Centrale nucléaire du Blayais

La centrale nucléaire du Blayais est un centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) situé non loin de la ville de Blaye, au cœur du marais du Blayais, dans la commune de Braud-et-Saint-Louis (Gironde), en bord de Gironde, entre Bordeaux (45 km en amont[5]) et Royan (50 km en aval[6]). En service depuis 1981, elle est gérée par Électricité de France et produit de l'électricité qui est injectée dans le réseau électrique français. Elle est refroidie par l'eau de l'estuaire de la Gironde qui est pompée via des canalisations sous-marines[7].

Présentation

Elle dispose de quatre réacteurs nucléaires de technologie REP (réacteurs à eau sous pression) de 900 MW chacun, mis en service de 1981 à 1983[8].

Il est possible de visiter gratuitement le Centre d'Information du Public, situé à l'entrée de la centrale, pour tout savoir sur les enjeux énergétiques d'aujourd'hui, les différents modes de production d'électricité et les aspects environnementaux. On peut y trouver une scénographie pédagogique, des expositions thématiques et de la documentation.

1 337 salariés EDF et 700 prestataires permanents travaillent dans la centrale nucléaire du Blayais[9].

Ses quatre réacteurs produisent environ 27 TWh par an[10] et répondent à 6,15 % de la consommation française (2/3 des besoins en électricité de la région Nouvelle-Aquitaine)[11]. Depuis sa mise en service en 1981, la centrale nucléaire du Blayais a produit 674 milliards de kilowattheures[12]. En 2011, elle a produit 25,9 milliards de kWh; 24 milliards de kWh en 2016 et 26 milliards de kWh en 2018.

Caractéristiques des réacteurs

Les 4 réacteurs de la centrale nucléaire du Blayais sont issus du palier CP1 (contrat-programme 1). Ils peuvent fournir une puissance thermique brute de 2 785 Mégawatts, convertie par une génératrice en 951 mégawatt électrique. En raison des pertes liées à l'autoconsommation des réacteurs, ils peuvent délivrer chacun 910 mégawatts sur le réseau en pleine puissance. Ils ont été construits par Framatome et sont exploités par EDF.

Les caractéristiques détaillées de chaque réacteur sont les suivantes :

Nom du
réacteur
Modèle Capacité [MW] Début
constr.
Raccord
au réseau
Mise en
service
comm.
Autorisation
MOX
3e visite
décennale
Thermique (MWt) brute (MWe) Nette (MWe)
Blayais-1[1] CP1 2785 951 910janvier 1977juin 1981décembre 198119982012
Blayais-2[2] CP1 2785 951 910janvier 1977juillet 1982février 198319952011
Blayais-3[3] CP1 2785 951 910avril 1978août 1983novembre 198320132014
Blayais-4[4] CP1 2785 951 910avril 1978mai 1983oct. 198320132015

Incidents

Incident de 1999 lié au risque d'inondation

Dès 1998, le bilan annuel de la sûreté de la centrale du Blayais notifiait la nécessité d'une surélévation de 50 cm des digues, mais EDF différa ce rehaussement de sa digue de protection. Le 19 novembre 1999, EDF est sommée de produire un planning des travaux de sécurité par une lettre la rappelant à l'ordre[13].

Le , les vents violents produits par la tempête Martin provoquèrent une brusque montée des eaux de l'estuaire et l'inondation d'une partie de la centrale. Une surtension sur le réseau électrique va d'abord provoquer l'arrêt d'urgence des réacteurs 2 et 4. Plus tard, des débris charriés par la Gironde en crue viennent obstruer une pompe de refroidissement du réacteur 1, qui se met lui aussi en arrêt d'urgence. Le quatrième réacteur (no 3) était arrêté dans le cadre d'opérations de maintenance normale.

L'évènement a été classé comme un « incident » de niveau 2 sur l'échelle INES[14].

À la suite de la tempête de 1999, la centrale nucléaire du Blayais a mis en œuvre trois mesures concrètes pour se prémunir d'un nouveau risque d'inondation : la rehausse et le renforcement de ses digues de protection, des travaux pour rendre étanches ses sous-sols et une procédure préventive d'alerte météo.

L'Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) – devenu l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) – a publié le 17 janvier 2000 un rapport[15] qui montre que la plate-forme de l'îlot nucléaire est calée au-dessous de la cote majorée de sécurité (CMS) pour la centrale du Blayais, mais aussi pour les sites de Belleville, Chinon, Dampierre, Gravelines, et Saint-Laurent. Puisque les plates-formes sur lesquelles ont été remblayées ces centrales n’ont pas été érigées suffisamment haut, après la publication de ce rapport, des mesures ont été annoncées par un rapport parlementaire[16] pour améliorer les protections interne et externe des centrales. Depuis 2000, EDF a investi plus de 100 millions d'euros dans différents travaux afin de remédier à ce problème (notamment en 2004 à Gravelines, en 2005 à Dampierre et à Saint Laurent, à Belleville en 2005 et 2006).

Depuis 1999, l'association Tchernoblaye[17] agit en Gironde pour réclamer la fermeture de la centrale nucléaire du Blayais.

Incidents de 2002 et 2003 liés au risque sismique

En 2002 et 2003, EDF a déclaré deux incidents génériques de niveau 1 sur l'échelle INES, relatifs à la tenue au séisme de composants de certains REP 900 MWe français, dont la centrale du Blayais. Par mesure de précaution la quasi-totalité des personnels avait été évacuée.

L'incident déclaré le concerne la tenue au séisme de réservoirs d'eau permettant d'assurer le refroidissement du cœur en cas d'accident[18]. Les travaux nécessaires à la remise en conformité de la centrale se sont terminés en décembre 2005[19].

L'incident déclaré le concerne la tenue au séisme de tuyauteries connectées à l'un des réservoirs d'eau concerné par l'incident du [20].

Sûreté nucléaire

Dans son rapport annuel 2007, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) considère globalement satisfaisante la sûreté nucléaire de la centrale du Blayais. L'ASN constate particulièrement que l'organisation mise en place pour la gestion des situations d'urgence apparaît robuste mais que le site doit faire preuve de plus de rigueur dans la préparation des interventions[21]. Depuis mai 2013, la totalité des réacteurs de la centrale peuvent utiliser le combustible MOX[22].

Arrêt de réacteurs

En janvier 2020, l'électricien EDF propose au gouvernement français d’étudier la mise à l’arrêt de deux réacteurs de la centrale du Blayais[23].

Notes et références

  1. (en) « Nuclear Power Reactor Details - BLAYAIS-1 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  2. (en) « Nuclear Power Reactor Details - BLAYAIS-2 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  3. (en) « Nuclear Power Reactor Details - BLAYAIS-3 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  4. (en) « Nuclear Power Reactor Details - BLAYAIS-4 », sur pris.iaea.org (consulté le ).
  5. Distance orthodromique entre les communes de Bordeaux et Braud-et-Saint-Louis, site Lion 1906.
  6. Distance orthodromique entre les communes de Royan et Braud-et-Saint-Louis, site Lion 1906.
  7. EDF, « Blayais » (consulté le ).
  8. ASN, « Centrale nucléaire du Blayais » (consulté le ).
  9. Centrale nucléaire du Blayais - Présentation, EDF.
  10. Présentation de la centrale du Blayais, EDF.
  11. Centrale nucléaire du Blayais - Présentation, EDF.
  12. Dossier de presse - La centrale nucléaire du Blayais, au service d’une production d’électricité sûre, compétitive et sans CO2, au cœur de la région Aquitaine, EDF, janvier 2011, p.  2.
  13. Centrale nucléaire du Blayais - La lettre qui accuse, Christophe Labbé et Olivia Recasens, 14 janvier 2000.
  14. (en) OECD, « REPORT ON FUKUSHIMA DAIICHI NPP PRECURSOR EVENTS », OECD COMMITTEE ON NUCLEAR REGULATORY ACTIVITIES, , p. 21 (lire en ligne, consulté le ) :
    « The event in Blayais [...] was classified as Level 2 in the INES scale. »
  15. [PDF] Rapport sur l'inondation du site du Blayais survenue le 27 décembre 1999, IRSN
  16. http://assemblee-nationale.fr/rap-oecst/r2331/r2331-2.asp
  17. TchernoBlaye
  18. Erreur de conception affectant la résistance au séisme de réservoirs d'eau de plusieurs réacteurs de 900 MWe, Autorité de sûreté nucléaire
  19. Suite de l'anomalie générique de conformité relative à la résistance au séisme de réservoirs d'eau de plusieurs réacteurs de 900 MWe d'EDF - Autorité de sûreté nucléaire
  20. Erreur de conception affectant la résistance au séisme de certaines tuyauteries des réacteurs du Blayais, de Chinon, Cruas, Dampierre, Gravelines, Saint-Laurent et du Tricastin, Autorité de sûreté nucléaire
  21. [PDF]Rapport annuel de l'ASN sur l'état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2007 page 356
  22. "Le Monde, 30-05-2013: Le MOX autorisé dans deux nouveaux réacteurs de la centrale de Blayais"
  23. CARTE. EDF envisage l'arrêt de réacteurs dans huit centrales nucléaires, La Dépêche, 21/01/2020

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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