Black Watch

Le Black Watch (Royal Highland Regiment) était un régiment d'infanterie écossais formé en 1881 par l'amalgame de deux régiments antérieurs, d'une part le 42nd (Royal Highland) Regiment of Foot, The Black Watch qui remonte à 1739, d'autre part le 73rd (Perthshire) Regiment of Foot qui date lui de 1786.

Pour les articles homonymes, voir The Black Watch (homonymie).

Black Watch

Insigne du régiment.

Création 1739
Dissolution Toujours actif
Pays Royaume-Uni
Allégeance Monarque du Royaume-Uni
Branche British Army
Type Régiment, puis bataillon depuis 2006
Rôle Infanterie
Garnison Inverness
Ancienne dénomination 42nd Foot Regiment (1751)
Royal Highlanders (1881)
Surnom The Forty Twa
Ladies from Hell
Devise Nemo me impune lacessit
Marche All the Blue Bonnets Are O'er the Border
The Garb of Old Gaul
Hielan' Laddie
Colonel en chef Duc de Rothesay

Plus ancienne unité britannique recrutée parmi les habitants des Hautes-Terres d'Écosse, les Highlanders, ses hommes combattirent en kilt jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale. Depuis 2006, son nom et ses traditions sont maintenus par le 3e bataillon du Royal Regiment of Scotland (abrégé en 3 SCOTS).

Traditions

Le tartan du clan Campbell, appelé aussi le tartan Black Watch.

Surnom

Le mot anglais Watch guet », ou « garde ») leur fut attribué car ces unités avait été levées et recrutées comme force de l'ordre dans les Hautes-Terres. On les surnomma alors Highland Watch. Mais à la suite de la seconde révolte jacobite de 1745, ils eurent à réprimer plus durement et à faire respecter les décrets draconiens pris par le Parlement de Grande-Bretagne envers les clans écossais afin d'empêcher toute nouvelle rébellion. Aussi les Écossais les surnommèrent en gaélique Am Freiceadan Dubh, soit en anglais Black Watch.

Deux hypothèses s'affrontent concernant le mot Black. La première fait référence au tartan de leur tenue, de couleur sombre. L'autre renvoie au sentiment de trahison des habitants des Highlands (d'où les soldats de la Black Watch étaient également originaires) et à leur cœur noir puisqu'ils appliquaient les décisions anglaises au lieu de soutenir leurs compatriotes écossais.

Tenue écossaise

Comme les autres régiments de Highlanders, les hommes du Black Watch portaient le kilt, aux couleurs du clan Campbell (tartan appelé aussi government), porté sans sporran quand ils sont en service. Le régiment passe au pantalon pendant l'entre-deux-guerres, ne portant désormais le kilt que pour les cérémonies et défilés traditionnels.

Du milieu du XVIIIe siècle jusqu'au début du XXe siècle, la coiffure des unités de Highlanders était une toque de plumes noires ; cette coiffe est désormais seulement portée par les joueurs de cornemuse (utilisant le Great Highland bagpipe) lors des cérémonies. En tenue de sortie, la coiffure est actuellement un tam o' shanter (le béret écossais) avec un plumet rouge, ou un glengarry (le calot écossais) noir avec l'insigne du Royal Regiment of Scotland.

Le plumet rouge les distingue des autres régiments des Highlands qui portent un plumet blanc. Cette particularité remonterait aux guerres de la Révolution française, le régiment s'étant distingué en reprenant des canons pris par les Français à Geldermalsen le . Le roi George III pour les récompenser leur fit attribuer le (jour de son anniversaire) le plumet rouge comme signe distinctif pour commémorer cette action[1]. D'autres sources font remonter le plumet à la guerre d'Amérique[2].

Insigne

Insigne du 42e régiment d'infanterie britannique (jusqu'à la réforme de 1881).

Le badge régimentaire en métal argenté représente l'étoile de l'ordre du Chardon, symbole royal écossais, les branches étant couvertes de formes imitant de petits diamants. Le centre est occupé par un saint André portant sa croix le tout dans une amande, encerclée par la devise écossaise Nemo me impune lacessit personne ne me provoque impunément »), surmontée par une couronne fermée, les bords décorés de chardons et surmontant un sphinx (évocation de la campagne d'Égypte de 1801)[3].

Au début du XIXe siècle, le numéro 42 était inscrit, remplacé à partir de 1881 par le nom de l'unité en majuscules, en haut The Royal Highlanders et en bas Black Watch.

Historique

Les différentes unités de Highlanders de l'Armée britannique trouvent leurs origines dans les compagnies d'infanterie (les Independent Highland Companies) levées dès le XVIIe siècle parmi les clans écossais loyaux à la Couronne britannique[n 1] afin de maintenir un semblant d'ordre dans les Hautes-Terres. Ces unités sont levées temporairement, notamment à la suite du soulèvement de Glencairn (1654-1655), puis des rébellions jacobites (1689-1692, 1715 et 1745-1746).

À cette époque, les missions de ces unités étaient de faire respecter les lois de désarmement de l'Écosse (Disarming Act) votées par le Parlement de Grande-Bretagne en 1716, 1725 et 1746[4], de maintenir la paix entre les clans et de lutter contre le vol de bétail. Pour contrôler les Hautes-Terres, le général George Monck puis le maréchal George Wade firent établir des garnisons à Fort William, Fort Augustus, Fort GeorgeInverness), Ruthven (en), Bernera (en)Glenelg (en)) et Inversnaid, reliées par de nouvelles routes construites par les militaires (les Wade Roads (en)).

En 1725, les compagnies sont au nombre de quatre (de 75 à 100 hommes chacune), puis à partir de 1729 six[5], dont trois issus respectivement des clans Munro (en), Fraser de Lovat (en) et Grant, les trois autres du clan Campbell[6] ; le surnom de Black Watch est mentionné en 1738 (mais ne deviendra officiel qu'en 1861).

43rd Foot Regiment

Le caporal Samuel MacPherson du 43e régiment, portant le béret, le fusil Brown Bess et la broadsword ; il fut fusillé à la tour de Londres en 1743. Gravure conservée au National Army Museum à Londres.

Le , John Lindsay, comte de Crawford (en), est commissionné par le gouvernement britannique pour lever quatre compagnies supplémentaires parmi les clans des Hautes-Terres, le total des dix devant être regroupé pour former un régiment de ligne, appelé le Earl of Crawford's Highland Regiment (du nom de son premier colonel), qui prit le rang 43 parmi les régiments à pied britanniques. Le régiment de 780 hommes parada pour la première fois en , chaque compagnie portant alors un tartan différent (l'uniformisation se fit quelques années plus tard)[5]. Il s'agit donc du plus ancien régiment de Highlanders de l'Armée britannique, devançant le 64e régiment (les Loudon's Highlanders (en)) levé en 1745 et dissous dès 1748.

En 1743, en pleine guerre de Succession d'Autriche, le nouveau régiment reçu l'ordre de faire marcher un bataillon jusqu'à Londres ; la rumeur qu'ils allaient être envoyés aux Amériques provoqua la désertion d'une centaine d'hommes le , qui repartirent vers l'Écosse : rattrapés par un régiment anglais de cavalerie à Oundle, les déserteurs se rendirent. La cour martiale les condamna tous à mort, peine commuée en service à Minorque, Gibraltar, en Géorgie et aux Antilles, sauf pour trois meneurs (les caporaux Samuel et Malcolm MacPherson, ainsi que le soldat Farqhuar Shaw)[7].

Le reste du bataillon rejoignit l'armée coalisée (réunissant des troupes britanniques, hanovriennes et néerlandaises) du duc de Cumberland en Flandres[8] et participa à la bataille de Fontenoy le , notamment à l'assaut contre le centre français, puis aux combats d'arrière-garde. Une compagnie du 43e régiment restée en Écosse assista côté britannique à la bataille de Culloden le , au sein d'un bataillon des Highlands (composé de trois compagnies du 64e, de celle du 43e et de quatre de miliciens du clan Campbell), sans être engagée.

William Skeoch Cumming, The Royal Highland Regiment at Fontenoy, 1745, 1894, peinture exposée au Black Watch Museum, à Perth. Les Highlanders sont couchés pour éviter les boulets de canon, leur commandant, le lieutenant-colonel Robert Munro de Foulis (en), les faisant se remettre debout que pour repousser l'infanterie française.

42nd Foot Regiment

Un bataillon du 42e régiment lors d'une revue sur les rives de la Clyde en amont de Glasgow (le Glasgow Green) le , effectuant un tir par peloton[9] ; les hommes portent le béret, le fusil Brown Bess, la veste rouge et le kilt sombre. Les parements (au col, aux manches et aux retroussis) et le drapeau régimentaire[n 2] sont encore jonquille.

Ce fut en 1751 que le gouvernement britannique changea le rang de l'unité : il prit alors le nom de 42nd (Highland) Regiment of Foot (le 42e régiment à pied), le numéro étant non-attribué depuis la dissolution du régiment d'Oglethorpe (qui a existé en Géorgie de 1737 à 1749). En 1758, un second bataillon du 42e régiment d'infanterie fut formé, bataillon existant jusqu'en 1763. Il fut reformé en 1779 pour être envoyé en Inde et devenir le 73e régiment d'infanterie en 1786.

Pendant la guerre de Sept Ans, le 1er bataillon du régiment fut envoyé en Amérique à partir de 1754. Le , il perdit la majorité de son effectif lors de l'attaque de fort Carillon, chargeant frontalement les retranchements français à Ticonderoga (284 morts et 333 blessés)[10]. Il reçut le le titre de régiment royal (avec les parements bleu qui vont avec) sous la forme 42nd (Royal Highland) Regiment of Foot, puis, renforcé par les hommes de son 2e bataillon, il participa à la prise du fort Ticonderoga en 1759, puis de Montréal en 1760, de la Havane et de la Martinique en 1762. En 1763, le régiment chargea les Amérindiens lors de la bataille de Bushy Run ; en 1767, il débarqua à Cork en Irlande, avant de revenir en Écosse en 1775.

La rébellion d'une partie des colons américains entraîne le rembarquement à Greenock du bataillon dès 1776, les dix compagnies alignant alors un total de 1 012 hommes (dont 931 sont des Highlanders, 74 des Lowlanders, cinq Anglais, un Gallois et un Irlandais). Il participe au débarquement à Long Island le , à la bataille de Brooklyn le et des Harlem Heights le . Les Highlanders se battent à Fort Washington le , à Trenton le , Piscataway le , sur la Brandywine le , participent au raid contre New Plymouth en 1778 et au siège de Charleston en 1780, terminant la guerre parmi la garnison de New York.

La paix signée, le bataillon est réduit à huit compagnies, puis est envoyé en octobre 1783 à Halifax. L'unité est en sous-effectif pour réduire les dépenses, tandis que les Fraser (en)'s Highlanders (le 71e régiment, qui a existé de 1775 à 1786) et Macdonald's Highlanders (le 76e, de 1777 à 1784) sont intégrés au 42e ; des vétérans quittent le régiment pour s'installer en Nouvelle-Écosse. Le retour en Grande-Bretagne se fait en août 1789, le régiment tenant garnison au château d'Édimbourg à partir de 1790[5], avec des compagnies détachées à Inverness, Dundee, Montrose, Aberdeen et Banff ; elles sont chargées de maintenir l'ordre, notamment pendant les Highland Clearances de 1792[1].

Guerres de la Révolution

En 1793, le bataillon est envoyé à Ostende rejoindre l'armée commandée par le duc d'York (le fils cadet du roi George III) pour combattre la jeune République française. À l'automne 1794, les troupes autrichiennes et prussiennes abandonnent aux Français les Pays-Bas autrichiens (l'actuelle Belgique), forçant l'armée coalisée composée de Britanniques, d'Hanovriens et de Hessois à se réfugier aux Provinces-Unies derrière les bras du Rhin, les Highlanders défendant Nimègue ; York est rappelé en décembre 1794, laissant le commandement à William Harcourt. Mais les troupes françaises passent Meuse et Waal gelés, entraînant une retraite britannique précipitée vers le nord-est dans des conditions éprouvantes (gel et maladies). Le 42e étant alors une des rares unités ayant gardé sa cohésion, il est engagé dans une action d'arrière-garde le à Geldermalsen[1]. Toute la petite armée rembarque ensuite à Brême pour revenir en Grande-Bretagne au printemps 1795.

En octobre et décembre 1795, le régiment fait partie de l'expédition commandée par Ralph Abercromby, s'embarquant à Portsmouth pour les Antilles : deux tempêtes dispersent la flotte, le 42e se retrouvant moitié à Gibraltar, l'autre à la Barbade à partir de février 1796. Les Highlanders participent ensuite à la capture des îles françaises de Sainte-Lucie en mai 1796 et de Saint-Vincent en juin 1796, y subissant les ravages de la fièvre jaune, puis à la tentative contre Porto-Rico en avril 1797. Ils sont de retour à Portsmouth le , avec regroupement à Gibraltar.

En octobre-novembre 1798, quatre régiments dont le 42e reprennent aux Espagnols la citadelle de Port Mahon sur Minorque. En décembre 1800, une petite armée est rassemblée à Malte sous les ordres d'Abercromby, puis s'entraîne au débarquement sur les côtes grecques. Le , la flotte jette l'ancre en baie d'Aboukir ; le , les 28e, 42e et 58e sont accueillis sur la plage par les troupes françaises, le régiment y perdant 31 morts et 159 blessés. Le régiment est ensuite particulièrement engagé lors de la bataille de Canope le (54 morts et 261 blessés)[5], puis au siège du Caire et enfin au siège d'Alexandrie.

Guerres napoléoniennes

La paix d'Amiens permet le retour à Édimbourg, avec une réduction de l'effectif à environ 400 hommes, les autres étant rendu à la vie civile. Le régiment reçut le le droit de rajouter un sphinx et la mention EGYPT à son insigne[5]. La déclaration de guerre du Royaume-Uni à la France le entraîne la remise sur le pied de guerre des régiments britanniques. Le bataillon du 42e embarque à Leith pour Harwich, puis va camper dans le village de Weeley pour contribuer à la défense du Sud de l'Angleterre ; il est renforcé avec un 2e bataillon fort de 1 343 hommes en juillet 1803. En 1805, le I/42e est envoyé garnisonner à Gibraltar[5].

En 1808, le 1er bataillon (826 hommes, dont 583 Highlanders, 231 Lowlanders, sept Anglais et cinq Irlandais)[5] débarque au Portugal au sein d'une armée britannique commandée par John Moore, mais face à l'avancée française en Espagne les Britanniques doivent battre en retraite en plein hiver. Le I/42e est durement engagé lors de la bataille de La Corogne le , avant de rembarquer pour Plymouth. En , 758 hommes du I/42e participent au débarquement sur Walcheren, mais il n'en reste que 204 indemnes du paludisme en septembre au retour à Douvres[5].

Le 2e bataillon arrive à son tour en Espagne en 1810, intégré dans une brigade avec le II/24e (South Wales Borderers) et le I/79e (Cameron Highlanders) au sein de l'armée de Wellington. Le bataillon se bat à Buçaco, sur les lignes de Torres Vedras, à Fuentes de Oñoro en 1811, ainsi qu'aux sièges de Ciudad Rodrigo et de Badajoz en 1812.

Le 1er bataillon remplace le second en Espagne pendant l'été 1812, au sein de la brigade du major-général Denis Pack, composée d'Highlanders : le I/42e, le I/79e (Cameron) et le I/91e (Argyll) régiments. Ensemble, ils participent à la bataille des Arapiles (Salamanque) et au siège de Burgos en 1812, puis à la bataille de Vitoria en juin 1813. La campagne se poursuit ensuite en France en 1813-1814, avec les batailles des Pyrénées, de la Nivelle, de la Nive, d'Orthez et surtout de Toulouse (le , sans savoir que Napoléon a abdiqué le 4), où le I/42e laisse 54 morts et 265 blessés[5].

La paix revenue, la brigade écossaise est envoyée en Irlande. Le II/42e est dissous en octobre 1814. En mai 1815, un bataillon est envoyé à Bruxelles faire partie de l'armée coalisée (Royaume-Uni, Pays-Bas, Hanovre, Nassau et Brunswick) sous les ordres de Wellington. Le , le bataillon est chargé par le 5e lanciers français lors de la bataille des Quatre Bras et se fait sabrer avant d'avoir terminé de former le carré, y perdant 54 morts (dont son lieutenant-colonel Robert Macara) et 359 blessés sur un effectif total de 589 hommes[5].

Le , ce qui reste du bataillon reste en défensive derrière la ferme de la Haie Sainte pendant toute la bataille de Waterloo. L'unité s'installe ensuite à Paris, ne rentrant à Édimbourg qu'à la fin 1815.

William Barnes Wollen (en), The Black Watch (42nd Highlanders) at Bay, Quatre Bras, 1894, huile sur toile de 215 × 156 cm conservée au Black Watch Museum à Perth.

Période victorienne

Le régiment est de nouveau à Gibraltar de 1825 à 1831. Puis il stationne à Malte, dans les îles Ioniennes, pour rentrer en Grande-Bretagne en 1836. En 1841, il repart dans les îles Ioniennes, tandis qu'un 2e bataillon est remis sur pied en , rejoignant le I/42e à Malte en 1843. Puis, ils tiennent garnison aux Bermudes et en Nouvelle-Écosse. En 1852, le II/42e est absorbé par le I/42e, qui retrouve l'Écosse.

Pendant la guerre de Crimée, le bataillon du régiment, fort de 830 hommes et commandé par le lieutenant-colonel Duncan Cameron, est intégré dans la Highland brigade, avec le 79e (Cameron) et le 93e (Sutherland). Les Highlanders arrivent à Scutari sur les rives du Bosphore le . Ils débarquent ensuite en Crimée le pour affronter une armée russe pendant la bataille de l'Alma le . Le bataillon passe l'hiver 1854-1855 à Balaklava dans de mauvaises conditions, la logistique britannique étant défaillante. Durant le siège de Sébastopol, c'est le 42e qui prend le la fortification du Grand Redan abandonnée par les Russes. L'unité rentre à Portsmouth le  : le total des pertes est de 39 morts au combat, 227 morts de maladie (surtout le choléra), ainsi que 140 rapatriés entretemps comme blessés ou malades[5].

En réaction à la révolte des cipayes contre la Compagnie britannique des Indes orientales, la Highland brigade est regroupée autour de Douvres, passée en revue par la reine Victoria le , puis embarque pour les Indes ; les différents navires arrivent à Calcutta en octobre et novembre (via le cap de Bonne-Espérance). Cinq compagnies du 42e renforcent la colonne du brigadier Hope Grant (en), avec le 53e (Shropshire), le 93e (Sutherland) et le 4e Pendjab, qui affronte les mutins le près de Cawnpore puis les poursuit jusqu'au . Le bataillon du 42e fut regroupé pour marcher ensuite sur Lucknow. Le siège de Lucknow (en) commence le  ; les retranchements sont pris d'assaut par le 42e épaulé par le 93e les 9 et , perdant cinq morts et 41 blessés, dont le lieutenant Francis Farquharson (en) qui y gagne la première des huit Croix de Victoria du régiment. Le bataillon du 42e participe à une nouvelle colonne envoyée avec le général Robert Walpole contre les rebelles indiens : le , quatre compagnies sont lancées contre le fort Ruhya (dans l'Oudh), y perdant neuf morts et 38 blessés, recevant quatre autres Victoria Cross. Les derniers combats du régiment pendant cette campagne furent à Bareli le et sur les rives de la Sharda à Maylay Ghat le [5].

En 1861, le surnom du régiment fut officiellement rajouté à son nom, sous la forme 42nd (Royal Highland) Regiment of Foot, The Black Watch. À partir de 1873, dans le cadre des réformes Cardwell, le 42e partage désormais avec le 79th Regiment, The Queen's Own Cameron Highlanders le même district de recrutement (le no 57) et le même dépôt à Perth (les Queen's Barracks).

En , le bataillon du 42e part pour l'Afrique sous les ordres de son lieutenant-colonel John Chetham McLeod, pour participer à l'expédition du gouverneur Garnet Wolseley contre les Ashantis (la troisième guerres anglo-ashanti). Il débarque le dans la colonie de la Côte d'Or (aujourd'hui le Ghana), combat le à Amoaful et le à Ordashu, prend Kumasi (la capitale adverse) abandonnée et la brûle, puis rembarque rapidement (pour éviter la mauvaise saison) le . L'unité est de retour à Portsmouth le .

Le , le 42e débarque dans le Sud-Est de Chypre, l'État ottoman ayant confié l'île à son allié britannique. Le bataillon passe un été torride (les uniformes sont en laine épaisse) à camper près du lac salé de Larnaca infesté de moustiques, puis près de Kyrenia et enfin de Paphos, avant de repartir le  : les hommes sont massivement touchés par l'hyperthermie, le paludisme et la brucellose, avec un total de 14 morts sur place dus aux fièvres. Le bataillon rentre ensuite par Gibraltar, l'île de Wight et Aldershot, n'arrivant à Édimbourg qu'en .

73rd Foot Regiment

Un second bataillon du 42e régiment d'infanterie fut créé en mars 1780[11] : huit officiers du premier bataillon furent détachés pour aider à la levée et l'encadrement du nouveau bataillon. Le second bataillon fut envoyé ensuite au Cap en décembre 1780 avec Norman Macleod of Macleod (le chef du clan MacLeod) comme lieutenant-colonel, puis redirigé en Inde en janvier 1781.

Dans le cadre de la deuxième guerre du Mysore, le bataillon se retrouva assiégé dans Mangalore par l'armée de Tipû Sâhib de au , mangeant les chevaux, les chiens, puis les serpents, les rats et les souris, y gagnant le surnom de The Old Mangalore Regiment. Le bataillon était encore en Inde lorsque le il reçut le statut de 73rd Regiment of Foot (73e régiment d'infanterie)[12]. Le 73e participe ensuite à la troisième guerre du Mysore au sein de l'armée de Charles Cornwallis, conflit marqué par le siège de Seringapatam (la capitale du Mysore) en février-mars 1792. La guerre contre la République française amène le bataillon à participer à la prise de Pondichéry en , puis celle contre la République batave l'envoie sur Ceylan en 1795-1796. La quatrième guerre du Mysore se termine par l'assaut de la citadelle de Seringapatam par les 73e et 74e régiments le .

Le régiment rentre en Grande-Bretagne en . Le , le I/73e s'embarque à Yarmouth à bord du HMS Dromedary (un transport de 24 canons) et du HMS Hindostan (un indiaman de 50 canons construit en teck) pour accompagner son lieutenant-colonel Lachlan Macquarie, qui vient d'être nommé gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud. Ils partent de l'île de Wight le , relâchent à Madère, Port Praia, Rio de Janeiro et Le Cap, pour arriver le à Port Jackson. Macquarie libère William Bligh (qui, après la mutinerie du Bounty en 1789, a provoqué à Sydney la révolte du rhum en 1808), tandis que le I/73e a pour fonction de contrôler le New South Wales Corps, ce dernier finalement dissous le . Le bataillon (836 hommes, 173 femmes et 301 enfants)[13] quitte la colonie pénitentiaire pour la colonie de Ceylan au printemps 1814 à bord de trois navires, arrivant à Colombo le .

Le I/73e participe sur l'île de Ceylan à la deuxième guerre kandyenne en 1815. Le rapatriement des soldats invalides du bataillon se termine mal : partis de Galle (sur Ceylan) le à bord de l'indiaman Arniston, ils s'échouent le sur les hauts-fonds près du cap des Aiguilles[n 3] (en Afrique du Sud) ; il n'y eut que six survivants (sur les 378 personnes à bord, comprenant 14 femmes et 25 enfants, dont les quatre fils du chef du I/73e, le lieutenant-colonel Andrew Giels)[14].

En , un second bataillon est créé à Nottingham à partir de miliciens locaux. Ce II/73e n'est donc pas composé majoritairement de Highlanders, mais d'Anglais. En mai 1813, il débarque en Poméranie suédoise, fait partie d'un détachement de l'Armée du Nord (composée d'Allemands, de Suédois et de quelques Britanniques), et participe aux combats contre les Français, notamment à la bataille de la Göhrde (en Allemagne du Nord) le et à la bataille de Merksem (près d'Anvers) en janvier 1814. Au printemps 1815, le bataillon est ensuite affecté à l'armée coalisée de Wellington. Le II/73e combat à Quatre Bras le , puis à Waterloo le 18, recevant en carré onze charges de cavalerie françaises (le bataillon perdant 231 hommes, morts ou blessés, ce jour là)[15]. Le bataillon occupe ensuite Paris, avant de rentrer en Angleterre en .

Charles Napier Hemy, Wreck of the Birkenhead, 1892.

En 1817, le I/73e participa à la répression de la révolte d'Uva sur Ceylan, y perdant 412 hommes, compensés par la dissolution du II/73e la même année. Le régiment revient en Europe en novembre 1821, pour caserner à Gibraltar, puis en avril 1838 en Nouvelle-Écosse. En juin 1841, il rentre en Grande-Bretagne, retrouvant en 1845 le titre de régiment écossais, avec le nom de 73rd (Highland) Regiment of Foot. En janvier 1846, le régiment arrive en Argentine dans le cadre de la guerre civile uruguyenne. Puis il est envoyé dans la colonie du Cap pour participer à la septième guerre xhosas ; un détachement sombre avec le transport HMS Birkenhead le au large de Gansbaai, donnant naissance à l'expression « les femmes et les enfants d'abord » car il n'y avait pas assez de canots de sauvetage (357 noyés sur 638 passagers, dont 480 militaires de plusieurs unités)[16].

En 1857, le 73e participe à la répression de la révolte des cipayes en Inde. En 1862, le régiment prend le nom de 73rd (Perthshire) Regiment of Foot, du nom du comté de Perth. L'unité est affectée à Hong Kong à partir de 1866, puis revient à Ceylan en 1871 et en Inde en 1874. Dans le cadre des réformes Cardwell, le 73e est couplé en 1873 avec le 90th Regiment of Foot (Perthshire Volunteers) (en) pour partager le même district de recrutement (le no 60), ainsi que le même dépôt : Hamilton Barracks (à Hamilton, près de Glasgow).

The Black Watch (Royal Highlanders)

Harry Payne, A sentry at ease, Black Watch (Royal Highlanders), 1892. Cette sentinelle au repos porte la toque de plumes à plumet rouge, la veste rouge à parements bleu, le fusil Lee-Metford, des cartouchières en cuir blanchi, le kilt Campbell et des guêtres blanches.

Le , dans le cadre des réformes Childers, la fusion des 42e et 73e régiments d'infanterie créa The Black Watch (Royal Highlanders), un régiment à deux bataillons, l'ex 42e régiment fournissant le premier bataillon et le 73e le second.

Dès 1882, un bataillon du Black Watch est envoyé en Égypte pour la guerre anglo-égyptienne. Pour cette campagne, la brigade des Highland fut reformée, composée sous les ordres du major-général Archibald Alison du 2nd/Highland Light Infantry, du 1st/Black Watch, du 1st/Cameron Highlanders et du 1st/Gordon Highlanders. Le régiment participa notamment à la bataille de Tel el-Kebir en 1882.

En 1899, l'autre bataillon du régiment fut envoyé en Afrique du Sud pour participer à la seconde guerre des Boers, au sein d'une nouvelle Highland brigade composée du 2nd/Black Watch, 2nd/Seaforth Highlanders, 1st/Argyll and Sutherland Highlanders et 1st/Highland Light Infantry (remplacé en février 1900 par les Gordon Highlanders).

Première Guerre mondiale

Durant la première guerre mondiale le Black Watch leva 25 bataillons[17] dont les 4 bataillons territoriaux ajouté en 1908 (Dundee, Angus, Perthshire, Fife) ; le Le Black Watch fut le régiment écossais alignant le plus de bataillons lors de la Première Guerre mondiale[18],[n 4].

Le premier bataillon fut engagé dans la guerre dés son début, prenant part à la Grande Retraite, la bataille de la marne, puis à l'avancée dans l'Aisne (bataille de l'Aine (1914)). C'est lors du début de la guerre des tranchées que le deuxième bataillon les rejoint, les deux bataillons participant à la bataille de Givenchy.

L'année 1915 voit la participation des nouvellement créés "bataillons de service" et des bataillons territoriaux qui prennent part aux combats sur le front ouest. Le deuxième, 4eme et le 5eme bataillon étaient à Neuve Chapelle in March et un total de six bataillons participent à la bataille de Festubert. Pendant cette bataille deux membres du régiment gagne des croix de Victoria. Et durant le bataille de Loos le 9eme bataillon des Black Watch déplore 700 victimes.

En 1916, le deuxième bataillon est retiré des combats en France pour aller combattre en Mésopotamie contre les turcs et le 10ème bataillon est envoyé dans les Balkans. D'autres bataillons du régiments sont engagés dans les combats à Contalmaison, Bois de Fourceaux, Bois Delville et Longueval. Longueval change de nom au rythme des attaques des allemands et de nombreuses tentatives sont faites de leur part pour prendre la ville. Éventuellement, ils tiennent leurs positions et la ville reste Française.

En avril 1917, cinq bataillons participent aux batailles d'Arras, pendant ce temps en Mésopotamie le deuxième bataillon prends part au combat pour sur les positions turques de Sannaiyat et en mars rentrent dans la ville de Baghdad. C'est durant cette période que private Melvin, gagne la croix de Victoria pour avoir réussi à vaincre à lui seul un groupe de 9 turcs.

En 1918, le 6eme bataillon, se bat au coté des Français et fut récompensé avec la Croix de Guerre pour leur courage. En septembre, le premier bataillon participe à une attaque sur la lige de Hindenburg (ligne de tranchée allemande).

Au moment de la signature de l'armistice en novembre 1918, 8000 membres des Black Watch avaient perdu la vie durant la guerre.

The Black Watch (The Royal Highland Regiment)

Ce fut en 1931 que le Black Watch obtint son nom de The Black Watch (The Royal Highland Regiment).

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Il est engagé sur presque tous les fronts : en France en 1940 puis en 1944, en Somalie britannique en 1940, en Crète et au Moyen-Orient en 1941, en Afrique du Nord en 1941-43, en Italie en 1943-45, en Grèce en 1944-45, en Birmanie (brigade Chindits) en 1944, aux Pays-Bas et en Allemagne en 1944-45. Les 1re et 7e bataillons (154e brigade d'infanterie britannique) ainsi que le 5e (153e brigade d'infanterie britannique) s'illustrent en Afrique du Nord, notamment à El-Alamein. Tous trois faisant partie de la 51st Highland Division britannique.

En 1948, le 1er et le 2e bataillon fusionnèrent. Le régiment participe à la guerre de Corée (1952-1953).

Ses soldats ont rentré pour la dernière fois les couleurs britanniques lors de la cérémonie de rétrocession de Hong Kong à la Chine en .

En 2003, il participa également à la guerre d'Irak.

Bataillon du Royal Scots

Ce régiment a été réuni le avec tous les autres régiments écossais de l'armée britannique, c'est-à-dire les Royal Scots, les Royal Highland Fusiliers, les King's Own Scottish Borderers, les The Highlanders (Seaforth, Gordons and Camerons) et les Argyll and Sutherland Highlanders, pour former le Royal Regiment of Scotland. L'unité Black Watch n'est désormais qu'un bataillon, portant le nom de The "Black Watch", 3rd Battalion, The Royal Regiment of Scotland[19]. Depuis 2007, il tient garnison au Fort George à Inverness[20].

Notes et références

Notes

  1. Les royaumes d'Écosse et d'Angleterre ont d'abord le même souverain à partir de 1603, puis forment ensemble le royaume de Grande-Bretagne en 1707 (actes d'Union) et enfin le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande en 1801.
  2. Chaque bataillon britannique arbore deux drapeaux : d'une part le King's Colour (ou Queen’s Colour) soit le drapeau du Royaume-Uni surchargé des « honneurs » du régiment (les noms de ses principales victoires), d'autre part le Regimental Colour, aux couleurs distinctives du régiment.
  3. Le site d'échouage s'appelle depuis Arniston, juste à côté de Cape Agulhas.
  4. Il faut préciser qu'un régiment de l'armée britannique est commandé par un « colonel commandant » ― titre honorifique ― qui peut être un colonel ou un officier général, voir un membre de la famille royale. Par contre chaque bataillon, commandé par un lieutenant-colonel, est autonome par rapport à son régiment. Lors des deux conflits mondiaux, un régiment britannique est le plus souvent formé de bataillons d'active, d'un ou plusieurs bataillons de réserve et d'un ou plusieurs bataillons de l'armée territoriale.

Références

  1. (en) Trevor Royle, The Black Watch : A Concise History, Édimbourg, Mainstream Publishing, , 240 p. (ISBN 978-1-84596-089-6, présentation en ligne).
  2. (en) « The Black Watch - Story of the "Red Heckle" », sur electricscotland.com (consulté le ).
  3. (en) Major Thomas Joseph Edwards, Regimental Badges, Aldershot, Gale & Polden Limited, , 358 p. (LCCN 51008485), p. 218-219.
  4. (en-GB) « Disarming Act: Extract of a letter from Lord Justice Clerk Thomas Fletcher to John, Marquis of Tweeddale, Secretary of State for Scotland (1742-1746) commenting on the political allegiances of the clans, 16 September 1745 », sur The National Archives (consulté le ).
  5. (en) Charles Griffin, « 42nd Royal Highland Regiment: the Black Watch », sur https://www.britishempire.co.uk/.
  6. (en) « History of the Black Watch Tartan », sur https://macgregorandmacduff.co.uk/.
  7. (en) « Mutiny of 1743 », sur http://www.42ndrhr.org.
  8. (en) H. D. MacWilliam, The official records of the mutiny in the Black watch, a London incident of the year 1743, Londres, F. Groom & Co., , 240 p. (LCCN 11003497).
  9. (en) « The Black Watch: Glasgow Green Painting », sur http://www.freak-works.com/, .
  10. (en) « History of the 42nd in North America: Losses in the French and Indian War », sur http://www.42ndrhr.org.
  11. (en) « 73rd (Perthshire) Regiment of Foot [UK] », sur web.archive.org, (consulté le ).
  12. (en) « British Regiments and the Men Who Led Them 1793-1815 », sur www.napoleon-series.org (consulté le ).
  13. (en) « 73rd Regiment of Foot: Regimental History 1809-1815 », sur 73rdregiment.tripod.com.
  14. (en) Basil Hall, The Lieutenant and Commander : Being Autobigraphical Sketches of His Own Career, from Fragments of Voyages and Travels, Londres, Bell and Daldy, , 382 p. (OCLC 9305276, lire en ligne), chap. XIV (« Doubling the cape »).
  15. (en) « Battle of Waterloo », sur https://www.britishbattles.com.
  16. (en) « Women and children first », sur https://www.nam.ac.uk (National Army Museum).
  17. (en) « The Black Watch (Royal Highlanders) | National Army Museum », sur www.nam.ac.uk (consulté le )
  18. Site consacré au régiment pendant la guerre 1914-18.
  19. (en) « Royal Regiment of Scotland », sur https://www.army.mod.uk/.
  20. (en) « The Black Watch today », sur https://www.army.mod.uk/.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) J. Wheatley, Chronology of the 42nd Royal Highlanders, The Black Watch, from 1729 to 1892, Gibraltar, Garrison Library, , 3e éd., 55 p. (lire en ligne).
  • (en) James Grant, The "Black watch" : or, Forty-second Highlanders, Londres et New York, G. Routledge and sons, , 391 p. (LCCN 42026883).
  • (en) John Percy Groves, History of the 42nd Royal Highlanders : "The Black watch" now the first battalion "The Black watch" (Royal Highlanders), 1729-1893, Édimbourg et Londres, W. & A. K. Johnston, , 30 p. (LCCN 18027434, lire en ligne).
  • (en) Philip Howard, The Black Watch (Royal Highland Regiment) (the 42nd Regiment of Foot), Londres, H. Hamilton, , 141 p. (LCCN 78469152).
  • (en) Charles Grant (ill. Michael Youens), The Black Watch, Reading, Osprey Publishing, coll. « Men-at-arms », , 40 p. (ISBN 978-0-85045-053-8).
  • (en) Eric Linklater et Andro Linklater, The Black Watch : the history of the Royal Highland Regiment, Londres, Barrie & Jenkins, , 240 p. (ISBN 0-214-20083-3).
  • (en) John McGregor, The spirit of Angus : the war history of the county's Battalion of the Black Watch, Chichester (Sussex), Phillimore, , 239 p. (ISBN 0-85033-650-3).
  • (en) Victoria Schofield, The Highland Furies : The Black Watch, vol. I : 1739–1899, Londres, Quercus Publishing, , 728 p. (ISBN 978-1-84916-550-1).

Liens externes

Articles connexes

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