Château de Balleroy

Le château de Balleroy est un château situé sur la commune de Balleroy en Normandie.

Château de Balleroy

La façade est et le jardin de buis.
Début construction XVIIe siècle
Fin construction XVIIe siècle
Propriétaire initial Jean de Choisy
Protection  Classé MH (1951)
 Site classé (1943)
Site web www.chateau-balleroy.fr
Coordonnées 49° 10′ 45″ nord, 0° 50′ 33″ ouest [1]
Pays France
Anciennes provinces de France Normandie
Région Normandie
Département Calvados
Commune Balleroy
Géolocalisation sur la carte : Calvados
Géolocalisation sur la carte : France

Description et historique

Le château de Balleroy  au sein d'un fief qui s'est appelé Baleré  proche de la forêt et de l'abbaye de Cerisy, est acquis le par Jean de Choisy, fils d'un des vingt-quatre marchands de vin[2] suivant la cour d'Henri IV[3].

Ayant fait la connaissance dans un hôtel de Meulan avec le surintendant des Finances Jean d'O, lors de la partie d'échecs qui suivit le souper, Choisy l'aurait par calcul laissé gagner, ce qui fit que cet influent personnage se l'attacha, l'employa dans les affaires et fit sa fortune[2], lui permettant de payer 5 500 écus ce petit fief normand formé « de maigres pâturages, de ronces et de bruyères ».

Le château fut édifié de 1626 à 1636 par son fils, Jean II de Choisy[3], époux d'une Hurault, arrière-petite-fille du chancelier de L'Hospital, qui correspondait entre autres avec Marie de Gonzague, reine de Pologne, la duchesse de Savoie  sœur de Louis XIII  la reine Christine de Suède et diverses princesses allemandes. Sa réputation d'intellectuelle intéressa ainsi le jeune Louis XIV voulant devenir « un honnête homme », qui rémunéra les entretiens qu'elle lui accorda deux fois par semaine par une pension de 8 000 livres (Frégnac).

Jean II de Choisy devient conseiller d'État et chancelier de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII et grand conspirateur  à ce titre il fut mêlé à un grand nombre d'intrigues  qui employa à partir de 1631 l'architecte François Mansart à la reconstruction (inachevée) de son château de Blois.

Perspective de 1715, par Louis Boudan.

Un chef-d'œuvre de l'architecture Louis XIII

L'architecte alors inconnu, qui avait déjà dressé les plans du nouveau château de Berny, demeure transformée pour le chancelier Pierre Brûlart de Sillery (1624-1625), vint régulièrement à Balleroy de 1632 à 1634 et donna ici ceux du château et du vieux village qui, préexistant à la demeure seigneuriale, fut déplacé et disposé de part et d'autre d'un axe principal afin de créer une perspective où se succèdent rue, avenue ou allée d'honneur, pente douce, cour d'honneur encadrée de deux pavillons carrés, communs longs et bas encadrant des parterres de grands rinceaux de buis, cour d'honneur de plan cintré flanquée de deux guérites, enfin terrasse ceinte d'une balustrade, comme un « plateau » où semble posé le château [pas clair]

Œuvre de jeunesse, il marque un tournant dans l'histoire de l'architecture française[4].

Construit en briques, schiste et pierre de Caen, le château comporte un pavillon central couronné d'un lanternon flanqué de deux bâtiments plus bas[5]. Les communs sont disposés de part et d'autre des jardins dessinés par Le Nôtre.

L'intérieur du château offre un grand salon remarquable pour ses peintures de Mignard : Le Char du Soleil, les portraits de Louis XIII, et de la famille de Louis XIV[6] qui avaient été voulus par Mme de Choisy, « si avant dans le monde et si instruite des intrigues de la Cour » selon Saint-Simon.

Au début du XXe siècle, Henri Duchêne créa dans la cour entre les deux bâtiments d'écuries un jardin à la française composé de deux parterres de buis taillés et d'une terrasse flanquée de deux pavillons.

Le château domine la Drôme[6].

Les communs de gauche abritent le musée des Ballons créé par Malcolm Forbes, qui contient des documents sur les frères Montgolfier[6].

Le jardin est cité par Philippe Thébaud parmi les 300 plus beaux jardins de France[6].

Le château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [7]. Le parc et ses avenues constituent un site classé depuis le [8].

Occupants et visiteurs célèbres

Le plus connu de la famille est Francois-Timoléon (1644-1724), quatrième et dernier fils de Jean III de Choisy, qui est très jeune travesti en fille par sa mère  jusqu'à ses 18 ans , afin de faire sa cour à Anne d'Autriche et l'introduire dans l'entourage de son fils cadet, Philippe d'Orléans, dont il devient le jeune compagnon de jeux.

Devenu abbé, il laisse de célèbres Mémoires pour servir l'histoire de Louis XIV (1737). Il est envoyé comme ambassadeur auprès du roi de Siam en vue d'une conversion au catholicisme. Ayant hérité du domaine de Balleroy à la place de son frère aîné, mort dans enfants, il le vendit en 1698 (ou 1700 ?) à la princesse d'Harcourt, née Françoise de Blacas, qui n'en jouit que quelques mois.

Par lettres patentes de 1704 la terre de Balleroy est érigée en marquisat au profit de son cousin par alliance Jacques de La Cour (1665-1725), conseiller du roi, époux de Madeleine-Charlotte-Emiie de Caumartin (1675-1749), que la coutume de Normandie avait autorisée, en sa qualité de petite-fille de Madeleine de Choisy (+ 1672) à exercer le droit de retrait lignager (17 décembre 1701).

En 1744 Jacques-Claude, second marquis de Balleroy (1694-1773), époux d'une Goyon-Matignon, premier écuyer du duc d'Orléans puis gouverneur du duc de Chartres, y fut exilé pour avoir pris parti contre Mme de Châteauroux, la maîtresse royale du moment; il s'occupa alors de ses houillères de littry et fonda une poterie de grès.

Ses deux fils militaires furent arrêtés à Balleroy pendant la Révolution puis condamnés et guillotinés le 27 mars 1794 ; quant à sa fille, la comtesse d'Hervilly, après que le docteur Vimard ait réussi à la faire échapper au même sort en la faisant passer pour folle en l'ayant roulée dans des orties, elle dut se cacher longtemps avec ses filles (Frégnac).

Le domaine et le château fut confisqué mais en 1795 la comtesse revendiqua et obtint sa part du patrimoine familial, qu'elle partagea en 1806 avec son frère Philippe (1763-1840), quatrième marquis, qui en 1819 dut revendre le domaine à un marquis de La Londe, maire de Versailles, avec faculté de rachat par son fils.

C'est ainsi qu'en 1827 François ou Franz (1796-1875), cinquième marquis, époux de Mathilde d'Orglandes, put en reprendre possession.

Jusqu'en 1970 le domaine familial resta aux mains de ses héritiers en la personne de Myriam Bénédic (1926-2006)  dont l'époux fut filleul de Hubert Lyautey  qui le vendit à l'homme d'affaires américain milliardaire Malcolm Forbes[9], directeur du magazine Forbes ; en août 2019, soit près de vingt ans après la mort de son père, Christopher Forbes l'a revendu avec son mobilier à l'entrepreneur américain Roy Eddelman.

Parmi ses occupants célèbres on compte le comte Albert Félix Justin de la Cour de Balleroy, peintre animalier du XIXe siècle, ami d'Édouard Manet et du groupe des Batignolles[10]. Quatre de ses tableaux représentant des scènes de chasse ornent la salle à manger du château. L'impératrice Eugénie posséda une de ses œuvres. Commandant de la garde nationale de 1870 à 1871, cette même année il fut élu au scrutin de liste premier député du Calvados. Son fils Jacques (1870-1948) fut le sixième et avant-dernier marquis de Balleroy.

Marcel Proust visite le château en compagnie de Paul Helleu et l'aurait transposé en château de Guermantes dans À la recherche du temps perdu[10].

Notes et références

  1. Coordonnées vérifiées sur Géoportail et Google Maps
  2. Frégnac 1966.
  3. Philippe Seydoux, Châteaux du pays d'Auge et du Bessin, Paris, Éditions de la Morande, (ISBN 2-902091-14-1), p. 11
  4. Jacobs et Stirton 1987, p. 14
  5. Sabatier 1984, p. 268
  6. Thébaud 1987, p. 149
  7. « Château de Balleroy », notice no PA00111028, base Mérimée, ministère français de la Culture
  8. « Listes des monuments et sites protégés dans le Calvados - communes B » [PDF], sur culture.gouv.fr, Direction régionale des Affaires culturelles de Normandie (consulté le )
  9. Faisant 2007, p. 377-378
  10. Monneret 1987, p. 25

Sources bibliographiques

  • Claude Frégnac, Merveilles des châteaux de Normandie, Hachette, coll. « Réalités », , p. 220-227.
    ill. dont vue de quelques pièces meublées
  • Balleroy dans Châteaux de Normandie (numéro hors-série de la revue Maisons normandes, vol. 2, p. 40 à 48, avec vues des pièces décorées et remeublées par Forbes) ;
  • Étienne Faisant, Calvados. Balleroy. Nouveaux documents sur la construction du château (1631-1637), Bulletin monumental, (lire en ligne)
  • Sophie Monneret, L'Impressionnisme et son époque, vol. 2, t. 1, Paris, Robert Laffont, , 997 p. (ISBN 2-221-05412-1)
  • Philippe Thébaud, Guide des 300 plus beaux jardins de France, Marseille, Rivages, , 222 p. (ISBN 2-86930-062-X)
  • Michael Jacobs et Paul Stirton, Le voyageur d'Art en France, Paris, Arthaud, , 300 p. (ISBN 2-7003-0526-4)
    Michael Jacobs est titulaire d'un doctorat du Courtauld Institute of Art de Londres, il a enseigné en France l'art et l'architecture. Paul Stirton est chercheur à l'université d'Édimbourg et au Courtauld Institute of Art
  • Françoise Sabatier (dir.), Ouvert au public, Paris, Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites, , 392 p.
  • Thierry Georges Leprévost, « Balleroy, château et village », Patrimoine normand, vol. 103, (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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