Centrale nucléaire du Tricastin

La centrale nucléaire du Tricastin se situe sur le site nucléaire du Tricastin sur la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux, à 10 km de Pierrelatte, 28 km au sud de Montélimar et 50 km au nord d'Avignon. Avec les centrales de Gravelines et de Dampierre aussi mises en service en 1980, c'est la seconde centrale en activité la plus âgée du parc nucléaire français, après celle du Bugey.

Historique

La construction de la centrale nucléaire du Tricastin a débuté en 1974, et elle a été mise en service en 1980 (T1 & T2) puis 1981 (T3 & T4)[5]. Elle comprend quatre réacteurs à eau pressurisée (REP) de 915 MW chacun, soit une puissance totale de 3 660 MW pour la centrale[6]. La superficie du site est de 55 hectares.

Le refroidissement de la centrale est assurée par l'eau du Canal de Donzère-Mondragon[7]. Le combustible nucléaire neuf arrive par transport routier sous forme d'assemblages fabriqués, entre autres, à la FBFC. Le combustible usé est entreposé en piscine de refroidissement pendant quelques mois, avant d'être expédié en train à l'Usine de retraitement de la Hague.

Sa proximité avec des sites aquatiques comme le Rhône[8] ou la Gaffière, le cours d'eau qui traverse le site du Tricastin[9] l'expose aux risques d’inondation.

La centrale produit chaque année environ 25 TWh, soit 6 % de la production électrique française. L'usine voisine d'enrichissement Eurodif, aujourd'hui en cours de démantèlement, consommait environ 15 TWh par an, soit environ les deux-tiers de la production de la centrale. Cette proximité permettait alors de limiter les pertes dues au transport de l'électricité.

Le , l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé avoir demandé à EDF une surveillance renforcée des eaux souterraines de la centrale à cause d'une «présence anormale» de tritium.

EDF finance les collectivités locales à hauteur de 14 millions d'euros par an au titre de la taxe professionnelle de la centrale du Tricastin.

Le , plusieurs dizaines de militants de Greenpeace se sont introduits dans la centrale nucléaire de Tricastin pour réclamer la fermeture du site[10].

Le , Europe Écologie-les Verts a réclamé la fermeture en urgence de la centrale[11].

En septembre 2016, EDF notifie au gestionnaire du réseau d'électricité que deux des quatre réacteurs de la centrale resteront arrêtés au moins jusqu'à la fin décembre, des « contrôles supplémentaires » étant nécessaires pour s'assurer que leurs générateurs de vapeur, pièces majeures de la centrale, « sont aptes à remplir leur fonction en toute sûreté »[12].

En décembre 2016, le Tricastin 1 est un des premiers réacteurs d'EDF à reprendre du service[13].

Fin septembre 2017, EDF prend acte de la décision de l’ASN lui demandant de procéder à l’arrêt provisoire des quatre unités de production de la centrale, le temps de renforcer une portion de la digue située au nord de la centrale[14]. EDF propose à l’ASN un plan d’actions réactif en deux étapes : sous un mois, des travaux de renforcement de la digue vont être réalisés, permettant de garantir sa tenue en situation de séisme majoré de sécurité. De plus, une protection complémentaire au muret de protection périphérique existant sera opérationnelle sous quelques jours. Ce dispositif permettrait de garantir qu’il n’y aurait pas d’arrivée d’eau au niveau des réacteurs en cas de séisme majoré de sécurité pendant la période des travaux. Compte tenu de ces dispositions, le groupe considère que la sûreté des installations est garantie et que l'arrêt des réacteurs n’est pas justifié[14]. Le 5 décembre 2017, l'ASN a autorisé EDF à redémarrer la centrale[15].

En février 2018, un article du JDD publie des extraits du livre « Nucléaire, danger immédiat » évoquant la centrale[16] : « Tricastin, avec son réacteur 1, est la pire centrale du pays. Ce réacteur cumule tous les problèmes : défauts sous revêtement, absence de marge à la rupture, et dépassement des prévisions de fragilisation à quarante ans! […] Sans oublier le risque d'inondation catastrophique en cas de séisme, comme l'a relevé en septembre 2017 l'ASN […] qui ressemble potentiellement à un accident de type Fukushima »[16]. À la suite de la publication du livre, EDF réfute ces accusations : « Dominique Minière, le directeur exécutif chargé du parc nucléaire, affirme que les faits évoqués sont soit déjà connus, soit complètement faux »[17].

Le , le réacteur Tricastin 1 est le premier des 58 réacteurs d'EDF à engager les travaux qui lui permettront de prolonger son exploitation de quarante à cinquante ans et d'intégrer des améliorations de sûreté introduites par l'EPR. Le chantier, qui servira de référence aux 31 autres réacteurs de 900 mégawatts, se prolongera jusqu'en 2023[18].

En juillet 2019, à la suite d’une consultation du public du 4 au 18 avril 2018 sur son site internet, l’ASN demande à EDF que les travaux complémentaires de renforcement de la digue, étudiés dans le cadre des mesures post-Fukushima, soient terminés avant fin 2022[19].

Caractéristiques des réacteurs

La centrale possède quatre réacteurs à eau pressurisée (REP) d'une puissance électrique nette de 915 mégawatts chacun, construits par Framatome puis exploités par Électricité de France.

La centrale de Tricastin appartient au palier dit « CP1 », comme les centrales nucléaires du Blayais, de Dampierre et de Gravelines[20].

Elle est exposée au risque de séisme. Lors de sa conception, c'est un séisme de 4,7 sur l'échelle de Richter qui a été choisi comme référence, et les installations sont donc prévues pour résister à un séisme de 5,2[8]. Elle se trouve dans un grand complexe nucléaire et chimique comprenant six sites Seveso dans un rayon de 10 km[21].

Les caractéristiques des réacteurs en service sont les suivantes :

Nom du réacteurModèleCapacité [MW]Début constructionRaccordement au réseauMise en service commerciale4e visite décennale[18]
Thermique (MWt)brute (MWe)Nette (MWe)
Tricastin-1[1] CP127859559151er novembre 197431 mai 19801er décembre 19802019
Tricastin-2[2] CP127859559151er décembre 19747 août 19801er décembre 19802021
Tricastin-3[3] CP127859559151er avril 197510 février 198111 mai 19812022
Tricastin-4[4] CP127859559151er mai 197512 juin 19811er novembre 19812024

Arrêt de réacteurs

En janvier 2020, dans le cadre de la mise œuvre de la loi sur la transition énergétique, l'électricien EDF propose au gouvernement français d’étudier la mise à l’arrêt de deux réacteurs de la centrale du Tricastin, parmi une liste de 14 réacteurs à fermer entre 2028 et 2035[22].

Notes et références

  1. (en) « Nuclear Power Reactor Details - TRICASTIN-1 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  2. (en) « Nuclear Power Reactor Details - TRICASTIN-2 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  3. (en) « Nuclear Power Reactor Details - TRICASTIN-3 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  4. (en) « Nuclear Power Reactor Details - TRICASTIN-4 », sur pris.iaea.org (consulté le )
  5. ASN, « Site du Tricastin » (consulté le )
  6. EDF, « Présentation de la centrale du Tricastin » (consulté le )
  7. Donzère: travaux sur le canal pour éviter l'inondation du site nucléaire, sur le site francebleu.fr du 21 mai 2013
  8. Tricastin, quels risques ?, sur le site laprovence.com du 28 mars 2011
  9. Inondation sur le site de la centrale du Tricastin, sur le siteenerzine.com du 16 décembre 2008
  10. Opération coup de poing de Greenpeace à Tricastin pour réclamer la fermeture de la centrale, sur le site humanite.fr du 15 juillet 2013
  11. Nucléaire : EELV réclame la fermeture de la centrale du Tricastin, sur le site leparisien.fr du 17 septembre 2013
  12. Les Échos, 23/09/2016
  13. « EDF va relancer la centrale de Tricastin », LaProvence.com, (lire en ligne, consulté le )
  14. « EDF : Mise à l'arrêt provisoire des quatre unités de production de la centrale nucléaire du Tricastin - EasyBourse », sur www.easybourse.com (consulté le )
  15. La centrale nucléaire de Tricastin va redémarrer, Paris Match, 5 décembre 2017.
  16. « Nucléaire : le livre qui met à mal la sûreté des centrales françaises », Le JDD, (lire en ligne, consulté le )
  17. « Mis en cause sur la sûreté du parc nucléaire, EDF se défend », FIGARO, (lire en ligne, consulté le )
  18. Véronique Le Billon, Nucléaire : Tricastin engage ses travaux post-40 ans, Les Échos, 30 juin 2019.
  19. « L’ASN prescrit un renforcement complémentaire de la digue protégeant la centrale nucléaire du Tricastin », asn.fr, le 10 juillet 2019
  20. Techniques de l'ingénieur - Glossaire des sigles
  21. Tricastin : une centrale sans failles ?, sur le site lemonde.fr du 15 juillet 2013
  22. CARTE. EDF envisage l'arrêt de réacteurs dans huit centrales nucléaires, La Dépêche, 21/01/2020

Voir aussi

Articles connexes

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