Pierre de Caen

La pierre de Caen est un calcaire extrait de la formation du calcaire de Caen dans la région de Caen (Calvados) et est employée à grande échelle depuis le XIe siècle.

La restauration de l'église Saint-Pierre de Caen permet de dévoiler la couleur originelle de la pierre de Caen.

Formation

La formation géologique du calcaire de Caen de la plaine de Caen s'est déposée pendant le Jurassique moyen, lors de l'avancée maximale de la mer, à l'étage Bathonien, il y a environ 167 Ma (millions d'années). Ce calcaire s'est formé dans une mer peu profonde à proximité d'un rivage (environnement de type mangrove), à partir de fins fragments coquilliers, cimentés par une boue carbonatée (menus débris organiques cimentés par de la calcite microcristalline). C'est une pierre mi-dure, à la teinte jaunâtre clair qui peut devenir blanche superficiellement par exposition à l'air[1]. Son domaine est limité à l'ouest et au sud par le massif armoricain[2]. La structure de la pierre de Caen, dans ses gisements tirés des étages inférieurs, est crayeuse et fine, ce qui permet un travail de sculpture facile mais la rend, par contre, vulnérable à l'érosion. Il est aussi connu pour les fossiles de dinosaures qu'il renferme[3].

Gisements

Treuil servant à remonter les blocs de pierre exposé à l'occasion de l'exposition La Pierre de Caen des dinosaures aux cathédrales

Ils se situent sur les communes de Caen, Bretteville-sur-Odon, Carpiquet, Fleury-sur-Orne et Cintheaux. Les premiers gisements de pierre de Caen étaient facilement accessibles, car situés dans les coteaux en gradins entourant la plaine alluviale où fut construite la ville de Caen, ainsi qu'aux abords immédiats de la cité. Certaines anciennes carrières à ciel ouvert sont encore visibles aujourd'hui dans l'agglomération même, comme autour du château et de l'université. Des noms de rues en rappellent également le souvenir : rue des carrières Saint-Julien et rue des carrières de Vaucelles. À l'ouest de l'agglomération et à quinze mètres de profondeur, les anciennes carrières de la Maladrerie se trouvent aujourd'hui sous de nouveaux quartiers d'immeuble. Pour consolider les terrains sous le boulevard Pompidou, 200 piliers de consolidation en béton ont dû être coulés. Par contre, pour les constructions du quartier Beaulieu, les piliers existants de la carrière ont pu supporter les charges des petits immeubles. En 2010, un écheveau de 80 ha de galeries court sous la ville de Caen[4].

Afin de répondre aux besoins actuels, une carrière a été remise en exploitation en 2004, à Cintheaux, au sud de Caen. Depuis sa réouverture, la carrière de 30 ha, qui emploie six personnes, a extrait plus de 1 500 m3, par la technique du sciage, dans un filon situé à environ dix mètres en dessous du sol. La pierre est vendue aux entreprises travaillant pour des chantiers de restauration mais également sur le marché privé pour le placage d’immeubles en région parisienne ou aux États-Unis[5]. La carrière est également à même de répondre aux besoins de restauration des monuments anglais.

La qualité des gisements est variable, les plus mauvais se révélant cassables ou friables. Le problème qui s'est posé lors de la réouverture de carrières permettant la construction des façades du Mémorial de Caen, par exemple, a été de retrouver la compétence perdue des anciens carriers, qui savaient choisir la pierre à utiliser.

De à , une grande exposition temporaire lui a été consacrée au Musée de Normandie[6].

Histoire

Les gisements de surface ont été exploités dès la période gallo-romaine. Des traces de cette utilisation ont été découvertes par les archéologues : sarcophages gallo-romains et statues d'églises de la plaine de Caen, empierrements des voies de communication placées sous la couche de pavage et l'isolant du sol humide, calage de poteaux, fondations des maisons du Vicus et de la Cella, petit temple dont la couche inférieure, faite de pierres sèches et de pierres taillées pour son enceinte, est encore visible près de l'abbaye aux Hommes.

Après 1066, des bateaux empruntent l'Orne pour apporter dans l'Angleterre conquise les pierres extraites à Caen et Ranville, qui servent à édifier de nombreux bâtiments, abbayes et églises, et tout « édifice prestigieux destiné à impressionner[7] » selon historien David Bastes.

Pendant la bataille de Caen, en , les carrières souterraines de Caen et des alentours (Fleury, Mondeville, Colombelles) ont abrité la population, ce qui permit de protéger de nombreux habitants des bombardements et des combats.

Les carrières de Caen ont cessé leur activité au début des années 1960, concurrencées par la pierre calcaire de l'Oise, préférée à cause de son coût inférieur[8], puis par le béton.

En 1986, la carrière de La Maladrerie, quartier de Caen le plus à l'ouest, a été rouverte et 2 000 m3 de pierre ont été retirés, dont 800 m3 pour le Mémorial de Caen.

C'est le que le conseil municipal de Caen a adopté la convention liant la ville à la nouvelle carrière de Cintheaux[9]. L'arrêté préfectoral autorisant l'exploitation date du , pour une production annuelle maximale de 9 000 tonnes.

Les carrières du quartier de La Maladrerie font l'objet de visites guidées exceptionnelles à l'occasion de l'exposition consacrée à la Pierre de Caen au musée de Normandie.

Utilisation

La pierre de Caen a longtemps joui d’une renommée non seulement nationale, mais aussi internationale. De nombreux édifices sont ainsi construits avec ce calcaire[10]. En voici une liste significative :

En France

À l'étranger

Notes et références

  1. Jacqueline Lorenz, Carrières et constructions en France et dans les pays limitrophes, Éd. du CTHS, , p. 432
  2. Guides géologiques régionaux Masson, Normandie
  3. (en) Allain, R., 2005, "The postcranial anatomy of the megalosaur Dubreuillosaurus valesdunensis (Dinosauria Theropoda) from the Middle Jurassic of Normandy, France", Journal of Vertebrate Paleontology 25(4): 850–858
  4. François Simon, « Caen a fait carrière en vendant sa pierre », Ouest France, no 20062, , p. 42
  5. « Restaurer des monuments historiques », sur archive.wikiwix.com (consulté le )
  6. Exposition La Pierre de Caen, des dinosaures aux cathédrales conçue par Pascal Leroux
  7. David Bates, Guillaume le Conquérant, Paris, Flammarion, coll. « Grandes biographies », (ISBN 9782081415485), p. 489.
  8. http://www.chateau.caen.fr/francais/Projet/actualite/pierre.htm Site du château de Caen
  9. http://www.ville-caen.fr/Infos_mairie/ConseilMunicipal/PVAF-2003-06.htm Compte rendu du conseil municipal
  10. L. Dujardin, « L’aire de dispersion de la pierre de Caen », 117e Congrès national des Sociétés Savantes, Clermont-Ferrand, 1992, 2e colloque Carrières et constructions, Paris, Éditions du CTHS, 1993, p. 431-444
  11. Jacqueline Lorenz, Carrières et constructions en France et dans les pays limitrophes, Éd. du CTHS, , p. 442.
  12. (en) Diocèse d'Hawaï
  13. Site de l'Osgoode Hall

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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