producteur Dino De Laurentiis, sa fille Raffaella et David Lynch procèdent alors à de nombreuses coupes. Certaines scènes supplémentaires sont tournées et une voix off est ajoutée, ainsi qu'une introduction par le personnage de la princesse Irulan (jouée par Virginia Madsen).

Bande originale

Dune
Original Soundtrack Recording

Bande originale de Toto
Sortie décembre 1984
Durée 40:59
Genre rock symphonique, musique de film
Producteur Toto, Brian Eno
Label Polydor
Critique

La bande originale du film est réalisée par le groupe américain Toto, avec notamment la participation de Brian Eno en tant que producteur.

Accueil

Critique

À sa sortie en salles, Dune reçoit un accueil critique négatif. Les journalistes jugent l'adaptation désastreuse et incompréhensible pour des spectateurs qui ne connaissent pas le roman[13]. Les amateurs de science-fiction estiment également que le film est loin d'être à la hauteur des attentes.

Sur le site agrégateur de critiques Rotten Tomatoes, le film obtient un score de 53 % d'avis favorables, sur la base de 49 critiques collectées et une note moyenne de 5,98/10 ; le consensus du site indique : « Cette adaptation tronquée du chef-d'œuvre de science-fiction de Frank Herbert est trop sèche pour fonctionner comme un grand divertissement, mais le flair de David Lynch pour le surréaliste lui donne du piment »[14]. Sur Metacritic, le film obtient une note moyenne pondérée de 40 sur 100, sur la base de 17 critiques collectées ; le consensus du site indique : « Avis mitigés ou moyens »[15].

Box-office

Condamné par la critique, Dune est également un échec commercial, le film rapportant environ 30 925 000 $ au box-office en Amérique du Nord pour un budget de production de 45 000 000 $[16]. En France, il réalise un score modéré avec 2 310 957 entrées[17].

L'échec commercial du film fait perdre beaucoup d'argent au producteur Dino De Laurentiis et à Universal, qui doivent renoncer aux suites prévues.

Bien qu'il considère le film comme son « grand échec », Lynch estime avec le recul qu'il a beaucoup appris[10]. Kyle MacLachlan est devenu par la suite son acteur fétiche. Apprécié par quelques défenseurs, journalistes et cinéphiles, Dune est devenu « culte » au fil du temps[18].

Distinctions

Récompenses

Nominations

Version télévisuelle et fan edit

Une version de Dune est montée pour sa diffusion à la télévision (avec notamment une introduction détaillée) ; celle-ci a été reniée par David Lynch, réalisateur et scénariste du film[13].

Lynch exige que son nom soit retiré des crédits du générique de cette version télévisée pour être remplacé par le pseudonyme d'« Alan Smithee » en tant que réalisateur et celui de « Judas Booth » en tant que scénariste. Le nom « Judas Booth » est une idée de Lynch, Judas étant le nom de l’apôtre qui a trahi Jésus et Booth étant le nom de famille de l’assassin d’Abraham Lincoln ; Lynch insinuait ainsi que la production avait trahi et tué son film.

Un internaute, spicediver, a diffusé en 2012 un fan edit de Dune : The Alternative Edition Redux, qui coupe la majorité de la voix off et reprend la plupart des scènes coupées. D'une durée de 3 heures, ce montage rend le film beaucoup plus cohérent, et donc plus proche de la version que Lynch souhaitait sortir en salle[19].

Notes et références

  1. Dune sur The Numbers.
  2. (en) Dates de sortie sur l’Internet Movie Database (consulté le 13 mai 2020).
  3. (en) « Dune: Book to Screen Timeline », Duneinfo.com (consulté le )
  4. « Ces films mutilés ou tués par les studios », sur Allociné, (consulté le ).
  5. Jérôme Wybon, Les guerres des étoiles : 1975-1985 - L'invasion SF, Huginn & Muninn, , 224 p. (ISBN 978-2-36480-219-3)
  6. Cinefantastique (en) (vol. 14) #4-5 (numéro double), septembre 1984.
  7. Dune, voyage galactique, Rockyrama, , 64 p. (ISBN 978-2492095054)
  8. (en) Lee Goldberg, « Dean Stockwell: The Traitor of "Dune" », Starlog Magazine, no 90, , p. 38-39.
  9. (en) Filming locations sur l’Internet Movie Database
  10. « David Lynch: Dune Interview » (consulté le )
  11. (en-US) filmumentaries, « Episode 9 – Kenneth George Godwin – DUNE – Filmumentaries » (consulté le )
  12. (en) « Toto - Dune (Original Motion Picture Soundtrack) », sur AllMusic
  13. « Dune de David Lynch (1984) - Analyse et critique du film - DVDClassik », sur www.dvdclassik.com (consulté le )
  14. (en) « Dune (1984) », Rotten Tomatoes.com (consulté le 13 mai 2020).
  15. (en) « Dune (1984) », Metacritic.com (consulté le 13 mai 2020).
  16. Dune sur Box Office Mojo.
  17. Dune sur JP‘s Box-Office.
  18. (en-GB) Matt TilkeIn Movieson June 4 et 2019, « Dune: The Cult Classic 80's Sci-Fi Movie That Deserves A Watch », sur Retroheadz.com, (consulté le )
  19. « Dune (1984) Alternative Edition Redux fanedit (TRAILER) » (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Vinge, Joan, Dune: l'album du film, trad. de l'américain par Philippe Rouard, Paris: Hachette, 1985. (ISBN 2-01-010605-9)
  • Bill Sienkiewicz, Un magazine super spécial, l'adaptation en bande dessinée de Dune, Michel Lafon - Carrère, 1985, (ISBN 9782868040619)

Articles connexes

Liens externes

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